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![]() ![]() ![]() ![]() Le monde se sinise par les
pratiques et les rapports de forces se brutalisent. Les rapports de forces se
resserrent, elles ne se payent plus de mots, mais d'espèces sonnantes et
trébuchantes. Une force veut obtenir d'une autre autant qu'elle lui en donne ou
plus qu'elle n'en reçoit. Des forces s'arrangent, d'autres s'opposent. De se
resserrer, leurs rapports peuvent se renverser.
D'abord par sa pointe la plus avancée Cela concerne d'abord, regardant l'Occident, sa pointe la plus avancée : les États-Unis. L'Europe quant à elle, peine à se désoccidentaliser. Le cours des choses semble ne pas l'arranger, c'est qu'il lui faut payer. Le soutien américain, la décolonisation. Le pragmatisme des uns et le rationalisme de l'autre n'y sont certainement pas étrangers. Mais aussi, le fait que les choses arrivent à l'Occident d'abord par les États-Unis, le pays de l'innovation. Face à la décroissance qui menace, ils ne veulent plus parler d'idéaux, mais d'espèces sonnantes et trébuchantes. Le monde se sinise et cela est manifeste dans le fait que la Chine tient désormais le langage de l'Occident, celui du droit international et de la liberté d'échanger. Elle n'en invente pas de nouveau, elle se glisse dans la place abandonnée. Elle reprend un discours prêt à l'emploi. Celui que l'Occident développait quand il dominait. Ce n'est donc pas le discours qui se sinise, mais les pratiques, les normes ; ce ne sont pas les règles qu'elle respecte et qui ont fait son succès, elle sait comment les faire tourner. L'Occident sépare théorie et pratique, la loi et son application, ça ira. La Chine ne remet en cause ni le discours ni les règles, elle prend le discours et les règles existantes, elle sait qu'ils laisseront filer ses pratiques. Les pratiques qui ne sont pas bruyantes comme les discours suivent le cours silencieux des choses sur lequel elles savent peser. C'est que les mots et les choses n'entretiennent pas les mêmes rapports en Chine et en Occident. Et la Chine sait faire à sa manière et a appris des autres comment parler comme eux. Ce que parler veut dire Ce que parler veut dire ne signifie certainement pas la même chose des deux côtés de l'Atlantique. Pour les uns, parler c'est faire, pour les autres parler c'est dire ce qui est, hypocrisie mis à part. Quand les médias européens parlent d'imprévisibilité de Donald Trump et réduisent la stratégie américaine à une politique transactionnelle, il faut se demander, mais qui parle ? Le comportement de Trump n'est pas prévu ou ne peut pas et ne veut pas être prévu par l'Europe ? La stratégie américaine est illisible parce qu'elle n'existe pas ou parce que l'on ne peut pas et ne veut pas la voir ? Ce qu'il faut voir n'est peut-être pas agréable, il faudra fermer les yeux et avaler la couleuvre. En vérité les médias européens ont une définition de « ce que parler veut dire » qui est sourde aux contributions des sciences[1]. Elle n'est plus appropriée. Le tout n'est plus de tout dire comme se l'accorde le poète et la pensée occidentale en général[2], car comme la science le reconnaît, mais l'opinion ne veut pas encore l'admettre, le tout ne pouvant être dit, il ne peut être que vécu et expérimenté. Encore ne faut-il pas être sourd à ce tout ni refuser d'admettre qu'il peut être vécu par d'autres d'une différente manière. Comprendre le monde c'est l'intérioriser et l'expérimenter. Ce n'est pas le poser extérieur à soi et prétendre l'englober. Ce n'est pas en commençant par poser la nature à l'extérieur de la société. En supposant un observateur à l'extérieur de la réalité. Ce qu'a découvert la science physique et biologique contemporaine, mais que la culture occidentale n'a pas encore assimilée, est dans la culture chinoise depuis des millénaires. Donald Trump expérimente le monde, il le provoque et le fait réagir pour l'évaluer et le transformer. Il veut se faire payer en argent comptant. Pour les uns, il y a dissociation des Idées et du monde réel, de la théorie et de la pratique. Chez eux, la théorie est la pratique d'une classe et non de la société : parler n'est pas agir. Pour les autres il y a pratique et théorie : parler c'est agir. L'Homme est à l'image de Dieu en Occident, le monde doit être à l'image de l'Homme, il faut refaire le monde à partir de rien, à partir de l'idée. Pas comme en Chine où pratique de la théorie et théorie de la pratique s'enchaînent, alternent et se complètent. Il est vrai que le pragmatisme philosophique américain peut s'incorporer le pragmatisme chinois autrement que ne peuvent le faire l'empirisme et le rationalisme européens. politique transactionnelle et stratégie politique Le discours médiatique et politique européen oppose une politique transactionnelle à une stratégie politique. Pourtant avec l'intelligence artificielle on peut se demander si une stratégie politique n'est pas en grande partie une politique transactionnelle. Les USA ont pour objectif de préserver une centralité surplombante sur le monde, autrement dit, leur attractivité sur les capitaux du monde. Il y a indubitablement une dimension quantitative dans cette stratégie. Les USA se sinisent précisément parce qu'ils ont cessé de faire précéder la guerre sur le commerce, mais sans dissocier la force du commerce. Ils cessent d'être libéraux, mais pas d'être capitalistes. J'ai voulu savoir si logique transactionnelle et stratégie géopolitique pouvaient être opposées étant donné en particulier les ressources que peut apporter la révolution numérique. J'ai posé la question suivante à Deepseek : la logique transactionnelle avec l'aide de l'intelligence artificielle peut-elle aider à définir une stratégie commerciale ? En supposant que cette dernière ne soit pas indépendante d'une stratégie géopolitique. J'ai jugé intéressant de publier sa réponse dans toute sa longueur. Elle a été la suivante : « La logique transactionnelle, couplée à l'intelligence artificielle (IA), peut effectivement jouer un rôle clé dans la définition d'une stratégie commerciale, surtout lorsque cette stratégie est influencée par des considérations géopolitiques. Explorons comment ces éléments peuvent s'articuler pour former une approche stratégique robuste. 1. La logique transactionnelle et son rôle dans la stratégie commerciale La logique transactionnelle se concentre sur l'analyse des interactions entre les parties prenantes (clients, fournisseurs, partenaires, etc.) dans le cadre d'échanges commerciaux. Elle permet de comprendre les motivations, les comportements et les décisions des acteurs impliqués. Voici comment elle peut contribuer à une stratégie commerciale : Optimisation des transactions : En analysant les données transactionnelles (historiques et en temps réel), l'IA peut identifier des tendances, des opportunités et des risques, permettant d'ajuster les offres, les prix ou les canaux de distribution. Personnalisation : L'IA peut aider à segmenter les clients et à personnaliser les propositions de valeur en fonction de leurs besoins et comportements, augmentant ainsi l'efficacité des stratégies commerciales. Prise de décision en temps réel : Grâce à l'analyse prédictive, l'IA peut anticiper les réactions du marché et recommander des ajustements stratégiques en temps réel. 2. L'intelligence artificielle comme outil stratégique L'IA apporte des capacités analytiques et prédictives qui peuvent transformer la manière dont les entreprises conçoivent et mettent en œuvre leurs stratégies commerciales. Voici quelques applications clés : Analyse de données massives (Big data) : L'IA peut traiter des volumes considérables de données provenant de sources variées (marchés, clients, concurrents, médias sociaux, etc.) pour identifier des insights stratégiques. Simulations et scénarios : En utilisant des modèles prédictifs, l'IA peut simuler l'impact de différentes stratégies commerciales sous divers scénarios géopolitiques (par exemple, des sanctions économiques, des conflits ou des changements de régulation). Veille concurrentielle et géopolitique : L'IA peut surveiller en temps réel les évolutions géopolitiques et leurs impacts potentiels sur les marchés, permettant aux entreprises de s'adapter rapidement. 3. Intégration de la dimension géopolitique Une stratégie commerciale ne peut plus être conçue indépendamment des réalités géopolitiques, surtout dans un monde globalisé et interconnecté. Voici comment la logique transactionnelle et l'IA peuvent intégrer cette dimension : Analyse des risques géopolitiques : L'IA peut identifier les risques liés à des événements géopolitiques (guerres, tensions commerciales, changements de régime) et évaluer leur impact sur les chaînes d'approvisionnement, les marchés ou les partenariats. Adaptation aux régulations internationales : Les entreprises doivent composer avec des régulations complexes et changeantes (sanctions, droits de douane, normes environnementales). L'IA peut aider à anticiper ces changements et à ajuster les stratégies en conséquence. Identification d'opportunités : En analysant les dynamiques géopolitiques, l'IA peut repérer des opportunités émergentes, comme l'ouverture de nouveaux marchés ou la formation d'alliances stratégiques. 4. Synergie entre stratégie commerciale et géopolitique Pour qu'une stratégie commerciale soit efficace, elle doit être alignée avec une stratégie géopolitique. Voici comment cette synergie peut être réalisée : Alignement des objectifs : Les entreprises doivent définir des objectifs commerciaux qui tiennent compte des réalités géopolitiques. Par exemple, une entreprise peut choisir de diversifier ses marchés pour réduire sa dépendance à une région instable. Collaboration avec les acteurs publics : Les entreprises peuvent collaborer avec les gouvernements et les organisations internationales pour influencer les politiques commerciales et géopolitiques en leur faveur. Résilience et flexibilité : En intégrant des scénarios géopolitiques dans leur planification stratégique, les entreprises peuvent renforcer leur résilience et leur capacité à s'adapter aux changements. 5. Exemples concrets Gestion des chaînes d'approvisionnement : L'IA peut aider à identifier des fournisseurs alternatifs en cas de perturbation géopolitique (par exemple, une guerre ou une sanction économique). Expansion internationale : Une entreprise peut utiliser l'IA pour évaluer les risques et les opportunités liés à l'entrée sur un nouveau marché, en tenant compte des tensions géopolitiques locales. Stratégies de pricing : L'IA peut ajuster les prix en fonction des fluctuations monétaires ou des tarifs douaniers imposés par des tensions géopolitiques. 6. Limites et défis Complexité des données géopolitiques : Les événements géopolitiques sont souvent imprévisibles et difficiles à modéliser. L'IA peut fournir des insights, mais elle ne peut pas tout anticiper. Éthique et responsabilité : L'utilisation de l'IA dans des contextes géopolitiques sensibles soulève des questions éthiques, notamment en ce qui concerne la manipulation des marchés ou l'exploitation des données. Dépendance technologique : Les entreprises doivent éviter de devenir trop dépendantes de l'IA et conserver une expertise humaine pour interpréter les résultats et prendre des décisions stratégiques. 7. Conclusion La logique transactionnelle, renforcée par l'intelligence artificielle, peut grandement contribuer à la définition d'une stratégie commerciale, surtout lorsqu'elle est intégrée à une réflexion géopolitique. En combinant l'analyse des données, la modélisation prédictive et une compréhension fine des dynamiques géopolitiques, les entreprises peuvent développer des stratégies plus résilientes, flexibles et adaptées à un monde en constante évolution. Cependant, cette approche nécessite une collaboration étroite entre les experts en IA, les stratèges commerciaux et les analystes géopolitiques, ainsi qu'une vigilance éthique et stratégique accrue. » Démonopolisation et multipolarisation du monde Donc les médias comprennent mal Donald Trump parce qu'ils n'ont pas la bonne grille de lecture de ce que parler veut dire. Mais il y a aussi un blocage subjectif. Les sociétés européennes ne peuvent pas s'avouer leur nouvelle dépendance, même si elles savent le sort que le monde leur réserve. Je vais proposer ici une probable stratégie américaine. Je dis probable, car je pense que probablement pressentie, elle ne se définira pratiquement qu'avec le cheminement que prendront les arrangements des différents principaux intérêts mondiaux. Il est admis que la Chine est en mesure de surclasser les États-Unis. Nous allons effectivement vers un monde multipolaire, mais le vrai problème du monde n'est plus l'hégémonie américaine, mais la capacité du monde à se stabiliser, de l'Occident à constituer un pôle viable. Car la démonopolisation du monde et sa multipolarisation signifient d'abord désordre. Sont pressentis deux pôles viables, l'un européen avec la Russie et l'autre avec les États-Unis. Les États-Unis se détachent de l'Europe, mais pour l'associer à la Russie et les dissocier de la Chine. Ce n'est qu'en se bipolarisant que l'Occident pourra contenir la polarisation asiatique autour de la Chine. Contenir la Chine non par la puissance productive, mais par ses inputs et ses outputs, l'énergie, les matières premières et les marchés, sans lesquelles la puissance productive est impuissante. Faire avec la Chine comme avec l'Allemagne dont la puissance industrielle n'est plus rien sans le gaz russe et les marchés américain et chinois. Les élites européennes ne veulent pas admettre la vulnérabilité de leur Union européenne, comme si elles craignaient que reconnaître leur faiblesse ce soit comme admettre la force des autres. Elles comptent faire croire les autres en leur puissance sans y croire eux-mêmes. Que peut l'Allemagne, l'Italie ou la France, puissances industrielles de l'Union, face à la Russie, son gaz et ses matières premières, dans un rapport de forces brutal ? Avec ce nouveau pôle européen, nous nous retrouvons comme à l'époque d'avant la révolution d'Octobre, avant que la Russie ne se détache de l'Europe et dispute la monopolisation du monde aux États-Unis. À la différence que l'ère de la monopolisation du monde par l'Occident est achevée. Les pays européens se sont longtemps disputé la monopolisation du monde, la France et l'Angleterre, puis l'Allemagne, la Russie et les États-Unis. Le centre de gravité mondial est longtemps resté occidental. Il a traversé l'Atlantique, aujourd'hui, il s'apprête à sortir de l'Occident, à se scinder en trois centres majeurs pour ne pas simplement traverser le Pacifique. brutalisation des rapports de force mondiaux Nous assistons à une brutalisation des rapports de force mondiaux. La division internationale du travail hiérarchisait les nations selon leur puissance industrielle et militaire. Les puissances industrielles pouvaient valoriser et exploiter le travail humain en s'appropriant, à bon marché, l'énergie et les matières premières des pays tiers. Mais le rapport de force entre le travail et les ressources naturelles est en train de s'inverser. Les ressources naturelles, l'énergie et la main-d'œuvre humaine deviennent des enjeux centraux dans les rapports de force économiques. Les machines chassent les humains de la production d'un côté et les matières premières et l'énergie se font plus rares d'un autre. Les propriétaires de matières premières sont dans nouveau rapport de forces avec les puissances industrielles, fait défaut pour beaucoup d'entre eux la claire conscience. La dépendance de la production mondiale aux matières premières et les besoins des propriétaires de ces matières n'ont jamais été aussi grands, mettant ainsi les rapports de force sous tension et risques de renversement. Une alliance des grands propriétaires de machines et de matières premières contre le travail humain peut être l'objectif d'un projet diabolique. Il est une matière première particulièrement sensible : la matière première humaine. Les puissances industrielles européennes s'effondreraient si la matière première humaine étrangère se retirait de leur marché. Ces puissances regardent la main-d'œuvre étrangère comme une matière première, ce qu'elle est. Mais elles abusent et s'abusent quand elles croient à la passivité de cette matière. Elles abusent quand elles brutalisent une telle main-d'œuvre. Elles s'abusent quand elles croient en sa docilité. Elles ne veulent pas voir la complémentarité qu'il y a entre leur main-d'œuvre (qualifiée) et celle importée (domestique, non qualifiée). L'une ne peut aller sans l'autre. La brutalisation des rapports de force tient de la volonté des anciennes puissances de préserver des avantages qu'elles ne peuvent plus conserver. Échange et force Je ne fus donc pas déçu par la réponse de l'IA. Reprenons la question du commerce et de la politique. Désormais la Chine et l'Occident s'opposent quant à leurs rapports : la Chine les associe en interne et les dissocie en externe, alors que l'Occident les dissocie en interne et les associe en externe. L'opposition n'est pas idéologique, elle est pratique. La force de leur association en interne rend possible leur dissociation externe. La Chine accepte les règles de la compétition occidentale, mais après avoir suivi ses propres « règles » en Chine, après avoir adopté le fonctionnement qui lui permet de gagner la compétition. Son expérience associant autrement nature et société, État et société, économie et politique. L'échange se déroule toujours dans un rapport de forces explicite ou implicite. Il suppose toujours un pouvoir de négociation. Avoir de l'or noir, mais pouvoir s'en passer, n'avoir pas de blé, mais devoir l'obtenir, change la valeur des deux biens. C'est dans un rapport de forces d'offre et de demande que s'échangeront l'or noir et le blé. La valeur de chaque chose n'a pas de valeur absolue, elle relève d'un champ de valeur. Un champ de valeur objectif et subjectif, une chose peut lui être fortement ou faiblement nécessaire, qu'il peut facilement ou difficilement obtenir. Pas de valeur absolue, mais en lieu et place une valeur moyenne. Des multiples champs de valeur peut résulter une valeur moyenne. On pourra parler d'échange inégal en référence à cette valeur moyenne : on a donné plus d'or noir qu'il n'est en vérité nécessaire pour obtenir une quantité de blé. Point de vue situé nulle part. Nous voulons redéfinir l'accord d'association avec l'Europe, parce que notre champ de valeur s'est modifié objectivement et subjectivement. Ce que nous pouvons et voulons échanger avec l'Europe a changé, nous voulons échanger du travail européen contre du travail algérien et non plus des hydrocarbures seulement. Au moment précis où se brutalisent les rapports de force et que se compare le travail des deux côtés de la méditerranée. Le travail et les hydrocarbures prennent une autre valeur dans notre champ de valeur. N'ont pas de valeur commune ce que l'on peut produire et ce que l'on ne peut pas produire et ont une valeur commune ce que l'on peut produire des deux côtés. Il va devoir et pouvoir moins compter sur une production et davantage sur l'autre. Nous voulons désormais échanger avec l'Europe les produits du travail humain, mais pas le travail humain proprement dit, alors que c'est ce que nous effectuons déjà et ce sur quoi nous pouvons et devrions peser. Nous exportons plus de main-d'œuvre que de produits du travail humain. Se contenter d'échanger des produits du travail humain avec l'Europe, c'est encore ne pas prendre en compte l'échange le plus important. Qui par ailleurs s'expose à la brutalisation. Il s'agit certes d'une matière naturelle, comme on parle des Hydrocarbures, mais d'une matière humaine. Échanger une matière naturelle contre les produits d'une telle matière, c'est accepter d'être au bas de la chaîne de valeur. Comme exporter du pétrole pour des machines qui paient le pétrole de leur produit. Mais être au bas de la chaîne de valeur, ne signifie pas être impuissant. Que le bas se soustrait et la chaîne tombe. Comme l'a montré la crise du Covid, sans les services à la personne, les services aux entreprises n'auraient pas tenu. Nous échangeons de la matière humaine contre de la matière transformée par la matière humaine. Dans les deux champs de valeur interdépendants, un rapport de force s'est établi entre la valeur de la matière humaine d'un champ et le produit d'une matière humaine d'un autre champ. Mais à la différence de la matière non humaine, la matière humaine est autoréférentielle. La guerre de libération a opposé des humains à des machines. La brutalisation des rapports de forces amène à une certaine prise de conscience de leur réalité et à une possible réévaluation. Une évolution des champs de valeur et des rapports d'échanges peut s'ensuivre. Lorsque la force doit s'expliciter pour effectuer l'échange, il y a brutalisation. Mais brutalisation de l'échange qui n'est pas autre chose qu'une actualisation du rapport de forces qui était implicite et non actualisé. L'Allemagne tenait sa force de sa puissance industrielle, de sa position dans la chaîne de valeur industrielle. Mais cette position n'était pas indépendante d'une chaîne de valeur dont les tenants et aboutissants lui échappaient. Sa force se transforma en faiblesse avec la brutalisation du rapport de force. Sa force apparut comme étant aussi sa faiblesse, car elle avait été portée en particulier par la Russie et les USA. L'Europe et l'Allemagne en particulier doivent se rappeler qu'elles n'ont été ce qu'elles sont que grâce aux colonisations et à l'aide américaine sur lesquelles elles ne peuvent plus compter. La force désormais suit la technologie, mais à un pôle seulement. Elle n'a besoin de se manifester de manière brutale que lorsque la technologie est en échec. On ne relève pas suffisamment dans l'association Trump-Musk le souci de permettre à l'intelligence artificielle de prendre plus de place dans le monde et l'économie américaine. Il y a là aussi une certaine sinisation : une interpénétration de l'initiative privée et de l'initiative publique. La Chine risque de dépasser les USA dans ce domaine, parce que précisément la demande occidentale ne stimule pas assez l'offre. Il ne s'agit plus de soutenir la demande comme avec Keynes et la social-démocratie, mais de l'instruire. Conclusion Dans un monde en pleine mutation, où la Chine reprend les discours occidentaux tout en imposant ses propres pratiques, les rapports de force géopolitiques et économiques se redéfinissent. La sinisation du monde s'accompagne d'une brutalisation des rapports de forces. La sinisation du monde et la brutalisation des rapports de force transforment les alliances, les chaînes de valeur et les stratégies internationales. La brutalisation tient du fait que les anciennes puissances refusent d'admettre les nouveaux rapports de forces, elle court des plus puissants aux plus faibles. Les États-Unis brutalisent l'Europe, l'Europe brutalise l'Afrique. Mais il peut arriver à l'Europe ce qui est arrivé à l'Allemagne. L'interdépendance des économies autorise des renversements de dépendance avec la transformation des champs de valeur. La puissance ou la faiblesse sont puissance ou faiblesse d'interdépendances, de positions dans les chaînes de valeur. La valeur ajoutée n'est signe de puissance d'une position que parce qu'elle suppose une chaîne de valeur stable de laquelle elle tient sa valeur. Notes : [1] »Ce que parler veut dire» varie selon les théoriciens, mais tous s'accordent sur une idée centrale : le langage n'est pas seulement un moyen de communication, mais aussi un outil d'action, de pouvoir et de construction sociale. Que ce soit à travers les actes de parole (Austin, Searle), les rapports de domination (Bourdieu, Foucault), les performances sociales (Goffman) ou la construction des identités (Butler), ces penseurs montrent que parler est toujours une pratique située, influencée par le contexte social, culturel et politique. (Deepseek) [2] Paul Eluard, le poème tout dire. https://theblogofgab.blogspot.com/2015/07/paul-eluard-tout-dire.html |
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