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De Londres à Jérusalem. Terreur promise. Récit de Akli Ourad. Casbah Editions, Alger 2024, 158 pages, 1 000 dinars. On a eu, par le passé, des journalistes algériens qui avaient visité l'entité sioniste (on a eu aussi tout récemment un écrivain) mais ce qu'ils avaient alors rapporté n'était pas du tout, mais alors pas du tout, à la hauteur ce que Akli Ourad, «pèlerin malgré lui» comme le précise le préfacier Salah Guemriche, nous présente comme récit. Un récit haletant, qui est écrit et qui se lit comme un roman. Mais un roman qui n'a rien à voir, hélas, avec de la fiction mais avec la dure réalité d'un pays occupé, la Palestine, par des gens venus d'ailleurs et d'un peuple chassé de ses terres. Pis encore, assassiné à grand feu par une barbarie sans nom. Dernier exemple, Ghaza, territoire complètement rasé et une population quotidiennement bombardée. Expert en économie routière, Akli Ourad, originaire d'Algérie, employé britannique, expert d'un bureau d'études connu (Sir Alexander GIBB & Partners, Birmingham), est envoyé en mission en juin 1999 en territoires palestiniens pour le compte de la Banque mondiale (BM). L'itinéraire transmis à l'auteur indiquait un parcours devant le conduire à Naplouse et en Cisjordanie, mais passant obligatoirement par Tel-Aviv. Le narrateur évoque les humiliations subies, d'abord avant d'accéder à l'avion d'El Al, à Londres, puis à son arrivée. Un parcours du combattant ! A l'aéroport de Londres, le paisible employé de la BM subit un interrogatoire dirigé par... des agents du Mossad. A son arrivée à l'aéroport David Ben Gourion, les collègues des premiers («Shin Bet») chercheront à connaître ses origines et l'objet de sa mission. Un calvaire, malgré le passeport anglais. Le récit permet de suivre le parcours de l'auteur, mais aussi de connaître l'histoire oubliée du pays et de ses gens, les Palestiniens, et leur résistance permanente face à un colonialisme négateur. Après les innombrables checkpoints et les colonies «à perte de vue», le voyageur découvre «les routes de l'apartheid», avant de se retrouver à Ramallah, capitale de pouvoir de l'Etat palestinien, «réduite à quelques réserves habitées par les Amérindiens' des temps modernes». Seule grandes satisfactions (grâce à sa nationalité algérienne enfin déclarée en toute sécurité), sa visite guidée du lieu auguste qu'est le Dôme du Rocher à Jérusalem, la prière au sein de la grande mosquée d'Al Aqsa, une nuit agitée sur le Mont des Oliviers, puis l'accueil réservé «au cœur de la résistance». L'Auteur : Né le 12 janvier 1962 à Ouadhias (Tizi-Ouzou). Bac en 1982. Ingénieur diplômé de l'Ecole nationale des Travaux publics d'Alger. Installé en Angleterre depuis 1993, rejoignant l'Université de Birmingham où il est recruté en tant que chercheur associé avant de devenir expert international en économie routière. Scientifique mais aussi artiste... et, désormais, aussi, écrivain. Extraits : « Les Palestiniens sont les juifs du XXIe siècle, victimes d'une immense souffrance, de persécutions brutales et de génocides de masse perpétrés par les gouvernements sionistes successifs. Israël est devenu un symbole de l'horreur et de l'inhumanité depuis trois quarts de siècle» (p25), «Le système d'apartheid instauré par Israël a transformé son plus important aéroport international en un tribunal avancé où les individus de la partie la plus sombre de la palette des couleurs sont jugés sur leur comportement à priori, humiliés, condamnés, interdits de territoire, souvent le leur, et remis dans le premier avion les retournant à l'envoyeur» (pp 41-42), «Israël a établi les plus vastes camps de concentration de l'histoire de l'humanité en imposant des barrières terrestres, maritimes, fluviales et aériennes autour des enclaves palestiniennes» (p63), «Selon les Nations Unies, il y a plus de 645 checkpoints dans toute la Cisjordanie, dont seuls neuf sont situés sur la ligne verte, qui marque la frontière officielle selon le partage de 1947. Seuls ces neuf postes de contrôle peuvent être considérés comme légaux» (p65), «Malgré leur statut d'apatrides, les Palestiniens sont considérés par les organisations internationales comme les réfugiés les plus éduqués du monde» (p74), «Ramallah, une capitale provisoire de l'Etat de Palestine réduite à quelques réserves habitées par les «Amérindiens» des temps modernes (p95), «Les factions puissantes du sionisme aujourd'hui au pouvoir ne veulent ni des frontières de 1948, ni de celles de 1967, ni celles de 1973, car leur objectif est d'établir le grand Israël de leur folie sioniste qui s'étendrait de l'Euphrate au Nil» (p101). Avis - Un véritable grand reportage de l'intérieur de la Palestine occupée. Complété par une analyse pertinente et éclairante d'une entité (sioniste) qui pratique l'apartheid et le génocide avec haine et sans remords. A lire d'un seul trait. En tout cas, il vous sera très difficile de vous arrêter après avoir commencé. Citations : «Les sionistes prennent leur livre sacré pour un cadastre» (p 54), «Un État qui empêche des gens de se remémorer leurs morts ne peut être qu'un État dépourvu de cœur et de conscience» (p 149), «Les sionistes ont inventé une guerre d'indépendance de deux mille ans sans que le Guinness Book s'en saisisse» (p 144), «Les religions ont un besoin impérieux de l'égalité des sexes, au lieu de réprimer les inégalités de pensée» (p 144), «Un État qui empêche des gens de se remémorer leurs morts ne peut être qu'un État dépourvu de cœur et de conscience» (p149). Les matins de Jénine.*Roman de Susan Abulhawa (traduit de l'américain par Michèle Valencia).Editions Media-Plus, Constantine, 2008 (Usa : 2006, France : 2008), 422 pages, 1 050 dinars. Préface de l'auteur. Extraits : «Bien que les personnages de ce roman soient imaginaires, la Palestine, elle, ne l'est pas. Pas plus que les événements et personnages qui apparaissent au fil du récit...», «L'affection et les encouragements de mes amis m'ont aidée plus d'une fois à surmonter mes périodes de doute, surtout lorsque les dettes et les refus de publication s'accumulaient»... Ein Hod... un village fondé en 1189 par un général de l'armée de Saladin... Plus de quarante générations ayant vécu et étant mortes dans ce village. Quarante générations de naissances, funérailles, mariages, danses, prières et genoux écorchés... de péchés et de charité, d'inimitiés et de pactes, de pluie et d' actes d'amour... de souvenirs, de secrets et de scandales gravés dans les mémoires. Une architecture, des vergers, des puits, des fleurs... Quarante générations, toutes englouties brusquement et brutalement par la notion du droit d'un autre peuple à s'installer dans un espace ainsi «libéré» et à le proclamer sien... Un autre peuple, venu d'ailleurs, composé d'étrangers juifs arrivés d'Europe, de Russie, des Etats-Unis et d'autres coins de la planète. Toute une histoire «enterrée vivante», à partir de l'année 48... une année expulsée de «la liste des années et des nations». Ein Hod...1940-1948 : un village et une famille heureuse... 12 décembre 1947 -1948 : les sionistes arrivent. Très bien armés... le massacre va alors commencer. Puis le camp de réfugiés de Jénine... un autre «dépotoir humain» comme tant d'autres jonchant la brève histoire d'Israël... En fait des camps de prisonniers ne disant pas leur nom. Puis, une incessante appropriation de la terre palestinienne... ce que Amal appelait «l'impérialisme centimètre par centimètre». Puis, le départ forcé vers Beyrouth Entre-temps, c'est Beyrouth... puis les massacres de Sabra et Chatila... Le cauchemar va continuer. L'Auteure : Née en 1967 en Palestine. Parents dans un camp de réfugiés de la guerre des Six-Jours, en Jordanie et dans la partie occupée de Jérusalem-Est .Vit aux Etats Unis. Premier roman (Prix Best Books Award 2007, catégorie fiction historique) Extraits : «Hasbi Allah wa niamal wakil. Tout comme les pays arabes qu'il maudissait, Yahya ne se porta pas au secours de ses frères attaqués. En secret, il se disait qu'Ein Hod serait épargné si les villageois ne «s'en mêlaient pas». Il croyait que l'offre de paix sincère faite par les Palestiniens aux juifs assurerait la continuité de leur vie» (p 52), «N'importe quel réfugié du camp aurait pu raconter la même histoire, celle de gens que l'on avait dépossédés, dépouillés de tout ce qui faisait d'eux des être humains, puis jetés comme des ordures dans des camps dont même les rats n'auraient pas voulu. Privés de droits, de maison, de nation, tandis que le monde nous tournait le dos, ou acclamait les usurpateurs qui exultaient en proclamant la création d'un nouvel État auquel ils avaient donné le nom d'Israël» (p 115), Avis - Formidable livre : Intense, beau, puissant, brillant, émouvant, bouleversant, poignant, déchirant. A lire et à faire lire sans délai... pour que les mentalités... de ceux qui ne savent pas ou ne veulent pas savoir les souffrances du peuple palestinien, ceux qui doutent encore... changent. Citations : «Une semaine après le massacre de Sabra et de Chatila, le magazine Newsweek décida que le fait le plus important des sept jours écoulés était la mort de la princesse Grace de Monaco» (p 333), «La cicatrisation des blessures et la paix ne pouvaient commencer qu'une fois que l'on avait reconnu ses torts» (p 360), «Pourquoi la dignité et l'honneur s'accrochent-ils à la pierre et au sol ? Génération après génération, les hommes éventrent la terre, construisent des monuments en fouillant ses entrailles pour marquer leur époque, pour façonner leur rêve, à savoir se croire importants dans un univers à l'immensité fabuleuse, pour arracher du sens à un parfait hasard, pour atteindre à l'immortalité en s'emparant d'une terre immortelle, en la foulant, en la creusant» (p 376). -*(Fiche de lecture déjà publiée en novembre 2020. Extraits pour rappel. Fiche complète in www.almanach-dz.com/histoire/bibliotheque d'almanach) |
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