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Handisports : de l'ombre à la lumière

par Belkacem Ahcene Djaballah

Bien sûr, on a tous suivi de près le déroulement des Jeux Olympiques de Paris (2024), et tout particulièrement les disciplines ayant vu les Algérien (ne)s briller en décrochant deux médailles d'or et une médaille de bronze.

On a, aussi, par la suite, suivi, mais avec encore plus d'émotion, les Jeux Paralympiques, certes pour suivre nos athlètes engagés (à peine 26 au milieu de 4.400 athlètes et 186 délégations pour 22 disciplines et 549 épreuves, mais 25ème au classement général, 1re en Afrique et dans le Monde arabe). Mais surtout parce qu'ils sont venus réveiller, en notre beau «pays des grands oublis», des souvenirs enfouis dans un passé sportif quelque peu archivé. C'était le temps de la grande et belle «aventure» (j'y ai modestement participé) de ce qui étaient dénommés alors les «Sports pour handicapés et inadaptés», regroupés au sein de la «Fédération» ASHI), les sourds-muets et les malentendants ayant leur propre organisation sportive. Au tout début des années 80.

Créée et dirigée par Omar Aïdoud (Paix à son âme !), elle était abritée dans un petit garage prêtée du côté d'El Biar et elle ne regroupait qu'une dizaine de volontaires, jeunes hommes et jeunes filles (dont des animateurs-éducateurs de la Maison des Jeunes de Bir Mourad Raïs, alors très active des encadreurs qui firent, par la suite, les beaux jours de certains clubs du Golfe et avec l'incontournable Mumus, Mustapha Boufella-Paix à son âme !-, l'ex-champion de France de para-escrime, devenu par la suite, jusqu'à son décès, un habitué des plateaux de la Télévision nationale, mobilisés tout particulièrement les fins de semaine. Si mes souvenirs sont encore bons, il n'y avait pour tout matériel que quelques ballons destinés au goal-ball et trois ou quatre «tandems» destinés au cyclisme pour non-voyants.

Peu, ou presque pas, de moyens matériels et financiers mais énormément de volonté, d'engagement et de disponibilité. Il est vrai que le champ d'action, en ces temps -là, se limitait surtout à Alger et ses environs, avec l'organisation et l'animation de sorties au bénéfice, entre autres, des non-voyants de l'École d'El Achour et de handicapés divers de certaines daïras. Je me souviens, tout particulièrement, des actions d'animation et de sensibilisation des environnements au niveau des placettes de Hussein Dey et d'El Biar, et en été, à Tipaza.

Plus de quarante ans après, et après bien des mé (-aventures), les succès et les croissances générant toujours d'autres «envies», la bonne récolte est là, avec une flopée d'Olympiens et une bonne fournée de médailles (11 podiums au total dont 6 en or et 5 en bronze, venant ainsi juste après les Jeux d'Athènes en 2004 : 13 médailles dont 6 en or, 2 en argent et 5 en bronze). Tous à féliciter et à honorer, bien qu'il reste encore beaucoup de progrès à faire tant au niveau de la prise en charge sportive, au niveau des clubs, de l'ouverture sur d'autres disciplines sportives jusqu'ici méconnues chez nous (Boccia, rugby, basket, taekwondo, natation, tennis fauteuil, volleyball assis, tir à l'arc, cécifoot...) qu'au niveau de la prise en charge sociétale, le handicapé restant encore le parent démuni d'un environnement préoccupé surtout par les «exploits» des valides. Les Jeux paralympiques de Paris qui ont connu un très grand succès populaire (2,5 millions de billets vendus ou alloués), peut-être les plus compétitifs de leur histoire, ont été la plus belle des réponses aux indifférences et aux «harcèlements» encore visibles et/ou subis, soit à l'école, soit dans la rue, soit dans les transports, soit même dans l'environnement familial.

Ps : Tout en espérant que les succès enregistrés ne soient pas qu' « une parenthèse enchantée», il faut espérer voir nos médaillés (et leurs entraîneurs) des Jeux paralympiques être récompensés au même niveau (et,pourquoi pas, bien plus étant donné leurs efforts surhumains et aussi et surtout leurs besoins, les matériels coûtant assez chers : un fauteuil «actif» affiche un prix allant de 1.000 à 10.000 euros et celui des prothèses de compétition va de 5.000 à 30.000 euros) que les médaillés des Jo. Ne pas oublier que Quassamen a retenti, à Paris, 6 fois (au total 33 fois depuis la toute première participation en 1992, à Barcelone, pour un total de 96 podiums en 9 participations), ce qui n'est pas rien comme cadeau à la nation, en ce 70ème anniversaire du déclenchement de la lutte de Libération nationale. La flamme doit, donc, être impérativement entretenue.