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Que compte faire
Nadir Larbaoui pour l'améliorer ?
Il faudra beaucoup plus d'ordina-coeurs que d'ordinateurs dans la communication de demain. (Jacques Séguéla) Tous les Premiers ministres qui se sont succédé ont reconnu, publiquement, des failles dans la communication institutionnelle. Pour y remédier, ils ont organisé des colloques, séminaires et autres sessions de formation. En vain! A l'ère des nouvelles technologies, des réseaux sociaux et des «fake news»et autres attaques cybernétiques, disons-le ambages, la plupart de nos institutions ne sont pas protégées. Il suffit de parcourir les sites des différents ministères pour s'en rendre compte. Des sites non mis à jour pour la plupart, avec un logo archaïque, des contacts quasi inexistants, sans oublier des téléphones qui sonnent dans le vide ! Chaque ministère utilise ses propres logiciels que ce soit pour la bureautique, le traitement des données, les logiciels antivirus, le graphisme, ce qui ne facilite ni l'échange de données intra ou inter ministériels, ni la lisibilité de la «charte graphique» de nos institutions ministérielles. De l'avis de plusieurs experts, l'Algérie a encore du chemin à faire, en dépit de l'existence d'une volonté de donner un coup de pied dans la fourmilière mainte fois exprimée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune qui a ordonné l'organisation du secteur. A ce triste constat, il faut rajouter le retard accumulé pour mettre en place une vraie stratégie nationale pour le service à grand débit, pour la communication institutionnelle comme pour d'autres secteurs d'activité économique, sociale ou culturelle : entreprises, éducation et formation et autres médias d'information. Et tout le monde a une part de responsabilité ! Il en est ainsi des membres du gouvernement, disons certains, pour ne pas fâcher ou se mettre à dos tout le monde, qui à vouloir sans cesse intervenir, surtout sous forme de discours non suivis d'effet, contribuent à décrédibiliser la parole publique pour la rendre inaudible ! Et sur les plateaux télévisés, il nous arrive d'entendre des inepties et des contrevérités débitées par tout ce beau monde, aidé, il est vrai, par des journalistes plus que complaisants, guidés avant tout par leur souci de plaire au ministre invité, de faire sa promotion et d'attendre le retour sur investissement, quitte à sacrifier le sacro-saint principe «du devoir d'informer et du devoir de dire» ! Ce discrédit de la parole vaut, aussi, pour la plupart des hommes politiques, y compris ceux qui sont dans l'opposition aujourd'hui, mais qui ont été en situation de gouvernance hier. Tous, déjà, proviennent de la même matrice !!! Ils n'ont pas, ensuite, fait mieux que ceux d'aujourd'hui, quand eux-mêmes, intraitables et sourds à toutes revendications, étaient aux affaires. La parole politique est enfermée dans une logique d'annonce et de promesses sans lendemain et le fossé «gouvernants-citoyens» se creuse de plus en plus et la fracture sociale aussi. Cela crée dans l'imaginaire social, une impression de «déjà-vu» et de «déjà entendu», de «promesse faite» et de «promesse jamais tenue». Dans ce registre, certains walis ne sont pas en reste et point n'est besoin d'en dresser la liste. Ils se reconnaîtront ! Cela vaut également pour les journalistes Le foisonnement des journaux fait que la concurrence dans le secteur est féroce. C'est la course à qui sortira le scoop ou la nouvelle frappée du fameux sceau racoleur «aadjel», les fuites ou «off brisés» font souvent l'effet d'un séisme médiatique et mettent en péril les hommes politiques, certains journalistes ne prennent aucune précaution, même pas celle consistant à vérifier la teneur, encore moins celle confortant la source de leurs informations. Autre remarque : depuis la création des chaînes de télévision privées, les journalistes s'entichent des personnalités politiques, qu'ils s'empressent ensuite de descendre en flammes, à croire que c'est consubstantiel au métier ! La règle exige du journaliste qu'il doit respecter la personnalité qui fait la déclaration et qu'il refuse qu'elle sorte, l'idée étant de permettre audit journaliste de saisir le contexte dans lequel la déclaration a été émise. La personnalité peut, aussi, accepter, mais à condition que l'on conserve le secret sur son identité, un secret qui vaut à l'égard du public, mais qui peut s'imposer de manière plus absolue. Sur le principe, la pratique paraît parfaitement fondée : à quoi bon mettre dans l'embarras celui qui a fait la déclaration ? Mais certains journalistes pris dans le tourbillon de la quête du scoop ne mesurent pas l'effet de déflagration qui s'attache à la diffusion d'un propos ou à la publication d'une information émise en «off». Quant au contenu des informations rapportées sous le couvert du confidentiel et bien qu'elles ne soient pas, toujours, utiles ou passionnantes, le public en raffole et se délecte des «radars» et autres «périscopes» qui les hébergent, les petites phrases, les blagues, croqueuses et ravageuses, donnent l'impression au lecteur de découvrir, enfin, «ce qui se passe derrière les coulisses». De ce qui précède, peut-on affirmer qu'une crise de crédibilité de la parole publique, est une crise de confiance dans la signature de l'Etat ? Peut-on affirmer également que la parole politique est devenue stérile, surtout quand elle est enrobée de langue de bois ? Et dans la situation de crise que nous subissons, plus que nous traversons, comment mettrons-nous la société en marche si nos politiques sont à court d'idées et si nos ministres ainsi que nos walis continuent à se passer de communicants professionnels, à parler dans le vide, à agir sur des coups de tête, à faire des promesses sans lendemain et surtout continuer à ne pas être soumis à une quelconque obligation de résultats ? Une personne qui communique bien, apparaît comme une personne charismatique, sympathique, pleine de bienveillance, compétente, cultivée, professionnelle ? et la conversation avec elle est non seulement constructive, mais surtout agréable. Communiquer c'est aussi une façon de faire briller son aura, de travailler son charisme pour imposer son image devant un public qui n'est pas toujours prédisposé à vous écouter et même à vous voir. Force est d'admettre que notre communication institutionnelle est en décalage, il lui manque ce «coup d'avance» qui sera décisif pour tous ceux qui voudraient lui nuire ! Dans un pays comme l'Algérie et dans un environnement de plus en plus complexe, communiquer juste, avec les éléments de langage est primordial. Le président de la République s'en est, à l'évidence, aperçu. Mais il ne peut pas être à la fois au four et au moulin ! Faire aussi le travail des autres ! Ou les évincer à l'occasion du premier remaniement ministériel qui suit ! Lors du Conseil des ministres du 8 août 2020, il avait exhorté les ministres à œuvrer davantage pour améliorer leur communication avec et en direction des citoyens à travers la création de site web et en recourant aux réseaux sociaux Facebook - Instagram - Twitter. Il est allé jusqu'à donner l'exemple en optant pour un nouveau mode de communication, marqué par l'ouverture, en direction des médias et de la société à travers de régulières entrevues avec la presse et l'utilisation des réseaux sociaux «Tweeter» et «Facebook» pour réagir aux évènements tant au niveau national qu'international. Outre les réseaux sociaux, le site de la présidence de la République se veut une fenêtre supplémentaire à travers laquelle le Président Tebboune communique avec l'opinion publique et la classe politique en général, et ce, en diffusant toutes les informations et les communiqués relatifs aux activités du président de la République, ses discours et ses messages adressés à la nation lors des différentes occasions nationales et internationales. Exister médiatiquement pour une institution gouvernementale, ou un homme politique, c'est d'abord surfer en permanence sur l'actualité pour dialoguer, en premier lieu, avec les citoyens et montrer qu'on est sensible à leurs doléances. Et surtout, qu'on est disposés à les satisfaire ! C'est tout le sens à donner aux instructions du président. Quant au gouvernement, il doit, impérativement, intégrer dans son logiciel le facteur temps : réagir vingt quatre heures ou plus après un événement qui a frappé l'opinion, n'est pas sans conséquences. L'hyper visibilité est devenue une nécessité absolue, une façon de maintenir le lien avec les gens, eux qui sont relativement, détachés de la vie politique et en même temps plus exigeants envers leurs gouvernants. Aujourd'hui, le Premier ministre est face à deux défis majeurs : 1. maîtriser plus que jamais sa parole dans un contexte d'hyper réactivité médiatique 2. gérer la dispersion de la parole gouvernementale. D'où la nécessité pour lui de recourir à un «porte-parole» qui sera, en principe, le seul responsable habilité à engager la position du gouvernement sur tous les sujets, et d'en faire conséquemment la proposition au président de la République. Bien évidemment, le porte-parole aura également à rendre compte des travaux du Conseil du gouvernement et aussi exercer une mission d'information sur les activités du gouvernement. Il doit faire montre d'une maîtrise absolue du langage, même s'il va, fatalement, faire usage de la langue de bois, ce qui va être considéré, somme toute, comme une réaction saine face à un paysage médiatique toujours prompt à s'emballer. C'est, en quelque sorte « un airbag » dont le gouvernement aura besoin, lui qui est sur la brèche sur plusieurs fronts ! Pour conclure, avec cette citation à méditer: La communication est une science difficile. Ce n'est pas une science exacte. Ça s'apprend et ça se cultive. (Jean-Luc Lagardère) |
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