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![]() ![]() ![]() La médiation américaine au Maghreb, révélatrice de l'impasse diplomatique française
par Salah Lakoues ![]() Dans
une déclaration qui n'est pas passée inaperçue sur la scène diplomatique
maghrébine, Massad Boulos,
conseiller du président américain Donald Trump pour
les affaires africaines et moyen-orientales, a révélé que les États-Unis
souhaitent activement jouer un rôle de médiateur dans le conflit opposant
l'Algérie au Maroc, comme il l'a exposé dans son entretien du 18 avril sur Al Arabiya.
En parallèle, l'Envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a achevé le 7 avril 2025 une visite dans les camps de réfugiés sahraouis, réaffirmant le droit inaliénable des Sahraouis à l'autodétermination et l'importance d'un référendum supervisé par l'ONU pour garantir l'inclusivité du processus. L'Union européenne, pourtant voisine et partenaire historique du Maghreb, est restée spectatrice, se contentant de rappels aux résolutions de l'ONU sans proposer de médiation concrète. Emmanuel Macron, qui aurait pu incarner ce rôle de médiateur naturel, s'est fourvoyé dans une stratégie dictée par l'extrême droite française, sacrifiant le droit international et l'équilibre régional au profit d'intérêts partisans. Les États-Unis, en reprenant l'approche inclusive de l'ONU, montrent qu'une médiation efficace doit associer directement les Sahraouis : rien ne se fera contre eux, mais avec eux. Mettre en avant les 200 000 réfugiés sahraouis, comme l'a fait Boulos, rejoint le message de De Mistura et garantit la légitimité du processus. L'exemple de Timor-Leste Un modèle inspirant : en août 1999, la population de Timor-Leste a voté à 78% pour l'indépendance lors d'un référendum supervisé par la MINUT (Mission des Nations unies au Timor oriental). Ce processus inclusif a abouti à la création d'un État souverain en 2002, évitant que la paix ne soit imposée « d'en haut » et démontrant qu'un règlement négocié, respectueux des droits des minorités et des convictions populaires, crée les conditions d'une stabilité durable. La vision stratégique du président Tebboune Depuis son investiture en décembre 2019, le président Abdelmadjid Tebboune a fait de la réforme constitutionnelle, adoptée le 1I³/ novembre 2020, le socle d'une « Nouvelle Algérie » fondée sur le respect du droit international, le renouveau des institutions et l'inclusion des jeunes. Sa doctrine du non-alignement, réaffirmée lors du 19I Sommet du Mouvement des non-alignés, met la priorité sur la résolution pacifique des conflits et le dialogue multilatéral plutôt que la confrontation. Tebboune incarne une diplomatie souveraine, attachée à la justice pour le peuple sahraoui, et refuse que les enjeux géopolitiques soient traités sans leur consentement. Ce conflit, qui dure depuis plus de cinquante ans, a paralysé les espoirs d'un Maghreb uni, alors même qu'une région soudée représenterait un moteur de paix et de développement euro-méditerranéen. Les grandes négociations internationales l'ont démontré : seul un processus inclusif, pédagogique et médiatique, évitant toute humiliation, porte en germe l'acceptation et la stabilité. Les États-Unis, en reprenant l'esprit de la médiation onusienne et en s'appuyant sur des exemples probants comme celui de Timor-Leste, rappellent à la France son échec diplomatique et l'urgence d'adopter une posture constructive, respectueuse des droits fondamentaux et de la dignité des peuples. Une paix réelle ne peut se bâtir sur le dos des plus faibles ; elle doit être conçue avec eux, dans un dialogue transparent et équitable. Quel que soit le résultat des entretiens à venir entre Washington, Alger et Rabat, cette démarche américaine constitue une avancée notable : elle place pour la première fois au cœur du processus les préoccupations légitimes des 200 000 réfugiés sahraouis, ainsi que la reconnaissance par l'ONU et par plusieurs États du Front Polisario comme représentant légitime du peuple sahraoui. Membre de l'Union africaine, bénéficiaire d'une victoire devant la Cour de justice de l'Union européenne annulant l'exclusion des accords UE-Maroc, le Polisario dispose ainsi d'une légitimité internationale renforcée. Cette dynamique augure d'une médiation plus équilibrée, fondée sur le respect du droit international et la justice pour les Sahraouis. Il n'y a pas de conflit éternel : avec une médiation coordonnée UE-ONU-États-Unis et l'implication directe des Sahraouis, un avenir de coopération et de prospérité est à portée de main. La voix de l'Algérie et celle du peuple sahraoui, portées par des envoyés tels que De Mistura, sont désormais incontournables pour dessiner un Maghreb véritablement uni. L'échec de l'initiative : renforcement de l'antagonisme, opportunités accrues pour la Russie et la Chine, perte de crédibilité de la diplomatie américaine en Afrique du Nord. Cette tentative de médiation, telle que présentée par Massad Boulos, illustre la volonté pragmatique de Washington de concilier ses alliances et de promouvoir une paix durable au Maghreb. Les semaines à venir révéleront si cette approche pourra surmonter les blocages historiques ou demeurera un vœu pieux. |
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