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Dialogue culturel ou compromis d'identité ?

par Mustapha AGGOUN

La diffusion de séquences vidéo montrant la soirée de Jennifer Lopez en Arabie saoudite a secoué bien des esprits, car elle a mis en lumière une forme de spectacle qui semblait tout droit sortie des scènes flamboyantes de Las Vegas, bien éloignée des valeurs et des coutumes saoudiennes. Cela soulève des questions profondes : est-ce véritablement l'amour de l'art, le désir de transmettre une culture ou encore l'aspiration à un développement intellectuel qui motivent ce genre de représentations ? Ou bien est-ce un moyen désespéré de se rapprocher de l'Occident, de le séduire ou d'obtenir son approbation ?

Il est légitime de se demander quel message l'Arabie saoudite cherche à envoyer en organisant de telles soirées. Est-ce une tentative pour effacer les préjugés et les stéréotypes que l'Occident entretient à l'égard de l'islam et des sociétés arabes ? Peut-être espère-t-elle, en adoptant les codes d'un divertissement jugé «moderne», redorer son image. Pourtant, l'illusion est naïve. Les racines des préjugés de l'Occident ne s'effaceront pas à travers des spectacles qui semblent renier l'authenticité culturelle. Le regard que portent les sociétés occidentales sur l'islam, forgé par des siècles d'incompréhension, de préjugés et de condescendance, ne peut pas être transformé par des paillettes et des danses. Vouloir se dissocier du terrorisme et lutter contre l'extrémisme sont des combats nobles et justes, indispensables à toute société moderne. La solution ne réside pas dans une rupture radicale avec les fondements moraux et les valeurs culturelles profondes de la société saoudienne. La société saoudienne mérite une voie qui honore ses valeurs tout en rejetant la violence et l'intolérance. La grandeur de la culture saoudienne ne peut s'explorer dans un extrême ou un autre. Elle existe dans l'équilibre : ni dans la répression aveugle, ni dans une course effrénée vers une modernité superficielle.

L'Arabie saoudite, comme tant d'autres nations musulmanes, possède une richesse culturelle unique, une poésie, une musique et un art qui peuvent être des ponts bien plus solides vers une compréhension mutuelle. Le vrai développement culturel et intellectuel ne naît pas des compromis forcés ni des imitations. Il émane d'un espace où la culture est vécue, où les valeurs sont respectées et où l'art est authentique. Le Liban, pays de contrastes et de passions, terre où cohabitent des cultures, des religions et des arts en une fusion presque mystique, a toujours été le symbole d'une ouverture culturelle et d'une tolérance artistique rare au cœur du monde arabe. Malgré son occidentalisation, malgré sa résilience et son inébranlable esprit de coexistence, le Liban n'a pas été soutenu par la communauté internationale lorsque des vagues de bombes s'abattirent sur lui. Quand les sionistes ont décidé de le frapper, de semer la terreur dans ses rues, L'Occident est resté presque silencieux. L'indifférence a pris la place de la solidarité. Les destructions, les souffrances et les vies brisées n'ont pas suscité la même vague d'empathie et d'indignation qu'a connu l'Ukraine...