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Le pseudonyme, protection ou manque de courage ?

par Sid Lakhdar Boumediene

Les pseudonymes inondent Internet dans les commentaires laissés par les utilisateurs des réseaux sociaux. J'ai toujours été interrogatif sur ce phénomène, voire agacé et fortement accusateur d'un comportement dont la raison m'échappe. Mais pourquoi cette pratique de l'anonymat ?

Essayons d'abord d'en analyser les raisons les plus connues avant de revenir au grand courage de ceux qui l'utilisent sur les très nombreux réseaux sociaux. Attention, ne pas se méprendre, la majorité des Internautes le pratiquant ne sont pas à blâmer mais seulement ceux qui l'utilisent avec des raisons peu louables. Ils sont hélas de plus en plus nombreux.

Tout le monde sait que prendre un pseudonyme est une pratique ancienne dans les œuvres littéraires. La liste est longue pour ceux qui ont en pris un. Nous avons tous connu au collège l'un des plus célèbres dans les œuvres classiques, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière.

Il serait impossible de tous les citer et pour la plupart nous ne le savions pas encore à l'époque de notre jeunesse. Geoge Orwel, Marguerite Duras ou Guillaume Apollinaire ont été de ceux-là. Mais alors pourquoi ces pseudonymes pour un anonymat qui me semble souvent très curieux ?

Il faut même dire que pour la littérature on pourrait accuser l'éditeur de tromperie car c'est un mensonge sur l'identité de l'auteur. C'est comme cela que je le perçois même s'il n'y a aucune illégalité dans cette pratique.

Plusieurs raisons se devinent par n'importe qui d'entre nous, des plus légitimes jusqu'aux plus contestables. Citons certaines des plus connues.

La crainte de dévoiler son identité par les représailles des censeurs de la moralité. Le refus de voir apparaître son nom dans une pratique qui a été longtemps condamnée par la société bien pensante et les familles (le théâtre par exemple). Le souci que comporte le nom lui-même pour diverses raisons comme l'origine étrangère qui le rend difficile à lire et à retenir. Ou un nom qui serait trop long, connoté, homonyme à un autre ou tout simplement ambigu dans son sens.

Tout cela étant exposé, pourquoi sur Internet ?

L'indispensable anonymat pour des raisons de risque politique ? C'est assez curieux car si la raison de protéger l'action clandestine est légitime, celle de proclamer et diffuser les idées est incompréhensible. Effectivement, on conçoit que l'anonymat protège du danger, il est stupide d'en utiliser lorsqu'on veut adresser un message politique à une communauté ou à un peuple. L'incarnation du discours est l'une des bases du message politique. Et, franchement, est-ce le lieu de le faire dans des chats en-dessous des articles ?

Pour protéger son identité par crainte pour une raison familiale ou professionnelle ? Alors, la majorité des libertés individuelles seraient sous contrôle par les deux entités ?

Parce qu'on aurait honte de son vrai nom ? Celui qui en a honte devrait également avoir honte de ce sentiment. Parce qu'on s'exprime dans des sites qui ne sont pas conformes à la bonne moralité qu'a décidé une société à la place des personnes qui les consultent ? Dissimuler son nom en n'assumant pas sa liberté en ce domaine revient à confirmer qu'ils sont immoraux.

Pour des raisons de marketing ? Il est peu probable qu'elles se conçoivent dans les discussions sur Internet. Les influenceurs n'insultent pas mais préservent les clients qui sont assez stupides pour faire de leurs paroles des vérités de choix en tous domaines.

Ainsi, si je peux comprendre certaines situations qui le légitiment, j'ai une forte conviction de me positionner sur une raison de manque de courage. Dans l'anonymat on peut déverser toutes les insultes les plus abjectes, sans raison et sans avoir à les assumer en son vrai nom.

Dès le départ de la parole, on vous lance à la figure une violence des mots, souvent d'une vulgarité sans retenue. Puis, selon les personnes, on lit une avalanche de références qui veut vous prouver un niveau intellectuel dont votre texte serait dépourvu.

L'anonymat est pour moi l'expression d'une grande lâcheté à assumer sa violence verbale et ses insultes. C'est une habitude qui est devenue un réflexe. Et puis, même avec des raisons louables ou d'humour, comment voulez-vous prendre au sérieux un message de tonton flingueur.

Si un jour il me prenait de prendre un pseudo pour rédiger un article, j'en ai déjà choisi un, doublerzéro7. C'est chic, non ?