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Pour rafraîchir
la mémoire de celles et ceux très nombreux chez-nous, qui n'ont qu'une vague
connaissance de Mayotte ou pas du tout entendu parler d'elle de toute leur vie,
je dirai que cette île est située dans l'hémisphère Sud, entre l'équateur et le
tropique du Capricorne, à l'entrée du Canal du Mozambique, c'est-à-dire, à
mi-chemin entre Madagascar et l'Afrique, à 7.000 km de la métropole. Mayotte
est donc ce petit archipel de l'océan Indien de 374 km2, presque la taille de
la circonscription administrative de Chéraga (328
km2), dans la wilaya d'Alger. Sa capitale est Mamoudzou et la population
mahoraise à 95% musulmane de rite sunnite, est estimée à près de 350.000
personnes, soit l'équivalent de celle du Grand Tlemcen.
Pour être factuel, je dirai que Mayotte n'est en fait, qu'une petite communauté déshéritée, elle, l'oubliée, supposée être française mais juste par le fait que les frontons de ses édifices administratifs en nombre réduit, soient indiqués par un drapeau bleu, blanc, rouge. Sa population autochtone marginalisée, n'est en quelque sorte que le « vigile » d'un territoire considéré par l'État français comme stratégique, depuis sa départementalisation. Les Mahorais, ces laissés pour compte, vivent majoritairement dans la précarité de très nombreux bidonvilles insalubres. Et dire que la France a occupé Mayotte en 1841, tout en ajoutant à ses territoires d'outre-mer, les trois îles principales des Comores, au début du XXème siècle. En 1974, les principales îles de l'archipel ont pris option pour l'indépendance, alors que Mayotte est restée dans le giron français. Résultat des courses, un demi-siècle plus tard : 75% des habitants de Mayotte vivent en-dessous du seuil de pauvreté, un habitant sur trois est au chômage et l'illettrisme est de 45%. Au plan sanitaire, la situation n'est guère plus reluisante, du fait qu'il est à noter, une forte proportion d'habitat précaire sans accès à l'eau courante pour une grande partie de la population. Alors, dites-moi ! Ça sert à quoi, de devenir Français ? Ce contexte a bien sûr des conséquences directes et pénalisantes pour la santé des habitants de cette île, ce « méga bidonville », réceptacle de l'exclusion humaine, de la mal vie et du non-droit. À bien regarder, l'espérance de vie à Mayotte est en deçà de celle observée en métropole. Elle était de 74,7 ans pour les hommes et 77,9 ans pour les femmes en 2014, contre 79,3 ans pour les hommes et 85,4 ans pour les femmes en métropole. Quelle tristesse pour cette communauté musulmane, pensant avoir fait une « bonne affaire », en se faisant « française » en 1974 ! C'est dire que le «code de l'indigénat» de l'apartheid a la peau dure pour avoir survécu depuis le 19ème siècle, dans cette contrée de gens démunis, eux, les métissés basanés, victimes expiatoires des adeptes de la France néocoloniale, prise de folie et de délire ! Lors de sa première journée de visite à Mayotte, le 16 décembre 2024, soit six jours après le passage de l'ouragan, le président Emmanuel Macron qui est allé à la rencontre des habitants de l'archipel, notamment des équipes de soignants à l'hôpital de Mamoudzou, ou une partie des services ont été détruits, a été pris à partie par des citoyens excédés par la mauvaise gestion de cette crise. C'est dire que cette visite a été le théâtre d'échanges tendus, entre l'honorable invité et des Mahorais, exprimant clairement un sentiment d'abandon et dénonçant l'absence d'aides et de distribution alimentaire. Même qu'un citoyen lui a répliqué vertement, en lui disant : « J'ai écouté ce que vous avez dit ici, et ce que vous dites est complètement faux ! Je viens d'Ouangani, où il n'y a ni eau ni services de secours. Est-ce normal, après six jours ? » Et au président dans la gêne, de répondre : « Nous allons rebâtir Mayotte avec de nouveaux critères et renforcer la lutte contre l'immigration clandestine ». Telle est la double promesse faite lors de son arrivée dans l'archipel dévasté par l'ouragan. Elle s'ajoute à bien d'autres, chaque fois qu'il est pris en défaut par des citoyens outrés par sa politique qui ne semble plaire qu'à l'empire de la finance et son appendice le CRIF, qui l'ont intronisé. Mais en attendant la reconstruction, « l'urgence pour la population mahoraise est d'être approvisionnée en eau et nourriture. Pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale », a-t-il déclaré à Kwezi TV avant de s'envoler pour Djibouti et le traditionnel Noël avec les troupes déployées à l'étranger. Et d'ajouter encore : « Il y a des communes qui ont perdu les trois quarts de leurs écoles, quand d'autres sont occupées par des gens qui n'ont plus de toits. Elles ne pourront pas rouvrir à la rentrée du 13 janvier, mais on veut pouvoir apporter une solution à toutes les familles à cette date », a-t-il assuré, en évoquant la scolarisation d'élèves à l'île de la Réunion. Mais est-ce responsable d'avancer une telle « solution poudre aux yeux », lorsque selon les sources du ministère de l'Education, 40% des 250 établissements scolaires de l'archipel sont endommagés et que cette île dite « voisine », se trouve à 1.435 km de Mayotte ? C'est comme s'il fallait déplacer les élèves des écoles de Marsat Ben M'hidi (ville frontalière avec le Maroc), à Souk Ahras (ville frontalière avec la Tunisie). Qui peut croire, pareille ineptie ! Non, vraiment ! Ce n'est pas sérieux d'avoir dit cette idiotie que consignera l'Histoire, Monsieur le président de cette France en dérive ! Il aurait mieux valu pour vous, de faire repentance d'impuissance et demander des excuses à la population musulmane métissée qui a scellé imprudemment son destin à celui de cette France raciste, arrogante, dominatrice, et dont la gestion territoriale déplorable a été mise à nu par le cyclone. Et pour expier leurs fautes, toute honte bue, les institutions étatiques plus préoccupées par la préparation des fêtes de fin d'année que mobilisées et solidaires avec la population sinistrée, cherchent plutôt dans cette atmosphère de panique, à faire porter le chapeau de cette situation critique, à l'immigration d'origine comorienne, devenue le bouc-émissaire tout indiqué. Pour ce qui concerne l'approvisionnement en eau potable et face au risque de déshydratation qui menace les populations sinistrées, le président a affirmé que : « la priorité des priorités, c'est le combat pour l'eau potable », en réponse à ceux qui clamaient : « On veut de l'eau, de l'eau » pour étancher au moins leur soif. « Ça va s'accélérer », a-t-il assuré aux médias mahorais. Il a évoqué des livraisons par voie routière et à chaque fois que nécessaire, par hélicoptère ! « Tout est mis en place pour permettre la distribution de 600.000 litres d'eau par jour » (soit un peu moins de deux litres par habitant), a précisé son ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, cet extrémiste de droite, visiblement pas très concerné par ce qui se passe dans cette île à dominante musulmane, même si française ! Mais de qui se moque-t-on ? La question de fond qui se pose véritablement est pourquoi avoir attendu le passage dévastateur d'un ouragan, pour faire de telles promesses de circonstances qui, de toutes les manières ne seront pas tenues, indépendamment du fait qu'elles sont très minimalistes ? C'est aussi vrai que Mayotte est administrée à partir de Paris, selon les règles pérennes édictées en la matière, par l'idéologie coloniale dont la France semble s'en accommoder outrageusement. Mais pourquoi la France qui n'arrive pas à se défaire de son réflexe colonial droitier, devrait-elle se préoccuper du bien-être de ses citoyens misérables ! me diriez-vous. C'est vrai qu'elle a l'esprit totalement pris dans les chamailleries de sa classe politique tous courants, tendances et idéologies confondus qui s'entredéchire alors que plus portée sur son exhibitionnisme sioniste fortement marqué, que soucieuse de l'égalité des chances entre toutes les franges de la société française, au point de marginaliser ses départements d'outre-mer. « Loin des yeux, loin du cœur » est cet adage qui sied le mieux à Mayotte, mais pas seulement ! Parions que sa population démunie, assurée contre les risques calamités dans une proportion de 10%, continuera à patauger dans la boue de sa misère, sans que Paris ne s'en inquiète outre mesure. « El Hamdou Allah » ! Chez nous, cette précarité ne saurait être tolérée par l'État algérien social, celui de la fierté et de la dignité (El'aza Wal Karama) qui quoique puissent dire de lui, certaines voix haineuses, discordantes et toxiques en « oiseaux de mauvais augure » à partir de l'outre-mer ou même à travers les voix de leurs affidés infiltrés chez nous, n'a jamais ménagé aucun effort pour être toujours près de sa population en tout lieu de son vaste, riche et diversifié territoire. Rappelons-nous de la catastrophe de Bab El Oued, du séisme de Boumerdès, de la mise en quarantaine de la wilaya de Blida durant la période du Covid-19 et du manque d'oxygène, des feux de forêts d'origine criminelle et bien d'autres accidents qui ont endeuillé notre peuple résilient ! À chaque fois, l'esprit de solidarité a été présent chez les Algériennes et Algériens, mais aussi, la promptitude des pouvoirs publics a toujours été au rendez-vous dans ces cas précis, pour rétablir la normalité des services publics et indemniser les populations sinistrées. Notre ANP, tout en assumant la noble tâche de sécurisation de nos 6.734 km de frontières partagées avec six pays voisins, n'en déplaise aux envieux et aux dénigreurs, a toujours été de la partie, pour porter secours aux populations sinistrées. Rappelons-nous du rôle qu'elle a joué dans la couverture de nos besoins en vaccins à partir de la Chine... Mais aussi de ses jeunes du service national, enfants du peuple et originaires des diverses régions du pays qui veillent aux côtés de leurs aînés plus expérimentés, à assurer l'intégrité de notre territoire. C'est dire que l'Algérie est une et indivisible ! C'est ce message éternel et inoxydable de nos Chouhada, que chacune et chacun de nous, se doit de se l'approprier, partager et respecter ! Face à la traîtrise et la félonie, l'éveil citoyen se doit donc d'être de mise ! Et puis, n'oublions pas que quand la France s'est empressée de déguerpir sans tambour ni trompette, après que notre indépendance lui fut arrachée de dure lutte en 1962, elle a laissé derrière elle, bien des « cadeaux empoisonnés » à notre jeune République naissante, entre autres, et non des moindres, celui d'une campagne ruinée, dévastée et presque totalement vidée de sa paysannerie. Mais aussi des milliers de bidonvilles furent érigés dans les périphéries de nos villes, pour abriter près de quatre millions de nos compatriotes en provenance des camps de concentration entourés de fils barbelés, surveillés par des miradors où les populations rurales étaient bestialement traitées par les harkis qui faisaient leur loi... Aujourd'hui, avec la réalisation de centaines de milliers de logements, d'équipements et d'infrastructures de base, la situation dégradante dans les lisières de nos villes n'est qu'un mauvais souvenir ! Bien sûr qu'il est à déplorer que très souvent, cela c'est fait au détriment de terres agricoles ! Mais à qui la faute ? Qui a chassé notre paysannerie ? Qu'est-ce qui a rendu son retour chez-elle, si difficile ? Comment pouvait-elle oublier les déchirures et cicatrices qu'elle porte en elle ? Comment pouvait-elle oublier les traitements que lui ont fait subir l'armée française et ses supplétifs ? Si elle a voulu fuir ses horribles souvenirs, c'est parce-que la terre de ses aïeux a été souillée par la longue occupation coloniale ? Eh bien, oui ! La ville anonyme l'a accueilli et a caché son identité du mieux qu'elle pouvait. Elle lui a servi de refuge et l'a aidé à oublier ce passé et ces lieux de mauvais souvenirs ! Elle a été en quelque sorte, son «psy» ! «El Hamdou Allah», l'Algérie d'aujourd'hui se porte mieux qu'elle ne l'était du temps de la «3ssaba», même s'il reste encore beaucoup à faire pour démasquer ceux qui détiennent le monopole dans la distribution des produits de première nécessité et ces planqués de l'administration qui pourrissent l'existence de nos concitoyens. Si c'est ainsi, cela tient à cette géographie qui nous a quelque peu gâtés et à la position géostratégique dont dispose notre pays, qui ne peut laisser indifférent. C'est là une reconnaissance implicite du poids spécifique de cette Algérie qui attise bien des convoitises. C'est pourquoi, les prismes déformants de certains analystes nous perçoivent tantôt comme un «département» d'outre-mer par nostalgie coloniale plus fantasmée que réaliste, tantôt comme formidable marché potentiel à reconquérir. Il est vrai que cela nous blesse profondément que nous soyons réduits au simple statut d'ancienne colonie ou à défaut, à la fonction exclusive de consommateurs. Ces visions réductrices sont la négation même du rôle civilisationnel que continue à jouer notre pays aux côtés des peuples opprimés et dans le mouvement de décolonisation que d'aucuns ne lui ont jamais pardonné. L'Algérie n'est certainement pas cette « réserve protégée », reliée par un « cordon ombilical » à son espace nourricier d'outre-mer ! Elle est ce « pays-continent » qui tire sa personnalité de ses diversités plurielles forgées au gré d'une sédimentation et d'un brassage des cultures : amazighe, arabe, africaine et méditerranéenne. C'est au carrefour de ces dimensions qu'apparaît la spécificité algérienne dans toute sa complexité et la splendeur de son identité plurielle. Il est vrai que l'analyse dans ce cas n'est toujours aisée. L'Algérie contrarie les visées et calculs parce qu'imprévisible, rebelle et matériau complexe d'études. Cette Algérie-là s'analyse par des regards qui savent la scruter dans la profondeur de ses entrailles. C'est donc à nous d'expliquer et de donner une lisibilité de notre image qui puisse permettre aux autres, de mieux nous connaître en tant que peuple uni autour des valeurs de nos Chouhada, afin de mieux nous respecter... *Professeur |
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