Quand l'Occident toussait, le monde entier attrapait la grippe. Or en ce moment c'est lui qui est grippé et l'ensemble des indicateurs de son économie montrent que sa maladie est sérieuse. Le hit-parade des puissances n'est plus au classement de leurs prouesses économiques mais aux décomptes des faillites pour que l'attention et la première préoccupation ne soient accordées qu'aux comparaisons des dettes publiques.

Le paradoxe mondial du moment est que d'un côté la hantise est à la recherche d'argent en licenciant comme remède des milliers de travailleurs et d'un autre on gonfle les budgets d'armements avec une imbécile démesure. Seuls les marchands d'armes demeurent dans la parade. A croire maintenant que le fusil et le canon sont les uniques nourritures pour des populations entières en voie de désœuvrement.

Ses maux sont si significatifs et si corrosifs qu'ils dénaturent jusqu'aux fondements de sa culture et plusieurs assises de sa civilisation.

Il va de soi que le monde n'est plus qu'un petit village. Tout y est contagieux et les épidémies deviennent très vite des pandémies. Quand elles sont économiques, chaque pays est tenu d'endosser sa part d'affres et de subir ses griffes.

Les Algériens n'ont pas eu le loisir et le bonheur de sortir du lot. Ils souffrent eux aussi des marécages boueux des marchés et de la consommation. Mais aucun d'eux ne meurt de froid et de faim. Contrairement à chez de nombreux autres, la nourriture n'est pas à chercher dans les rebuts des supermarchés et dans les poubelles. Toutefois la mesure ne doit pas être circonstancielle. L'avenir du monde s'annonce sombre et le plus dur est à venir. Aussi dures qu'elles pourraient l'être, la résistance et la difficile pondération sociale cultivées actuellement doivent se maintenir. Pour peu que l'on apprenne à renforcer les armes absolues que sont l'humilité, la concorde et la patience.