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Meurtre en direct à la maison blanche

par Abdelhak Benelhadj

« You're fired ! »



Vendredi 28 février, le drame s'est noué face aux caméras, dans le « Bureau ovale » : Un « événement historique », titrent les médias.

Le caractère historique de ce surprenant événement ne vient pas de l'événement lui-même (Nixon et Reagan ont été souvent plus violents et plus vulgaires que D. Trump, off the record). E. Macron, le 24 février, suivi par Keir Starmer, son homologue britannique trois jours après, ont été tous deux congédiés les mains vides, sans rien avoir obtenu.

Le tragique de l'événement vient à la fois du télescopage malheureux et maladroit des échanges et des circonstances de sa médiatisation dans un monde surabondant en images et en instantanéité.

Jamais le « bureau ovale » n'a renvoyé au monde semblable spectacle.

Une journée mémorable.

Il ne s'agit rien de moins que de l'exécution en direct d'un chef d'Etat chassé comme un domestique.

La signature du contrat sur les minerais critiques, longtemps et laborieusement négocié, était prêt à être signé.

Le clash est advenu, de nombreuses minutes avant que la scène ne dégénère. L'ambiance s'est dégradée à partir de l'instant où Zelensky voulait peu ou prou impliquer Trump dans un jugement qui n'avait rien à voir avec la raison de sa présence, qui commence par : « Poutine est un tueur... »1 A l'évidence, il n'a pas consenti à ce que D. Trump, sans demander son avis, négocie dans son dos avec V. Poutine et refuse de « mettre dans la boucle » son pays et ses autorités.

C'est cette pression exercée par le président ukrainien qui paraît avoir joué un rôle décisif et a engendré l'esclandre fatal. Eléments de contexte :

1.- La ratification d'un contrat américano-ukrainien devait servir à rapprocher Kiev de Washington. Chacun, ses objectifs.

- Investissements lucratifs pour les uns.

- Engagement de sécurité pour les autres.

« Je te donne accès à mes matières critiques. Tu assures ma sécurité »

Le contrat a été âprement négocié. Les Américains tenaient à y intégrer le consensus qui a émergé des transactions entre eux et les Russes. Il n'a pas été rendu public, mais il semblait en état d'être signé. Sinon, la présence du président ukrainien n'aurait eu aucun sens.

Le marché tenait apparemment debout. Cela aurait pu marcher. Mais ça n'a pas marché.

Il est vrai que, malgré ce consensus apparent, le clash était toujours dans l'air. Les maladresses du président ukrainien ont mis le feu à un baril de poudre hautement explosif. L'environnement était instable et il n'a pas fallu grand-chose pour relancer un vieux contentieux entre D. Trump et V. Zelensky. Il lui était reproché une accointance avec l'ex-président américain. V. Zelensky aurait parié sur la réélection de J. Biden et aurait refusé d'aider D. Trump à utiliser les frasques du fils de l'ancien président en Ukraine. Il a parié et il a perdu.

La tension était là, mais rien ne devait faire capoter la signature d'un accord.

2.- L'armée ukrainienne est en difficulté sur le terrain. Les Américains en ont une connaissance exacte. V. Zelensky voulait exploiter la concession des terres rares pour tenter de renverser un rapport de forces de moins en moins en sa faveur. La négociation sur les minerais critiques était une question relativement mineure à court terme et Zelensky (qui avait lancé l'idée le premier) voulait l'exploiter pour impliquer davantage les Etats-Unis dans le conflit au risque de changer sa dimension et sa nature, un des reproches d'ailleurs que D. Trump a pointé, ce jour, lors de la réception à la Maison Blanche.

Pour mieux comprendre ce qui s'est vraiment passé, le mieux serait de reprendre attentivement le déroulement des échanges. Nous en reprenons quelques passages essentiels que la plupart des médias n'ont pas jugé utile de porter à la connaissance du public.2

Commente cela a-t-il commencé ?

C'est la question d'un journaliste qui a mis les discutions sur le chemin du clash et qui a orienté les échanges sur la qualification du président russe. Zelensky voulait probablement profiter de la médiatisation de la signature du contrat pour faire valoir son point de vue sur le conflit, amener D. Trump à le partager et s'immiscer dans les négociations en cours entre Russes et Américains. C'était sa position de départ et c'est ce qu'il reprendra après avoir quitté la Maison Blanche.

À la question du journaliste de Fox News, il déclare souhaiter que le président américain se trouve « vraiment plus de notre côté », par rapport à la Russie et à V. Poutine, dans les négociations pour mettre un terme au conflit. Toujours dans la logique de la « paix par la force », il laisse entendre (ce que disent tout haut les Européens) que Washington aurait changé d'alliance.

Crescendo, de réplique en réplique, la tension monte sans que personne n'imaginait comment elle allait se terminer.

Donald Trump : (Répondant à un journaliste qui l'interpellait sur ses nouvelles relations avec la Russie) « Je ne suis pas aligné avec Poutine. Je ne suis aligné avec personne. Je suis aligné avec les États-Unis d'Amérique. Et pour le bien du monde. Je suis aligné avec le monde. Et je veux en finir avec cette histoire. Vous voyez la haine qu'il [Zelensky] a pour Poutine. C'est très difficile pour moi de conclure un accord avec un tel niveau de haine. Il a une haine immense. Et je comprends cela. Mais je peux vous dire que l'autre camp ne l'aime pas non plus. Donc, ce n'est pas une question d'alignement. Je suis aligné avec le monde. Je veux régler ce problème. Je suis aligné avec l'Europe. Je veux voir si nous pouvons trouver une solution. Vous voulez que je sois dur ?

« Je peux être plus dur que n'importe quel être humain que vous n'ayez jamais vu. Je serais si dur. Mais vous n'obtiendrez jamais d'accord comme ça. Voilà comment ça fonctionne.

J.D. Vance : « Je vais répondre à cela. Écoutez, pendant quatre ans aux États-Unis, nous avons eu un président qui se montrait dur avec Vladimir Poutine lors des conférences de presse. Et ensuite, Poutine a envahi l'Ukraine et a détruit une grande partie du pays. Le chemin vers la paix et la prospérité passe peut-être par la diplomatie. Nous avons essayé la voie de Joe Biden, celle de bomber le torse et de faire comme si les paroles du président des États-Unis comptaient plus que ses actions. Ce qui fait des États-Unis un grand pays, c'est leur engagement dans la diplomatie. C'est ce que fait le président Trump. »

V. Zelensky : « D'accord. Il a occupé des territoires, nos territoires. De grandes parties de l'Ukraine. L'est et la Crimée. Il les a occupés en 2014. Pendant de nombreuses années, et je ne parle pas seulement de Biden. À cette époque, c'était Obama, puis le président Obama, puis le président Trump, puis le président Biden, et maintenant le président Trump. Que Dieu bénisse : maintenant, le président Trump va l'arrêter. Mais depuis 2014, personne ne l'a arrêté. Il a simplement occupé et pris. Il a tué des gens.

« Vous savez que nous avons eu des discussions avec lui, beaucoup de discussions. Mes discussions bilatérales. Et nous avons signé avec lui. Moi, en tant que nouveau président, en 2019, j'ai signé avec lui un accord, j'ai signé avec lui, Macron et Merkel. Nous avons signé un cessez-le-feu. Un cessez-le-feu. Tous m'ont dit qu'il ne bougerait jamais. Nous avons signé avec lui un contrat sur le gaz. Mais après, il a rompu le cessez-le-feu. Il a tué notre peuple et il n'a pas échangé les prisonniers. Nous avons signé un échange de prisonniers, mais il ne l'a pas respecté. De quelle diplomatie, parlez-vous ? Que voulez-vous dire ? »

J.D. Vance : « Je parle de la diplomatie qui mettra fin à la destruction de votre pays. Monsieur le Président, avec tout le respect, je pense que c'est irrespectueux de venir dans le Bureau Ovale et d'essayer de débattre de cela devant les médias américains. En ce moment, vous envoyez de force des conscrits sur le front parce que vous manquez d'hommes. Vous devriez remercier le président d'essayer de mettre fin à ce conflit. »

V. Zelensky : « Êtes-vous déjà allé en Ukraine ? Vous parlez de nos problèmes. »

J.D. Vance : « J'y suis allé... J'ai regardé et vu les reportages, et je sais que vous emmenez des gens en tournée de propagande, Monsieur le Président. N'êtes-vous pas d'accord pour dire que vous avez des difficultés à recruter des soldats ? Et pensez-vous qu'il soit respectueux de venir dans le Bureau Ovale des États-Unis d'Amérique et d'attaquer l'administration qui essaie de prévenir la destruction de votre pays ? »

V. Zelensky : « Tout d'abord, en temps de guerre, tout le monde a des problèmes, même vous. Mais vous avez un bel océan et ne ressentez pas cela pour l'instant, mais vous le sentirez à l'avenir. »

D. Trump : « Vous n'en savez rien. Ne nous dites pas ce que nous allons ressentir. Nous essayons de résoudre un problème. Ne nous dites pas ce que nous allons ressentir. Parce que vous n'êtes pas en position de nous dicter cela. Rappelez-vous ceci : vous n'êtes pas en position de nous dicter ce que nous allons ressentir. Nous allons nous sentir très bien. »

V. Zelensky : « Vous en ressentirez l'influence. Je vous le dis. »

D. Trump : « Nous allons nous sentir très bien et très forts. »

V. Zelensky : « Vous en ressentirez l'influence. »

D. Trump : « Vous n'êtes pas en bonne position en ce moment. Vous vous êtes placé dans une très mauvaise position. Et il a raison à ce sujet. Vous n'êtes pas en bonne position. Vous n'avez pas les cartes en main pour le moment. Avec nous, vous commencez à en avoir. »

V. Zelensky : Je ne joue pas aux cartes. Je suis très sérieux, Monsieur le Président. Je suis un président en temps de guerre...

D. Trump : « Vous jouez aux cartes. Vous jouez aux cartes. Vous jouez avec la vie de millions de personnes. Vous jouez avec la Troisième Guerre mondiale. Vous jouez avec la Troisième Guerre mondiale. Et ce que vous faites est très irrespectueux envers ce pays, ce pays qui vous a soutenu bien plus que ce que beaucoup de gens ont dit qu'il aurait dû faire. »

J.D. Vance : « Avez-vous dit « merci » une seule fois pendant toute cette réunion ? Non. Vous êtes allé en Pennsylvanie et avez fait campagne pour l'opposition en octobre. Offrez quelques mots d'appréciation aux États-Unis et au président qui essaie de sauver votre pays. »

Lapidaire, D. Trump met un terme à la rencontre : « Très bien. Je pense que nous en avons assez vu. Qu'en pensez-vous, hein ? Ça va faire de la très bonne télévision. Je peux vous le dire. Très bien. Nous verrons ce que nous pouvons faire pour arranger cela. Merci. »

L'acteur et le comédien.

Médias et politiques européens vont s'appuyer sur ces mots performatifs qui ont mis un terme à la réunion, pour en déduire une préméditation américaine. Rien ne permet de l'affirmer avec certitude. Tous les hommes politiques aujourd'hui intègrent dans la conduite de leurs affaires leur médiatisation. D. Trump comme tous les autres. Il est possible que le président des Etats-Unis ait très vite saisi le parti qu'il pouvait en prendre à la fin de cette réunion. L'acteur Trump, le professionnel qui agit sur le monde, a écrasé le comédien s'est pris à un jeu qui n'était pas le sien.

Le deal sur les minerais n'a pas été signé. La conférence de presse commune prévue à 13 heures (heure locale), n'avait plus lieu d'être. L'intervention annoncée à l'Hudson Institut, un think tank conservateur, est annulée (CNN).

Zelensky a rusé, a joué et a perdu. Qui peut le lui reprocher ?

Vendredi 28 février. Zelensky est entré en chef d'Etat à la Maison Blanche. Il en est sorti en guenilles, mis à la porte comme un mendiant.

Quel contraste avec les images d'un passé pas si lointain.

Le 22 décembre 2022, V. Zelensky, pour sa première visite est reçu en grande pompe par le Congrès à Washington. Ovationné, célébré comme le symbole de la résistance et de la liberté. Depuis février 2022, les foules manifestaient en Europe, en Amérique et dans de nombreux pays dans le monde célébrant et défendant sa cause. Invités partout, physiquement ou à distance, le président ukrainien faisait l'actualité du monde.

Pas un jour sans un mot. Pas un jour sans une image. Zelensky était partout tout le temps.

« Votre argent, ce n'est pas de la charité. C'est un investissement pour la sécurité du monde entier et pour la démocratie. » disait-il au Congrès 2 ans et demi plus tôt.

Zelensky, sans doute enivré par ses succès médiatiques, a-t-il suffisamment pris garde aux changements géopolitiques des derniers mois et à la réinitialisation des rapports de forces : un tout petit bonhomme face au représentant de la première puissance mondiale ?

Ceux qui soutiennent le président ukrainien (pour s'en tenir aux médias francophones) ont parlé de « piège » (L'Express, RTS...), de « traquenard » (Le Monde, Le Point...), d'autres, d'« embuscade » (Le Figaro, Le Temps...). Certains n'hésitent pas à parler de « trahison » (Libération, La Presse...et même un ancien Premier ministre) ...

F. Merz, virtuel chancelier, a déclaré à Berlin. « A mon avis, il ne s'agit pas d'une réaction spontanée aux interventions de Zelensky, mais manifestement d'une escalade délibérément provoquée lors de cette rencontre dans le bureau Ovale. » (Le Monde, D. 02 mars 2025)

La question reste posée. Mais l'évolution de cette affaire en relativise l'importance.

Cependant, à récapituler attentivement le déroulement de l'incident, il semble bien qu'il y ait eu une succession imprévisible d'actions et de réactions non préméditées qui a abouti au résultat auquel toute la planète a assisté, médusée.

Réactions en Europe et dans le monde.

Un déchaînement médiatique dans le monde va succéder au départ de Zelensky de la Maison Blanche, accompagné par une employée anonyme au lieu de l'être, comme c'est l'usage, par le maître de céans. C'est évidemment en Europe, perturbée par le comportement de D. Trump depuis le 12 février que le choc a été le plus rude.

Il y a ceux qui s'indignent et le font savoir. Le tam-tam.

- E. Macron (en visite au Portugal) : « Il y a un agresseur qui est la Russie, il y a un peuple agressé qui est l'Ukraine. Je pense que nous avons tous eu raison d'aider l'Ukraine et de sanctionner la Russie il y a trois ans et de continuer à le faire. Et quand je dis «nous» ce sont les Etats-Unis d'Amérique, les Européens, les Canadiens, les Japonais et plusieurs autres.

« Il faut remercier tous ceux qui ont aidé et il faut respecter ceux qui depuis le début se battent parce qu'ils se battent pour leur dignité, leur indépendance, pour leurs enfants et pour la sécurité de l'Europe. Ce sont des choses simples, mais elles sont bonnes à rappeler dans ces moments-là ».

« On est à un moment où l'Europe découvre (...) qu'elle n'est plus simplement un marché, qu'elle doit être une puissance. Et donc qu'elle doit produire son savoir, sa technologie, ses solutions économiques, ses solutions climatiques et ses solutions de défense et de sécurité. Une Europe puissance, nous en avons plus que jamais besoin. J'y travaille depuis le début. Le sursaut, c'est maintenant ». Il a aussi rappelé que « S'il y a une seule personne, qu'on a tous entendue nous menacer d'ailleurs du nucléaire, qui joue à la troisième guerre mondiale, il ne faut pas aller la chercher du côté du Kiev. Il faut plutôt chercher du côté de Moscou » (X).

- François Hollande. Contacté par Le Monde : « Donald Trump, face à Volodymyr Zelenski, n'a pas défendu la paix. Il a plaidé pour l'abdication de l'Ukraine. Il a ignoré les dizaines de milliers de soldats morts pour défendre l'indépendance de leur pays. Il n'a parlé que de l'argent dépensé par les Etats Unis. Si Trump, dans le bureau Ovale, parlait, c'est Poutine qui était son souffleur. La France et l'Europe doivent décider au plus vite un nouveau plan d'aide pour l'Ukraine. Telle est la seule conclusion à tirer de cette scène obscène de télé-réalité. »

Jean-Luc Mélenchon. Chef de La France insoumise : « En toute hypothèse, Zelensky a été courageux. Sans son aplomb, notre continent afficherait un statut de simple colonie des USA dont les chefs vont se taper dans le dos avec leur copain Trump. L'Europe est en train de sortir de l'histoire et elle en est chassée à coups de pied par monsieur Trump [qui] est en train de dire à l'Europe : vous avez perdu la guerre [en Ukraine] et maintenant c'est moi qui ramasse la mise avec l'accord qu'il impose à monsieur Zelensky. M. Zelensky est traité comme ont été traités de très nombreux chefs d'Etat », a commenté M. Mélenchon, dénonçant l'interventionnisme américain en Amérique latine. (AFP, depuis Mexico)

Dominique de Villepin. Ancien premier ministre : « Il est tout simplement inacceptable, indécent et sans précédent historique d'humilier, à l'intérieur du bureau Ovale et devant les caméras du monde entier, un peuple agressé qui souffre », s'indigne D. de Villepin (X).

François Bayrou. Premier ministre français : « à Washington, en refusant de plier, Volodymyr Zelensky était l'honneur de l'Europe ». « Il nous reste à décider ce que nous, Européens, voulons être. Et si nous voulons être, tout court » (X).

- Donald Tusk. Premier ministre polonais : « Chers @ZelenskyyUa, chers amis ukrainiens, vous n'êtes pas seuls » (X).

- Pedro Sanchez. Premier ministre espagnol : « Ukraine, l'Espagne est avec toi » (X).

- Olaf Scholz. Chancelier : « Personne ne souhaite plus la paix que les citoyens et citoyennes d'Ukraine ! C'est pourquoi nous cherchons ensemble la voie vers une paix durable et juste. L'Ukraine peut compter sur l'Allemagne et sur l'Europe » (déclaration transmise à la presse).

- Friedrich Merz, futur chancelier allemand : « Cher Volodymyr Zelensky, nous soutenons l'Ukraine dans les bons comme dans les moments difficiles » (X).

- Annalena Baerbock, ministre des affaires étrangères : « L'Ukraine n'est pas seule. L'Allemagne, avec ses alliés européens, est unie aux côtés de l'Ukraine – et contre l'agression russe. » « L'Ukraine peut compter sur le soutien indéfectible de l'Allemagne, de l'Europe et au-delà. Sa défense de la démocratie et sa quête de paix et de sécurité sont les nôtres. » (Réseaux sociaux)

- Lars Klingbeil, coprésident du SPD et chef de son groupe parlementaire, écrit sur X : « Le comportement du gouvernement américain montre une fois de plus que l'Europe doit davantage prendre son avenir en main. Nous devons devenir plus forts ensembles, à tous les niveaux. L'Allemagne doit et va prendre les devants. Aussi pour aider l'Ukraine. »

- Nils Schmid, responsable de la politique étrangère du SPD : « inqualifiable inversion coupable-victime ». Son comportement est « manifestement aussi un retour de bâton pour l'obstination avec laquelle Zelensky a défendu les intérêts de l'Ukraine dans l'accord sur les matières premières », a déclaré M. Schmid à l'agence de presse Reuters. « Cela laisse craindre le pire pour les futures négociations. »

- Johann Wadephul. Vice-président du groupe parlementaire CDU/CSU au Bundestag : « Comment peut-on poignarder ainsi dans le dos le président d'un pays envahi ? ». « L'Europe libre ne trahira pas l'Ukraine. » (X)

- Petr Fiala, Premier ministre tchèque. Son pays se tient « aux côtés de l'Ukraine et du monde libre » (X). Les Etats-Unis n'en feraient plus partie ?

- Viktor Orban, Premier ministre hongrois : « aujourd'hui le président Donald Trump a courageusement défendu la paix ». « Les hommes forts font la paix, les hommes faibles font la guerre ». (X)

- Mette Frederiksen, Première ministre danoise (Instagram et Facebook) : Le Danemark est « fier d'être aux côtés de l'Ukraine et du peuple ukrainien » (X)

- Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie de l'Union européenne : « Aujourd'hui, il est devenu clair que le monde libre a besoin d'un nouveau leader. C'est à nous, Européens, de relever ce défi ». « L'Ukraine est l'Europe ! Nous sommes aux côtés de l'Ukraine ».

- Keir Starmer : « a parlé ce soir avec le président Trump et le président Zelensky. Il garde un soutien indéfectible à l'Ukraine et fait tout ce qu'il peut pour trouver la voie vers une paix durable fondée sur la souveraineté et la sécurité de l'Ukraine », a indiqué une porte-parole.

Il y a ceux qui biaisent et bottent en touche.

Dans le déluge de condamnations les alliés (hongrois, italiens, autrichiens..., cf. plus haut), du Rassemblement national français se distinguent.

Le Néerlandais Geert Wilders, partenaire de la coalition au pouvoir aux Pays-Bas qui soutient militairement l'Ukraine, a renvoyé les deux chefs d'Etat dos à dos : « Fascinant moment de télévision, mais ce n'est peut-être pas le meilleur moyen de mettre un terme à la guerre, messieurs. »

Fidèles à leur louvoiement et à leur discrétion, quand ils s'appliquent à défendre des options contradictoires pour gagner sur tous les tableaux et encore plus sur le terrain géopolitique ces dernières semaines, M. Le Pen et J. Bardella avaient fait comme s'ils n'étaient pas là. Ne négliger aucun râtelier. En attendant, une réaction « officielle », les micros sont laissés aux seconds couteaux. Le porte-parole du parti Philippe Ballard, verse dans les généralités en tapant, comme d'habitude, sur l'Europe : « l'issue de la rencontre entre Trump et Zelensky est le résultat de la faillite diplomatique de l'UE ».

Pierre-Romain Thionnet, député européen membre de la commission des affaires étrangères et proche de J. Bardella reprend : « Trump et Vance se payent la tête de Zelensky, mais les Européens peuvent-ils se payer d'autre chose que de mots ? » Le scénario serait différent, estiment-ils, si la France avait suivi les conseils de M. Le Pen et J Bardella en prenant « l'initiative d'une conférence internationale sur la paix ».

Et il y a quelques « voix discordantes » de ceux qui ne s'alignent pas.

- Matteo Salvini, vice-premier ministre italien, dans un message posté sur X, apporte son soutien à D. Trump : « L'objectif, c'est la paix, arrêtez cette guerre ! Forza @realDonaldTrump.

- Viktor Orban (Premier ministre hongrois) : « Les hommes forts font la paix, les faibles font la guerre », a-t-il dit dans un message publié sur. « Aujourd'hui, le président (Trump) s'est courageusement battu pour la paix, même si cela a été difficile à digérer pour beaucoup. Merci Monsieur le Président ! » (X) « Je suis convaincu que l'Union européenne, suivant l'exemple des Etats-Unis, devrait entrer en discussions directes avec la Russie sur un cessez-le-feu et une paix durable en Ukraine ». (Reuters)

- Robert Fico (Premier ministre slovaque) : « Si le sommet ne respecte pas le fait qu'il y ait d'autres points de vue que la poursuite de la guerre, le Conseil de l'Europe de jeudi ne pourrait pas être en mesure de s'entendre sur des conclusions sur l'Ukraine » (Facebook).

- Harald Vilimsky, représentant du Parti de la liberté autrichien (FPÖ) : « Cette réunion a changé la donne. Loin de la menace d'une troisième guerre mondiale et vers un nouvel ordre de paix ». « Super !!! Donald Trump expulse tout simplement ce Zelensky de la Maison Blanche. Et au revoir » (X).

- Giorgia Meloni, cheffe du gouvernement italien, appelle « sans délais » à « sommet » entre les Etats-Unis, l'Europe et leurs alliés sur l'Ukraine « pour parler franchement de la façon dont nous entendons affronter les grands défis d'aujourd'hui, en commençant par l'Ukraine qu'ensemble nous avons défendu ces dernières années ». « C'est la proposition que l'Italie a l'intention de présenter à ses partenaires dans les prochaines heures ».

- Mark Rutte à la BBC (secrétaire général de l'OTAN). « J'ai dit : je pense que tu dois trouver un moyen, cher Volodimir, de rétablir vos relations avec Donald Trump et l'administration américaine. C'est important d'aller de l'avant ». « Sans les Javelins en 2022, quand l'invasion à grande échelle a commencé, l'Ukraine serait nulle part ». « Je lui ai dit de donner du crédit à Trump pour ce qu'il a fait à l'époque, pour ce qu'a fait l'Amérique depuis et pour ce que l'Amérique continue de faire. » « Il est crucial que nous restions unis, les Etats-Unis, l'Ukraine, l'Europe, pour que nous amenions l'Ukraine à la paix. C'est exactement ce pour quoi le président Trump se bat. »

- Luiz Inacio Lula da Silva, président brésilien, à Montevideo, s'est senti concerné : « Depuis que la diplomatie existe, il n'y a pas eu de scène aussi grotesque et irrespectueuse que celle qui s'est déroulée dans le Bureau ovale ». « Je pense que Zelensky a été humilié et je pense que, dans l'esprit de Trump, Zelensky le méritait ». M. Lula a jugé « très possible que l'Europe soit tenue pour responsable du désastre » de la guerre.

En Europe, les réactions vont être à la fois précipitées, désordonnées, maladroites, paradoxales et surtout inefficaces. L'émotion l'emporte sur le recul et la distanciation. La tactique à court terme prend le pas sur la stratégie à long terme. Nous y revenons plus loin.

Paradoxe.

Même si la solution russo-américaine peut choquer et susciter des oppositions pertinentes en ce qu'elle bafoue le droit, Moscou et Washington ne proposent pas moins une solution de paix à négocier.

Les Etats-Unis négocient seuls avec la Russie, pour des raisons pratiques, disent-ils, mais ni les uns, ni les autres, aussi inacceptables puissent paraître leurs positions, aucun n'a prétendu exclure définitivement les Ukrainiens et les Européens du jeu et de la conclusion finale du conflit.

Le premier réflexe des Européens a été de vouloir immédiatement se substituer aux Etats-Unis déclarés « traîtres » et produire les rames nécessaires à la défense de l'Ukraine.

Or, ceci n'est pas possible pour de très nombreuses raisons.

Qu'en est-il vraiment ?

Dimanche 02 mars 2025. Sommet de Londres. La coalition des indignés « volontaires »

A défaut d'agir, les Européens se réunissent et communiquent...

Dans la précipitation, Britanniques, Français et quelques autres... ont improvisé une réunion que Londres s'est proposé d'héberger.

Sommet ? Réunion ? Conclave ? Coalition ?... voilà une assemblée difficile à qualifier.

- Ce n'est pas un Sommet de l'Union Européenne. Tous les pays de l'Union n'y sont pas invités, alors que d'autres qui n'appartiennent pas à l'UE y participent : le Canada et la Turquie.

- Ce n'est pas un Sommet de l'OTAN. Des membres de l'OTAN, tous ses membres, à commencer par les Etats-Unis, n'y sont pas conviés. Va pour un Sommet « informel ».

Les questions qui viennent immédiatement à l'esprit sont : qui a décidé de la liste des convives, selon quels critères et avec quel ordre du jour ?

Son objet, très général, a été subrepticement été communiqué aux médias.

De bric et de broc. La photo ci-dessus résume assez bien l'état actuel des opposants au dialogue Moscou-Washington. Zelensky n'est pas entre le Français et le Britannique, mais à côté du Polonais. Il y a des frontières qu'on ne contourne pas. L'Italienne est punie et reléguée au fond du tableau, aux côtés du Grand Turc. Tout le monde a bien compris que l'Allemagne n'a pas encore de chancelier. La présidente de la Commission est au centre, mais au second plan.

Mais qui a pensé à tous les absents... ? : qu'en pensent les Portugais, les Irlandais, les Autrichiens... les Hongrois, les Slovaques... ?

Les non-dits du Sommet de Londres

Ce sommet n'a pas été improvisé (seulement) pour consoler le président ukrainien éconduit comme un laquais.

Lorsque V. Zelenski a été chassé de la Maison Blanche de manière très cavalière, c'est aussi l'Europe qui l'a été, dans la logique des négociations russo-américaines.

Dès le 12 février, à l'annonce des échanges téléphoniques entre V. Poutine et D. Trump l'affaire commençait à sentir leur mise à l'écart. Le chef du Kremlin ne s'est jamais trompé d'ennemi : c'est Washington (de J. Biden) qui voulait sa chute et c'est prioritairement avec Washington, le « patron du monde libre », qu'il devait traiter in fine de la crise ukrainienne. Tous les autres ne sont que des figurants ou des outils.

Ceci explique cela.

L'Ukraine et l'Europe n'ont jamais été que des instruments de travail, des supplétifs, des pions que l'Amérique déplaçait sur l'échiquier de ses intérêts. Certains s'en vantent.

Sous un autre angle de vue, ce n'est pas pour des raisons morales, que les Européens s'attachent à défendre Zelenski. La morale, le droit, la justice... c'est ce qui est servi aux benêts et aux simples d'esprit. Jamais, les empires européens n'ont été moraux. Ni en eux, ni entre eux, ni ailleurs. C'est pourquoi l'histoire est une discipline en déclin dans les établissements scolaires.

Après avoir été instrumentalisée par l'Amérique contre la Russie, l'Ukraine l'est maintenant pour défendre les intérêts des Européens contre l'Amérique qui menace leurs économies et qui continue à siphonner leur épargne comme l'ont toujours fait les seigneurs avec leurs vassaux. Qui à Kiev y trouve intérêt ?

C'est donc à ce titre, bien escamoté, que les Européens se sont sentis si concernés par l'humiliation subie par V. Zelenski.

Bien sûr, personne n'oublie les vieux dinosaures, sortis opportunément de la naphtaline, qui combinent et recyclent leur vieil anticommunisme primaire en un antiaméricanisme de circonstance. Les vieux débris échappés des tranchées de 1914-18 n'ont jamais supporté ni les « libéraux » ni les Bolchéviks. Un remake des années 1930 resservi près d'un siècle après.

Hors sommet. Un accord a été signé entre Kiev et Londres sur un prêt de 2,26 milliards de livres (environ 2,74 milliards d'euros), destiné à soutenir les capacités de défense de l'Ukraine. Ce prêt sera remboursé grâce aux bénéfices des actifs russes gelés.

C'est toujours ça.

L'Europe des illusions.

1.- Beaucoup d'indignation, peu de réflexion.

La manière avec laquelle V. Zelenski a été mis à la porte de la Maison Blanche a révolté les âmes sensibles, à raison.

En revanche, lorsqu'on examine la situation des participants au Sommet de Londres, on peut être surpris, pour certains d'entre eux, par la fragilité démocratique de leur légitimité.

- « Une nouvelle ère d'infamie a commencé (...) dans laquelle nous devons plus que jamais défendre l'ordre international fondé sur des règles et la force du droit contre la loi du plus fort », s'indigne Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères.

- « Il est devenu clair que le monde libre a besoin d'un nouveau leader. C'est à nous, Européens, de relever ce défi », a exhorté Kaja Kallas la cheffe estonienne de la diplomatie de l'UE.

L'une, ayant perdu les élections législatives, n'est plus virtuellement membre du gouvernement allemand. L'autre, a été Première ministre d'un pays qui représente 0.2% du PIB de l'Union Européenne et 0.3% de sa population.

Qu'en dire de plus, dans ce monde d'insatiables viandosaures ?

- C'est bien Olaf Scholz, affaibli par la cuisante défaite de son parti aux législatives avec le pire score des 80 dernières années, qui s'est rendu, seul, à Londres au sommet convoqué par Keir Starmer pour discuter de l'aide à l'Ukraine.

Il n'a pas jugé opportun d'inviter son successeur de l'accompagner au sommet exceptionnel des Vingt-Sept, consacré à la défense, qui se déroulera à Bruxelles jeudi 06 mars.

- Le représentant canadien ne représente que lui-même. J. Trudeau est démissionnaire depuis début janvier. O. Scholz n'est plus chancelier et son homologue canadien n'est plus Premier ministre. Au reste, son esprit est ailleurs. La hausse des taxes américaines occupe l'essentiel de son attention.

- La Turquie, membre de l'OTAN, a droit à un strapontin. Personne ne veut d'Ankara à la table des nations « démocratiques civilisées ». M. Atatürk s'est fourvoyé. Les Européens n'ont jamais digéré mai 1453. La « Question d'Orient » est toujours d'actualité. Mais c'est toujours séant d'avoir sur la photo un pion de plus pour faire masse. Il n'a pas échappé que c'est à Istanbul que se réunissent russes et Américains.

- La situation française serait cocasse si elle n'était pas dramatique. Le pire n'est pas la mauvaise passe. La France en a connu d'autres. Le pire et que personne ne voit comment elle pourrait s'en sortir. Tous les signaux sont au rouge (finances, endettement, part de marché, commerce extérieur, santé, éducation, croissance, investissement, emploi, agriculture...) et tendanciellement écarlates.

Les agences de notation au service des créanciers transnationaux, sont une vaste escroquerie. Il est un fait que S&P vient d'abaisser la note de la France avec une « perspective négative ». La note a baissé bien que le système politicomédiatique s'accroche au « AA », fait valoir que les créances françaises s'arrachent toujours sur les marchés et oublie le reste.

Aux déficits économiques et sociaux, s'ajoutent les déficits politiques et diplomatiques : un président qui bat des records d'impopularité avec un gouvernement minoritaire qui joue sa survie à chaque fois qu'il prend le risque de solliciter le vote des représentants du peuple.

Mardi, l'Assemblée organise un débat sur l'Ukraine. Après trois ans de « guerre » sur le continent dans laquelle la France est indirectement impliquée, et à la veille d'une participation que des va-t-en-guerre virulents souhaitent plus directe, ce n'est pas trop tard.

Et que propose le gouvernement ? Un « débat sans vote ». Cela signifie que l'exécutif dit à ses citoyens et à ses représentants : « dites ce que vous voulez, mais la décision nous appartient pour la guerre à venir ». La Constitution de la Vème République a bon dos. On comprend que le Président refuse un vote à l'Assemblée et un référendum sur la question. La plupart de sondages l'en dissuadent.3

L'Europe est submergée par une inflation de stratèges en chambre bavards et un déficit d'intelligence politique. Les plateaux de télévision en débordent.

Le « monde libre » n'a pas besoin d'un nouveau leader. Il y en a déjà un, depuis 80 ans, au moins. Il a surtout besoin d'un cap sérieux, rigoureux et cohérent. Seuls quelques politiques irréfléchis, en mal d'images, imaginent pouvoir s'en passer.

Le plus singulier d'entre tous est l'hôte du Sommet.

Son pays ne fait plus partie de l'Union. Mais le Cheval de Troie favori de Washington est toujours d'attaque pour servir.

Le Royaume-Uni est sorti de l'Europe par la porte du Brexit et il y retourne par la fenêtre de l'Ukraine. Et c'est lui qui se charge de réorganiser autour de lui une Union en perdition, sans d'ailleurs aucun résultat.

Ne jamais oublier que la guerre (faite ou non) est un phénomène systémique qui intègre toutes les autres dimensions de la vie (en l'occurrence, de la mort) des sociétés et des économies (délires patriotiques et moraux mis à part). Le Royaume-Uni est, de ce même fait, un membre à part entière de l'Union, à supposer qu'il l'ait quittée un jour.

Le Premier ministre, ne se perd pas dans les émotions pour potaches. L'Europe devait « faire le gros du travail », mais (il insiste) avec le soutien de Washington. « Je n'accepte pas que les Etats-Unis soient un allié peu fiable, il n'y a pas deux pays aussi étroitement alignés que nos deux pays », rappelle M. Starmer qui se devait de faire allusion aux utopiques « special relationships » qui distinguent son pays des autres formes de sujétion auxquelles les autres Européens sont contraints.

Il en de même de la Pologne ou de l'Italie qui ne cherchent pas comme d'autres à prendre la tête d'une improbable présidence de l'Europe alors qu'ils ont du mal à en convaincre les citoyens de propre leur pays. (cf. plus haut leurs réactions).

« Nous avons besoin de l'Italie, d'une Italie forte qui agit aux côtés de la France, de l'Allemagne, dans le concert des grandes nations ». « Il est nécessaire que l'Italie soit à nos côtés, qu'elle s'engage sur cette voie, et qu'elle le fasse en tant que grand pays européen ». (E. Macron, dans le quotidien Il Foglio, L. 03 mars 2025)

C'est très exactement le genre de déclarations très aimables qui met en rage G. Meloni, son gouvernement et les Italiens en général, et qui fait déborder d'affection des Européens pour les Français.

2.- Une confusion permanente des échéances.

A (long) terme, un jour... les Européens auront peut-être une défense autonome qui leur permettrait (enfin) de se défaire de la tutelle américaine qu'ils célèbrent tous les 06 juin sur les plages de Normandie. On se demande d'ailleurs ce qu'il en sera des commémorations en juin prochain après toutes les amabilités transatlantiques échangées depuis le 12 février...

Etranges, ces atlantistes improvisés « anti-américains primaires ».

Pas de faits, pas d'actes. Que des discours.

Après ses déconvenues américaines, V. Zelensky, s'il n'a rien cédé sur ses positions, tergiverse en tournant autour.

Le conseiller à la sécurité nationale américain, Mike Waltz, dimanche 02 mars sur CNN, a été très clair à son propos et lui adresse un avertissement formel : « Nous avons besoin d'un dirigeant capable de traiter avec nous, et au bout du compte traiter avec les Russes et mettre fin à cette guerre. » « S'il devient évident que les motivations personnelles ou les motivations politiques du président Zelensky éloignent la perspective de mettre fin au conflit dans son pays, alors je crois que nous aurons un vrai problème sur les bras ».

Faudrait-il un dessin avec une légende ?

Le président Ukrainien répond du tac au tac. « Vu ce qui se passe, vu le soutien, simplement me remplacer ne sera pas si facile ». A quel « soutien » fait-il au juste allusion ?

V. Zelensky se réjouit d'une « unité européenne à un niveau extrêmement élevé qui n'avait pas été constatée depuis longtemps ». « Nous œuvrons tous ensemble en Europe afin de trouver une base de coopération avec l'Amérique en faveur d'une paix véritable et d'une sécurité garantie », a-t-il écrit sur Telegram.

Il est ou bien naïf ou bien inconscient. N'aurait-il donc rien retenu de la leçon de vendredi dernier à la Maison Blanche ?

Zelensky, démonétisé, a répondu à l'invitation du roi Charles. Aucune onction monarchique ne lui conférera le crédit qu'il n'a probablement jamais eu à Washington (ni à Buckingham Palace, ni ailleurs).

L'Europe de la défense, aussi illusoire que la CED (1950)4.

A Louis XII qui lui demandait à quelles conditions il pouvait entreprendre une guerre, « Trois choses sont absolument nécessaires : premièrement de l'argent, secondement de l'argent, troisièmement de l'argent. » répondit Jean-Jacques Trivulce.5

Trivulce a tort.

Les débats fiévreux actuels sont de la poudre aux yeux et cela à deux titres.

Le premier est vite expédié.

Mardi 04 mars, la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen annonce la mobilisation de 800 Mds€ pour faire croire à une invraisemblable substitution de l'Europe, alors qu'Américains et Russes s'appliquent à négocier la fin de la boucherie.

Une somme énorme prestement rassemblée pour continuer la guerre, alors que les membres de l'Union (certains plus que d'autres) tirent la langue, violent les principes de Maastricht et se déclarent incapable de trouver une fraction infime de ces centaines de milliards pour améliorer l'état de la santé, de l'éducation, du logement... dans la plupart d'entre eux. Une gageure, même s'il s'agit d'une acrobatie financière et comptable.

Ceux qui s'imaginent que les Européens, portés par des valeurs morales, un sens élevé de la liberté, de la justice et du droit... dépenseront des centaines de milliards d'Euros pour la défense de l'Ukraine seraient de bien incurables sots.

Le deuxième explique le premier : les débats sur les moyens sont là pour étouffer et faire passer sous silence la question des fins et de leur articulation. Les vrais bénéficiaires sont ceux qui agissent dans les coulisses et voient leurs titres s'envoler sur les marchés financiers (lire plus bas).

Pour fonder une défense européenne, il faut tout ce que l'Europe ne possède pas.

L'Europe n'a pas de ligne de commandement cohérente et unifiée, pas de doctrine, pas d'économie de guerre, pas d'armes, pas d'industrie, pas de stock, pas de logistique, pas de soldats... et surtout aucune volonté politique et populaire suffisante pour aller guerroyer en Ukraine. Et, bien évidemment, surtout pas de finances et pas de temps.

Résultat : les Européens bellicistes papotent. Les peuples européens regardent, stupéfiés, leurs « élites » partir en guerre sans leur demander leur avis. Heureusement qu'il ne s'agit que d'un jeu de... mots.

Tout cela n'est pas sérieux.

On devine l'hilarité que provoque à Washington (à Moscou et à... Pékin) ce genre de conjuration.

Tour de passe-passe.

« Il n'y aura pas de troupes européennes sur le sol ukrainien dans les semaines qui viennent », explique E. Macron (tout en nuances, à l'inverse de ce qu'il voulait en mars 2024). Pour lui, « la question, c'est comment on utilise ce temps pour essayer d'obtenir une trêve accessible, avec des négociations qui vont prendre plusieurs semaines et ensuite, une fois la paix signée, un déploiement ». (Le Monde, D. 02 mars 2025).

Un aspect important de cette question semble lui avoir échappé, comme elle semble échapper à la dernière proposition de V. Zelensky.

Pour répondre oui ou non à un déploiement militaire européen sur le sol ukrainien, il faudrait d'abord un accord de cessez-le-feu. Et pour que le feu soit suspendu, il faudrait le négocier avec la Russie.

Or, pour le moment, ni les Américains, ni les Russes n'ont invité les Européens à leurs négociations, dont ils n'ont aucune idée. Il faudrait aussi que quelqu'un apprenne au président français que la Russie ne veut aucun soldat européen en Ukraine, ni avant, ni après le cessez-le-feu. Les Etats-Unis partagent ce point de vue.

Enfin, comment peut-on imaginer arrêter les combats et négocier après. Alors que le bon sens recommande de négocier d'abord. Il est vrai, répétons-le, que les Français n'y sont pas invités.

D'où cette précipitation qui sera d'ailleurs récusée par le partenaire britannique qui rappelle que rien ne pourrait être entrepris sans Washington. Londres aime bien l'Union, mais c'est sur l'autre rive de l'Atlantique (comme beaucoup d'autres membres de l'Union) qu'il trouve ses consignes.

Le secrétaire d'Etat aux Forces armées britannique dès lundi matin 03 mars remet les points sur les « i » et dément le projet franco-britannique que le président français avait rendu public la veille dans un entretien au Figaro. « Il n'y a pas d'accord sur ce à quoi ressemblerait une trêve », a déclaré Luke Pollard sur Times radio.

Les Etats-Unis toujours maîtres du jeu.

L'Europe ne peut, au pied levé, se substituer aux Etats-Unis.

Elle ne le peut pas quantitativement. Elle ne le peut pas qualitativement.

Un partage des rôles a été progressivement mis en place depuis le début du conflit.

Les Européens fournissent une aide militaire, mais relativement limitée. L'essentiel de leur apport est social et budgétaire. Ils accueillent des millions de réfugiés, surtout dans les pays voisins de l'ex-Europe de l'Est.

Les Etats-Unis fournissent l'essentiel de l'aide militaire et les informations opérationnelles nécessaires à la conduite des opérations sur le terrain. Sans Starlink, l'armée ukrainienne est aveugle. (80% du renseignement est américain)6

L'Europe devait « faire le gros du travail », mais avec le soutien des Etats-Unis. « Je n'accepte pas que les Etats-Unis soient un allié peu fiable, il n'y a pas deux pays aussi étroitement alignés que nos deux pays », a souligné encore M. Starmer.

C'est très exactement ce qu'exige D. Trump. « Je commande. Vous payez et vous exécutez. » Tout le reste, c'est de la com'.

Comment, dans ces conditions, l'Europe espère-t-elle garantir une quelconque paix en Ukraine si la Russie, en accord avec Washington, maintient son opposition aux troupes européennes dans ce pays ?

Le seul semblant de décision que le Président français pressé a voulu faire émerger du Sommet de Londres, venait d'avorter. Une réunion de papoteurs professionnels de plus.

E. Macron est un habitué du genre. Un grand spécialiste du spectacle diplomatique. Le 07 décembre 2024, il réunit D. Trump et V. Zelensky lors de l'inauguration des travaux de restauration de la cathédrale Notre-Dame. Le 17 février, dans l'urgence, il a organisé une réunion semblable à Paris avec sept « pays-clés », au chevet de l'Ukraine.

Qui se souvient de tous ces « sommets » convoqués en urgence et de leurs résultats ? Que reste-il de son voyage à Washington, lundi 24 février ? De celui de son homologue britannique trois jours plus tard ?

Beaucoup de bla-bla, aucun résultat.

Qu'en sera-t-il du Conseil Européen à Bruxelles le 06 mars prochain ?

D. Trump a été sous-estimé. L'époque est aux parades. Certains Européens ont pensé qu'il s'adonnait comme certains d'entre eux aux fanfaronnades sans suites.

Pour le moment, quoi qu'on en pense, tout ce qu'il avait annoncé s'est réalisé : taxes douanières sur le Mexique, le Canada et la Chine, le retour massif des immigrés, (vers la Colombie, le Venezuela, le Mexique...), le nom du Golfe du Mexique, le licenciement massif dans les administrations... Les Canadiens savent l'asymétrie de leur commerce avec leurs voisins : leurs exportations sont vitales pour eux, marginales dans les importations américaines.

Arrive le tour de l'Union Européenne... La panique s'installe...

Une pression économique ou commerciale sur les Etats-Unis en réponse, serait mal avisée si elle ne tenait pas compte des échanges et des armes dont dispose Washington.

Les échanges (biens matériels, services et capitaux) de part et d'autre de l'Atlantique, sont asymétriques. La balance commerciale américaine est déficitaire (-235Md$, +13% en 2024). L'Allemagne, premier partenaire des Etats-Unis, réalise un excédent de 71.4 Md$ et de 84 Md$ (biens matériels et services). Inutile de parler des fortes inégalités entre européens (qui expliquent souvent la diversité de leurs réactions). Par exemple, la France ne compte pas parmi les sept déficits extérieurs de la Balance des Opérations Courantes américaine.

Mais pour tout le reste, les produits américains, essentiels en Europe, ne sont pas substituables. Washington dispose, pour étrangler ses adversaires, de la grande diversité des armes que ses « alliés » lui ont très complaisamment concédées.

Le MEDEF français, envoie discrètement une délégation le 04 mars sur l'autre rive de l'Atlantique pour s'informer et négocier. Ce qui souligne la diversité des réactions européennes qui appliquent la vieille formule du chacun pour soi.

De l'illusion franco-allemande à l'illusion franco-britannique

Les investissements militaires projetés, n'ont au fond que peu de rapports avec la crise ukrainienne et encore moins avec l'humiliation de Zelenski à la Maison Blanche.

Vieille technique dans une Europe en panne de croissance face une Amérique qui pille sans vergogne le reste du monde y compris le « vieux continent ». C'est à cela que servent l'extra-territorialisation de la justice, la hausse du « tarif », le dollar, le Pentagone, l'« Arrangement de Wassenaar » et quelques autres instruments de coercition.

La guerre favoriserait une croissance et une production industrielle dans une économie européenne anémiée. C'est en l'occurrence le cas l'Allemagne et de la France qui ont besoin de stimulant pour relancer leurs activités. E. Macron y gagnera peut-être un regain de sa popularité et atténuerait les difficultés d'un gouvernement F. Bayrou minoritaire.

Ce n'est pas le cas de tous les pays européens, en particulier celui des pays « frugaux » qui ne veulent pas entendre parler d'eurobonds et qui ne voudront à aucun prix qu'un pays déficitaire et fortement endetté profite d'un financement collectif pour combler son incapacité à équilibrer ses comptes.

Le charme discret d'une Union Européenne qui n'est jamais parvenu à policer et à domestiquer ses rivalités.

La leçon du Covid est dans toutes les mémoires. C'est la raison pour laquelle les 750 Md€ mobilisés en juillet 2020 n'ont même pas été totalement épuisés.

L'esclandre de vendredi et le Sommet de dimanche sentent la poudre, le fer, le feu et le sang. Les marchands de canons ont senti souffler le vent des commandes militaires. Lundi 03 mars les marchés font flamber les valeurs de la défense. Trois titres du secteur indexés du Cac40 ont accusé réception des bonnes nouvelles et des commandes à venir :

- Thalès : +16.04%

- Dassault : +14.77%

- Airbus : +5.24%

La France veut jouer à l'Amérique en Europe. Est-ce bien raisonnable ?

Le président français, à la tête d'une des deux puissances nucléaires en Europe avec le Royaume-Uni, s'est dit prêt à « ouvrir la discussion » sur la dissuasion nucléaire européenne, après une demande en ce sens du futur chancelier allemand, Friedrich Merz.

« Si les collègues veulent avancer vers une plus grande autonomie et des capacités de dissuasion, alors nous devrons ouvrir cette discussion très profondément stratégique. Elle a des composantes très sensibles et très confidentielles, mais je suis disponible pour que cette discussion s'ouvre », a-t-il dit dans une interview aux chaînes portugaises RTP1 et RTP3.

Au sujet de la dissuasion nucléaire, E. Macron a assuré, dimanche 02 mars au Figaro, que ses principes cardinaux demeureront. « Le président de la République prend la décision totalement souveraine et toujours confidentielle d'utiliser les armes nucléaires. Mais le général de Gaulle et mes autres prédécesseurs ont toujours dit que les intérêts vitaux avaient une dimension européenne », a rappelé le président français.

« Ceux qui souhaitent approfondir le dialogue avec nous pourront, le cas échéant, être associés aux exercices de forces de dissuasion. Ces échanges participeront au développement d'une véritable culture stratégique entre Européens », a ajouté le chef de l'Etat.

Pour E. Macron, l'armée française pourrait aller jusqu'à positionner des armes nucléaires dans des pays partenaires, en liaison avec leurs armées. Avec l'idée de se substituer à terme aux Américains, qui ont des têtes nucléaires déployées en Europe.

« Il ne faut pas avoir peur de ce sujet », « ça ne change pas notre doctrine » dit-il pour calmer les inquiétudes de ceux qui pensent que E. Macron est en train de solder les derniers « bijoux de la Reine ».

Sur les traces du Royaume-Uni, tout ou presque a été privatisé et vendu sur les marchés par appartements.

De Gaulle est devenu un joker qui sert à tous les délires.

Pour deux raisons essentielles, jamais un tel projet ne verra le jour.

1.- Churchill et MacMillan ont réglé le sort de la bombe britannique.

Les « bombes » britanniques sont non seulement décoratives mais hors du pouvoir de Londres de les lancer sans requérir l'autorisation de Washington. La Grande-Bretagne n'existe plus dans le paysage géostratégique organisé par les Etats-Unis qui disposent de ce qui est leur est nécessaire. Ces armes britanniques n'ont en vérité aucune inutilité.

W. Churchill, en août 1940 fait le choix du « Grand large », contraint et forcé par les circonstances et F.-D. Roosevelt. Harold MacMillan, en décembre 1962 (Nassau, Bahamas), « conseillé » par de J.-F. Kennedy, place ses ogives nucléaires tout en haut des fusées Polaris américaines et en cède le contrôle à son puissant « allié ».

Ces deux Premier ministres ont scellé l'avenir de la défense britannique, irréversiblement liée, pour ne pas dire subordonnée, à Washington. Aucun locataire du 10 Downing Street n'a jamais remis ces choix en question.

2.- De Gaulle, unanimement revendiqué, unanimement trahi.

La doctrine gaullienne troublait le jeu est-ouest. C'était sa force, la réponse du faible aux forts permettant à la France d'exister géopolitiquement en créant suffisamment d'incertitude pour être admise dans le tour de table qui organisait la sécurité du monde.

De G. Pompidou à Mitterrand, en passant par Giscard d'Estaing, l'Amérique n'a pas cessé d'apporter son aide au nucléaire français, sous Nixon, Ford et Carter. Des documents déclassifiés l'ont démontré et tout a été fait pour en limiter la diffusion en France.

Mais c'est N. Sarkozy, en réinsérant son pays dans le système intégré de l'OTAN en 2007 qui a achevé d'enlever aux Français ce qui restait de leurs illusions souverainistes.7

Comment la France peut-elle en effet utiliser souverainement ses « bombes », dès lors que ses armées sont intégrées sans un système collectif de défense dirigé par un général américain ?

Récapitulation

1.- Ce sont les Américains qui avaient fabriqué la crise ukrainienne. Il certes vrai que c'était sous l'administration J. Biden. Mais il ne serait pas honnête d'oublier c'était bien Trump, lors de son premier mandat, qui voulait à tout prix torpiller l'axe Berlin-Moscou et faire sauter le gazoduc Nordstream 1 pour éviter que l'Union Européenne ne dépende de la Russie et, plus loin de la Chine pour construire une Eurasie contraire aux intérêts américains. Ce qui fut fait sous Biden.

Sa position reste conforme à une ligne que les Etats-Unis n'ont jamais quittée. A la mi-novembre 2022, observant l'évolution du conflit sur le terrain et anticipant l'état actuel du rapport de forces militaires, par la voix du chef d'état-major américain le général Mark Milley, ils exhortaient l'Ukraine d'adopter la voie de la négociation avec la Russie et entamer des discussions. Son analyse est très claire : « La probabilité d'une victoire militaire ukrainienne, consistant à chasser les Russes de toute l'Ukraine, y compris de la [...] Crimée, la probabilité que cela se produise bientôt n'est pas élevée, militairement parlant »

Le général Mark Milley n'était pas seul à le penser. Les analyses de Charles Kupchan, professeur à l'université de Georgetown, font écho aux événements de ce mois de mars : « L'administration Biden veut avancer lentement, afin de s'assurer que le consensus transatlantique reste solide. » « Zelensky s'échauffe un peu et dit des choses que les alliés n'apprécient pas forcément », disait. (AFP, S. 19/11/2022)

2.- Les européens ont été entraînés dans ce conflit alors que la plupart d'entre eux étaient initialement réticents. L'Allemagne a fait tout ce qui était dans son pouvoir (faible, pour un pays occupé depuis 1945), sous A. Merkel (2005-2021), puis sous son ancien ministre des Finances O. Scholz, pour résister aux projets américains. En vain.

3.- Mardi 04 mars, V. Zelensky se déclare disposé à accepter ce qu'il avait refusé vendredi 28 février. Énième revirement d'un président acrobate qui réagit à la suspension de l'aide américaine. Russes et Américains pourraient-ils alors avancer vers la paix ?

Ce serait aller trop vite en besogne. Alors qu'ils devraient s'en réjouir, les Européens se portent au secours d'une Ukraine « trahie » et veulent réaliser tout ce qui avait été projeté par J. Biden que résume très bien le plan en 10 points que V. Zelenski a exposé en novembre 2022, au G20 réuni à Bali (Indonésie). Drapé dans une posture morale, aussi factice que suspecte, l'objectif principal des Européens, n'a jamais varié : Zelenski et ses « alliés » sont résolus à obtenir la chute du régime dirigé par V. Poutine. Objectif dont tous les autres procèderaient.

La crise ukrainienne était déjà très difficile à décrypter. Après les sorties dantesques de D. Trump, dès son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier, puis ses déclarations fracassantes du 12 février, de la Conférence de Munich entre le 14 et le 16, suivi par l'exécution en direct de V. Zelensky du 28 avec une multiplication des rencontres et des réunions... le paysage pollué par une communication brouillée de tous vers tous, devient de plus en plus illisible.

Il serait sage, pour savoir de quel côté souffle le vent et avoir une idée un peu plus précise de ce qui se trame en Ukraine et à propos de l'Ukraine, serait de prendre distance et améliorer ses capacités à savoir formuler les bonnes questions.

Notes

1- Cette tentative d'implication n'est pas nouvelle. Devant les difficultés rencontrées, seule la participation directe de l'OTAN pouvait changer l'état du front. Les Russes l'ont signalé à diverses reprises. Le président V. Zelensky, « pousse les pays de l'OTAN à entrer en conflit direct avec [la Russie] », a dénoncé, la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe, Maria Zakharova. (Le Monde, mercredi 16 octobre 2024).

2- On peut retrouver l'intégralité du verbatim sur le site : https://legrandcontinent.eu.

3- ¾ des Français refusent de payer des impôts pour l'Ukraine, dont 43% pas du tout. 68% sont s'opposent à l'envoi des troupe françaises. (Sondage réalisé par l'institut Elabe pour BFMTV et publié ce mardi 4 mars)

4- Traité rejeté par la France en août 1954.

5- D'origine italienne, de son vrai nom Gian Giacomo Trivulzio, (Milan 1440 - Arpajon 1518), a été fait maréchal de France en 1499 par Louis XII.

6- 12 bases de la CIA mis en place avant 2022 en Ukraine. Les agents sont restés actifs après. (New York Times, Le Figaro, le 26 février 2024). La fusée Ariane 6 devait mettre lundi 03 mars un satellite d'observation militaire en orbite. Le vol a été repoussé sine die.

7- Le président français l'a fait devant le Congrès américain le 07 novembre 2007, sans même en informer ses concitoyens et sans leur demander leur avis. Cette décision a été soumise rétrospectivement à l'Assemblée Nationale. Elle a donné lieu à une « motion de censure » le 8 avril 2008 et à un vote de confiance le 17 mars 2009. Depuis, ni majorité ni opposition, ne songe à la remettre en cause. De Gaulle demeure unanimement revendiqué sur tous les bancs du Palais Bourbon.