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Réformes et réorganisation territoriale pour une Algérie souveraine dans un monde multipolaire: Tebboune, leader Social-Démocrate

par Salah Lakoues

L'émergence d'un leader social-démocrate en Algérie, symbolisée par la figure d'Abdelmadjid Tebboune, est une composante essentielle pour comprendre les dynamiques politiques qui ont secoué le pays au cours des dernières années. Tebboune, qui a été nommé Premier ministre en 2017, a rapidement confronté un environnement politique marqué par la corruption, l'accaparement du pouvoir et la déstructuration des institutions de l'État.

Le contexte : la fratrie Bouteflika et la mafia politico-financière

Depuis la fin des années 1990, l'Algérie a été dominée par le régime de Bouteflika, lequel, surtout à travers la figure de Saïd Bouteflika, a consolidé un réseau de pouvoir qui mêlait les intérêts politiques et financiers. Cette «fratrie» a utilisé son influence pour s'emparer des institutions du pays, déstructurant, au passage, les services de Sécurité en 2015, une manœuvre destinée à neutraliser toute opposition interne. Cette situation a conduit à la concentration des richesses nationales dans les mains d'une oligarchie qui les transférait massivement à l'étranger.

L'émergence de Tebboune et son défi au système

La nomination de Tebboune comme Premier ministre, en mai 2017, a marqué un tournant inattendu. Sa tentative de rétablir l'ordre au sein de l'État, en s'attaquant à l'oligarchie qui s'était accaparée des richesses nationales, a rapidement déstabilisé le clan Bouteflika. Un moment clé de cette confrontation a eu lieu lors des funérailles de Réda Malek au cimetière d'El Alia. Lors de cet événement, la présence ostentatoire de Saïd Bouteflika, entouré de figures de la mafia politico-financière, a été perçue comme un défi direct au Premier ministre Tebboune. Cette scène, largement médiatisée par les organes de presse, contrôlés par le clan Bouteflika, a choqué l'opinion publique algérienne, qui y a vu un symbole du dépérissement de l'État et de l'humiliation nationale.

Le limogeage et la résistance de Tebboune

Malgré les pressions intenses et les menaces qui pesaient sur lui, Tebboune n'a pas reculé. Sa volonté de mettre un terme aux pratiques oligarchiques et de rétablir l'intégrité des institutions algériennes a fini par provoquer son limogeage, en août 2017, à peine trois mois après sa nomination. Ce limogeage a été interprété par beaucoup comme une victoire temporaire du clan Bouteflika et de ses alliés sur une tentative de réformer le pays de l'intérieur.

Le Rôle de Tebboune dans le déclenchement du Hirak

L'éviction de Tebboune a cependant éveillé la conscience populaire sur l'ampleur de la corruption et de la collusion au sommet de l'État. En résistant aux pressions de la fratrie Bouteflika, Tebboune est devenu un symbole de la lutte contre la corruption pour une grande partie de la population. Lorsque le Hirak a débuté en février 2019, avec des millions d'Algériens, descendant dans la rue, pour exiger la fin du régime de Bouteflika, l'héritage de Tebboune dans cette lutte contre la mafia politico-financière a joué un rôle déterminant. Sa résistance a contribué à catalyser un mouvement populaire qui demandait le départ de la fratrie Bouteflika et la mise en place d'un État de droit.

L'élection d'Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019 s'est déroulée dans un contexte extrêmement délicat, tant sur le plan politique qu'économique. L'Algérie venait de vivre une année marquée par le Hirak, un mouvement populaire de grande envergure qui avait conduit à la démission d'Abdelaziz Bouteflika et laissé le pays en proie à une profonde crise institutionnelle. Dans ce climat de méfiance généralisée et d'incertitudes, Tebboune a néanmoins eu le courage de prendre les rênes du pays et de s'attaquer aux défis majeurs qui l'attendaient.

Faire face aux résistances et réseaux manipulés de l'étranger

Dès son arrivée au pouvoir, Tebboune s'est retrouvé confronté à des résistances internes provenant de divers réseaux, certains d'entre eux manipulés par des influences extérieures. Ces réseaux cherchaient à s'accaparer du pouvoir sans respecter les processus constitutionnels. Tebboune a dû naviguer entre ces forces tout en tentant de restaurer l'ordre et la légitimité des institutions. Son approche, ancrée dans une application stricte de la Constitution, visait à affirmer l'autorité de l'État face aux tentatives de déstabilisation.

Stabilisation du pays en période de crise

Malgré les obstacles, y compris ceux liés à la pandémie de COVID-19 qui a frappé le monde entier, peu de temps après son investiture, Tebboune a entrepris de stabiliser le pays. Il a mis en place une série de réformes visant à rétablir la confiance du peuple envers ses dirigeants. Malgré sa propre maladie, qui l'a éloigné de la scène publique pendant plusieurs mois, il est parvenu à maintenir le cap et à redonner un semblant de stabilité à l'Algérie.

Restaurer la confiance du peuple

L'une des réussites majeures de Tebboune a été de restaurer la confiance du peuple envers le gouvernement. Dans un contexte où les Algériens étaient sceptiques à l'égard de toute forme d'autorité, après des décennies de corruption et de mauvaise gouvernance, Tebboune a su, par des actes concrets, démontrer sa volonté de servir les intérêts de la nation. Il a initié des réformes économiques, lutté contre la corruption et cherché à revitaliser l'économie en diversifiant les sources de revenus du pays.

Le renforcement du front national intérieur, en Algérie, s'inscrit dans une logique de consolidation du consensus national, essentielle pour faire face aux défis internes et externes. Dans un contexte où le pays est confronté à des tensions multiformes, tant au niveau interne qu'international, il devient crucial de rassembler la population autour de valeurs et d'objectifs communs, en particulier en termes de souveraineté et de protection de l'intégrité nationale.

Consolider le consensus national

La consolidation du consensus national implique une adhésion plus forte des citoyens aux principes fondamentaux qui régissent la nation. Cela signifie non seulement renforcer l'attachement aux valeurs de liberté, de justice et de solidarité, mais aussi mobiliser la population autour de projets nationaux concrets qui visent à améliorer la qualité de vie et à garantir la sécurité du pays. Dans cette perspective, un renforcement du front national intérieur passe également par une communication efficace et transparente de la part des autorités, pour s'assurer que les citoyens comprennent les enjeux et se sentent impliqués dans les décisions prises.

Organiser des élections anticipées

L'organisation d'élections anticipées dans ce contexte pourrait effectivement être perçue comme un moyen de renouveler les liens patriotiques. Cela permettrait, non seulement, de tester la légitimité des institutions en place, mais aussi de redonner la parole au peuple, renforçant ainsi la démocratie participative. Les élections peuvent servir de plateforme pour mobiliser l'opinion publique autour des nouveaux objectifs fixés par l'État, tout en offrant une occasion de réaffirmer les valeurs fondatrices de la nation.

Résister aux provocations extérieures

L'Algérie, étant souvent confrontée à des provocations extérieures, doit être en mesure de résister en mobilisant son peuple et son armée. Cette résistance repose, en grande partie, sur l'unité nationale et la capacité de l'État à prévenir et à répondre aux menaces de manière concertée. Le rôle de l'Armée, en tant que pilier de la sécurité nationale, est crucial, mais il doit être soutenu par une opinion publique forte et mobilisée. Dans ce contexte, renforcer l'adhésion aux objectifs nationaux permet de créer un front uni capable de faire face aux défis extérieurs.

Mobilisation de l'opinion publique

Pour contrer les tentatives de déstabilisation, qu'elles soient d'origine interne ou externe, il est essentiel de mobiliser l'opinion publique. Cela passe par une sensibilisation accrue aux dangers qui menacent la nation, tout en mettant en avant les réalisations et les objectifs du gouvernement.

Le consensus autour de ces objectifs crée un bouclier contre les influences extérieures et renforce la résilience du pays face aux crises potentielles.

Vers un nouveau paradigme, réformes stratégiques et réorganisation territoriale pour une Algérie stable et souveraine, dans un monde multipolaire.

Avec la stabilité obtenue après des années de turbulences politiques et économiques, l'Algérie se trouve à un carrefour décisif, où des réformes profondes et un nouveau paradigme de développement sont nécessaires pour répondre aux défis du 21ème siècle. Ce projet de société doit s'inscrire dans le contexte d'un monde de plus en plus multipolaire, où l'Algérie, fidèle à sa tradition de non-alignement, peut jouer un rôle significatif, tout en réorganisant son espace territorial et en réorientant sa gestion des ressources naturelles.

Un monde multipolaire et non Aligné

Dans un monde où les rapports de force internationaux évoluent rapidement, l'Algérie doit adapter sa politique étrangère pour naviguer dans ce nouvel ordre multipolaire. Le non-alignement, qui a toujours été un pilier de la diplomatie algérienne, permet au pays de maintenir des relations équilibrées avec divers blocs, sans se retrouver pris dans les rivalités géopolitiques. Cette position offre à l'Algérie la possibilité de jouer un rôle de médiateur et de promouvoir la paix dans des régions en conflit, tout en protégeant ses propres intérêts.

Réforme et réorganisation territoriale

La réorganisation territoriale est une priorité pour maximiser l'utilisation des vastes espaces désertiques du pays, notamment les régions sahariennes. Le développement de ces zones pourrait inclure des projets de développement agricole, d'industrialisation légère, et d'implantation de nouvelles villes. Ces initiatives doivent être soutenues par des infrastructures adaptées, notamment en matière de transport et de communication, pour relier efficacement ces zones aux autres régions du pays.

Gestion des Energies solaires et de l'eau

Le Sahara algérien, avec son ensoleillement quasi permanent, offre un potentiel immense pour le développement de l'énergie solaire. Des projets de grande envergure dans ce domaine pourraient non seulement fournir une énergie propre pour répondre aux besoins domestiques, mais aussi positionner l'Algérie comme un exportateur clé d'électricité verte vers l'Europe et l'Afrique. En parallèle, la gestion de l'eau est un enjeu crucial pour le pays. Le dessalement de l'eau de mer, combiné à une gestion durable des aquifères sahariens, est une nécessité pour répondre aux besoins en eau potable et en irrigation. Les technologies de dessalement, ainsi que des projets de stockage et de distribution d'eau, doivent être intégrées dans une stratégie nationale visant à sécuriser l'approvisionnement en eau pour les générations futures.

Mise en place d'un mode opératoire réaliste

Pour que ces réformes et projets de développement soient réalisés, il est impératif de mettre en place un mode opératoire réaliste, fondé sur des études approfondies, des partenariats internationaux, et une gouvernance transparente. Cela inclut la mise en œuvre de politiques incitatives pour attirer les investissements étrangers, en particulier dans les secteurs des énergies renouvelables et de l'hydraulique.

La formation d'une main-d'œuvre qualifiée est également essentielle pour soutenir ces industries émergentes. Le gouvernement pourrait investir dans l'Education technique et professionnelle, en partenariat avec des institutions académiques et des entreprises, pour préparer les jeunes Algériens à participer activement à ces nouveaux secteurs

L'Algérie, après avoir consolidé sa stabilité interne, se trouve à un tournant où des réformes structurelles profondes sont nécessaires pour construire un avenir durable et prospère. En s'appuyant sur un nouveau paradigme qui tient compte de la multipolarité mondiale et du non-alignement, et en réorganisant son territoire pour mieux exploiter ses ressources naturelles, le pays peut, non seulement, améliorer les conditions de vie de ses citoyens, mais aussi renforcer sa position sur la scène internationale. La clé du succès résidera dans la mise en œuvre d'une stratégie pragmatique et bien structurée, adaptée aux réalités locales et mondiales.