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La
présentation par Benjamin Netanyahou de la carte du «nouveau Moyen-Orient» lors
de son discours à l'Assemblée générale des Nations unies reflète une ambition
qui dépasse les frontières de la simple diplomatie régionale. Ce projet de
refonte géopolitique, basé sur la normalisation des relations avec plusieurs
États arabes, s'inscrit dans une logique d'hégémonie israélienne et de
domination politique et économique dans la région. Derrière ce processus de
normalisation, se cache une intention plus profonde : celle de redessiner
l'échiquier moyen-oriental en faveur d'Israël, tout en marginalisant la
question palestinienne.
Netanyahou ne fait pas promouvoir la paix, il cherche à imposer une réorganisation stratégique qui renforcerait la position dominante de cette entité, soutenue par un vaste projet américain. Ce «nouveau Moyen-Orient» fait écho à des tentatives passées, souvent dictées par des puissances coloniales cherchant à redessiner les frontières pour asseoir leur influence. L'histoire du Moyen-Orient est jalonnée de telles interventions, du partage de l'Empire ottoman après la Première Guerre mondiale, aux interventions américaines et européennes au cours du 20e siècle. La carte que présente Netanyahou s'inscrit dans cette continuité de manipulation des frontières pour favoriser des intérêts extérieurs. Ce projet, présenté comme une avancée vers «la paix», repose sur l'exclusion des Palestiniens et la tentative d'ignorer leur résistance à l'occupation, qui dure depuis plus de sept décennies. La carte des sionistes n'est pas seulement un document géographique, mais une vision politique. Derrière elle, se profile un agenda qui converge avec les intérêts stratégiques américains au Moyen-Orient. Après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis ont intensifié leur influence dans la région sous le couvert de la «guerre contre le terrorisme». Cette guerre a servi de prétexte pour redéfinir les alliances, renforcer certains régimes autoritaires et légitimer des interventions militaires qui ont souvent exacerbé les tensions régionales. Le projet du «Grand Moyen-Orient» proposé par les États-Unis avait pour objectif de remodeler les régimes politiques en place, sous prétexte d'instaurer la démocratie, mais aussi de garantir une influence continue sur les ressources énergétiques et les routes stratégiques. La carte présentée par Netanyahou résonne donc comme une suite logique de cette politique américaine. La normalisation avec certains pays arabes, comme les Émirats arabes unis, Bahreïn, Maroc et potentiellement l'Arabie saoudite, est orchestrée sous l'égide des États-Unis, qui cherchent à renforcer un axe pro-occidental face aux mouvements de résistance dans la région. Ce processus vise à isoler la résistance palestinienne et à contenir ses alliés, tout en ouvrant la voie à une intégration régionale d'Israël. Ce projet ignore les réalités historiques et politiques du Moyen-Orient, notamment l'importance de la Cause palestinienne pour la stabilité de la région. L'opération «Déluge d'Al-Aqsa», lancée par le Hamas en octobre 2023, s'inscrit directement en réponse à ces tentatives de liquidation de la Cause palestinienne. Pour le Hamas, et d'autres mouvements de résistance, cette normalisation équivaut à une trahison de la lutte palestinienne, un abandon des droits des Palestiniens et une reconnaissance tacite de l'occupation israélienne. L'action militaire du Hamas vise à rappeler que toute tentative de paix qui exclut les aspirations légitimes du peuple palestinien est vouée à l'échec. La résistance palestinienne, qu'elle soit politique ou armée, ne peut être ignorée dans la construction d'un avenir pour le Moyen-Orient. Le projet de paix proposé par Netanyahou repose sur une illusion : celle que la force et les accords bilatéraux avec des États arabes suffiront à garantir la sécurité et la stabilité. Cette approche de «paix par la force» ignore les souffrances quotidiennes des Palestiniens sous l'occupation, leur dépossession, ainsi que l'importance de leur cause pour une grande partie des peuples arabes et musulmans. Elle néglige également les réalités historiques de la région, marquées par des décennies de résistance à l'oppression coloniale et à l'occupation étrangère. La paix ne peut être imposée par des cartes redessinées ou des alliances stratégiques ; elle doit être fondée sur la justice, la reconnaissance des droits des peuples, et la fin de l'occupation. L'alliance actuelle entre certains régimes autoritaires arabes et Israël, sous le parrainage des États-Unis, révèle un autre aspect préoccupant. Ces régimes, qui cherchent à maintenir leur pouvoir face à des aspirations populaires de liberté et de justice, voient en Israël un allié dans la lutte contre l'influence de l'Iran et des mouvements islamistes. En s'alliant avec Israël sans obtenir de concessions sur la question palestinienne, ces régimes risquent de perdre leur légitimité aux yeux de leurs propres populations. La question palestinienne reste un point de ralliement crucial pour beaucoup dans le monde arabe, et ignorer ce fait pourrait entraîner une déstabilisation interne. En fin de compte, le projet de «nouveau Moyen-Orient» présenté par Netanyahou, en collaboration avec les États-Unis, n'est qu'une énième tentative d'imposer une hégémonie étrangère dans une région qui a longtemps souffert de telles interventions. La paix véritable dans cette région ne pourra émerger que lorsque les droits des Palestiniens seront pleinement reconnus, et que les aspirations légitimes des peuples du Moyen-Orient à l'autodétermination et à la justice seront respectées. Tant que ces éléments seront ignorés, toute carte ou accord sera voué à échouer, face à la réalité de la résistance et des luttes pour la liberté. |
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