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![]() ![]() ![]() ![]() Depuis
les années 1990, le concept de « développement durable » s'est invité dans tous
les discours tant institutionnels, politiques que sociétaux. Le développement
durable est même évoqué dans le Préambule de la Constitution algérienne comme
un « cadre » pour « bâtir une économie productive et compétitive ». Le
renforcement de la place du développement durable ainsi que de l'environnement
est présent dans la réglementation ; c'est dire tout le crédit que semble
porter l'Etat algérien à ce concept. Le traitement et la concrétisation du
développement durable en Algérie exige un diagnostic réaliste et sans
complaisance comme première étape suivi d'un aménagement du territoire comme
outil de base pour permettre à ce concept de se réaliser avec authenticité. Le
développement durable est officiellement présenté en Algérie comme la formule
magique qui devrait stimuler le développement socioéconomique mais sans tracer
une feuille de route à court, moyen et long terme relevant de bases techniques
et scientifiques uniquement. Il pourra ainsi se libérer d'une politique néfaste
pouvant ankyloser la société algérienne à la recherche de créativité ou de
compétitivité neutre et éloignée de tout réseau et d'influence. La société
civile intellectuelle éloigné des espaces politiques en lui accordant le droit
de critiquer et dénoncer sans risques est vitale pour asseoir les trois
principes rendus indissociables par le développement durable : l'efficacité
économique, l'équité sociale et la qualité environnementale.
Qu'est-ce que l'environnement et le développement durable? L'environnement est tout ce qui entoure quelque chose ou quelqu'un et généralement les gestionnaires parlent de l'Environnement de l'Homme, tandis que l'on doit plutôt qualifier de « Milieu» dans toutes ses composantes et son évolution. Le milieu dit être défini comme un équilibre entre les éléments biotiques ou abiotiques qui entourent un individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins. Le milieu peut également être défini comme l'ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques), culturelles (sociologiques) et géographiques pouvant agir sur les composantes d'un écosystème y compris les activités humaines. Une question fondamentale se pose pour concrétiser un urbanisme durable : Le développement durable a-t-il vraiment été adopté par la société algérienne ? C'est un projet toujours en suspens qui n'a pas pu se concrétiser pour diverses raisons tant urbanistiques, culturelles, politiques et économiques. À partir des années 1990, l'Algérie politique s'est donc progressivement à se doter de quelques outils institutionnels, législatifs et même constitutionnels devant donner une place de premier plan au développement durable. La création en 2000 d'un ministère véritablement dédié à l'Environnement, puis un an plus tard, la publication du premier Rapport National sur l'Etat et l'Avenir de l'Environnement et du Plan National d'Action pour l'Environnement et du Développement Durable avec comme politique de donner un peu plus de visibilité et de consistance à cet engagement avec dés 2015 l'adoption de l'Agenda 2030. Sous l'égide du MAE (Ministère des Affaires étrangères) en 2016 un Comité interministériel de coordination devait apporter des réponses nationales fortes à la mesure des enjeux qu'il annonce et des défis qu'il porte. Ce dernier avait pour mission le suivi et l'évaluation de la mise en œuvre des ODD en Algérie. Face à cet arsenal d'objectifs, l'acteur le plus déterminant qu'est la société civile n'a été que peut sollicitée à tire consultatif pour participer aux planifications ainsi qu'aux décisions relatives au développement durable. Généralement les doléances ou les recommandations de la société civile n'avaient que peu de chances d'être réellement prises en compte. Diagnostic urbanistique Il suffit de parcourir le territoire algérien pour constater à quel point, en ce qui concerne l'habitat algérien, urbain ou rural, que le fondement d'aménagement durable est absent. Dans ces espaces c'est le désordre, la saleté, l'absence d'esthétisme et une gestion défaillante qui sont des indicateurs indiscutables éloignant les villes et villages algériens du concept de l'habitat durable. Ce constat est réel malgré un Schéma National de l'Aménagement du Territoire en 2001) qui devait tracer une feuille de route vers 2020 pour un développement durable. Le taux d'urbanisation en 1830 ne dépassait pas 8% de la population totale et il dépassait les 15% en 1886, pour atteindre 26% en 1954. Au lendemain de l'indépendance, ce taux a évolué rapidement passant de 31% en 1966 à 40% en 1977 puis à 50% en 1987, 66% en 2008 et plus de 75% en 2020. La croissance de la population urbaine est estimée en moyenne à 2,5% par an. Ce taux impacte toutes les villes se traduisant par des difficultés à disposer de foncier urbanisable induisant une densification piétinant toute la réglementation. Cette densification urbaine ignore totalement les impacts qu'elle engendre tel le nombre d'élèves par classe, le ratio en eau, le stationnement, les espaces verts, la cohabitation, etc. fait fi Saturées, les plus grandes, reportent leurs surplus démographiques sur le territoire des communes avoisinantes. Après l'indépendance l'Algérie connait une phase intense d'urbanisation médiocre juste pour parer aux besoins urgents de la population en logements imposé par un exode rural et une démographie galopante. En absence de planification urbaine, le pouvoir politique a tenté de mettre en place une politique dès 1970 axée sur une refonte de l'ensemble des textes réglementaires, la mise en œuvre d'instruments de maîtrise de la croissance urbaine adaptés à la conjoncture. Il s'ensuit une série d'opérations d'urbanisme opérationnel donnant naissance aux Z.H.U.N en 1975 et l'habitat collectif a connait son apogée et continue dans la même voie avec ses conséquences urbaines et environnementales. Plusieurs types et formulations de logement (LPS, LSP, LPA, AADL, LPP, etc.) qui conviennent chacune aux besoins de client et après plus d'un demi-siècle d'Independence, le pays se trouve dans un état plutôt médiocre en qualité. Malheureusement cette politique d'habitat collectif s'est traduite par une altération du milieu de vie caractérisé par une carence en servitudes et équipements indispensables permettant le confort des habitants. L'urbanisation s'est basée sur le COS au lieu du CUS qui permet de réserver à chaque espace sa superficie ; s'ajoute une conception architecturale datant des années 1960 où dominent les barres de bâtiments pourtant abandonnée dans plusieurs pays mais encore en application en Algérie. L'habitat reste un autre volet ignoré car multidimensionnelle impactant l'aspect physique, culturel et émotionnel et écologique de l'homme. L'origine rurale des familles avec des pratiques et des habitudes incompatibles avec le logement collectif a été une explication récurrente. Il est vrai que certaines activités comme travailler la laine, rouler le couscous ou laver et faire sécher les tapis ou le linge de maison qui se déroulaient traditionnellement dans la cour ne trouvent pas d'espace dans le logement en hauteur, ce qu'on appelle un problème d'identification à l'espace extérieur. Le problème de la dominance des tours et des barres rendre presque tous les bâtiments identiques et caractérisés par une absence d'aménagement des espaces extérieurs induisant tous les malaises de cohabitation (bruits, espaces communs, gestion de l'eau, des escaliers, des déchets, du stationnement, etc.) Evaluation des risques urbains Le recours à la méthode MADS permet de cibler les dangers et les risques induits par la politique d'urbanisation ; elle cible 7 risques majeurs : 1. Absence de planification urbaine à court, moyen et long terme issue d'un aménagement des territoires ne reposant pas sur des entités homogènes avec une évaluation de leurs potentialités et incluant le SCOT (Schéma de Cohérence des Territoires) 2. Utilisation du COS au lieu du CUS qui prend en charge une réservation des espaces utiles en étalant les bâtiments introduisant la superficie de chaque habitation 3. La superficie moyenne d'espace par habitant ne dépasse pas les 70 m2 alors qu'elle devait dépasser les 150 m2 pour assoir un urbanisme durable 4. Les normes d'espaces verts découlant des circulaires : MUCH n°29256/BODG/83/H3 du 29/10/1983 et celle interministérielle du 31 octobre 1984 imposant au moins 10 m2par habitant ne sont pas respectées 5. La densification piétinant quelques règles d'urbanisme en matière d'étages dans les quartiers résidentiels appuyés par des révisions des PDAU qui ne respectent pas les procédures imposées et ne délimite pas les terrains non urbanisables ouvrant la voie à des abus d'urbanisation et une absence de vision pour la réalisation d'aires métropolitaines 6. L'absence du Schéma de Cohérence Urbaine qui en principe corrige les erreurs et les dépassements induits par les révisions injustifiées des PDAU 7. Absence de structure de gestion des cités et des quartiers tels les syndics urbain. Quelle stratégie pour un urbanisme durable ? Dans le concept d'habitat il y a lieu de prendre en charge l'habitat collectif qui ne doit pas dépasser R+4 permettant une gestion durable. Dans le concept de l'habitat collectif il faut prioriser le Bloc séparé l'un de l'autre au lieu des Barres et leurs conséquences ingérables. Cet habitat urbain devrait s'intégrer dans un espace urbain caractérisé par un coefficient d'utilisation du sol (CUS) gérant l'occupation du sol et la distribution des volumes bâtis. Il est organisé en parcelle qui reste est une unité de propriété ou d'affectation juridique, généralement du sol ou parfois d'un volume, précisément délimitée. Cet espace doit offrir des conditions qui conviennent à la vie et au développement des habitants dans leur quotidien en leur fournissant leurs besoins. Les qualités urbaines reposent sur une bonne utilisation du site, et la pertinence de sa transformation par un projet durable qui doit s'exprimer en 3 point : qualité d'implantation, transformation du site et qualification des espaces urbains. La qualité d'implantation relative à la position du bâtiment dans le plan de masse et en volume pour gérer les contraintes de cohabitation, de nuisances et d'environnement. Le projet doit prendre en considération le potentiel du site : orientation, ensoleillement, vues et foncier (parcellaire, mitoyens, création des divers espaces. Les facteurs climatiques sont à intégrer avec toutes ses dimensions en matière d'isolation thermique et phonique et de circulation. Il convient de limiter l'impact négatif du projet en marquant le respect de l'échelle, en créant des volumes accordés au contexte et en tenant compte des vues et de l'ensoleillement des voisins ; et aussi favoriser l'impact positif sur son environnement. Les mesures urgentes à concrétiser doivent reposer sur un arrêt d'urbanisation des villes dépassant les 300 000 habitants et opter pour le concept d'agglomération urbaine issue d'un SCOT (Schéma de cohérence des territoires). La sécurité alimentaire brandie doit interdire toute urbanisation des terres agricoles ce qui n'est pas le cas puisque chaque année c'est entre 6 et 10 000 hectares de terres agricoles qui sont urbanisées. La région des hauts plateaux à urbaniser ainsi que la partie septentrionale du Sahara offrant des superficies importantes. Il suffit d'équiper ces territoires en moyens de transport efficaces et rapides. Conclusion À l'heure actuelle du développement durable, de la rénovation urbaine et de la recrudescence des piétinements de la réglementation urbaine durable, il y a lieu d'opter pour les 4 actions suivantes : l En premier lieu, interdire toute extension urbaine sur les terres agricoles et stopper le développement spatiale des villes en optant pour la création d'aires métropolitaines associant une grande ville avec sa périphérie offrant des possibilités foncières dans un rayon de 50 km au moins. l En second lieu, assurer une gestion durable des espaces urbanisables et urbanisés à travers une vision spatiale induite par un SCOT permettant de sauver les terres agricoles de l'urbanisation. Assurer une qualité d'habitat supérieure à celles des logements existants à travers une pérennité du logement, sa solidité, sa durabilité, son confort thermique, acoustique et services annexes de gestion avec une qualité des volumes extérieurs et intérieurs et une personnalisation des logements, etc. L'urbanité doit s'insérer dans le paysage avec les divers fonctions et usages des espaces publics, qualité environnementale, places publiques, jardins publics, espaces verts, commodité urbaine (trottoirs, chaussées, stationnement, etc. l En troisième lieu, affirmer que les types d'habitats construits répondent à la diversité des besoins actuels et futurs des familles et surtout aux nouveaux et futurs modes de vie en tenant compte de l'évolution des familles et des modes d'habiter. Les exigences environnementales et de développement durable (espaces verts, places publics, jardins publics, infrastructures, équipements, espaces de loisirs). l Respecter la stratégie d'organisation spatiale de l'habitat en passant par le bloc, la cité, le quartier et le secteur permettant de gérer durablement l'habitat avec des syndics au niveau de chaque quartier. *Pr Management Environnement |
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