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À la
prise de possession de Mayotte le 13 juin 1843, l'Histoire nous apprend, que
Pierre Passot (1806-1885), premier commandant
particulier de Mayotte avait proclamé ceci :
« Le haut et puissant monarque qui règne sur des millions de sujets tant musulmans que chrétiens, dont les possessions s'étendent du levant au couchant et les navires sillonnent toutes les mers, Louis-Philippe premier, roi des Français, a bien voulu accepter l'offre que vous lui avez faite. Celle de la cession en toute propriété de la souveraineté de Mayotte. Son représentant à l'île de Bourbon m'a envoyé vers vous pour vous commander et vous protéger de vos ennemis. » Et, d'ajouter : « Habitants de Mayotte, le règne du roi des Français est le règne de la justice et de l'équité, les peuples qu'il gouverne, aussi nombreux que les étoiles du ciel, bénissent chaque jour son nom et prient Dieu et le grand Mahomet de prolonger la vie qui leur est si chère. Mayottais, depuis près d'un siècle la guerre règne dans votre île, elle a diminué la population et détruit jusqu'aux traces de cultures et fait disparaître vos villes qui ne sont plus que des monceaux de ruines. Vos sultans tour à tour élus et décapités n'ont usé de leur autorité passagère que pour vous enlever vos biens et souvent pour attenter à votre vie, mais le règne de la terreur est passé. « ... Vous ne serez plus gouvernés par le caprice mais seulement par les lois. Votre port, libre de tout droit et pour toutes les nations, va bientôt se couvrir de navires qui vous apporteront les produits des diverses contrées de la terre en échange de ceux de votre île. L'abondance et la richesse vont succéder à la misère et aux privations que vous avez endurées. Habitants de Mayotte, rendez-vous à vos mosquées et remerciez Dieu et son prophète de cet heureux changement et par votre conduite envers celui qui est appelé à vous commander, rendez-vous dignes d'un aussi grand bienfait... » Quel toupet ! Si j'ai jugé nécessaire de faire ce rappel d'un brin d'Histoire (celle archivée et bien gardée en France) pour nos lectrices et lecteurs, c'est juste pour qu'ils ne soient plus floués par des négateurs malhonnêtes et endurcis parce qu'allaités au sein de leur mère « Fafa », eux, qui continuent à leur faire croire : « qu'avant c'était mieux ». Mais c'est aussi, pour mettre en évidence, le mensonge et la perfidie de cette France coloniale arrogante, qui prétend être : juste, égalitaire et civilisatrice. Pour tout vous dire, la proclamation lue avec entrain et certainement beaucoup de fierté par cet officier français à son auditoire, n'est après tout, qu'une entourloupe coloniale. Elle était destinée à endormir d'un profond sommeil, de pauvres gens crédules rêvant d'une vie modérée et tranquille, au risque de se faire embobiner. Ces pauvres gens ne voulaient être, que cette« ahchicha talba m'icha » !, comme disent les gens chez-nous. Et au lieu de cela, aucune des promesses faites aux autochtones par le roi des Français, voilà plus de 180 ans, n'a été tenue. C'est dire, que la population mahonnaise trahie, n'a pas fini de manger son « pain noir », parce que la France n'a pas pour habitude, de se montrer très dépensière en dehors de l'Hexagone, et surtout, en terre d'indigènes comme c'est ici et ailleurs dans d'autres pays colonisés, le cas! Elle s'est montrée beaucoup plus prédatrice des richesses naturelles et de la main-d'œuvre exploitable à souhait que génératrice de progrès et de bien-être au bénéfice des autochtones, dans les pays qu'elle a colonisés par la force des armes. Que l'on en juge ! Les villes sont toujours des monceaux de ruines et le cyclone n'est que cette autre cause naturelle épisodique qui s'ajoute à son drame d'origine structurelle. L'explication de cette misère humaine déplorable tient plutôt, à cette très longue sédimentation de situations anachroniques non prises en charge, en raison de l'absence d'une gouvernance appropriée et d'une volonté politique humaniste, clairement affichée par les pouvoirs publics français. L'ouragan « Chido » a bon dos, lui qui n'a fait que rendre proéminent, l'état de précarité de vie d'une population autochtone livrée à elle-même dans cet archipel, d'où tous ses cris de détresse lancés, sont restés sans échos. C'est pourquoi, l'équité n'est à ce jour qu'un vain mot et les gouvernements successifs qui ont présidé à sa destinée, depuis le 19ème siècle, ne l'ont perçue que comme vigile de ce territoire du bout du monde, ancré dans le lointain océan indien. Cette dernière attend toujours cette abondance et cette richesse promises qu'elle ne voit pas venir ! Voilà ce qui est appelé « grand bienfait », prononcé de la bouche même du premier commandant particulier de Mayotte qui suggérait aux autochtones musulmans de rendre grâce à sa majesté, Louis Philippe! Celui dont le statut est de commander, de se servir et non, d'être au service d'un peuple non souverain. Triste sort, que celui de cette communauté méprisée, négligée et oubliée ! Et même si elle a été bernée par la propagande coloniale en optant pour la nationalité française, ne serait-ce que par humanisme, nous n'avons pas le droit de dire : « tant pis pour elle » ! Car sa condition n'est guère plus reluisante que celle de sa voisine comorienne qui vit dignement sa précarité, bien qu'elle soit rendue injustement responsable de cet état de fait. Pour les Comoriens, ces victimes expiatoires traitées de migrants prébendiers, Mayotte est comme serait Tabarka la ville tunisienne, pour El Kala la ville algérienne sa voisine. Est-ce à dire pour autant, que les migrants comoriens qui partagent la même culture et les mêmes valeurs que leurs coreligionnaires de l'île voisine, doivent-être pourchassés par l'actuel gouvernement raciste qui semble vouloir montrer « ses crocs », en cette terre de non-droit ? Cette animosité raciste entretenue entre communautés d'une même culture, cache mal la haine des vrais intrus, que sont les colonisateurs qui portent en eux : les germes toxiques de la prédation des richesses d'autrui et le gène de la division des populations autochtones. Nous sommes-là, dans un rapport de force bien établi entre dominants et dominés. Il faut aussi rappeler, que cette idéologie coloniale a été de tout temps réactivée, comme il n'y a pas si longtemps par le tristement célèbre, Bob Denard, ce voyou sanguinaire, affublé du surnom de « vice-roi des Comores » qui a régné de facto de 1978 à 1995 sur l'Archipel, avec sa garde présidentielle composée de mercenaires lourdement équipés. Ce sinistre individu a été aussi, de tous les sales coups fomentés en Afrique pour servir ses propres intérêts et, ceux de la France coloniale qui n'arrive pas à se défaire de ses travers, que ce soit sous les mandats présidentiels de Valéry Giscard d'Estaing ou de François Mitterrand, et même après. C'est dire que cette pratique occulte et malsaine a la peau dure, dès lors que soutenue par l'Elysée ! Et voilà que ce mercenaire a eu pour émules, ces ex ambassadeurs que sont : Bernard Bajolet, Bernard Emié et surtout Xavier Driencourt, ce va-en-guerre prêtant ses services au parti anti-algérien de Marine Le Pen. Cet aigre mentor de Kamel Daoud, de Boualem Sansal et bien d'autres laquais algériens porteurs de coups de canifs dans le dos de ce beau pays qui les a vus naître et grandir, a quant à lui, perdu pied en Algérie au fur et à mesure que ses larbins ont été démasqués, poursuivis en justice et pour certains, en cabale. L'Algérie, terre bénie de nos «Chouhada » se saurait accepter que ce « facho » enragé, ne puisse jouer le même rôle que celui de son tonitruent acolyte de l'Archipel. Nos compatriotes ont gagné en maturité et en réativité citoyenne. Ils se montrent de plus en plus proches des intérêts de leur pays et cela nous rassure, mais pas au point de baisser la garde face aux dangers qui nous guettent. Et pour ne pas rompre avec la tradition bien française de la feinte du verbiage en mode :« je vous ai compris peuple mahonnais » décliné avant lui par son président, le Premier ministre François Bayrou accompagné par cinq ministres dont : l'ex Première ministre Elisabeth Borne (Éducation nationale), l'ex Premier ministre Manuel Valls (Outre-mer), Yannick Neuder (Santé), Valérie Létard (Logement et rénovation urbaine) et Bruno Retailleau (Intérieur)s'est déplacé à Mayotte le 30 décembre 2014. Tout en essayant d'atténuer quelque peu la grogne populaire qui pèse sur l'État français dans un climat marqué par la crainte d'une deuxième censure de son gouvernement « bricolé » à la va-vite, il a fait l'annonce d'un plan, qui selon lui : « dessinera un avenir différent pour l'île en visant à apporter des solutions concrètes aux problématiques que connaît l'archipel depuis le passage du cyclone, le 14 décembre en 2024 ». Et comme si redessiner un territoire défiguré et sous équipé n'était qu'une banale affaire de rétablissement de l'électricité, de l'eau courante et de réhabilitation du système scolaire, il a effacé d'un tour de main, en l'espace d'une visite éclair, la responsabilité antérieure de la France dans la non gestion d'un territoire depuis des décennies. Nous sommes là, dans une déclaration similaire à celle du 13 juin 1843, où le rôle du commandant de Mayotte est cette fois-ci joué par François Bayrou et celui du roi Philippe, par Emmanuel Macron. Encore que ce dernier, s'est permis d'être très grossier et méprisant à l'égard de la population autochtone à qui il a dit, tout de go : « vous seriez 10.000 fois plus dans la m...., si la France n'était pas à vos côtés » ! Quel imbécile, que ce président « grenouille » se voulant plus gros que le bœuf ! N'est-ce pas que dans ce cas d'une visite éclair et pour le moins qu'on puisse dire bâclée, le refrain « Parole, parole » de la célèbre chanson de Dalida est à ce propos, le mieux indiqué? Eh bien, oui ! Tout laisse penser qu'à ce rythme de mauvaise gouvernance d'une classe politique française qui a perdu ses marques et ses repères, de surcroît atteinte de cécité bien singulière et manifestant outrageusement un esprit de non-assistance à population en danger, la France omnipotente qui a épousé l'idéologie sioniste, est bien dans la difficulté. Elle finira bientôt par ne plus avoir de zones d'influence, que ce soit dans l'Archipel, en Afrique ou à l'Outre-mer! Et c'est tant mieux pour le bien-être, la quiétude et l'émancipation des peuples et communautés jusque-là opprimés, qui retrouveront dans peu de temps, leur dignité d'hommes et femmes libres, « In ch'Allah » ! *Professeur |
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