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Les drames partagés

par Abdou BENABBOU

L'éden de la Costa del Sol s'est transformé ces derniers jours en enfer. La région espagnole de Valence fortement touristique a connu un cataclysme et elle mettra des années pour se relever. Son tourisme subira sévèrement de sérieux à-coups et contrariera l'attrait d'une région ibérique déjà malmenée par une agriculture en souffrance et par le fléchissement de son commerce et de son industrie.

Démoniaque sort que celui qu'inflige la nature à des êtres extraits de la douceur de vivre pour les mettre au niveau de tous les désespérés des quatre continents ! Elle tient absolument à ce que les drames soient partagés sans distinction des lieux et des cieux. Les tranquilles rives maritimes de la Méditerranée se rebiffent dans l'entremêlée des saisons et les monstrueuses inondations ne trient plus leurs adresses pour que le monde entier soit inscrit dans le même registre des catastrophes.

Le déluge des pluies et les crues qu'il a provoquées ont fait plus de 200 morts et un nombre incalculable de disparus dans une région espagnole où le soleil n'avait pas de familiarité avec la discrétion. On a de la peine à croire que la chute d'une année de pluie en une journée soit seulement due au dérèglement climatique. Le maléfice serait l'œuvre d'une nature qui a entamé un désappareillage pour que les points cardinaux se désengagent de leurs axes.

La mer Méditerranée n'est plus un lac et les déserts sahariens prennent la tangente pour aller se fixer sur les légendaires contrées fertiles et verdoyantes.

Prises au dépourvu, les populations mondiales ne savent plus qui choisir entre les mages et la fortification des digues. Hagardes et désappointées, elles s'en remettent aux prophéties et aux incantations des messies.

La science et l'intelligence humaine semblent vaincues en baissant les bras contre un phénomène planétaire et n'ont que le loisir de tenter de sauver les meubles. Elles gardent les yeux rivés sur une fantomatique couche d'ozone faute de pouvoir dégager le grand avaloir qu'est devenu le monde.