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Il y
a 44 ans, survenait le séisme le plus meurtrier de l'histoire du pays. Nous ne l'oublions
pas, en ce jour de commémoration du 10 octobre 2024. Toutes nos pensées sont
tournées vers les victimes disparues tragiquement et tous ceux ou celles qui
ont perdu un ami, un collègue, un voisin, une connaissance. Sans oublier à
cette occasion une pensée à notre cher et regretté Ahmed Wahbi
qui a consacré une chanson spéciale au deuil du séisme d'El-Asnam (Hozni alyk y a El-Asnam). Une
bien tragédie nationale qui a vu périr, selon les statistiques, 3.000 personnes
et plusieurs centaines ont disparu et près de 8.000 ont été blessés. La
quasi-totalité des habitations est détruite. Ses séquelles sont gravées à
jamais dans la mémoire des Asnamis, qui ont vécu un
immense drame avec cette perte énorme de vies humaines et des dégâts matériels
importants. Aujourd'hui, c'est avec une grande tristesse que nous nous
remémorons de ce qu'était la ville d'El Asnam, la ville bien aimée de notre
enfance. Chlef est Située au milieu d'une vaste
plaine à 200 km d'Alger, la capitale et à 210 km d'Oran, la deuxième ville
d'Algérie.
En effet, les Chélifiens se souviennent encore de cette journée douloureuse du 10 octobre 1980. Vers 13h 20, heure à laquelle se tient la prière du vendredi, un terrible tremblement de terre ressenti à des centaines de kilomètres à la ronde détruisit la ville à près de 80%. Aujourd'hui, il ne reste que quelques pans témoins de ce que fut El Asnam autrefois. Pour rappel, El Asnam, l'actuelle Chlef a enduré de fréquents séismes majeurs (1922, 1934, 1954, 1980). Depuis le dernier tremblement de terre, les autorités ont décidé de rebaptiser la ville qui porte, depuis 1981, le nom de Chlef. Malgré l'effort de construction gigantesque initié par l'État, El Asnam ne s'est plus relevé de cette terrible catastrophe, c'est-à-dire au goût d'inachevé. Il faut rappeler pour ceux qui l'ont connue avant le séisme 1980, d'une si belle ville verdoyante du pays par son ensemble architectural avenant qu'offrait El Asnam sur cette vue splendide sur l'axe routier Alger-Oran avec ses lumières et ses beautés, ses forêts urbaines et ses immenses étendues de vergers agrumicoles étaient très appréciées par les visiteurs pour une halte obligée en quête d'un lieu de repos ou de rencontres entre les gens de l'Ouest et du Centre à des fins personnelles, professionnelles ou pour affaires. La ville de Chlef, pénètre trois régions naturelles diversifiées : les chaînes montagneuses du Dahra (de 600 m d'altitude) au Nord et l'Ouarsenis au Sud (près de 2.000 mètres d'altitude), la vallée du Chéliff au centre et disposant d'une bande côtière de plus de 120 km. Cette ville au cœur du centre-ouest du pays, qui était au cœur de la dynamique intellectuelle et un foyer de rayonnement culturel et sportif, a entamé son déclin après sa destruction à 80%, et aussi surtout dès 1985, au moment où le pays entrait dans une crise multidimensionnelle. Quand bien même abritait-elle des intellectuels et des hommes de culture, elle n'était plus le berceau de renaissance littéraire. Dans les rencontres d'amis, les fêtes, les salons-café et les places publiques, et même sur les réseaux sociaux, les gens de Chlef ne manquent pas une occasion pour rappeler que la ville des oranges était un poumon vert et une véritable ville moderne où il faisait bon vivre malgré ses grandes chaleurs qui, parfois, semblent insupportables en été. El Asnam était autrefois rayonnante, son aspect architectural avenant était très apprécié par les visiteurs. Se promener dans ses rues propres et bien agencées était un plaisir. La cité respirait la bonne ambiance qui était d'ailleurs permanente à travers ses rues et boulevards, ses cafés (La Rotonde et le Bonopéra) et ses cinémas et théâtre (Le club, l'Orléans et Gougeons, centre culturel et sportif Larbi Tébessi). La plaine du Chéliff était l'une des plus riches régions du pays après la Mitidja, elle renfermait de riches exploitations agricoles et de formidables potentialités dans le secteur de l'agriculture, offrant ainsi des perspectives économiques prometteuses. Le symbole agricole de la région a toujours été l'agrume (orange, mandarine, pamplemousse, citron). Pour cela, dans les années 60 et 70, la ville fêtait annuellement sa vocation agricole. El Asnam était aussi une ville propre, les rues de la ville étaient arrosées chaque soir au moyen de camions arroseurs qui nettoyaient complètement la ville, les espaces verts et les arbres (le ficus) décoraient toute la ville en harmonie avec les normes de l'urbanisme. Aujourd'hui, son urbanisme, son patrimoine historique, ses forêts urbaines et arbres centenaires sont altérés ou encore son grand canal hydraulique qui traversait la ville laissé à son triste sort. Ajoutons, enfin, l'état et l'image actuelle qu'offre l'oued Chéliff, qui traverse la ville est devenu complètement asséché et envahi par une végétation sauvage et la pollution à ciel ouvert de manière préoccupante, notamment un lourd impact négatif sur l'environnement naturel et sur l'image d'une ville millénaire et d'une région touristique avec une façade maritime de 120 km de littoral. A la belle époque, l'oued Chéliff était considéré comme un peu le Nil de l'Afrique du Nord, il fait le cœur animé de la ville et une grande partie de l'histoire de Chlef. D'ailleurs il a donné son nom à cette ville, appelée autrefois El Asnam après sa destruction à 80%, par ce fort séisme en 1980. En effet, la situation de cet oued et celui d'oued de Tsighaout traversant la ville ont atteint un seuil intolérable d'autant que nous avions cru qu'ils seront réhabilités dans le cadre du programme de la reconstruction de la 3e phase de Chlef. Les nostalgiques d'El Asnam d'antan gardent de très beaux souvenirs de ce mythique lieu qui ne méritait pas un tel sort. En effet, la ville de Chlef surplombe majestueusement les berges de l'oued Chéliff et possède un charme particulier, notamment dans son ensemble, la région de Chlef se distingue par Dame nature au décor naturel et d'un relief diversifié tout au long des abords de cet oued qui offre aux visiteurs un véritable poumon vert, notamment la beauté qu'offre cet oued autrefois de ses richesses naturelles. Comment ne pas pleurer ce qu'était la ville d'El Asnam de notre enfance ? Malgré l'effort colossal de construction initié par l'État à ce jour. Consultés sur cette problématique, quelques-uns de nos amis asnamis considèrent que la ville d'El Asnam a été déracinée de ses traditions immémoriales, ses valeurs et repères historiques après ce dernier tremblement de terre. Aujourd'hui, Chlef est devenue, 44 ans après, une ville étrangère à sa population. Oui, comment ne pas pleurer ce qu'était la ville d'El Asnam de notre enfance ? Et, depuis, que de rendez-vous ratés, sachant que les chalets préfabriqués que les Chélifiens appellent « les baraques » ne sont pas totalement éradiquées puisque quelques milliers de sinistrés sont encore logés dans ces habitations provisoires. On y dénombre quatre grands sites d'habitat préfabriqués implantés à Ouled Mohamed, Chorfa, Lalla Ouda-Hassania et Chettia. Ils sont qualifiés aujourd'hui de «bidonvilles» par les uns, et de « cités-dortoirs » par les autres, malgré l'effort colossal de construction initié par l'État à ce jour. Pour rappel, ces sites constituent le premier embryon de la deuxième phase du programme d'urgence pour reloger les sinistrés provisoirement en attendant la reconstruction de Chlef prévue dans la troisième phase qui demeure dans l'oubli. Ces sites n'ont pas fait l'objet d'une réhabilitation d'envergure aux normes d'urbanisme ou d'éradication globale, comme le réclamaient les sinistrés. Pire, les sinistrés ont exprimé leurs craintes de vivre dans ces chalets hautement inflammables. Selon les experts, ces chalets ont une durée de vie qui ne doit pas dépasser 10 ans en général. Ils ont dépassé largement leur durée de vie et posent aujourd'hui un sérieux problème de santé publique. Les médecins parlent des cas d'allergies multiples et de cas de cancers à cause de l'amiante et de la laine de verre. Que peut-il en être pour une population qui y est exposée depuis des décennies ? Nous savons que les pouvoirs publics cherchent à ce jour des solutions à cette situation, mais il n'empêche qu'elle suscite encore des inquiétudes pour la promotion de Chlef à l'image des grandes villes du pays. En 2015, le gouvernement a bien consenti une aide financière en ce sens, fixée à 120 millions de centimes pour chaque famille concernée, mais ce montant est jugé très insuffisant devant l'inflation vertigineuse des prix des matériaux de construction vu que la quasi-totalité de la population sinistrée est composée de la couche sociale à faible revenu, à savoir des retraités, des salariés moyens, des chômeurs, des démunis. C'est certainement le problème majeur qu'éprouvent aujourd'hui, les sinistrés de Chlef pour procéder au remplacement de leurs baraques en dur, c'est l'une des raisons pour lesquelles ces derniers ont préféré réhabiliter leurs logis en apportant quelques aménagements à leurs baraques. Tout porte donc à croire que le préfabriqué va durer assez longtemps dans le paysage local. Un paysage qui risque, hélas, de se dégrader encore davantage, en l'absence d'une éradication totale et une restructuration urbanistique globale des sites préfabriqués qui peuvent devenir de grands pôles urbains avec la banlieue moderne. C'est un gros point noir qui restera toujours collé à la ville de Chlef qui compte aujourd'hui plus d'un million d'habitants et se place ainsi d'après l'avant- dernier recensement datant d'avril 2008 au 9e rang des grandes villes du pays après Alger, Oran, Tizi Ouzou, Constantine, Annaba, Batna, Blida et Sétif. L'Etat aurait pu, à notre humble avis, «utiliser le coût total de cette aide financière de remplacement des baraques existantes et créer de nouvelles villes harmonieuses et de nouveaux centres-villes attractifs», notamment de grandes cités urbaines (banlieues) au lieu de dépenser tout cet argent colossal dans des sites de préfabriqués à l'heure où le monde évolue vers la modernité. Quelques questions méritent d'être posées : Comment peut-on construire des bâtiments près ou en face des habitations préfabriquées, voire face à des bidonvilles qui défigurent le paysage de la modernité sous le sceau de l'urgence ? A-t-on créé un nouveau centre-ville ou des villes nouvelles attractives répondant aux normes d'urbanisme d'un grand chef-lieu de wilaya ? Pourquoi n'a-t-on pas engagé une réflexion regroupant des architectes, des urbanistes, des économistes, des financiers, des universitaires, l'élite locale et les notables de la ville pour élaborer les idées directrices d'un programme spécial pour l'éradication du préfabriqué ? Il faudrait à notre humble avis qu'on parle désormais en termes d'habitat au lieu de «logements sociaux» qui à notre humble avis ne sont en réalité que des «cités-dortoirs». Le développement et la gestion d'une ville présuppose un plan directeur d'aménagement urbain moderne et d'architecture qui intègre les grandes ambitions de la modernité, c'est-à-dire l'aménagement d'une ville et ses enjeux en termes de développement territorial. D'où l'appel aux bureaux d'études spécialisés et de renom pour relever le défi de la reconstruction de Chlef, c'est-à-dire le lancement de « la 3e phase ». Oui, la wilaya de Chlef, l'une des plus riches régions agricoles du pays nourrit de larges ambitions de promouvoir les activités agricoles, agro-industrielles, touristiques et la destination de cette région aux potentialités de ressources naturelles susceptibles d'intégrer l'investisseur, l'entreprise et la banque, afin d'appuyer son économie locale et de contribuer à la diversification des ressources de l'économie nationale et la compétitivité territoriale pour promouvoir son tissu socio-économique, touristique et culturel au grand bonheur des Chélifiens. Ceci, d'une part, et, d'autre part, il s'agit là, d'un exemple d'élaboration d'un plan d'agrandissement de l'urbanisme avec une équipe d'architectes de renom qui devra se charger de ce plan stratégique de la reconstruction de Chlef, pour s'agrandir et de reloger toutes les populations, quelles que soient leurs origines. Ce projet est le plan qui restructure l'aménagement et le développement de la ville de Chlef et sa périphérie, c'est-à-dire, son schéma directeur local d'urbanisme. Ainsi, Chlef se veut être un exemple d'une ville avec la grande révolution d'un plan de renouvellement de la ville «neuve et moderne», notamment de la grande évolution de l'urbanisme et de la modernité, pour l'éradication des disparités en matière de développement territorial, voire éradiquer le préfabriqué qui a constitué la 2e phase du programme d'urgence pour reloger les sinistrés. Comme aussi, il s'agit d'infrastructures stratégiques auxquelles les Chélifiens aspirent légitimement et fondent beaucoup d'espoirs : le tramway, des bus «accordéon», un CHU, des stations de bus modernes, la réhabilitation de l'ancienne voie ferrée Chlef-Ténès donnant sur le littoral, des parkings à étages, la préservation et l'aménagement de forêts urbaines (Haï Chorfa et Haï Radar, Haï Hassania), etc. Par ailleurs, nous sommes choqués par l'état et l'image actuelle qu'offre le centre-ville, malgré l'effort colossal de construction initié par l'Etat, à l'exemple de la place de la Solidarité, ex-cité Nasr, un endroit superbe qui surplombe les berges du Chélif. Située en plein cœur de la ville, elle est aujourd'hui envahie par les constructions anarchiques qui l'ont réduite de moitié. Ce lieu de mémoire rappelle de douloureux souvenir. C'est ici qu'ont péri près de 2.000 personnes le 10 octobre 1980. Il ne doit pas disparaître sous le béton. En effet, la place de Solidarité, un symbole de l'histoire et d'un destin cruel, devrait être un lieu de recueillement et de paix; une grande stèle devrait être érigée à la mémoire des victimes du séisme. La station de bus qui se trouve à côté est indigne de Chlef. Ici convergent des centaines de voyageurs par jour, elle offre un spectacle désolant avec ses bus sales et dépourvus de toute commodité. Un état de fait qui défigure le visage de la ville et qui contribue grandement au triste désordre causé à la circulation. La ville de Chlef s'est nettement dégradée ces dernières décennies, face aux déficiences et lacunes inhérentes à une urbanisation menée dans la précipitation, notamment un centre-ville altéré, surtout ses bâtisses, son commerce informel qui a envahi ses rues principales, les oueds Chélif et Tsighaout sont devenus deux grands égouts coulant à ciel ouvert et des dépotoirs de toutes sortes de déchets éparpillés, de toutes sortes à tous les coins de rues, et enfin un plan de circulation inadapté. Alors, messieurs les élus locaux, ayez un peu de bonne volonté pour que notre ville puisse relever le défi de la 3e phase et projeter Chlef dans la modernité. *Financier et Auteur |
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