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Ces ministres que l'on souhaite

par El Yazid Dib

À l'entame de son nouveau mandat, le Président Tebboune décide de s'investir dans l'exploitation d'une nouvelle engeance de ministres. Les indices primaires de la bonne gouvernance corroborent idéalement ce choix décisif. En fait, l'on n'a pas besoin de ceux qui parlent beaucoup, qui s'affichent trop, qui font d'une simple réunion de travail ou d'une séance d'installation de cadres, une activité sectorielle que l'on voudrait prendre pour action de programme. Le pays reste en quête, non pas de célébrités, de champions ou de bardés de diplômes mais du sens de la gouvernabilité et de la maîtrise de gestion. Rien n'indique, managérialement, qu'un professeur émérite en médecine puisse mener à bien l'avenir de la Santé publique. Ni un studieux recteur, conduire le rêve universitaire. Pas d'équation entre une formation de base et un emploi précaire.

Jeune ou vieux, être ministre est d'abord une conscience et un talent. De l'instinct et de l'entrain. Ce n'est pas un métier ou une profession ordinale, c'est plus qu'un engagement révolutionnaire. Un ministre botté, ouvrier et pas toujours en col blanc.

C'est dire qu'un technicien de haut niveau n'est pas forcément un meneur de projets de société. Et l'homme d'Etat ne provient pas toujours de l'homme politique.

C'est ainsi qu'il est judicieux, aussi paradoxal que cela puisse paraître, de dépolitiser la fonction ministérielle. De la départisaniser. Les partis ne donnent plus rien. Ils sont dans la phase finale de la ménopause.

Il y a de ces ministres qui d'un populisme obsolète ont voulu en faire un mode de gérance. On n'a pas que des faux sourires et des embrassades à donner ou des changements à effectuer. Un ministre en « visite de travail et d'inspection» ne vient pas écouter le problème. Il en rapporte la solution. Il doit répandre la lumière, comme un éclairage public dans une zone enténébrée.

Ainsi, les ministres dont le pays a besoin, dans cette phase cruciale, seront ceux qui ne perdront pas, une fois nommés, le citoyen qui couvait en eux. Qui sauront aller jusqu'au détail des évidences comme le fait le Président, toucher de près les défis et les attentes. Aller dans le pot et non tourner autour. Un ministre n'est pas fait pour inaugurer un siège ou une école coranique, ou agiter un fanion de lancement d'une campagne de labour, de distribution de bennes tasseuses. Il doit agir sur l'immobilisme, ne s'efforce pas à plaire, être fin décideur et non demandeur d'avis, pouvoir rétablir la confiance, savoir ce vers quoi tend le souci du citoyen. Bonheur, justice, égalité, dignité, liberté, protection.

Et pour cerner valablement ce profil, ne faudrait-il pas le puiser dans l'expérience du corps des walis, anciens ou en poste ? Pas tous. Pas ceux qui s'exhibent, gueulent et bombent le torse. Car ce corps est tout de même bien collé aux réalités, au terrain, au quotidien, aux rêves et aspirations de ses administrés. C'est du wali que s'imprime, en fait, le travail d'un ministre.