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On
l'aura compris, cette contribution traitera de l'insécurité routière et son lot
de drames au quotidien, qui, non seulement, endeuille les familles mais,
également, impacte gravement le budget de l'Etat du fait de la prise en charge
des victimes, dans certains restent handicapés à vie.
Il faudrait dire déjà que la route en Algérie tue tous les mois de l'année sans exception ! Elle a été meurtrière même durant les jours d'Aid El Fitr : on déplore 19 décès et 1.013 blessés en 3 jours, causés par un millier d'accidents, dont 10 morts et 348 blessés enregistrés au 1er jour de l'Aid, 6 morts et 425 blessés au 2e jour et 3 victimes et 425 blessés observés le 3e jour des fêtes. Pendant le Ramadhan, le bilan de la Protection civile révèle 167 décès et 6.180 blessés. Avec un accident, toutes les 20 minutes, et un décès toutes les 3 heures, notre pays caracole en tête de liste, dans ce championnat macabre, à cause du facteur humain qui est à l'origine de 90% des drames, selon tous les spécialistes et organismes, dont le Centre national de prévention et de sécurité routière. Et le carnage continue dans une totale indifférence ! En l'espace de 24h, plus de 27 morts ont été enregistrés à travers le territoire national ! Et comme à l'habitude, ce sont les transporteurs de voyageurs ou de marchandises qui sont à l'origine de ces drames. Le bilan annuel qui affiche plus de 4.000 morts, sans compter le nombre effarant de blessés, ne semble pas atteindre la conscience des législateurs et autres responsables de la réglementation routière. Les mesures prévoyant, par exemple, l'obligation de la présence de deux conducteurs dans chaque bus, pour se relayer dans les grands trajets, comme également l'équipement des poids lourds d'un chrono tachygraphe, communément appelé «mouchard», tardent à être mises en œuvre. Les pouvoirs publics, au lieu de briser cette spirale infernale des accidents de la route, se perdent en conjectures et placent le débat sur l'opportunité du permis de conduire à points. Pire, note un éditorialiste, on réfléchit sur la nécessité d'augmenter les tarifs de contrôle technique et de certaines vignettes, plaçant ainsi l'esprit mercantile avant la sécurité des usagers de la route. Certes, une nouvelle structure a été créée à l'initiative du gouvernement : La Délégation nationale de prévention et de sécurité routière. Elle est missionnée pour explorer et faire introduire les solutions les plus appropriées pour mener une lutte continue et plus efficace contre la multiplication effarante des accidents de la route. En attendant, les statistiques sont mauvaises et la structure mise en place n'apporte rien de vraiment nouveau pour résorber le trop plein des accidents routiers. Il y a les adeptes de la répression à outrance sur le bord des routes et ceux qui préconisent la sensibilisation. Il est vrai que le mal est profond, et l'année 2024 s'annonce déjà comme une année noire ! Un triste constat que l'année écoulée a largement renforcé en accusant des taux de mortalité record : plus de 4.000 morts ! Loin d'être un problème algérien, les accidents de la route, sont toutefois, un véritable fléau planétaire. Selon l'OMS, ce sont près de 1,4 million de personnes qui trouvent la mort tous les ans sur les routes. L'insécurité routière est même devenue la 8e cause de mortalité, dans le monde, et un problème qu'en principe le gouvernement doit, non seulement inscrire parmi ses priorités, mais surtout proposer des solutions pour freiner l'hécatombe qui reste, surtout, la première cause de décès des jeunes de 15 à 21 ans. Les Nations unies ne sont pas restées sourdes, face à ce macabre constat et ont lancé, dès 2011, une campagne intitulée «Une décennie d'actions pour la sécurité routière», avec l'objectif de préserver la vie de 5 millions de personnes sur les routes du monde entier, d'ici à 2026. En Algérie, un ancien ministre de la Communication s'est, courageusement, faut-il le dire, saisi du problème. Toutefois, il n'a pas fait référence aux objectifs tracés par les Nations unies, mais peu importe, dès lors que l'intérêt est le même, à savoir préserver la vie humaine. Il s'est alors contenté de faire jouer aux journalistes un rôle de commentateur pour répéter, inlassablement, comme tous les spécialistes de la question, que l'augmentation des accidents est due à l'état des routes, à la défaillance des véhicules et à l'imprudence des conducteurs ! Il faut dire qu'à lui seul, il lui aurait été difficile de mettre en œuvre un plan d'action, sans empiéter pour autant sur le domaine de compétence de ses autres collègues ministres, sachant que la sécurité et la prévention routières ne peuvent trouver leur solution en dehors de la concertation et de l'intersectorialité qui les caractérisent. En effet, le renforcement de la prévention routière s'avère être une mission compliquée, puisque une telle politique implique la participation de différentes institutions, sans compter les forces de police et de la Gendarmerie nationale. Chez-nous, faudrait-il le dire, on se contente, bon an mal an, de spots pour appeler à la prudence et au respect du code de la route. Ce qui confère à l'action un sentiment de déjà vu et de déjà entendu ! Pour autant, le rôle des médias est nécessaire et la radio a tous les attributs de proximité et de rapidité pour être l'acteur de cette campagne qui aura l'avantage et le mérite d'accompagner les conducteurs algériens sur les routes et les autoroutes, en diffusant au quotidien des messages de sagesse, de retenue, de respect du code de la route et surtout de la vie humaine. En France, une enquête a été menée en 1988 sur les 15 années de campagnes précédentes de prévention routière. Elle a démontré que dans l'esprit des personnes interrogées, ces campagnes successives renvoient plus à « l'inéluctable qu'à la prévention » et que le problème est chez les autres ! Un spécialiste des politiques publiques de sécurité a écrit également que le succès d'un slogan tel que « Boire ou conduire, il faut choisir » ne doit pas faire illusion sur son efficacité réelle pour changer les comportements. Même une personne qui a déjà subi un contrôle d'alcoolémie positif aura, souvent, tendance à considérer « qu'elle maîtrise sa résistance à l'alcool, qu'elle est un bon conducteur et que ces campagnes s'adressent aux autres ». Les années suivantes, les campagnes ont été retravaillées sous un angle différent, pour impliquer davantage les usagers de la route. Les phrases-clés deviennent ainsi : « Faisons la route ensemble », « Ensemble, on est sur la même route » et « Savoir conduire, c'est savoir vivre ». L'année d'après, la campagne se disait avec des images chocs, qui montrent frontalement les conséquences d'une conduite sous emprise de l'alcool. Les responsables ont, par la suite, préféré alterner et jouer de tous les registres, y compris l'humour, estimant que, comme dans d'autres pays, le taux de mémorisation de l'humour est bien supérieur à celui de la violence. En Algérie, l'heure est grave au regard du nombre accru des morts et des blessés qu'on recense par des campagnes de sensibilisation, fussent-elles très utiles au demeurant. L'insécurité routière constitue un grand problème de santé publique dans le monde, pas uniquement en Algérie, où chaque jour au moins 12 personnes sont tuées sur la route, tandis que 178 autres se blessent. En 2014, l'Algérie était classée à la troisième place mondiale après l'Arabie saoudite et la Jordanie, en termes de décès dus aux accidents de la circulation. Avec un accident toutes les 20 minutes et un décès toutes les 3 heures, notre pays caracole toujours en tête de liste, dans ce championnat macabre, à cause du facteur humain qui est à l'origine de 90% des drames, selon tous les spécialistes et organismes, dont le Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR). Décider aussi de mettre en place une délégation nationale pour la sécurité routière tout en ayant sous la main un « Centre national de la prévention et de la sécurité routières » est susceptible d'engendrer des conflits de compétences préjudiciables aux actions et aux objectifs recherchés. De ce qui précède, l'on retient tout de même la bonne volonté des Autorités algériennes qui semblent, cette fois-ci, avoir intégré cette question de la violence routière. Question cruciale au demeurant, qui a amené des hommes d'État à s'en saisir dès leur investiture. Jacques Chirac, par exemple, peu après sa réélection en 2002, où il a inscrit dans son programme la sécurité routière, comme l'un des trois chantiers prioritaires de son nouveau quinquennat, avec deux autres thèmes plus consensuels: La lutte contre le cancer et l'insertion des handicapés ! Et son Premier ministre d'alors, Jean-Pierre Raffarin, avait affirmé, pour sa part : « On ne peut plus parler de l'insécurité routière avec des mots qui montent, mais avec les vrais mots, les mots de violence, de délinquance, les mots, quelquefois, d'assassinats !» Pour mémoire, le Président Tebboune avait instruit le Premier ministre d'alors, à l'effet de tenir, au plus vite, un conseil interministériel sur ce fléau qui, hélas, a placé l'Algérie parmi les pays les plus « accidentogènes ». Conscient de la gravité du problème, il avait fait observer une minute de silence à la mémoire des accidentés d'El-Oued, à partir de Berlin, où il participait à un Sommet sur la Libye. Depuis, la Covid-19 a pris toute la place, reléguant dans les faits divers les accidentés de la route et leur lot de désolation. À moins que le Premier ministre, Nadir Larbaoui, ne s'en saisisse de nouveau, car l'heure est grave et nos routes sont devenues bel et bien accidentogènes ! |
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