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LA VIE, L'AMOUR, LA MORT

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Livres:

Kamila, la voie de la renaissance. Roman de Fella Andaloussia. Editions El Qobia, Alger 2024, 237 pages, 1.200 dinars

Une histoire d'amour, d'amitié, d'humanité et d'espoir, où chacun(e) pourrait se reconnaître à condition de mettre de côté ses penchants machistes et/ou féministes et/ou religieux.

Une histoire qui avait commencé dans un premier roman, «Kamila, un volcan de sentiments» (2021), mais qui, hélas, s'était mal terminée avec une grande déception avec pour cause non les deux tourtereaux eux-mêmes mais une future belle-mère acariâtre et plus que protectrice de son garçon, Mehdi. Une rupture inévitable!

Bien sûr, à la vingtaine, on ne sort jamais totalement indemne d'une telle malaventure et on croit même que c'est déjà une fin du monde.

Donc Kamila se retrouve très déprimée au grand désespoir de ses parents d'autant que l'ex-future belle mère n'a pas l'air de lâcher sa proie.

Heureusement, il y a l'ami, le presque frère Mounir. Une amitié très forte puisant sa force dans le terreau de l'enfance. Une amitié qui s'est transformée, peu à peu, discrètement, dans le respect total de l'autre, en amour. Un sentiment assez fort chez l'un, un peu moins chez l'autre qui sait pourtant qu'avec le temps le cœur prendra le dessus sur la «raison» et l'amour sera bel et bien là. C'est, en définitive, ce qui va se passer. Kamila et Mounir se marient au grand bonheur des parents et, c'est sûr, ils seront toujours heureux et auront beaucoup d'enfants.

L'Auteure : Née en 1970 (Alger), diplômée de l'Usthab en informatique et licenciée en sciences économiques (économétrie). Premier roman, «Kamila, un volcan de sentiments». Deuxième roman. Un troisième. Suite et fin ?

Extraits : «Chacun de nous cherche inconsciemment et durant toute sa vie terrestre la paix intérieure, sans savoir à quel point elle est vitale pour l'être humain. Tu peux avoir tout ce que tu désires, l'amour, l'argent, la santé, mais si tu perds cette paix essentielle, tu seras malheureux sans en connaître la raison» (p 125), «J'étais convaincue que la chevelure d'une femme était sa plus belle parure, et qu'un foulard cachait bien des atouts. Tu ne sais jamais à quoi t'attendre derrière un foulard et une robe qui cache presque tout. Il y aura toujours des surprises agréables, ou moins, c'est la découverte, le mystère total, comme un colis emballé sans aucune précision» (p 45), «Un homme peut tout dire crûment et, il n'a aucune difficulté à exprimer ses besoins et sentiments. Une femme se livre lentement et avec beaucoup d'angoisse.

Deux êtres complètement différents, par leur morphologie, leur fonctionnement, l'état d'esprit et leur vision d'une relation amoureuse» (p 168), «Pourquoi les gens qui décident un jour de passer à la rédemption, se croient tout permis, et osent se proclamer conseilleurs sans maîtriser l'art de la nassiha (conseil)» (p 171)

Avis : Un cœur déchiré qui retrouve la vie. Un roman d'amour, un genre qui manque cruellement à notre paysage éditorial national. Mais, surtout ne pas s'inquiéter car du rose, du rose de la morale et de l'espoir, il y en a.

Citations : «La mémoire se souvient, le corps n'oublie rien» (p 47), «Une femme qui lit est difficile à satisfaire» (p 60), «Le mariage est une grande loterie, on y gagne ou l'on y perd» (p 203), Il y a une fin/ A chaque étape de la vie/ Il y a aussi un début/ Pour les êtres perdus/A la recherche/D'un amour sincère/Qui les mènera/Vers la voie de la renaissance» (p 237).



La morsure du coquelicot. Roman de Sarah Haïdar (Préface de Yannis Youlountas). Apic Editions, Alger 2016. 135 pages, 500 dinars

J'ai toujours mal accepté les préfaces à des romans, tout particulièrement lors d'une première édition. A la rigueur, lors d'une nouvelle édition pour une œuvre qui a fait ses preuves, devenue un classique du genre. C'est en terminant l'ouvrage de Sarah Haïdar que j'ai alors compris qu'elle méritait amplement que l'écrivain, cinéaste et militant libertaire grec, lui consacre une présentation qui nous mette dans le bain. Pour mieux comprendre. Non, pour mieux nous préparer au plongeon dans le monde parallèle, mais réel puisqu'il a ses militants et ses adeptes, de ceux qui ne croient qu'en l'homme dégagé de toutes les servitudes (surtout celles imposées par d'autres hommes) et en la liberté totale. Le roman est, en fait, un recueil de confessions de plusieurs personnages, tous révoltés, rebelles, libres, emprisonnés, parfois torturés, souvent soumis à d'infâmes chantages, mais toujours éternels manifestants, ne voulant «ni Dieu, ni maître» et n'acceptant aucun «ordre» qui ne peut être qu'oppressif.

Des personnages perdus dans un pays en guerre perpétuelle. Un pays qui, après «tant de siècles pudibonds et tristes, découvrit la seule érogène dans un «territoire érogène». L'auteure les raconte, raconte leurs désirs, leurs révoltes, leurs souffrances, mais aussi leurs espoirs à sa manière et dans son style bien plus libre que ses personnages. En fait, un véritable orgasme littéraire.

L'Auteure : Née en 1987 à Alger, Sarah Haïdar est écrivaine et journaliste. Son premier roman, Zanadeka (Apostats), a reçu le prix Apulée (2005) décerné par la Bibliothèque nationale d'Algérie. Virgules en trombe est son premier livre écrit en français (APIC, 2013). Il a obtenu, en 2013, le prix de l'Escale littéraire d'Alger.

Extraits: «Le miracle est une providence punitive. Il ne survient pas pour aider les damnés mais pour rétablir une petite harmonie dans l'univers, remettre quelques atomes à leur place afin d'empêcher une implosion, corriger les erreurs que nous sommes» (p 46).

Avis : Le préfacier nous dit qu'à Alger, il a rencontré «la liberté incarnée», une femme qui «regarde sans poser, qui regarde sans retenue, qui écrit sans crainte». Il faut lire pour saisir la portée du jugement.

Citations : «Beaucoup ne le savent pas, mais on a toujours besoin d'un sans-abri pour nous montrer le chemin de la maison» (p 50). «Que c'est triste de mourir dans un monde si rempli de chants nationalistes et si vide de musiques»! (p 56).

Fiche de lecture déjà publiée en juin 2018. Extraits pour rappel. Fiche de lecture complète in www. almanach-dz.com/societe/bibliotheque d'almanach).