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Recommandations pour lutter contre la sécheresse

par Ben Amara El Habib*

Nous subissons une période de sécheresse météorologique avec des précipitations bien inférieures à la normale, depuis des décennies. La sécheresse agricole affecte la croissance des plantes, réduit les rendements agricoles, en raison du faible niveau d'humidité du sol et de la rareté de l'eau, et menace le bétail.

Nous sommes préoccupés par la sécheresse hydrologique qui entraîne une diminution significative des niveaux des eaux souterraines. Après ces longues années sans pluie, beaucoup de puits se sont taris. L'eau de pluie se fait rare. Nul besoin d'énumérer les conséquences de son absence. Nous concentrons nos efforts sur les moyens de sa préservation et adoptons une approche holistique basée sur les principes scientifiques et les meilleures pratiques internationales, en matière de gestion des ressources en eau.

Nous dressons ce tableau synoptique des actions à mener, par secteur, pour lutter efficacement contre la sécheresse. Nous avons bon espoir que ces orientations seraient prises en compte par les multiples structures engagées dans la transition, souhaitée par tous, vers une abondance durable. Cette réflexion remet en question nos pratiques actuelles concernant l'eau et les sols. Ainsi, malgré la sécheresse décennale, chaque année d'importants volumes d'eaux de ruissellement se perdent vers la mer et les déserts, tandis que nous subissons passivement les dommages des inondations ; nous continuons à drainer les eaux pluviales vers les égouts, à commencer dans ces mêmes mosquées où l'on prie officiellement et pieusement Dieu pour nous les envoyer. Dans les bâtiments réalisés par l'Etat, nous évacuons les rares eaux de pluies tombées sur les terrasses et les cours vers les égouts, via des drains et laissons les espaces prévus verts sur plans, à sec. Pire j'ai vu en plein désert, au milieu de nulle part, dans une station service, l'évacuation des rares eaux de pluie vers des avaloirs. Si nous ne saisissons pas ce détail ; nous sommes passé à coté de l'essentiel. La goutte de pluie est-elle destinée à l'avaloir, même en plein désert ? La vie végétale et la santé des sols ne sont-elles pas prioritaires pour la recevoir, après qu'elles aient rempli les réservoirs des humains et les abreuvoirs du bétail ? Ce sont les réponses à ces questions qui guident nos pensées. Prendre soin de la goutte de pluie, là où elle tombe. Intégrer toutes les actions énumérées ci-dessous dans les stratégies nationales de gouvernance est à l'ordre du jour, pour renforcer la capacité du pays à relever les défis de sa sécurité socio-économique, en luttant efficacement contre la sécheresse.

Agriculture et Ressources en eau :

La sécheresse météorologique persistante affecte les cultures et réduit les rendements agricoles. Pour contrer cela, adopter des techniques d'irrigation efficaces comme le goutte-à-goutte et promouvoir la réutilisation des eaux usées traitées pour l'agriculture. Encourager la transition vers des pratiques agricoles durables comme l'agro-écologie et l'agroforesterie, aidera à préserver les sols et à augmenter la résilience des cultures face à la sécheresse.

Gestion des eaux pluviales et inondations :

Actuellement, une grande quantité d'eau de pluie est perdue par ruissellement vers la mer et les déserts, tandis que les inondations causent des dommages importants. Il est impératif de revoir la gestion des eaux pluviales, en favorisant la collecte et la rétention à travers des bassins de rétention, des jardins de pluie et des techniques de la dés-imperméabilisation. Intégrer ces systèmes dans l'aménagement urbain réduira les risques d'inondations et rechargera les nappes phréatiques.

Technologies innovantes et Génie écologique :

Utiliser des techniques comme la récolte de brouillard dans les zones arides et généraliser la phyto-épuration pour traiter les eaux usées écologiquement et à moindre frais. Explorer des solutions comme l'ensemencement des nuages pour augmenter les précipitations. Intégrer ces pratiques dans la stratégie nationale de gestion des ressources en eau est nécessaire pour renforcer la sécurité hydrique du pays.

Afforestation et Aménagement du Territoire :

Pour promouvoir un développement équilibré et durable, décentraliser les Services publics et les Industries afin de réduire la pression sur les zones côtières surpeuplées. Réaliser des mesures de rétention et de collecte des eaux pluviales à grande échelle, accompagnées de programmes de reforestation, restaurera les cycles hydriques et attirera l'humidité.

Environnement :

Promouvoir des solutions naturalistes dans la gestion de l'eau bénéficie à la biodiversité tout en réduisant l'impact des usines de dessalement. Cela passe par la réhabilitation des habitats aquatiques, la réintroduction des zones humides pour stocker l'eau et prévenir les inondations, et la collecte des eaux de pluie en amont pour restaurer le cycle de l'eau dans les bassins versants perturbés. Pour répondre aux défis de conservation et de restauration des écosystèmes d'eau douce, il est essentiel de s'attaquer aux sources de pollution, de généraliser le traitement des eaux usées,et de viser l'efficacité dans la gestion des ruissellements pluviaux et des inondations urbaines.

En intégrant ces actions dans une approche globale et coordonnée, l'Algérie pourra renforcer sa résilience face aux défis de la sécheresse et des changements climatiques, tout en promouvant un développement durable et en améliorant la qualité de vie de ses citoyens.

Aménagement du Territoire et Construction urbaine

La végétalisation des sols est essentielle pour restaurer les cycles naturels de l'eau, en promouvant des pratiques agricoles et urbaines comme l'agroforesterie et les jardins de pluie. Utiliser la végétation pour l'infiltration et la dépollution des eaux, et encourager les infrastructures vertes comme les zones humides artificielles et les parcs urbains. Les pratiques de gestion des terres qui favorisent l'évapotranspiration et la séquestration du carbone doivent être encouragées, ainsi que les initiatives de conservation et de reforestation.

Pour lutter contre la désertification, planter des arbres et des arbustes indigènes adaptés, fournissant de l'ombrage, encourager les pratiques agricoles durables et utiliser l'énergie solaire pour l'irrigation et autres besoins énergétiques. Des mesures de protection du sol contre l'érosion, la conservation-rétention des eaux de pluies, au lieu de leur drainage vers la mer et les déserts, la restauration des écosystèmes naturels et la gestion durable des ressources naturelles sont également nécessaires.

Soutenir la conservation des écosystèmes, la conservation des grandes forêts, et la restauration des zones déforestées et développer des programmes éducatifs pour sensibiliser et impliquer les populations locales dans la gestion des ressources en eau. Les forêts jouent un rôle crucial dans le cycle hydrologique en régulant le climat, en maintenant l'humidité atmosphérique et en influençant les précipitations. Elles soutiennent la biodiversité, séquestrent le carbone et atténuent les effets du changement climatique. Pour faire face à la sécheresse, choisir des espèces d'arbres adaptées et mettre en œuvre des pratiques de gestion durable de l'eau, telles que la conservation des zones humides et la reforestation. La méthode Miyawaki offre une approche efficace pour créer des micro-forêts diversifiées et résilientes.

Éducation Sensibilisation et Formation :

Offrir des programmes de formation sur la conservation des sols et des eaux aux agriculteurs et aux communautés locales. Sensibiliser sur l'importance de la récolte-rétention des eaux de pluie, et encourager l'adoption de pratiques respectueuses de l'environnement contribueront à une utilisation plus efficiente des ressources. Sensibilisation à la conservation de l'eau et à la protection des sols. Intégrer des programmes éducatifs dès le plus jeune âge, développer des jardins scolaires et organiser des expériences pratiques, contribuent à préparer la génération future à affronter les difficultés liées au climat. Réformer et innover dans les programmes de Formation, et moderniser les curriculums pour intégrer les dernières solutions et technologies. La Formation continue et le Développement professionnel sont nécessaires pour réussir ce sursaut vers l'abondance.

Investir dans les métiers verts comme les Energies renouvelables et l'Agriculture durable crée des emplois, tout en répondant aux défis environnementaux. Généraliser les techniques de conservation et de gestion de l'eau, comme la réutilisation des eaux traitées et l'irrigation de précision, pour surmonter la pénurie d'eau.

Intégrer des messages sur la conservation de l'eau et la responsabilité environnementale dans les prêches religieux hebdomadaires, et installer des systèmes de récolte des eaux pluviales et de phyto-épuration des eaux usées, dans les mosquées. Promouvoir la restauration écologique et utiliser l'influence religieuse pour encourager des comportements respectueux de l'environnement renforcent l'engagement communautaire envers la durabilité.

Financement et Partenariats :

Etablir des partenariats avec des organismes internationaux et utiliser des financements spécifiques pour les infrastructures de gestion des eaux pluviales. Les incitations financières, comme les subventions pour l'installation de systèmes de collecte des eaux pluviales, sont nécessaires pour encourager l'adoption de technologies économes en eau.

Etablir des partenariats internationaux pour partager les connaissances et les technologies renforcent la capacité collective à gérer efficacement les ressources en eau à l'échelle mondiale.

Nous avons un grand espoir que les initiatives vont émerger de partout pour relever le défi de préservation de la ressource d'eau : source de vie. Pour surmonter les affres de la sécheresse, et assurer un futur d'abondance.

*Architecte-Urbaniste Kenadza-Bechar.