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L'épidémie des grèves

par Abdou BENABBOU

Les analystes et les analyses ne manquent pas pour expliquer l'inflation et la crise économique mondiale qui n'épargne aucun pays. Les doigts sont pointés sur une variété d'acteurs grandement coupables pour dénoncer l'indocilité du climat et la putrescence généralisée que causent les guerres et les conflits. L'évidence des griefs a de quoi tenir, mais en fin de compte, l'importance des dégâts hérités ne donne qu'un visage vague des donateurs de réelles tragédies.

Il n'est pas étonnant dès lors que la difficulté pour cerner le levain des perturbations profondes que subit le monde entier s'expose surtout dans son entièreté dans le monde du travail. Par ricochet, on les retrouve dans les marchés et chez les ménages dans l'impossibilité de se mettre au niveau du coût incendiaire des prix. La revendication par son germe humain tout en étant légitime est entachée par le simplisme de son élan. Plus qu'un droit, il serait une exigence de secours face une existence difficile dont on ne maîtrise pas totalement l'origine des maux que l'on supporte.

Dans une logique élémentaire et primaire, la majorité des travailleurs du monde s'en remettent à leurs gouvernants les accusant d'être responsables de leur dégradation sociale. S'en est suivi une épidémie de grèves et d'émeutes débouchant parfois à la déconfiture des gouvernements. Certains dénichent des sources utiles à déterrer, les autres ne peuvent que garder les bras croisés.

La vindicte, devenue systématique, a toutes les raisons d'être quand elle naît dans un cercle économique et quand le déséquilibre entre le fruit cueilli grâce aux travailleurs et la valeur de leur sueur est flagrant. Mais dans de nombreux cas, la charge de la responsabilité politique repose sur des dos fragiles d'élus et d'acteurs désignés, eux-mêmes embastillés dans des calculs politiques et économiques impossibles. L'étau devient alors si fort que les Etats soumis au jeu des compromis cèdent au méfait de la compromission. Le résultat n'est jamais à la faveur de la saine économie et encore moins à celle des travailleurs.