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![]() ![]() ![]() Lettre ouverte au peuple français : faites taire les voix de la haine
par Salah Lakoues ![]() Chers
amis, chers frères et sœurs de France,
L'histoire a fait se croiser nos chemins dans la douleur, dans des circonstances malheureuses que ni vous ni nous n'avons choisies. Entre l'Algérie et la France, il y a des souvenirs lourds, des pages marquées par les larmes et l'incompréhension. Mais il y a aussi, et surtout, des liens indélébiles, une histoire commune qui ne doit pas être laissée aux mains de ceux qui soufflent sur les braises du ressentiment. Les voix de la haine résonnent encore, tentant d'entretenir une guerre qui n'a plus lieu d'être, une rancune qui aveugle et empêche de voir l'essentiel : nous sommes voisins, et nous sommes liés. Aucun mur ne sépare nos cœurs, aucune mer, aussi vaste soit-elle, ne peut effacer le mélange de nos peuples, de nos cultures, de nos familles. Il est temps de tourner une page, non pas en oubliant, mais en choisissant d'écrire la suite avec la plume de la paix et de la fraternité. La haine ne construit rien. Elle détruit, elle ronge, elle enferme dans un passé figé qui empêche d'avancer. Mais nous avons un choix : celui de bâtir un avenir où la mémoire est un pont et non un gouffre, où le respect et la justice sont les seules réponses aux blessures du passé. L'Algérie n'a jamais été un pays de guerre ; elle a toujours été un pays de paix, aspirant à la justice et à la dignité. Et dans votre propre histoire, tant d'hommes et de femmes ont su dire non à l'injustice et défendre les valeurs de liberté et de fraternité. Alors, ensemble, refusons que l'on nous divise encore. Refusons les discours qui instrumentalisent le passé pour nourrir la rancœur. Ne laissons pas les voix de la haine couvrir celles de la raison et du dialogue. L'avenir appartient à ceux qui savent tendre la main, et non à ceux qui serrent le poing. La paix entre nos peuples n'est pas une option, elle est une nécessité. Nous avons tant à construire ensemble. Il ne tient qu'à nous de choisir l'amitié, la compréhension et l'apaisement. Il est temps que cette Méditerranée, ce petit canal qui nous unit, devienne un symbole d'échanges et de respect mutuel, et non un prétexte à la discorde. Faisons taire la haine. Écrivons ensemble un avenir où la France et l'Algérie avancent côte à côte, non plus comme adversaires d'hier, mais comme partenaires et amis de demain. Avec espoir et fraternité. La Méditerranée, un pont de lumière entre l'Algérie et la France Les relations entre l'Algérie et la France peuvent être comparées à une vaste mer d'histoires entrelacées, où chaque vague porte les souvenirs d'une époque révolue, et chaque rivage aspire à un avenir de réconciliation. La Méditerranée, ce petit canal qui nous unit, n'est plus une frontière, mais un pont de lumière reliant deux nations dont les destins sont inextricablement liés. Un canal d'Histoires partagées L'Algérie et la France sont comme deux maisons voisines séparées par un petit canal. Ce canal, bien que témoin des tumultes passés, est aussi le reflet des espoirs futurs. La guerre, ce chapitre douloureux, appartient désormais aux livres d'histoire. On ne peut ni oublier ni effacer, mais on peut toujours réparer. L'eau de ce canal est faite de larmes versées et de promesses murmurées, de souvenirs d'un passé partagé et de rêves d'une amitié renouvelée. Réparer les ponts brisés Il n'y a pas de honte à avoir perdu la guerre, car la véritable victoire réside dans la capacité à construire la paix. L'Algérie et la France sont des peuples mélangés, enrichis par leurs différences et unis par une histoire commune. Le passé a laissé des cicatrices, mais il appartient aux générations présentes de les transformer en leçons de résilience. Bannir la haine est la clé pour ouvrir la porte d'une nouvelle ère, où le respect et la coopération remplacent les rancunes du passé. Un avenir de confiance et de collaboration La Méditerranée, ce lien liquide entre deux cultures, invite à une danse de réconciliation. Le vent qui souffle sur ses eaux porte le parfum de l'olivier et de la lavande, symboles de paix et de prospérité. En reconstruisant les ponts brisés, en tendant la main à l'autre rive, l'Algérie et la France peuvent écrire ensemble un nouveau chapitre, où la mer devient un chemin de dialogue et d'amitié. Dans ce voyage vers une relation apaisée, il est essentiel de se souvenir que la grandeur d'une nation ne réside pas dans ses victoires guerrières, mais dans sa capacité à pardonner et à avancer. La Méditerranée, ce petit canal qui nous unit, est un rappel constant que, bien que les temps de guerre soient finis, les temps de paix sont toujours à construire. L'Algérie, artisan de paix : un héritage de justice et de réconciliation L'Algérie, terre de courage et de résilience, est un pays dont l'histoire témoigne d'une quête incessante de paix et de justice. Depuis son indépendance, elle s'est affirmée comme un acteur majeur dans la promotion de la paix, non seulement au sein de ses frontières, mais également sur la scène internationale. Contrairement à ceux qui brandissent les armes, l'Algérie a toujours choisi la voie de la diplomatie, de la justice et de la réconciliation. Un héritage de paix Dans les profondeurs du désert algérien, sous le ciel infini, résonne l'écho d'une nation qui a souffert mais n'a jamais cédé à la tentation de la guerre pour dominer ou conquérir. L'Algérie n'a jamais initié de conflits ; elle a toujours cherché à construire la paix dans la justice, convaincue que la véritable grandeur réside dans la capacité à bâtir des ponts plutôt que des murs. La justice comme fondement Pour l'Algérie, la paix n'est pas simplement l'absence de guerre, mais un état où la justice prévaut. Cette conviction profonde l'a guidée dans ses efforts de médiation dans les conflits régionaux et internationaux. Que ce soit en Afrique ou au Moyen-Orient, l'Algérie a joué un rôle clé en favorisant le dialogue et en soutenant les résolutions pacifiques des différends. Sa politique de non-alignement reflète son engagement à maintenir une position équilibrée, refusant de se laisser entraîner dans les rivalités de puissance. Une nation réconciliée L'Algérie est également un exemple de réconciliation intérieure. Après une décennie noire marquée par la violence, elle a choisi le chemin de la concorde civile, montrant au monde que la paix intérieure est possible par le dialogue et la compréhension mutuelle. En adoptant une approche inclusive, elle a œuvré pour guérir les blessures du passé et construire une société plus juste et équitable. Un modèle pour le monde Aujourd'hui, l'Algérie continue d'inspirer par son engagement en faveur de la paix et de la justice. Elle rappelle au monde que la puissance véritable ne réside pas dans la force militaire, mais dans la capacité à forger des alliances basées sur le respect mutuel et l'équité. Dans un monde souvent en proie aux conflits, l'Algérie se dresse comme un phare de paix, un pays qui a toujours choisi de construire la paix dans la justice. L'Algérie, pays de paix, demeure fidèle à son héritage : un artisan de paix dans un monde en quête d'équilibre. Des bâtisseurs de ponts : ces voix de paix en France Si l'Algérie est un pays de paix, il existe de l'autre côté de la Méditerranée des hommes et des femmes de sagesse, dont l'engagement a toujours été d'apaiser les tensions et de bâtir des ponts plutôt que d'ériger des murs. Ils sont les héritiers d'une tradition humaniste et progressiste, celle de Michel Rocard, Jean-Paul Sartre, Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir, Henri Curiel, et tant d'autres qui ont compris que la justice et la paix sont les seules issues à l'histoire tourmentée entre l'Algérie et la France. Ségolène Royal et Dominique de Villepin : la diplomatie au service de la paix Ségolène Royal et Dominique de Villepin incarnent cette volonté d'apaisement et de dialogue. Tous deux ont porté une vision du monde fondée sur le respect des peuples et des nations, refusant la logique des rapports de force brutaux. Ségolène Royal, par son franc-parler et son engagement, a toujours défendu une France ouverte, respectueuse de son histoire et de ses responsabilités. Dominique de Villepin, quant à lui, restera dans les mémoires comme l'homme qui, à l'ONU, a dit non à la guerre en Irak, rappelant que la paix et la diplomatie doivent toujours primer sur la violence et l'interventionnisme. L'héritage de la pensée humaniste Ils marchent dans les pas de figures emblématiques qui ont su se dresser contre l'injustice. Michel Rocard, par sa vision pragmatique et sociale, a toujours plaidé pour une politique étrangère française responsable et apaisée. Sartre et Simone de Beauvoir, intellectuels engagés, ont pris fait et cause pour la libération des peuples opprimés, dénonçant les méfaits du colonialisme sans ambiguïté. Gisèle Halimi, avocate infatigable, a porté haut la voix de ceux qui n'en avaient pas, refusant que la raison d'État étouffe la vérité. Henri Curiel, militant discret mais redoutablement efficace, a tissé des liens entre les luttes anticoloniales et les combats pour la dignité humaine. Un avenir fondé sur le respect et la mémoire Ces hommes et ces femmes montrent que, malgré les fractures du passé, la paix est toujours possible lorsque la justice et la vérité sont au cœur du dialogue. La Méditerranée, ce petit canal qui unit l'Algérie et la France, n'a pas vocation à séparer, mais à relier. Il appartient aux générations actuelles de poursuivre cet héritage, de refuser la haine et de bâtir un avenir commun fondé sur le respect, la mémoire et la fraternité. L'Algérie et la France ne sont pas condamnées à l'incompréhension éternelle. De part et d'autre de la mer, des voix s'élèvent pour dire que la guerre est finie, que la justice doit être reconnue, et que la seule voie possible est celle de la paix dans la dignité. Ces bâtisseurs de ponts nous rappellent que l'histoire ne se subit pas : elle s'écrit, ensemble. Bâtir notre place dans le monde multipolaire en recomposition. Nous vivons une époque charnière, où l'ordre mondial d'hier vacille pour laisser place à un monde multipolaire en pleine recomposition. Les certitudes d'un monde dominé par quelques grandes puissances s'effacent peu à peu, donnant naissance à un équilibre nouveau où chaque région, chaque nation, a l'opportunité de jouer un rôle dans la construction de l'avenir. Dans cet univers en mutation, il ne s'agit plus d'être de simples spectateurs ou de subir les décisions d'autres blocs. Il nous appartient, dans notre zone d'influence, de devenir des bâtisseurs d'une partie de ce monde multipolaire, en concevant un modèle qui nous ressemble, ancré dans notre histoire, nos valeurs et nos aspirations. L'Algérie et ses partenaires régionaux ont la responsabilité de façonner une dynamique propre, fondée sur la souveraineté, la justice et le respect des peuples. Nous devons nous affranchir des anciennes logiques de domination et proposer une alternative crédible, où la coopération, l'intégration régionale et le développement partagé deviennent des piliers de notre action. Mais bâtir notre espace ne signifie pas nous isoler. Au contraire, il s'agit de chercher à construire avec les autres, en établissant des partenariats équilibrés et respectueux. L'Afrique, le monde arabe, l'Asie, l'Amérique latine et même certaines nations d'Europe partagent cette aspiration à un ordre plus juste, plus inclusif, où les décisions ne sont plus imposées par quelques-uns mais négociées dans l'intérêt de tous. Dans ce contexte, notre rôle est clair : affirmer notre souveraineté tout en étant une force de proposition, de dialogue et de médiation. Nous devons être des acteurs actifs et non passifs, capables d'influencer le cours des événements plutôt que de les subir. Le monde multipolaire qui se dessine est une opportunité, mais aussi un défi. À nous d'en être les architectes. |
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