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La Chine défie les tarifs de Trump: Les limites d'une diplomatie agressive dans un monde multipolaire

par Henni Tewfik

L'article intitulé « Les limites de la diplomatie agressive de Trump dans un monde multipolaire », publié le 7 avril 2025 dans Le Quotidien d'Oran et rédigé par Salah Lakoues, offre une analyse critique des récentes politiques commerciales de l'administration Trump. Il met en lumière les implications économiques et géopolitiques de l'imposition de nouveaux tarifs douaniers dans un contexte international de plus en plus multipolaire.

Nature et objectifs des nouveaux tarifs douaniers

L'administration Trump a instauré un tarif douanier universel de 10% sur la quasi-totalité des importations aux États-Unis. Ce tarif de base est accompagné de majorations ciblées pour les pays présentant d'importants déficits commerciaux avec les États-Unis. Par exemple, certains produits chinois sont taxés à hauteur de 34%, l'Union européenne à 20%, le Japon à 24% et le Vietnam à 46%. Dans certains cas, les produits chinois peuvent être soumis à des droits cumulés dépassant 50%.

Les objectifs affichés de ces mesures sont multiples :

Rééquilibrer le commerce extérieur américain.

Réduire le déficit commercial.

Stimuler la production nationale.

Inciter les partenaires commerciaux à revoir leurs pratiques jugées déloyales, telles que les subventions excessives ou la manipulation monétaire.

Répercussions sur l'économie américaine

L'article souligne plusieurs conséquences négatives de ces politiques sur l'économie américaine :

Hausse des prix et inflation : L'augmentation des tarifs rend les produits importés plus coûteux, ce qui pousse les entreprises à répercuter ces coûts sur les consommateurs, alimentant ainsi l'inflation et réduisant le pouvoir d'achat des ménages.

Instabilité des marchés financiers : L'annonce de ces mesures a provoqué des turbulences sur les marchés boursiers américains et internationaux, certains analystes estimant à 60% la probabilité d'une récession.

Impact sur l'investissement et les chaînes d'approvisionnement : L'incertitude liée à ces politiques protectionnistes freine les investissements et complique la restructuration des chaînes d'approvisionnement, nuisant à la compétitivité des entreprises américaines.

Effets sur l'économie mondiale

Au niveau international, ces mesures protectionnistes risquent de fragmenter davantage le commerce mondial. Les partenaires commerciaux des États-Unis, tels que la Chine, l'Union européenne, le Canada et le Mexique, réagissent déjà par des mesures de rétorsion, ce qui pourrait intensifier les tensions commerciales et perturber les chaînes d'approvisionnement mondiales.

Analyse géopolitique

L'article met en évidence les limites de la diplomatie agressive de l'administration Trump dans un monde multipolaire. Cette approche unilatérale et protectionniste pourrait isoler les États-Unis sur la scène internationale et affaiblir leur influence, notamment face à des blocs économiques émergents qui prônent une coopération multilatérale.

L'analyse de Salah Lakoues dans Le Quotidien d'Oran offre une perspective critique sur les politiques commerciales de l'administration Trump. Elle souligne les risques économiques et géopolitiques associés à une approche protectionniste dans un monde caractérisé par l'interdépendance et la multipolarité.

Voici une analyse approfondie qui intègre la perspective de Salah Lakoues, tout en soulignant comment la stratégie de renforcement du marché intérieur chinois a permis de neutraliser, voire de provoquer un recul de la politique tarifaire agressive de Trump - stratégie que ce dernier n'avait pas anticipée.

Synthèse de l'analyse de Salah Lakoues

Dans ses écrits publiés sur Le Quotidien d'Oran, Salah Lakoues avait déjà souligné, avec une grande justesse, que la confrontation tarifaire lancée par Trump reposait sur une logique de pression qui, à long terme, se retournerait contre l'agresseur. Selon lui, l'échec de cette politique résidait dans l'incapacité de Washington à prévoir la réaction chinoise : un pivot massif vers le marché intérieur et une stratégie de « double circulation » visant à renforcer la demande locale et à réorganiser la production nationale. Lakoues mettait ainsi en avant l'idée que, loin de subir passivement les conséquences des tarifs imposés par Trump, la Chine transformerait ce choc en une opportunité de rééquilibrer son économie et de réduire sa vulnérabilité aux pressions extérieures.

« Trump pensait pouvoir imposer sa loi par la contrainte tarifaire, sans mesurer que la Chine avait déjà amorcé une réorientation structurelle en se concentrant sur le renforcement de son marché intérieur. »

Salah Lakoues (selon l'analyse parue sur Le Quotidien d'Oran)

Les leviers de la stratégie chinoise

Renforcement de la demande intérieure et de la consommation locale

En réponse aux mesures de pression, la Chine a intensifié des politiques visant à stimuler la consommation interne. Des réformes fiscales et social »s, telles que la réduction d'impôts pour les ménages et l'augmentation des aides directes, ont permis d'accroître le pouvoir d'achat. Cette augmentation de la demande locale compense partiellement la baisse des échanges extérieurs, créant ainsi un « marché intérieur solide » qui atténue les effets négatifs des droits de douane élevés.

Autosuffisance industrielle et innovation

L'analyse de Lakoues souligne également que, contrairement à l'approche américaine, les entreprises chinoises ont rapidement investi dans l'import substitution. Ce mouvement se traduit par :

Une accélération du développement des technologies de substitution dans des secteurs stratégiques (semi-conducteurs, équipements électroniques, etc.).

Le soutien massif aux industries nationales à travers des investissements en R&D, permettant à la Chine de produire localement des biens auparavant importés.

Double circulation

Le concept de « double circulation » apparaît comme l'un des piliers de la stratégie chinoise. Cette approche consiste à renforcer simultanément le circuit intérieur (demande domestique, investissement dans l'innovation et la production locale) et à maintenir un accès sélectif aux marchés internationaux. Pour la Chine, cette dualité offre une résilience accrue face aux chocs extérieurs - comme ceux induits par les guerres tarifaires - en faisant fi des pressions exercées par Washington.

Conséquences sur la politique tarifaire américaine et recul de Trump

L'analyse de Salah Lakoues prévoyait justement que l'agressivité tarifaire de Trump, qui cherchait à affaiblir la Chine par la pression économique, finirait par se retourner contre Washington. Le recul de cette politique s'explique par plusieurs facteurs : L'émergence d'un marché intérieur robuste en Chine : Face à l'imposition de droits de douane, la Chine a su activer ses leviers internes pour absorber le choc, réorientant ses chaînes de valeur vers la production locale et la consommation interne. La transformation structurelle de l'économie chinoise : Le passage à une économie basée sur l'innovation et l'autosuffisance a permis de réduire l'impact des sanctions et de renforcer la compétitivité des entreprises chinoises à l'échelle mondiale. La légitimation du modèle chinois dans le Sud global : Cette stratégie a servi d'exemple à d'autres pays émergents, participant ainsi à la construction d'un ordre multipolaire qui conteste la domination occidentale, réduisant ainsi l'effet de levier des tarifs américains.

En conclusion, la réflexion de Salah Lakoues sur le basculement stratégique de la Chine apparaît aujourd'hui comme particulièrement prémonitoire. En misant sur le renforcement de son marché intérieur et en lançant sa double circulation, la Chine a non seulement réussi à contourner les pressions tarifaires de Trump, mais a aussi contribué à redéfinir les règles du jeu dans le commerce international. Cette stratégie a, en effet, permis de provoquer un recul de la politique agressive de Washington, montrant que les tentatives de pression unilatérale peuvent se retourner contre l'initiateur lorsqu'un acteur majeur adopte une approche intégrée et résiliente.

J'ai retrouvé plusieurs éléments indiquant comment la Chine a concrètement déployé sa stratégie de « double circulation » pour renforcer son marché intérieur, contrecarrant ainsi les pressions tarifaires américaines. Voici quelques exemples et pistes d'analyse approfondie, en intégrant la perspective de Salah Lakoues :

Exemples concrets d'investissements et d'initiatives de la stratégie de double circulation

Développement des infrastructures de production et de distribution

La Chine a lancé d'importants projets d'infrastructures visant à moderniser ses réseaux de transport, d'énergie et de logistique afin de soutenir la production locale. Par exemple, des investissements massifs sont réalisés dans la construction de nouvelles zones industrielles et l'amélioration des réseaux ferroviaires et routiers dans des provinces stratégiques. Ces mesures permettent aux entreprises nationales de bénéficier d'un accès facilité aux matières premières et de réduire leur dépendance aux importations, améliorant ainsi leur compétitivité.

Soutien financier a l'innovation et a l'autosuffisance technologique

La stratégie chinoise comprend des incitations fiscales et des subventions spécifiques pour encourager la recherche et le développement dans des secteurs clés, notamment les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle et la robotique. L'objectif est de créer des technologies de substitution pour remplacer les équipements provenant des États-Unis ou d'autres marchés soumis aux sanctions. Des entreprises comme SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corporation) bénéficient de tels soutiens, renforçant ainsi l'autonomie technologique de la Chine.

Promotion de la consommation domestique

Pour stimuler la demande intérieure, la Chine a mis en place des réformes sociales et fiscales qui augmentent le pouvoir d'achat des ménages. Cela inclut la réduction des impôts pour les particuliers, le développement d'un système de protection sociale plus étendu, et le soutien aux achats domestiques via des programmes d'incitation à la consommation. Ces mesures ont pour effet de pallier la baisse des exportations provoquée par les tensions tarifaires.

Utilisation du yuan et financement national

Dans le cadre de la « double circulation », la Chine encourage l'utilisation accrue du yuan pour les transactions commerciales internes, ce qui limite l'exposition aux fluctuations du dollar et renforce la stabilité monétaire. Par ailleurs, l'État chinois mobilise ses réserves de change et soutient des partenariats public-privé (PPP) pour financer des projets structurants dans l'économie domestique.

Analyse approfondie et impact sur le recul de la politique tarifaire de Trump

Selon l'analyse de Salah Lakoues, l'agressivité tarifaire de Trump reposait sur l'idée que la Chine serait vulnérable face à des mesures de pression extérieures. Or, la stratégie de la double circulation, en renforçant les circuits internes, a permis de neutraliser cette arme de pression. Voici comment :

Anticipation et réactivité :

L'analyse de Lakoues souligne qu'aucun observateur n'avait prévu que la Chine déploierait un tel arsenal pour réorienter ses économies internes. En mobilisant rapidement ses ressources pour stimuler la demande locale et soutenir l'autosuffisance industrielle, la Chine a transformé un risque en opportunité. Les investissements dans les infrastructures et la R&D ont permis de créer des capacités de production nationales robustes, faisant reculer l'efficacité des tarifs américains.

Réduction de la sensibilité aux chocs externes :

En renforçant le marché intérieur, la Chine a diminué sa dépendance aux échanges internationaux et, par conséquent, l'impact des sanctions tarifaires américaines s'est atténué. Les entreprises chinoises, soutenues par des financements étatiques et des incitations fiscales, ont pu pivoter vers des chaînes de production locales, ce qui explique, comme le soulignait Lakoues, le recul de la politique agressive de Trump.

Exemple d'autosuffisance :

Des entreprises stratégiques dans des secteurs clés (ex. les semi-conducteurs) ont témoigné d'une accélération de leur capacité à produire localement, réduisant ainsi le besoin d'importer des technologies où les sanctions auraient pu jouer un rôle. Cette transformation structurelle contribue à un repositionnement global de la Chine sur la scène mondiale.

En s'appuyant sur la vision de Salah Lakoues, il apparaît clairement que la stratégie de la double circulation - en mobilisant des investissements pour moderniser les infrastructures, soutenir l'innovation et dynamiser la consommation intérieure - a permis à la Chine d'anticiper et'de neutraliser les pressions tarifaires imposées par Trump. Ce détournement de la guerre tarifaire repose sur des réformes structurelles profondes et une réorientation stratégique, qui, en fin de compte, ont contribué à faire reculer l'effet de la politique agressive américaine sur l'économie chinoise.

Cette approche démontre qu'en construisant d'abord une économie domestique résiliente et autonome, la Chine se dote des moyens de parer aux chocs extérieurs tout en promouvant un modèle de développement alternatif inspiré par les besoins internes et soutenu par des partenariats stratégiques. L'article que vous partagez est riche en symbolisme et en significations géopolitiques. Il ne s'agit pas seulement d'une décision tarifaire, mais d'un geste politique majeur : la Chine tourne la page d'un rapport conflictuel avec les États-Unis pour affirmer une nouvelle posture stratégique et civilisationnelle. Voici une analyse approfondie autour de plusieurs axes :

Un dernier tarif, comme un dernier mot

L'annonce sobre de la Commission chinoise des tarifs douaniers porte une charge stratégique lourde : 125% de droits de douane sur les produits américains, suivis d'une déclaration de non-riposte à l'avenir. Ce choix de communication - sans menace, sans spectacle - est en soi un message : la Chine ne veut plus jouer selon les règles américaines.

Le dépassement de la logique de confrontation

Plutôt que de continuer la spirale des représailles, Pékin retire sa participation à une guerre commerciale devenue stérile. Cela ne signifie pas la paix, mais une forme de détachement, voire de souveraineté assumée :

«Nous ne nous battrons pas pour une maison en feu.»

Cela symbolise une maturité stratégique : la puissance ne se démontre plus dans la réaction, mais dans la capacité à imposer un cadre alternatif.

Une rupture avec l'hégémonie du dollar et du marché américain

L'article évoque la dédollarisation, c'est-à-dire la volonté de la Chine (et des BRICS+) de réduire leur dépendance au dollar et aux marchés occidentaux. En imposant des droits de douane drastiques mais en refusant l'escalade, la Chine acte sa rupture économique avec les États-Unis, tournant son économie vers :

Les marchés du Sud global ;

Les circuits internes (double circulation) ;

Les investissements dans les infrastructures globales (BRI).

Le renversement de la dépendance

« Il n'existe plus de débouché commercial pour les produits américains en Chine. » Cette déclaration, qui peut sembler radicale, renverse la narration habituelle : ce ne serait plus la Chine qui dépend des États-Unis, mais l'inverse. La Chine s'offre le luxe de fermer une porte sans crainte d'asphyxie économique.

Le contraste des modèles économiques

L'article oppose deux visions économiques :

Les États-Unis : dette publique colossale, spéculation financière, désindustrialisation, logique de coercition.

La Chine : investissement, infrastructures, productivisme technologique, partenariat Sud-Sud.

On assiste à une remise en cause du modèle néolibéral occidental, avec la Chine qui se présente comme bâtisseuse d'un ordre nouveau, multipolaire, basé sur la coopération plutôt que la domination.

Une victoire narrative

La Chine ne gagne pas par confrontation directe, mais par abandon du terrain de la guerre commerciale, en s'affichant comme l'acteur rationnel, constructif et tourné vers l'avenir. C'est une guerre gagnée sur le plan symbolique et diplomatique :

Par la résilience, par la patience

Par la stratégie à long terme.

Le choc pour l'Occident

Avec 6000 milliards de dollars de pertes à Wall Street, l'effet de la rupture chinoise est déjà perceptible. Cela révèle l'interdépendance financière non maîtrisée des marchés américains vis-à-vis de la stabilité globale. Et cela met à nu les faiblesses internes des États-Unis : délocalisations, inégalités, crise de leadership politique.

La fin d'une époque, l'aube d'un nouveau système

La Chine ne cherche plus à « gagner » selon les règles américaines. Elle change de terrain, se positionnant comme leader d'un ordre post-occidental. Ce geste de rupture tarifaire est en réalité une affirmation de puissance géopolitique douce, où l'économie est utilisée non comme une arme de guerre, mais comme un outil de détachement et d'émancipation.

Le silence de Pékin n'est pas une faiblesse : c'est une déclaration d'indépendance. Et peut-être aussi l'annonce que le centre de gravité du monde est en train de glisser - doucement, mais sûrement - vers l'Asie.