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Les migrants et l'insécurité dans les esprits

par Abdou BENABBOU

L'histoire a tout l'air de se répéter. Ce ne sont pas les quelques déclarations de rassurance de douteux experts économiques ou de politologues isolés et peu convaincants qui pourront effacer les signes avant-coureurs d'un retour aux trois premières décennies du 20ème siècle. Le nazisme relève la tête dans plusieurs pays et ne se cache plus dans la clandestinité où l'on pensait l'avoir mis dans une définitive hibernation. Mieux, il parade, fort et stimulé, comme dans le passé, au sein de plus en plus de sociétés plongées dans une insoutenable indigence, enclines à se livrer poings et pieds liés aux chants des sirènes des trompeurs populistes.

Les radicalismes politiques ont repris du poil de la bête et avec les dictatures, de différentes formes et de faces, ont réussi un mariage contre nature pour que la démocratie ne soit qu'un kaléidoscope déroutant. Une arme de séduction tranchante et changeante pour garantir toutes les populaires ivresses, même si les fusils sont sur les têtes pour laisser planer un hypothétique espoir pour une vie meilleure.

Lasse et désespérée, la majorité des peuples en difficulté d'existence, réceptive aux rêves, a tendance à se laisser gagner par les promesses. De mieux en mieux visible, son adhérence s'étend en Europe. La sécurité serait le maître mot d'un grabuge qui la secoue avec force.

Aux mêmes causes, les mêmes effets. Dans l'Allemagne hitlérienne la nécessité de sécuriser la population a servi de premier prétexte pour permettre à l'ignominie de causer plus de 60 millions de morts dans le monde. Aujourd'hui les migrants sont mis à l'index et se voient porter sur le dos toute la décrépitude d'un monde en détresse. On en a fait le premier ennemi, sinon le seul. A contrario, la mauvaise foi s'illustre à voiler une lente dégénérescence économique et sociale en restreignant l'intitulé de l'insécurité dans le seul périmètre de l'immigration alors qu'elle loge dans toutes les demeures. Elle est dans les âmes, les corps et les esprits des populations dans la difficulté de vivre. A l'identique des premières décennies du 20ème siècle quand les catastrophiques bravades du nazisme s'étaient déployées.