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Commerce: «buzz» médiatique et marketing

par Belkacem Ahcene-Djaballah

On a eu d'abord le couscous, puis la limonade, puis le melon, puis la pastèque, puis le raisin, puis depuis peu du camembert et je ne sais plus quels autres produits nationaux “exportés” soit par conteneurs soit par cabas, parfois de manière déclarée et réglementaire (respectant ainsi les lois et textes de notre pays et du pays destinataire), soit de manière non-réglementaire .Ici, point de dessin et d'explications, chacun comprenant l'allusion que beaucoup estimeront perfide et a-patriotique.

On a eu, tout récemment, une pâte (chocolatée et à la noisette ) à tartiner algérienne ... qui s'est vite retrouvée , en France (et ailleurs) , c'est-à-dire là où le marché est le plus porteur étant donné la très forte concentration de (bi-) nationaux, occupant le haut des étals ...à des prix bien souvent fous... malgré la présence de produits locaux pourtant bien implantés dans le marché. Parallèlement , les étals nationaux se retrouvaient brusquement (jusqu'à ce jour, en tout cas dans la supérette de mon quartier, auparavant très bien et régulièrement fournie!) orphelins du produit en question.

A travers les réseaux sociaux puis les médias traditionnels, nationaux et français, on en a fait “tout un plat”, ce qui au départ n'a fait qu'augmenter la curiosité ...et la demande...même outre-Atlantique.

Plus particulièrement en France, le sacrilège étant trop douloureux pour la “fierté gauloise”, on a vite fait de “trouver” la faille réglementaire...un composant de ladite tartine n'étant pas, disent-ils, “européen”. Et, donc, d'interdire l'accès de notre pâte à tartiner nationale au territoire français...et européen. Exit cabas et/ou conteneur! Et, les étals nationaux se retrouvant toujours orphelins du produit en question.

Bien sûr, globalement, et patriotiquement, on ne peut qu'être plus que fier de voir NOS produits de large consommation gagner les faveurs des consommateurs en dehors de l'Algérie. Encore que l'engouement ne date pas d'aujourd'hui...nos produits (les viandes y compris) bien que parfois, nous dit-on, ne répondant pas fidèlement aux normes sévères “imposés” par les pays occidentaux , sont très prisés car encore “bios” et/ou gorgés de nature ensoleillée.

Hélas, le commerce international, très dominé par des multinationales, tout particulièrement au niveau des marchés locaux occidentaux, reste difficile à “pénétrer” tant il est blindé par des textes et des normes taillés sur mesure au bénéfice des “premiers arrivés” et de leurs “amis”.

Cela ne veut aucunement dire qu'ils sont impénétrables, tant il est vrai que les modes de consommation et les demandes sont en train d'évoluer et qu'il faille baisser les bras. La lutte continue! En fait, pour moi, la problématique de base se trouve au niveau du marketing entrepris pour conquérir les estomacs (mais pas que!). Un marketing qui doit puiser ses réflexions et ses bases non dans les “buzz” toujours passagers et changeants des réseaux sociaux suscités par des commerçants assez actifs et entreprenants, il est vrai, et qui savent exploiter les filières du commerce transfrontières, mais dans des stratégies étudiées et ordonnées qui maîtrisent, durablement, tous les aspects: économiques, juridiques, sociétaux, psychologiques... des marchés étrangers et des gisements de consommateurs recherchés. Des organismes officiels existent et il faut les exploiter. Des compétences et des bureaux d'études privés nationaux aussi. Bien sûr, tout ça après avoir contenté nos estomacs!