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Grandeurs et décadences des civilisations

par Mustapha Aggoun

Quo vadis humanitas ? Pour comprendre où va l'humanité, il faudrait la suivre dans les méandres séculaires depuis la nuit des temps, et ressusciter ceux qui ont momentanément fait son histoire millénaire.

Depuis le fatidique crime d'Abel à l'encontre de son frère Caïn, les peuplades humaines n'ont eu de cesse de se quereller pour le pouvoir, la terre, les biens et les différences culturelles; les révélations divines successives sensées unir les hommes, ont débouché sur des civilisations qui, après la disparition des prophètes et l'apparition de théocrates, ont vite dégénéré en systèmes de domination, accentuant les clivages à cause des intérêts et des interprétations suggestives, donnant lieu à des groupes divergents au sein de la même religion, et au clash entre les différentes civilisations. Moïse fils d'Imran, qui a apporté la première grande religion monothéiste, et s'il fût farouchement empêché par l'ordre pharaonique en place, a aussi été sévèrement malmené par les fils d'Israël, beaucoup plus enclins à la désobéissance et l'idolâtrie ; parallèlement, des poches de civilisations agitées se déroulaient au pays des incas et des aztèques, ailleurs et au pays du soleil levant, où les empires et les royaumes se succédaient, et où les hordes chassaient l'une l'autre.

Après l'avènement de Jésus de Nazareth, les juifs, craignant pour leur royaume déchu, refusèrent de le suivre et le combattirent lui et ses apôtres, poussant l'impie jusqu'à occire les prophètes Jean et Zacharie, et prétendant même avoir crucifié le Christ, ce que réfute catégoriquement le saint Coran, qui annonce sa résurrection les temps derniers. Après son ascension, la parole divine de l'Evangile et de la Thorah s'altéra et le mal ressurgit, mené par une église despote et un judaïsme égaré.

Des siècles plus tard, quand apparût en Arabie le dernier des prophètes Mohamed, annoncé par tous ses prédécesseurs dans leurs livres, les grands empires de Rome, de Perse, de Mongolie et de Chine se disputaient les continents et l'ignorance sévissait au sein des autres peuplades asservies. Mohamed, esseulé et d'abord combattu par sa propre tribu de Qoraïche, puis par les juifs arabes, Rome la chrétienne et la Perse païenne, ne commença son prêche qu'avec seulement trois fidèles : son épouse Khadidja, son compagnon Abou Bekr et son jeune cousin Ali ; à partir des bédouins d'Arabie, il put bâtir avec l'aide d'Allah, de puissantes armées, qui démantelèrent tous les empires de l'époque, et se mirent à répandre inlassablement la parole d'Allah dans toutes les contrées.

Des siècles plus tard, l'église en dérive pratiqua l'inquisition, mena les croisades et poussa au génocide envers les morisques ; les Etats judéo-chrétiens d'Europe se liguèrent pour affaiblir et faire chuter le Califat musulman, ayant échu aux Ottomans après les dynasties omeyade et abbasside, jusqu'à son abolition au début du vingtième siècle ; l'essor de la civilisation musulmane en Andalousie et l'avènement de l'imprimerie de Gutenberg avait été exploités pour faire renaitre le vieux continent et le tirer des ténèbres du moyen-âge ; Christophe Colomb, sur la trace des habiles marins andalous, redécouvrit les Amériques, prélude à l'extermination massive des Amérindiens, que les marins algériens de la tribu des Barazil avaient convertis à l'Islam ; ils avaient bravé l'océan des ténèbres, pour porter la parole divine aux terres inconnues et se perdirent dans l'Amazonie. La découverte des Amériques entraina la pratique à grande échelle de l'esclavage et la déportation massive d'Africains vers le nouveau monde. Au passage, la révolution de la Saint Brumaire, d'abord porteuse d'espoirs pour l'humanité, fût un bref épisode, vite délaissé au profit d'un colonialisme sauvage, de l'esclavagisme et de la domination des peuples arriérés. L'industrialisation, l'agriculture à grande échelle, la thésaurisation bancaire et le capitalisme débouchèrent alors sur le monde moderne, caractérisé par la domination et la suprématie au moyen de l'argent et de la technologie ; néanmoins, les rivalités entre les Etats occidentaux provoquèrent successivement deux guerres mondiales meurtrières ; à la sortie de la deuxième guerre mondiale, les vainqueurs anglo-saxons jugèrent les vaincus selon le concept « Vae Victis », et façonnèrent le monde à leur guise, en érigeant l'ONU et un Conseil de sécurité selon des mécanismes conçus pour asseoir leur domination, en remodelant le Moyen-Orient et en y greffant l'entité sioniste en exécution de la déclaration de Balfour.

Si cette civilisation du monde occidental avait pu atteindre le summum de sa grandeur, c'était toutefois grâce à des hommes imbus de grandes valeurs comme Churchill, Eisenhower, Patton, Kennedy, Fleming, Einstein, Tesla et tant d'autres, mais elle amorça vite son déclin après la multiplication des violations de la nature humaine et de ses valeurs, la sacralisation de l'argent et du mensonge à grande échelle, le massacre des plus faibles et le bafouement de la justice. Lors du débarquement en Normandie le 7 aout 1944, et lorsque le général Patton qui poursuivait les nazis en déroute, découvrit le massacre de civils à l'église de Penguérec, il commanda à ses soldats de ralentir leur offensive, leur disant que celui qui commet une telle atrocité est déjà vaincu et qu'il a perdu toutes ses valeurs. Pour la civilisation occidentale actuelle, les massacres de Srebrenica et de Gaza ont été un tournant décisif qui augure de leur déclin, tout comme Penguérec. Sous le couvert de la liberté, les occidentaux ont instauré dans leurs sociétés les mariages contre-nature, l'inceste, le bi-sexisme, les mutations transgenres, jusqu'à la fornication avec les animaux, dépassant de loin le peuple maudit de Lot ; attentant à la création divine, ils ont manipulé la génétique, pratiqué le clonage, et par le biais de l'intelligence artificielle et la robotique, ils s'activent à restituer la création humaine, oubliant que l'âme humaine, summum de la création divine, est inaccessible et que les voies du Seigneur sont impénétrables.

L'équilibre cosmique et la biodiversité dans la planète ont été perturbés par le réchauffement global, le changement climatique, la déforestation, la pollution, la manipulation des nuages de pluie, la génétique agricole et l'extermination de races animales.

Les smart-virus, que certaines puissances ont utilisés comme arme biologique, ont sérieusement affaibli le système immunitaire chez l'homme, causant de graves pandémies comme le Sida, la Covid et l'Ebola.

L'Algérie fière, harcelée par le néocolonialisme, dénigrée par les traitres et les renégats, cernée de menaces tout le long de ses frontières, mais que la providence a dotée de richesses incommensurables, et portée par une jeunesse formidable, ne cesse d'appeler à la raison et à la sagesse dans un voisinage tendu ; fidèle à sa révolution sacrée et au serment des martyrs, elle refuse de céder aux forces du mal et d'abandonner les faibles et les démunis ; il est écrit dans les prophéties que l'Algérie triomphera et montera au firmament, n'en déplaise aux hyènes. Pour elle, nation noble et juste, chaque humain, de quelque religion qu'il soit, a droit à la vie décente et à la protection.

Cela étant, la vie humaine n'a plus aucune importance en cette décadence de civilisation des judéo-chrétiens ; pourtant, il est bien écrit dans la bible que « quiconque tue une personne non coupable d'un meurtre ou de corruption sur la terre est comme s'il avait tué tous les humains ». Les armes nucléaires qu'ils ont développées, d'une puissance inouïe, sont entre les mains d'illuminés sans vergogne, poursuivant des chimères et pouvant brûler à tout instant la planète comme une patate ; les conflits s'attisent, l'injustice déborde, la haine croît et le monde risque de s'embraser à partir de l'orient, foyer propice, en une guerre globale qui bouleverserait le monde et menacerait toutes les formes de vie sur la terre. Aussi, et sauf miséricorde d'Allah, l'humanité va droit vers le gouffre et court à sa perte certaine. Et la civilisation occidentale, qui a connu sa grandeur et atteint son apogée, a elle-même engendré les artifices de sa décadence.

Abdennacer GUETTAF *

*Général retraité de l'Armée Nationale Populaire