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Génocide accompli

par Abdelkrim Zerzouri

En parallèle aux assauts militaires contre Ghaza et le Liban, Israël mène une autre guerre diplomatique, «seul contre tous» sur ce front. Ses plus proches alliés ont tenté de le dissuader de franchir le pas vers une interdiction des activités de l'UNRWA, enfin d'après les déclarations de responsables américains, français, britanniques et allemands, véhiculées par les médias, qui auraient mis en garde le gouvernement Netanyahu de s'enfoncer dans ce couloir, mais l'entité sioniste est restée sourde à ces appels qui l'exhortaient à la retenue. Lundi 28 octobre, la Knesset a voté en faveur du projet de loi interdisant les activités de l'UNRWA, sur «son» sol.

L'Agence onusienne, créée en décembre 1949 par l'Assemblée générale de l'ONU, devrait plier bagages et disparaître du champ des radars israéliens dans un délai de 90 jours. Une véritable catastrophe humanitaire touchant des millions de réfugiés palestiniens, précisément quelque 6 millions de réfugiés palestiniens enregistrés dans cinq zones d'opérations de l'UNRWA situées en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Cisjordanie, y compris El Qods, et Ghaza. Pour les causes apparentes, l'UNRWA est dans le collimateur des israéliens depuis plusieurs mois, accusée de servir de couverture aux éléments du Hamas et ses membres ciblés par des attaques meurtrières, mais dans le fond l'entité sioniste voit plus loin, cherchant à éloigner de la scène du crime tout témoin gênant. C'est ce qui a été fait avec la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, qui a reçu des ordres de quitter les zones du Sud Liban dès les premières attaques contre le Hezbollah, sans l'inclure dans ce projet de loi qui concerne spécialement l'UNRWA. Un double défi contre l'ONU et les ordres de la Cour internationale de justice (CIJ). Car, à la suite de l'interdiction des activités de l'UNRWA, le génocide à Ghaza en cours d'accomplissement n'est plus seulement « plausible », comme l'a jugé la CIJ, mais un génocide accompli, dans toute sa définition. Sur un autre plan, cette interdiction des activités de l'UNRWA est assimilée à une occupation de fait de toutes les zones où se trouvent les réfugiés palestiniens, puisque la loi votée par la Knesset précise bien que les activités en question sont interdites sur « son » sol. Le plan du gouvernement Netanyahu est aujourd'hui clairement affiché, l'entité sioniste cherche à occuper et contrôler militairement tous les territoires palestiniens, en sus des zones frontalières avec le Liban, la Jordanie et la Syrie, où vivent des réfugiés palestiniens. Un plan en cours d'exécution sur un terrain miné, où les faux pas risquent de faire sauter les stratégies les plus perfectionnées.