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Les campus de «peace and love»

par El Yazid Dib

C'est comme dans ces années-là où le progressisme était un mouvement universelle, où «peace and love» était le slogan juvénile le plus hissé sur les frontons des universités mondiales, le plus floqué sur les tee-shirts, le plus gosillé par Jean Ferrat ou Renaud. Ainsi, devant le massacre génocidaire d'une population palestinienne sans défense, face aux crimes israéliens, les étudiants des plus prestigieuses universités américaines n'ont pu ne pas se remettre à l'heure de leurs aînés. Plus cool, plus clean, plus apolitique, le jeune occidental encore rivé aux idéaux de paix et d'amour vient de faire sa révolte. Pourtant dans ces campus, la place pédagogique n'est pas à la portée de quiconque. Ces écoles là sont l'apanage de classes bien définies. A l'exemple de Science-Po de Paris, la Sorbonne, UCLA, Colombia...

Sommes-nous à l'orée d'une reprise de conscience estudiantine, à l'échelle internationale qui désapprouve la conception néolibérale de ces gouvernements va-t-on-en-guerre ? Comme dans le temps de Pinochet, du rejet de la guerre au Vietnam, du bruit des bottes a l'ère des décolonisations. A chaque levée de drapeau palestinien, il y a une grosse partie qui se perd de l'image, découverte hideuse, de l'entité sioniste. Ces jeunes potaches, têtes enturbannées de keffieh, sans cheveux longs, ni pattes d'éléphant, quelquefois à l'effigie éternelle du Che ont remodelé la vision de l'opinion internationale quant aux droits de vivre en paix assurés pour tout un chacun. Ghaza, la bombardée, la bafouée, la tuée est érigée en capitale dans les préaux, les boulevards et les pelouses de toutes les capitales, parties initialement pour être acquises à l'Etat hébreu. La Palestine vient ainsi d'être reconnue comme Etat, peuple et nation par la société civile à travers le globe terrestre au nez de cette main qui la dénie dans ce Conseil de sécurité. Elle est maintenant clairement visible. Ses affres et son martyre sont portés au plus haut chapeau des grands médias.

La colère des campus est une conséquence protestataire pacifique envers l'esprit belliqueux des pouvoirs euro-atlantiques. Les jeunes de cette génération-puce ne reconnaissent point les frontières. Leur monde est dans leurs paumes, au bout de leurs digitales. D'un sourire et d'un sit-in ils s'indignent contre la livraison des armes, contre l'horrible crime sioniste et ont pu en outre démontrer que dans ce pays, où la démocratie n'est que «khorti», un leurre quand il s'agit de se ranger avec «l'autre». La matraque de la police, l'ordre casqué, les arrestations ne sont en fait qu'un ordre silencieux du silence des pantoufles, des lobbys cambiaires ou golf-qamissés, ces promoteurs de criminels. L'histoire va s'écrire, que dans ce monde pourri, il subsiste encore de la bonne graine. Puisse, l'élan de tous les vents colériques la semer partout et partout ailleurs.