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![]() ![]() ![]() ![]() Pour
rappel, Don Quichotte, personnage-titre du roman de Miguel de Cervantes, se prend pour un chevalier dont la mission est
de combattre le mal. Ayant perdu le sens du jugement et la notion du réel, il
s'embarque dans des aventures extravagantes durant lesquelles il combat des
moulins à vent qu'il prend pour des géants.
L'actuel locataire de la Maison Blanche ne vit pas dans un monde imaginaire comme Don Quichotte, mais il sombre dans le déni des réalités contemporaines, du Droit international et des Droits humains fondamentaux. Atteint du syndrome de Don Quichotte et vraisemblablement d'autisme Asperger, le sieur Donald Trump est convaincu d'être investi d'une « mission messianique » : Ebranler l'ordre mondial et régler les conflits par la force. Sa dulcinée se nomme Israël. Il remuera ciel et terre pour elle. Pour son ambition démesurée de faire en sorte que l'Amérique soit plus forte que jamais, qu'elle domine absolument le monde et qu'elle dicte sa loi à toute l'humanité. Il est prêt à affronter toute la planète et à écraser tous ceux qui oseraient s'opposer à ses projets. A voir ses imprévisibles comportements, son ostentatoire condescendance et ses effarantes déclarations, il conçoit les relations avec les autres nations à travers un prisme qui les réduit à de simples catégories : ceux qu'on peut acheter, ceux qu'on peut dompter par la force, ceux qu'on peut faire chanter, ceux qu'il faut coloniser et enfin ceux qu'il faut tuer. Un spectre machiavélique, voire diabolique qui fait fi de l'histoire des peuples, de leur civilisation, de leur souveraineté, de leurs droits fondamentaux de la morale et d'autres valeurs humaines acquises durant des siècles. Donald Trump, un président fantasque, est pressé de marquer avec une exubérante arrogance, une prétendue supériorité sur ses prédécesseurs, trop mous à son goût, et veut vouer leur système de gouvernance aux gémonies. Il use, de manière tonitruante, de provocations visant à attirer l'attention du monde sur sa seule personne et à tétaniser, par là même, les esprits. Il veut être le gendarme du monde que l'on craint, le juge international qui règle les conflits à sa manière, qui rend le droit comme il l'entend, qui sanctionne ou punit à sa guise et le leader qui mettrait le monde à genoux face à son Amérique. Il se fiche totalement de ce que peuvent en penser les autres. Il fait sienne la fameuse devise de l'empereur de Rome, Caligula : « qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent ». L'impérialiste Trump ne s'embarrasse ni du droit international ni même des usages diplomatiques qui régissent les relations entre les pays. Lui et son compère Elon Musk sont l'archétype même de l'être dominateur qui abjure ses idéaux et son humanité au profit de son égo, de ses intérêts et de ses ambitions. A titre illustratif, la loi américaine de 1977 qui interdit aux entreprises et aux compagnies américaines de corrompre des gouvernements étrangers en vue de décrocher des marchés a été gelée. Sur le registre du droit, il n'est pas surprenant qu'il défie la Cour Pénale Internationale (CPI) en recevant, avec tous les honneurs, Benyamin Netanyahou, poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l'Humanité. Mieux encore, des sanctions contre le procureur de la Cour Pénale Internationale, contre le personnel de la CPI, ainsi que toute personne ayant contribué aux enquêtes demandées par la CPI, ont été décidées. Les sanctions consistent en l'interdiction d'entrée sur le sol américain et prévoient le gel des avoirs des concernés. Tout imbu de sa personne, assuré de la toute puissance de son pays, rien n'oblige l'actuel président des Etats-Unis, rien ne le dérange, et rien ne semble l'arrêter. Quant à la décence morale et l'humanisme, il n'en a cure. Une de ses décisions les plus déplorables est la fermeture de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) ; ce qui, entre autres, met en péril le traitement du Sida en Afrique, prive notamment le peuple d'Haïti du développement socioéconomique et, pour paraphraser Albert Camus, ajoute au malheur du monde. Chaque jour que Dieu fait, le nouveau maître des Etats-Unis, et du monde selon sa conception, accouche de décisions et de déclarations ahurissantes. A croire qu'il divague ou qu'il fabule. Difficile de démêler l'écheveau avec un tel énergumène. Toutefois, on s'accorde à dire qu'il a tout d'un enfant gâté par le système, convaincu que tout ce qu'il désir doit se réaliser et qu'il peut tout acheter. Dans son délire, il affirme vouloir acheter le Groenland, reprendre le canal de Panama, faire du Canada le 51-ème état américain, etc. Le soutien inconditionnel, total et assumé de l'Amérique à Israël ne date pas d'aujourd'hui. Ce pays arme, finance et protège l'entité sioniste génocidaire depuis sa création. Pire, il la place, tout comme lui, au dessus du Droit international, dont les USA furent pourtant les principaux artisans, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et qu'ils piétinent aujourd'hui, sans vergogne. En revanche, ce qui a changé est que le nouveau président des Etats-Unis d'Amérique est un sulfureux personnage, sans aucune retenue. Le peuple palestinien est perçu comme un troupeau gênant et nuisible pour le projet israélo-américain - qu'il faut envoyer paître ailleurs. Une fois, il suggère de déplacer, déporter serait le mot juste du point de vue du droit international, les Palestiniens vers l'Egypte et la Jordanie, ou encore l'Arabie Saoudite, sans demander au préalable leur avis, en les menaçant de représailles économiques, en cas de refus. Allez comprendre quelque chose avec ce psychopathe, qui construit un mur pour empêcher ses voisins de rentrer sur son territoire, qui expulse des milliers d'immigrants vers leurs pays d'origine et qui veut imposer à des pays souverains d'accepter que des milliers de personnes soient expulsées de leurs terres ancestrales pour s'installer définitivement chez eux. C'est le monde à l'envers ! Avec un incroyable cynisme, il se propose une autre fois d'occuper Gaza ou de l'acheter pour en faire un petit Eden. Entendre par là une transaction immobilière inespérée. A supposer que Gaza est à vendre, à qui doit l'acheter ce détraqué ? En tout cas, il n'est pas exclu qu'un plan diabolique ait été sournoisement concocté par Trump et Netanyahou pour qu'Israël récupère définitivement les terres palestiniennes par le truchement des Etats-Unis. Dans le dossier ukrainien, l'Amérique souffle le chaud et le froid. Donald Trump semble, à priori, être en symbiose avec le Président Poutine, avec lequel il a d'ailleurs discuté longuement du sujet. Lors de la conférence de Munich sur la sécurité mondiale, les 14 et15 février 2025, le vice-président américain, JD VANCE, a déclaré : « l'administration Trump pense que nous pouvons parvenir à un règlement raisonnable entre la Russie et l'Ukraine et nous pensons également qu'il est important, dans les années à venir, que l'Europe fasse un grand pas en avant pour assurer sa propre défense » ; le glas du modèle actuel de l'OTAN a sonné ? Aussi, on peut penser que l'Ukraine sera associée aux futures négociations de paix, mais pas l'Europe. Fait surprenant, JD VANCE, à l'occasion de cette même conférence, envoie un message aux Russes pour leur signifier que les moyens de pression militaires et économiques pourraient être actionnés si Moscou ne négocie pas « de bonne foi ». C'est dire que les choses sont plus complexes qu'elles ne paraissent, vu les énormes enjeux stratégiques et économiques de la région (terres rares, blé, armement, etc.). D'ailleurs, selon NBC News, la Maison Blanche aurait proposé à Zelenski le déploiement des forces armées américaines sur les sites ukrainiens d'extraction des ressources naturelles. L'Amérique de Trump déclare, par ailleurs, une guerre commerciale à tout le monde, y compris ses alliés occidentaux, en imposant notamment des tarifs douaniers contraignants, pour ne pas dire punitifs. L'offensive inquiète particulièrement l'Union européenne qui, dans le « modèle Trumpiste » serait réduite au simple rôle de figurante, ce qu'elle est déjà à certains égards. La question est de savoir si l'Europe est capable de s'émanciper de l'hégémonie américaine et faire face au danger Trump ? Je pense qu'elle doit, et va probablement tenter de le faire, car elle n'a pas d'autres choix. Sur le plan national, Donald Trump soulève un tsunami politico-social. Il provoque de l'irritation pour les uns, de la peur pour d'autres, de la moquerie chez certains et de la sidération à travers le monde entier. Il est en particulier en phase de créer une crise constitutionnelle américaine, si ce n'est pas déjà fait. Afin de redresser l'économie américaine, des mesures draconiennes ont été prises. Outre la mise à pied de milliers de jeunes fonctionnaires, encore en période d'essai, le plan de départ volontaire mis en place par Elon Musk a déjà amené près de 75.000 fonctionnaires à déposer leur démission. Par ailleurs, Trump a ordonné aux agences fédérales de lancer des programmes de licenciements contraints. Il a congédié des inspecteurs chargés d'éradiquer le gaspillage et la fraude au sein des agences fédérales pour donner carte blanche à son acolyte Elon Musk et son équipe, auxquels il confie le département de l'efficience gouvernementale (DOGE). Leur obscure mission consiste à opérer une purge drastique dans l'administration et à saborder les projets gouvernementaux qui ne conviennent pas à Trump et Musk. Il convient de souligner au passage que le fait tout à fait paradoxal pour la prétendue plus grande démocratie du monde, son président semble prendre pour parangons de gouvernance les autocrates que l'Amérique a de tous temps fustigés. La démocratie américaine vacille sous le règne de l'oligarchie Trumpiste et le pays de l'Oncle Sam glisse vers l'isolement, en faveur de ses grands concurrents, notamment la Chine, la Russie, l'Inde et le Brésil qui font partie des dix premières puissances économiques mondiales. Prosaïquement parlant, Donald Trump pousse ses alliés et ses partenaires dans les bras de ses ennemis. Heureusement, ce grand agité ne peut ni changer la constitution ni s'imposer à long terme au pouvoir pour que l'Amérique balance dans la dictature. Ajouter à cela que les mécanismes démocratiques, solidement ancrés dans le système (pourvoir des élus du peuple, pouvoir de la Cour suprême, système judiciaire fédéral, Congrès des Etats-Unis, etc.), sont à même de freiner Trump dans son élan. A noter que des tribunaux fédéraux ont déjà suspendu plusieurs décrets signés par le président Trump. Par ailleurs, le mécontentement au sein de la classe politique, même parmi les républicains, s'amplifie de jour en jour. Cependant, force est d'admettre que le pouvoir de l'argent sera désormais plus puissant que jamais. En résumé, Donald Trump, richissime magnat de l'immobilier, ambitionne de saborder l'ordre mondial et de le remplacer par un capitalisme débridé et immoral qui a comme religion l'intérêt et l'avidité, pour valeur l'argent, pour pouvoir l'oligarchie, pour moyens la force et la corruption et pour fin la dominance absolue. Dans le capharnaüm qui se profile à l'horizon, il sera difficile aux autres pays de trouver leur chemin de Damas. Pour le mot de la fin, à mon humble avis, le monde aura à faire face à l'une des deux options. Soit que Donald Trump n'est au final qu'une sorte de Don Quichotte des temps modernes qui ne fera pas grand feu ; mais qui causera tout de même un certain désordre, résorbable avec le temps. Ou alors il serait le génie du chaos qui va bouleverser l'ordre mondial et réussir brillamment l'échec du progrès humain. A moins que les peuples et leurs gouvernants, des Etats-Unis et d'ailleurs, opposent une sérieuse résistance à cette folie furieuse qui les menace, le pire est à craindre. *Professeur |
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