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Blitzkrieg en Russie: En difficulté dans le Donbass: L'Ukraine ouvre un nouveau front dans la région de Koursk

par Abdelhak Benelhadj

Alors que personne ne s'y attendait, l'armée ukrainienne décide de franchir les frontières russes et d'occuper en quelques jours, dans l'oblast de Koursk, un territoire estimé par Kiev à plus de 1 000 km².1

Cette opération est d'autant plus surprenante que le rapport de forces en Ukraine entre Russes et Ukrainiens n'était jusque-là guère en faveur de Kiev. Alors qu'elle était en difficulté dans le Donbass était-il prudent de diffracter ses forces et d'ouvrir de nouveaux fronts ? L'occupation de la région de Koursk va-t-elle conférer à l'Ukraine un avantage stratégique ? Va-t-elle pousser la Russie à déplacer ses troupes et soulager ainsi le front plus au sud ?

L'opacité sciemment entretenue sur le déroulement des opérations (qui ne le comprendrait ?) limite les réponses à ces questions. Avant d'esquisser la moindre hypothèse limitons-nous à ce que l'on peut observer et constater. En commençant par la communication des acteurs en particulier l'Ukraine et les politiques et médias occidentaux qui le soutiennent.

Le front médiatique: la guerre des images et des mots.

Il n'y a pas de guerre sans sa représentation publique par une mise scène appropriée en appui aux efforts militaires. Aussitôt les opérations sur le terrain entamées, la machine médiatique (même sans images, même sans informations exactes)2 se met en branle et diffuse les messages apprêtés à l'avance pour informer, expliquer et justifier. Le principe de réalité, l'arbitre en dernière instance des représentations, des manipulations et de la propagande, est une question secondaire, dès lors qu'un mur infranchissable est érigé entre les représentations et les faits, d'autant qu'un temps subjectif considérable s'écoule entre les unes et les autres. L'amnésie des opinions, entretenue par des machines médiatiques habiles, fait le reste.

La guerre du Viêt-Nam a servi de leçon à tous les exécutifs. Le public ne doit avoir accès qu'à une information strictement contrôlée (produite par des médiateurs « embedded », triés sur le volet). La première démonstration en a été vérifiée lors de l'opération « Tempête du désert » en Irak initiée en janvier 1991 et reconduite en mars 2003. Le vide de l'information est compensé par un trop-plein de communication officielle. Jamais, dans l'histoire des conflits, on a vu président si omniprésent, aussi bien à la télévision que dans tous les lieux de pouvoir (Assemblées nationales et internationales, Sommets de toute nature, forum, établissement universitaires prestigieux, lieux de culte... Tous les matins, V. Zelensky, infatigable rhéteur au service de sa cause, prend le micro, se présente devant les caméras et a toujours quelques nouvelles à communiquer même s'il n'y a aucun nouvel événement qui le justifie. Toutefois, l'évolution du conflit au détriment de l'Ukraine a beaucoup écorné l'image du président ukrainien qui n'est plus reçu avec autant de lustre et d'hospitalité chaleureuse qu'au début de la crise. En décembre 2023, l'intervention du président ukrainien prévue devant le Congrès américain a été purement et simplement annulée alors qu'il devait s'exprimer devant les représentants, espérant obtenir le déblocage d'une nouvelle enveloppe alors très débattue. Le Sommet de Vilnius de l'OTAN à la mi-juillet 2023 a sonné la fin d'une période faste pour la cause ukrainienne. L'échec de la contre-offensive ukrainienne a produit une rupture majeure. On sait que jamais l'Ukraine n'aurait tenu plus que quelques semaines sans une aide militaire et économique occidentale considérable qui se chiffre en centaines de milliards de dollars. On parle un peu moins de l'aide apportée à sa communication et à son renseignement. Ainsi, cette opération militaro-médiatique ukrainienne en Russie est étroitement, abondamment soutenue par tous les réseaux occidentaux.

A cette occasion, on en revient aux constantes, à commencer par les caricatures faites de l'armée russe depuis des décennies et que l'on ressort de la naphtaline ou des congélateurs : incompétence, manque d'anticipation et d'organisation, lourdeur, bureaucratie, technologies obsolètes... ce sont les mêmes qualificatifs pour décrire la société, l'économie, le gouvernement et l'armée soviétique. Inversement, l'armée ukrainienne est parée de toutes les qualités en particulier adaptabilité, mobilité, créativité, audace, sens de l'initiative et de la débrouillardise, courage, patriotisme...

A ce jeu, les Britanniques (sites, médias tous supports confondus, think tank, ministères...) sont en pointe depuis le début de la crise. Ce n'est pas un hasard si les officiels ukrainiens les utilisent pour intervenir dans l'espace public.3

Sur les plateaux de télévision, il n'y a pas de débats, parce que tout est agencé pour éviter, à quelques exceptions près (ce fut le cas lors des interventions hétérodoxes de Henri Guaino, ancien conseiller de N. Sarkozy) les divergences et les controverses. Le monde de la répétition, de l'unanimité rassurante, une variation très peu variée sur une opinion identiquement partagée.4

Des commentateurs se prennent encore à parler de l'URSS. Certains s'en excusent mais d'autres l'assument pleinement considérant qu'en réalité la Russie de Poutine est la réincarnation de l'Ancien Régime qui s'est effondré au début des années 1990 et que l'Occident a affaire à la même culture politique, aux mêmes dirigeants formatés par les mêmes appareils qui rêvent de reconstruire l'Empire Soviétique.

A chaque fois que les Ukrainiens prennent des initiatives à même de leur donner le dessus sur leurs ennemis, ce sont les mêmes campagnes médiatiques qui accompagnent leurs actions. Ce fut notamment le cas des opérations qui se sont conclues par la réoccupation des régions du nord-est et de Kherson à la fin de l'année 2022, augurant la contre-offensive annoncée pour le printemps-été 2023 qui devait définitivement chasser les Russes d'Ukraine et mettre fin au conflit avec la chute du régime moscovite.

«Trop peu, trop tard»

Les réponses offertes lorsque la réalité ne colle pas aux faits sont presque toujours les mêmes : l'aide occidentale est toujours insuffisante ou n'arrive pas à temps. L'« Occident a peur » ou ne mesure pas la gravité du danger qui menace l'Occident dans son ensemble, avec une « Ukraine se bat pour vous, à la frontière de votre quiétude », répètent ses dirigeants.

Pourquoi ?

Le mardi 6 août au matin des milliers de soldats ukrainiens – appuyés par des unités d'artillerie, de chars, de parachutistes et de blindés – ont traversé la frontière entre les deux pays et ont attaqué des positions russes dans la région de Koursk. Pourquoi en a-t-il été ainsi ? Quelle est la portée de cette initiative ?

Commençons par les raisons données par les architectes de cette opération.

- Une opération légitime : symétrie de l'agression et symétrie de la défense.

L'Ukraine mène une « guerre défensive », selon Mykhaïlo Podoliak, conseiller de Volodymyr Zelensky. « Alors que la Russie a délibérément attaqué l'Ukraine pour tuer des civils et occuper son territoire, ce qui constitue un crime de guerre inconditionnel, l'Ukraine mène une guerre exclusivement défensive, y compris sur le territoire de l'agresseur pour assurer la protection de sa propre population, ce qui est son droit inconditionnel », a-t-il écrit sur X. L'attaque en Russie est le seul moyen de forcer Vladimir Poutine à la table des négociations, déclare-t-il au quotidien britannique The Independent. J. 15 août 2024)

- Préparer les futures négociations de paix ?

Leur choix semble à la fois clair, judicieux et opportun : les Ukrainiens attaquent avec ce qu'ils ont de plus fort, là où l'ennemi est le plus faible. Cette zone frontalière est un no man's land de 5 à 10 kilomètres de profondeur très peu défendu, surtout par des conscrits, un espace agricole à habitat clairsemé, des hameaux voués à l'élevage. Ils ont bien calculé leur coup. «Nous avons envoyé nos unités les plus prêtes au combat au point le plus faible de leur frontière», a expliqué une source de l'état-major ukrainien déployée dans la région au magazine britannique The Economist. Les soldats conscrits [russes] ont affronté les parachutistes et se sont tout simplement rendus.

«La frontière n'était pas protégée. Ils n'avaient que des mines antipersonnel éparpillées autour des arbres sur le bord de la route et quelques mines qu'ils ont réussi à éparpiller rapidement le long des autoroutes», a raconté à l'AFP un soldat ukrainien. (https://ici.radio-canada.ca/, J. 15 août 2024)

A l'asymétrie (locale) des forces, l'Ukraine ajoute la surprise. Elle a attaqué au moment où tout laissait à penser que ses armées menaçaient (globalement) de céder au point que certains de ses «alliés» l'invitaient à engager des pourparlers de paix avec ses inévitables concessions que les Ukrainiens refusent obstinément d'envisager. Le moins sagace des stratèges sait qu'en état d'infériorité on négocie toujours à son détriment.

L'ancien chef d'état-major ukrainien, V. Zaloujny expliquerait en quelques chiffres l'un des objectifs de l'opération. Environ 15 000 hommes ont envahi la région de Koursk. Il faudrait, selon ses calculs, plus de 50 000 Russes pour les en expulser. Ces brigades demanderaient plus de deux mois à être rassemblées pour être opérationnelles. Autant dire que les troupes ukrainiennes dans cette région ne comptent pas en repartir de sitôt. Trois ponts sur une rivière stratégique assureraient aux Ukrainiens une position inexpugnable.

« Nous devons utiliser des outils absolument clairs pour contraindre la Russie [à négocier]. L'un d'entre eux est un instrument militaire de coercition. En d'autres termes, nous devons infliger à la Russie des défaites tactiques importantes, en plus des outils économiques et diplomatiques. Dans l'oblast de Koursk, nous assistons à l'optimisation de cet outil militaire de coercition pour forcer la Russie à entrer dans le processus de négociation.» «Il faut un ensemble complexe, une multitude d'instruments pour forcer la Russie à arrêter cette guerre», ajoute-t-il. «Les Russes ne parlent pas de la guerre et ils se sentent généralement à l'aise parce qu'il y a une guerre qui se déroule quelque part (...). C'est intéressant pour eux de regarder la télévision. Mais lorsque la guerre se déroule sur le territoire russe, ils sont effrayés. Ils sont choqués. Cela a un impact important sur l'état psychologique de la Russie» explique Mykhaïlo Podoliak (idem) Lundi 15 juillet le président ukrainien avait envisagé de voir des négociateurs russes à la prochaine table de négociation pour la paix.5

Cette proposition laisserait-elle à penser qu'il envisageait de revoir ses objectifs compte tenu de l'évolution des rapports de forces sur le terrain ?

Une ruse de guerre ?

A l'évidence, après l'invasion de la région de Koursk, cette idée est à ranger aux oubliettes. D'autant plus que Zelenski s'en tient toujours au plan en 10 points qu'il avait proposé en novembre 2022, alors que ses armées donnaient l'impression d'être sur le point de battre celles de son ennemi. Il convient de rappeler les principaux termes de ce plan.

1.- La Russie devra se retirer de tous les territoires ukrainiens occupés, y compris de Crimée.

2.- La Russie devra prendre en charge la reconstruction de l'Ukraine et cela commencera par la saisie de tous les avoirs russes déposés dans les banques occidentales qui se montent à plus de 300Mds€. Les intérêts des fonds russes déposés dans des banques européennes viennent de faire l'objet de prélèvements en faveur de l'Ukraine. Moscou a attaqué en justice ce détournement qui pourrait poser d'autres problèmes et pas seulement juridiques : qui à l'avenir s'aviserait de placer sans risques des capitaux dans des pays si peu soucieux de préserver les intérêts de leurs clients ?

3.- La négociation des termes de ce plan et sa mise en œuvre ne pourrait se faire avec le gouvernement russe actuel qui devra être remplacé par un pouvoir acceptable par l'Ukraine et ses « alliés » occidentaux.

4.- Il s'ensuit que le président Poutine, déjà condamné par la CPI, serait destitué et remis à la justice internationale pour qu'il rende compte de tous les actes qui lui sont reprochés. Il en sera de même de tous les responsables russes qui ont pris part au déclenchement de la crise en 2022. Ce plan, serait-il une base vraisemblable pour envisager des négociations entre Kiev et Moscou ? Même V. Zelenski en aurait souri.

Côté russe, les conditions sont aussi inacceptables, en peu de mots : Moscou ne compte remettre en cause son « opération spéciale » que si l'Ukraine consentait, entre autres conditions, au rattachement des régions sous administration actuelle de la Russie et qu'elle renonçait à rejoindre l'OTAN.

En foi de quoi, les attaques de Kiev suspendent à long-terme l'hypothèse de pourparlers de paix.

Rodion Miroshnik, diplomate au ministère des affaires étrangères russe, déclare que Kiev avait mis en veilleuse la question des pourparlers de paix en menant des attaques dans la région de Koursk, selon l'agence de presse officielle russe TASS. « Tout le monde comprend qu'en menant des activités terroristes dans la région de Koursk, l'Ukraine a, à tout le moins, suspendu à long terme la question des pourparlers de paix », a souligné le diplomate. « Il n'est pas très logique, à ce stade, d'entamer des pourparlers avec un adversaire absolument délirant. (Le Monde, mercredi 14 août 2024)

Dans le même sens, la Russie dément dimanche 17 août des informations publiées la veille par le Washington Post selon lesquelles l'attaque ukrainienne sur la région de Koursk aurait compromis des pourparlers indirects, via un médiateur qatari, entre Moscou et Kiev visant à faire cesser les frappes sur les installations électriques et énergétiques des deux pays.

« Personne n'a rien rompu parce qu'il n'y avait rien à rompre ». « Il n'y a eu de négociations, ni directes ni indirectes, entre la Russie et le régime de Kyiv sur la sécurité des infrastructures civiles stratégiques » déclare la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. (Reuters, D. 18 août 2024)

- Perturber les circuits d'alimentation du front russe.

L'objectif est de couper les lignes logistiques des armées qui combattent en Ukraine, comme le font les Russes dans le Donbass pour tarir l'approvisionnement des Ukrainiens.

Le président ukrainien fournit une explication aussi vague que très générale qui peut s'appliquer à toutes les initiatives de ses armées contre la Russie : « Notre tâche principale dans les opérations (...) est désormais de détruire autant que possible le potentiel de guerre russe et de mener un maximum d'actions contre-offensives ». « Cela inclut la création d'une zone tampon sur le territoire de l'agresseur» V. Zelensky, Telegram, D. 18 août 2024. Une nuance s'impose pour modérer le succès de l'opération.

L'Ukraine se félicite d'avoir réussi à occuper la ville de Soudja qui est un point de transit du gaz russe vers l'Autriche, la Hongrie, la Bulgarie, la Slovaquie... Elle ne peut se prévaloir d'un quelconque avantage, en ce que cette ville est aussi une source de revenus précieux pour l'Ukraine.

Cette « capture » serait donc contre-productive si elle interrompe le transit du gaz dont elle tire directement et indirectement parti. Dès l'attaque de la région russe, le prix du gaz a flambé sur les marchés d'au moins 12%, au plus haut de l'année.

- Rassurer les opinions publiques occidentales.

En réalité, la médiatisation de la guerre a surtout pour objet de faire en sorte que « l'arrière tienne ». Et l'arrière n'est pas seulement l'opinion ukrainienne qui doute de plus en plus de ses dirigeants et de son armée. La désertion des jeunes conscrits ukrainiens en témoigne.

Les caméras sont braquées sur Koursk et oublient le Donbass. Echanger une défaite mise sous silence contre une victoire spectaculaire chez l'ennemi compensera-t-il un déficit de crédit ?

Suffirait-il que des soldats ukrainiens en Russie mettent à bas les drapeaux russes pour que le moral de la nation efface instantanément l'image d'un pays détruit, qui a enterré nombre des siens, qui fait une guerre à crédit et à qui demain des créanciers sans état d'âme apporteront une facture impossible à solder ?

Le nerf de la guerre, c'est en Occident qu'il se trouve. Du Projet essentiel, l'Ukraine n'en est qu'un lieu, qu'un instrument parmi d'autres. Que V. Poutine le répète depuis 2014 n'en invalide pas pour autant l'idée confortée par ailleurs et que reconnaissent ouvertement, publiquement les politiques occidentaux.

Des manifestations réunissant des centaines de milliers d'Européens de tout cœur avec l'Ukraine « agressée » en 2022, il ne reste plus personne dans les rues des grandes villes occidentales.

Washington, en pleine campagne électorale présidentielle, qui est le plus impliqué dans ce conflit, aurait besoin d'un succès ukrainien, quitte à franchir une « ligne rouge » (cf. plus bas). D'autant plus que la Maison Blanche ne parvient pas à imposer un plan de paix en Palestine et que les manifestants à la Convention Démocrates exigent la fin du massacre des Ghazaouis dont ils accusent l'exécutif de complicité.

Les Européens refusent de payer cette guerre dont ils découvrent les coûts réels et leur conséquence sur leur pouvoir d'achat sans compter, pour certains plus que pour d'autres, les déficits budgétaires et l'endettement qui pèse sur leur croissance. L'Allemagne, le second contributeur, vient de décider de diviser par deux l'aide qu'elle apportera l'an prochain à Kiev. Sans en avoir les crédits budgétaires et politiques, les Français s'en indignent. Un éditorial du quotidien Le Monde du 20 août s'offusque et titre : « une malencontreuse décision allemande. »

Les alliés, avaient-ils été préalablement informés de l'opération ?

Dès le 06 août, la question était à la « une » de tous les médias : Washington, en a-t-il été informé ?

Selon le président ukrainien l'attaque surprise du 06 août était secrète et n'avait été partagée avec personne. Volodymyr Zelensky a prononcé lundi 19 août un discours devant des ambassadeurs ukrainiens. Il a confirmé la fable officielle et a payé ses interlocuteurs avec des mots : « Il y a quelques mois, si l'on avait entendu parler de notre projet d'opération dans la région de Koursk, beaucoup de gens dans le monde auraient dit que c'était impossible et que cela dépasserait la ligne rouge la plus stricte de toutes celles que la Russie a tracées. C'est pourquoi personne n'était au courant de nos préparatifs ». (Le Monde, 20 août 2024) Mais Mykhaïlo Podoliak, conseiller de Volodymyr Zelensky, dément les affirmations de son président et des alliés de l'Ukraine – notamment celles du Royaume-Uni et des Etats-Unis – qui déclarent qu'ils n'ont pas été informés de l'attaque. « Certaines mesures doivent être prises avec l'effet de surprise et doivent être prises au niveau local ». « Mais des discussions ont eu lieu avec les forces partenaires » précise-t-il. The Independent. (J. 15 août 2024)

«Lignes rouges» et «ambiguïté stratégique»

L'incursion ukrainienne en Russie serait restée secrète car elle dépassait une «ligne rouge», se justifie Zelensky. «Nous assistons à un changement idéologique important : le concept naïf et illusoire des ‘lignes rouges' de la Russie, qui a façonné la vision de la guerre de certains de nos partenaires, est en train de s'effondrer», a déclaré Volodimir Zelensky.

«Si nos partenaires levaient les restrictions actuelles sur l'utilisation d'armes sur le territoire russe, nous n'aurions pas besoin de pénétrer physiquement dans la région de Koursk pour protéger nos villes frontalières et éliminer le potentiel d'agression de la Russie», a-t-il poursuivi.«Mais pour l'instant, nous ne pouvons pas utiliser toutes les armes dont nous disposons et éliminer les terroristes russes là où ils se trouvent. » (Reuters, L. 19/08/2024) Le président ukrainien n'a pas tort de se gausser des «lignes rouges» dont les Russes et les Occidentaux ont partagé la gravité. En effet, elles ont été franchies les unes après les autres sans que les Russes n'aient eu une réaction impliquant des conséquences «irréversibles». Moscou a réussi à en persuader ses adversaires. Certes, aucune des armes fournies par les pays occidentaux ne semble avoir représenté une « menace existentielle » pour la Russie, la seule qui aurait entraîné un changement radical dans la nature du conflit. Le problème posé aux Occidentaux est que l'estimation de cette «menace», dont seule la Russie possède la clé, relève de calculs de probabilités incertains : une équation avec une infinité de variables et très peu de constantes. Cependant, V. Zelensky abuse de ses envolées de rhéteur compulsif. Toutes les armes fournies qu'il avait réclamées à cor et à cris (chars Leopard, Challenger, Abrams, Bradley, Storm-Shadow, Himars, Patriots, ATACMS... F16), comme absolument nécessaires à la victoire de ses armées, ne leur ont conféré aucun avantage décisif, sinon quelques actions qui semblent n'avoir qu'un succès médiatique éphémère. Si une guerre devait être seulement gagnée avec des armes, ça se saurait.

«Ce sont ceux qui paient qui décident»

Contrairement à leurs habitudes, les « alliés » ont apporté à l'Ukraine un soutien circonspect, et même très discret, tout au moins au début de son intrusion en Russie. Les Etats-Unis, très vite, ont démenti toute participation à l'opération ukrainienne.

Il ne faut pas oublier qu'elle se déroule sur le sol russe, un Etat « doté » pour user de la novlangue en usage sur la rive atlantiste d'au-delà du Dniepr.

Non seulement les Américains devaient être étroitement tenus au courant, mais il est à peu près certain qu'outre la fourniture d'armements, ils ont apporté tout leur concours en matière d'information précise sur le terrain sur l'état de la défense russe aux frontières des oblast de Koursk et de Belgorod.

Il est même vraisemblable que toute l'opération ait été conçue, organisée, encadrée et orchestrée en arrière-plan par les services américains aidés de leurs homologues européens (notamment britanniques, les plus étroitement liés à Washington). Il n'est pas inconcevable d'imaginer la présence sur le terrain d'opérateurs occidentaux, en tout anonymat, pour s'assurer de son succès et/ou de son adaptation continue à l'état du front, toujours mouvant et imprévisible dans ce type de situation. 30 pays auraient apporté assistance aux forces ukrainiennes et auraient fourni les renseignements nécessaires à la conduite de leurs opérations (LCI, V. 16 août 2024,11h08). On pourrait même ajouter que, dès leur début, les événements ont été suivis (et continue de l'être) en direct à partir de la Maison Blanche, en concertation avec Kiev, supervisés en continu par des « professionnels » Américains.

Le président américain, en déplacement à La Nouvelle-Orléans, le confirme. J. Biden a expliqué en effet qu'il s'entretenait avec son équipe « toutes les quatre ou cinq heures depuis six à huit jours » à ce propos, et a assuré que les Etats-Unis, premier soutien militaire de Kiev, étaient « en communication constante avec les Ukrainiens ». (Le Monde, mardi 13 août 2024)

On apprend par ailleurs via le quotidien britannique The Times, que plusieurs des militaires qui ont pris part à l'incursion en Russie ont été formés dans un centre d'entraînement anglais, un mois plus tôt. Sur place, « ils ont suivi un entraînement de quelques jours aux côtés de soldats britanniques, raconte le journal. » (Le Monde, V. 16 août 2024)

Rétrospection et récapitulation causale.

Pour tenter de comprendre les événements en cours, sans rien proposer de définitif sur les buts de guerre poursuivis (sur lesquels nous formulons plus loin quelques hypothèses), une brève relation des événements, depuis le printemps 2023, s'impose.

La conquête rapide et relativement aisée par l'Ukraine de la régions nord-est de Kiev, de Soumy et de Kharkov ainsi que celle de Kherson à l'ouest du Dniepr a laissé penser que la récupération des autres régions allait suivre rapidement et ouvrir la voie à ce qui avait été prévu aux conditions initiales...

Une contre-offensive avait été minutieusement préparée, des armes occidentales s'accumulaient en quantité et en qualité suffisante, en vue du déclenchement des opérations au printemps-été 2023. Peu à peu, l'Ukraine et ses alliés allaient prendre conscience de leur déconvenue et que les événements n'allaient pas vraiment se dérouler comme prévu.

Les Russes ont probablement sous-estimé le niveau élevé de préparation à ce conflit de l'Ukraine et l'importance de l'aide qui lui a été apportée par Washington. Ils ont été obligés d'en convenir et se sont repliés sur les régions à l'est et au sud qu'ils ont annexées.

Mais leur tour, deux erreurs d'appréciation ont été commises par leurs adversaires. Cela, sans évoquer les autres erreurs de calcul dans le domaine, économique, monétaire, financier, budgétaire, commercial, diplomatique ou politique... Ne resterait, deux ans et demi après février 2022, que l'acte de foi dans la théorie fumeuse du « poison lent » qui donnera à une date indéterminée des résultats validant la stratégie américaine adoptée. Après quelques mois de combat, la Russie avait décidé de se retirer en bon ordre des régions citées ci-dessus qu'elle occupait pour se replier sur celles qu'elle a annexées. Le retrait de la région de Kherson, dont la programmation a été rendue publique, est un exemple pédagogique de cette conduite, à tort, prise pour la reconnaissance d'une défaite.

Les Ukrainiens, leurs alliés ainsi que tout le système médiatique occidental claironnaient victorieusement haut et fort que ces régions avaient été reconquises par la force et que cela sonnait le début de la fin du conflit et la défaite de la Russie. L'échec de leur contre-offensive de 2023 allait montrer que ce n'était pas le cas.

Les Russes s'y étaient minutieusement préparés et l'Ukraine allait y laisser une part très importante de ses forces. Ce qui a été qualifié de « guerre d'attrition » décrit la réalité d'une terrible confrontation dont les résultats ne sont pas immédiatement perceptibles. Le statique apparent du visible cache la dimension dynamique des affrontements.

Les médias et aussi les politiques, attachés au caractère spectaculaire de la guerre qu'ils vendent à leurs clients et à leurs opinions, majorent les km² perdus ou gagnés et minorent le différentiel des forces détruites difficiles à estimer mais qui ne se voit et ne se constate qu'à la fin des opérations.

Les forces russes « grignotent » kilomètre par kilomètre rapportent les observateurs occidentaux en oubliant de rendre compte de ce que la défense de ces kilomètres a coûté à ceux qui les ont perdus, sans oublier bien sûr l'effroyable bilan de ceux qui les ont gagnés.

Pour mieux saisir l'enjeu de ces âpres combats et le temps infini mis par les armées russes à en venir à bout, il faut remonter au moins deux décennies en arrière.

La «Ligne Maginot» ukrainienne édifiée depuis 2014.

Les forces russes se sont brisées contre des fortifications préparés depuis longtemps, d'abord contre les russophones du Donbass. Chacune d'elles est un bastion labyrinthique, souterrain très bien défendu très difficile à prendre. La bataille de Marioupol et la prise d'Azovstahl à la mi-mai 2022, très meurtrière, a obligé la Russie à changer de tactique et à prendre plus de temps pour faire l'économie de ses soldats. En sorte que chaque km² conquis par les Russes a dû probablement coûter très cher en hommes, en matériel et en temps. A la fin de cette crise, nous aurons peut-être une idée plus exacte des pertes des uns et des autres. La Russie a appris et la leçon a sans doute coûté cher.

Cependant, deux années après, pour l'Ukraine et ses alliés le temps ne s'est pas écoulé en leur faveur. Il est un fait que le monde libéral s'accommode mal du long terme. Les actionnaires exigent des retours rapides sur investissements et dédaignent l'incertitude intrinsèquement attachée au temps qui passe. Deux années, en ces affaires, c'est une éternité pour un banquier.

Or, derrière l'Ukraine, il y a un Occident pressé d'en finir dans un conflit qui n'en finit pas. Avec des contraintes qui se multiplient et s'aggravent : industrielles, logistiques, budgétaires, financières, politiques, diplomatiques... Kiev et Washington se retrouvent en fâcheuse posture, au point que les médias se sont reportés sur d'autres théâtres plus aisés à vendre selon les circonstances, comme au cours de cet été : l'Euro de football, les Jeux Olympiques à Paris, les équipées israéliennes à Ghaza6, au sud-Liban et en Iran, les élections européennes et législatives françaises...

Pour desserrer l'étreinte russe, les Ukrainiens sont passés maître dans l'art de la diversion : attaques spectaculaires en mer Noire, sur la Crimée... et même dans le Sahel où l'on prétend que les Ukrainiens auraient aidé les Djihadistes à infliger une sévère déroute au groupe Wagner dans le nord du Mali entre le 25 et le 27 juillet dernier.

Au début du mois d'août, l'armée ukrainienne fait face à deux contraintes rédhibitoires :

- le manque d'armes et de munitions, malgré l'aide occidentale considérable qui lui a été consentie.

- Un déficit humain difficile à compenser. L'armée manque de soldats et, en particulier, de soldats aguerris. Les soldats français au sol proposés par E. Macron ne sont que pure spéculation dont même la portée médiatique a fait long feu.

Les bastions fortifiés de la ligne de défense ukrainienne dans le Donbass, certaines plus stratégiques que d'autres, sont tombées les unes après les autres, au terme de combats très meurtriers. Roubijné, Sievierodonetsk (Severodonetsk en russe7) et Lyssytchansk (Lissitchansk) : Villes occupées par l'Ukraine du 22 mai au 24 juillet 2014 et reprises par les forces russes entre mai et juillet 2022.) Svitlodarsk (Svetlodarsk, janvier 2015-mai 2022). Popasna (Popasnaïa, mai 2022). Soledar (16 janvier 2023). Bakhmout (Artemivsk, ville industrielle juillet 2014-mai 2023). Avdiïvka en février 2024. La province de Louhansk a été complètement reconquise. Restent les trois places fortes de l'oblast de Donetsk : Pokrovsk, Kramatorsk et Sloviansk.

Un mot sur les destructions urbaines. Il est fréquemment fait référence à l'impitoyable « barbarie » russe acharnée à détruire des édifices civils. Les images de drones décrivent des kilomètres-carrés de décombres.

Un général français, parmi les habitués des plateaux a, au début des hostilités, apporté une explication claire et raisonnable qu'on n'a plus entendue depuis : l'espace urbain a été opportunément choisi par les Ukrainiens comme espace de la guerre parce qu'il était plus favorable aux défenseurs qu'aux attaquants qui n'avaient d'autres choix que de raser villes et villages servant d'abris aux snipers et lanceurs de roquettes adaptés au terrain. Toutes les villes citées plus haut ne sont plus que ruines.

Utiliser un missile pour abattre un bâtiment peuplé de civils sans défense coûte cher et ne rapporte rien. C'est criminel, idiot et inutile. A moins naturellement qu'il faille coûte-que-coûte convaincre les opinions publiques occidentales de la sauvagerie des Russes.

Des images identiques viennent de Ghaza où les bombardements israéliens visent précisément et délibérément à rendre l'enclave impropre à la vie. Qui s'en soucie ?

Déficit de soldats expérimentés et motivés.

«On doit remplir les réserves (...). Il y a un nombre important de brigades qui sont vides. On doit le faire pour que les gars [qui sont sur le front] puissent avoir des rotations normales. C'est comme ça que le moral s'améliorera » reconnaît V. Zelenski (Le Monde, S. 18 mai 2024) Dès le début du conflit, plus de 6 millions d'Ukrainiens ont quitté leur pays pour se diriger principalement vers les pays voisins. Plus d'un million sont allés en Pologne. Sur ce total, on a estimé à près de 800 000 le nombre d'hommes âgés de 18 à 64 ans (dont 371 000 en Pologne).

Envisagée dès le mois d'avril 2024, une décision a été prise par les autorités ukrainiennes : à partir du 18 mai tous les hommes âgés de 18 à 60 ans auront soixante jours auprès d'un centre de recrutement ou par une application Internet pour s'identifier. Passé ce délai, ils s'exposeront à des amendes de plusieurs centaines d'euros et à des pénalités administratives.

Cette décision a été prise, mais les autorités ukrainiennes ont beaucoup tergiversé. Cette affaire fut, pour partie à l'origine du conflit entre le président Zelenski et le chef d'état-major V. Zaloujny qui fut démis de ses fonctions et envoyé à Londres comme ambassadeur.

Peut-on sommer, mettre en demeure un homme d'être fidèle à sa patrie ?

Des jeunes sont enlevés en pleine rue et envoyés sur le front. Des mafias offrent leurs services pour des départs clandestins vers d'autres horizons.

Qui peut croire en une victoire d'un pays dont la jeunesse déserte la cause ?

Des enjeux territoriaux ?

Croire que ces batailles dans l'oblast de Donetsk sont justifiées par la récupération complète de l'intégralité de la région ou bien pour soustraite son chef-lieu des bombardements ukrainiens, ne couvre vraisemblablement qu'une part des objectifs russes. Penser cela, c'est croire ramène le conflit russo-ukrainien à un banal conflit territorial. La Russie, le pays le plus vaste de la planète8, ne cherche pas à augmenter sa surface de quelques milliers de kilomètres-carrés. Il tombe sous le sens que ce n'est pas le cas de certains espaces-critiques faible en surface, mais de très grande importance stratégique.

Le principal enjeu demeure le statut international futur de l'Ukraine et la confrontation planétaire entre les Etats-Unis, l'Europe, la Russie et la Chine, dans une géopolitique mondiale en pleine mutation.

Les événements se précipitent

La Russie ne modifie pas, comme l'espéraient les Ukrainiens, leur stratégie dans le Donbass et semble même la renforcer.

Avoir mobilisé des brigades de soldats expérimentés pour franchir les frontières russes pourrait se retourner contre l'Ukraine. Dans l'examen des objectifs supposés de l'Ukraine l'hypothèse était de faire diversion pour pousser les Russes à déplacer leurs troupes du Donbass où l'Ukraine est en difficulté.

Or, cela ne semble pas être le cas. Moscou se contenterait de contenir les avancées ukrainiennes dans une région stratégiquement relativement moins importante et d'attaquer l'arrière de l'offensive ukrainienne ainsi que le décrit la dépêche ci-après : Le ministre de l'intérieur ukrainien, Ihor Klymenko s'en inquiétait le 14 août : « Les Russes ont mené plus de 2 000 attaques sur l'oblast de Soumy », un territoire du nord-est de l'Ukraine, proche de la frontière. Ils avaient utilisé « des missiles, de l'artillerie, des drones, des drones d'attaque et des mortiers ». « La population de 183 localités réparties dans 15 collectivités territoriales de l'oblast de Soumy fait l'objet d'une évacuation prioritaire. Plus de 20 000 personnes ont déjà été évacuées, dont près de 2 500 enfants ». (Le Monde, mercredi 14 août 2024).

La Russie maintient ses efforts dans le Donbass, dans la région Pokrovsk et continue, inexorablement, de gagner du terrain.

Le 15 août, la Russie revendique la capture d'Ivanivka, un village de l'est de l'Ukraine situé à une quinzaine de kilomètres vers la ville de Pokrovsk qui se trouve sur une importante voie logistique vers les bastions ukrainiens de Tchassiv Yar et Kostiantynivka. (Le Monde, J. 15 août 2024).

Le lendemain vendredi 16 août, est annoncée la prise de nouveaux villages : « Grâce aux actions actives des unités du groupe de troupes «Centre», les colonies de Lyssytchne, Ivanivka et Serhiivka de la «république populaire de Donetsk» ont été libérées », déclare le ministère de la défense russe. (Le Monde, V. 16 août 2024) Lundi 18, l'armée russe revendique la capture de la localité de Zalizne, tout proche de celle de Toretsk. « Les unités du groupement Centre (...) ont libéré l'une des plus grandes localités de l'agglomération de Dzerjinsk (Toretsk en ukrainien), celle d'Artiomovo (Zalizne en ukrainien) », indique le ministère russe de la Défense, dans son compte-rendu quotidien.

Le 19 août, ils prennent la localité de Novgorodskoïe, le nom russe de New York, situé dans la région de Donetsk.9

Le chef de l'Etat-major ukrainien Oleksandr Syrsky lors d'un point presse télévisé confirme que la Russie envoie des troupes supplémentaires dans le secteur de Pokrovsk, dans la région de Donetsk où des combats intenses se poursuivent. (Reuters, mercredi 20 août 2024) Pas un jour ne passe sans que la Russie n'annonce la prise d'un village ou d'une place-forte vers Pokrovsk. Et après ?

En attendant le sort qui sera celui de cette campagne ukrainienne Russie, les questions ne manquent pas.

S'agirait-il d'une réelle tentative de déstabilisation des forces russes en les contraignant à choisir entre Koursk et Donetsk le Donbass ?

L'incursion éclair en Russie, ne serait-elle que le prélude à d'autres actions aussi rapides que coordonnées pour mettre un terme définitif au conflit ?

Les Ukrainiens, ont-ils les ressources (militaires et humaines) pour faire face à plusieurs fronts ?

Les Occidentaux, ont-ils les moyens (militaires, économiques, financiers, politiques...) de maintenir leur soutien dans ces conditions ?

De tout cela, nul ne sait ce qu'il en sera demain.

La Russie a un avantage géostratégique indéniable : la très courte longueur de ses lignes logistiques. Malgré les tentatives répétées pour les rompre, cet avantage comparatif reste intact.

Globalement, la puissance (militaire, technologique, économique...) russe est incomparablement plus faible que celle de ses ennemis. Mais localement, organisée autour de quelques atouts bien choisis, elle est en état de répondre au défi lancé par des forces infiniment plus fortes. Le pont de Kertch est toujours debout et les armées russes avancent irrésistiblement vers Kramatorsk. Le vieux principe de «la réponse du faible au fort» n'a jamais cessé d'être d'actualité, sauf, naturellement, chez ceux qui ont préféré le confort suave de la capitulation.

Notes:

1 Le 16 août, l'Ukraine revendique un territoire contrôlé de 1 200 km². Avec l'intention d'y établir de manière durable un commandement militaire (Le Figaro du jour).

2 La plupart des images diffusées en boucle par les chaînes d'information n'ont souvent aucun lien avec les événements évoqués. Pour ce qui est des informations exactes, cette guerre-là n'en a nul besoin.

3 Cf. A. Benelhadj : « Crise ukrainienne. LA GUERRE DE L'INFORMATION. » Le Quotidien d'Oran, 26 janvier 2023.

4 On peut s'interroger quelques fois sur l'état de la liberté d'expression dans ce haut lieu des Droits de l'Homme... Qu'elle ne soit pas toujours respectée ailleurs (alors qu'elle l'est plus qu'on ne le dit) ne réduit en rien le constat d'une lente dégradation des libertés dans les pays qui distribuent légèrement de billets de satisfaction universels.

5 Les négociations porteraient sur trois questions qu'il tient pour majeures : la sécurité énergétique, la libre circulation sur la mer Noire et l'échange de prisonniers.

6 Dont Netanyahu a, lui aussi, sous-estimé la difficulté.

7 Très tôt, l'Ukraine de V. Zelensky a fait de la toponomie un autre territoire de la guerre.

8 Sa superficie (17 098 000 km²) et supérieure celle de la « planète » Pluton (16 600 000 km²).

9 La localité de New York, où s'étaient installés des colons allemands au XIXe siècle, a porté ce nom jusqu'en 1951, année où les autorités soviétiques, en pleine guerre froide, l'avait rebaptisée Novgorodskoïe. La ville était redevenue New York à l'été 2021, sous la pression de militants ukrainiens. (Le Parisien mercredi 20 août 2024)