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Le Beau est-il Bon ?

par Belkacem Ahcene Djaballah

Bien sûr, comme on dit, il y a l'homme et il y a son œuvre. Bien que cela ne doit pas être accepté aveuglément. Les esprits ou les âmes des deux peuvent ne faire qu'un, avec l'auteur physique de leurs jours.

Indéniablement, notre homme a été l'un des plus grands acteurs (acteur, pas comédien, insiste-t-il) du cinéma français et européen des années 60-70-80 et 90. Avec des rôles à couper le souffle et dignes d'être enseignés dans les écoles de cinéma.

Il est certain que le talent de cet homme n'a pu exprimer pleinement sa grandeur qu'en raison de la présence de réalisateurs encore plus talentueux.

Bien sûr, cet homme, considéré (et, il l'est effectivement) comme un des plus beaux et des plus attirants du monde, a connu tellement de succès auprès de la gent féminine que l'on a vu, ailleurs et même chez nous, bien des jeunes, «chanceux» physiquement , emprunter ses façons de se mouvoir, de s'exprimer et de conquérir Jean-Paul Belmondo, Brialy, James Dean, Marcello Mastroianni et bien d'autres «périmés», enfoncés ! Guerrouabi, Lamari, Kouiret, Agoumi et bien d'autres, nos beaux gosses ignorés.

Bien sûr, cet homme n'a jamais - d'après ce que j'ai lu et entendu- eu des comportements ou émis des propos à l'encontre de l'Algérie et des Algériens. On l'a même vu et entendu, un jour, en 2010 je crois, conseiller l'encor jeune Karim Benzema.

Tout ceci dit, côté jardin. En fait, le côté visible.

Côté cour, cet homme s'est toujours déclaré politiquement de droite et ce, jusqu'à son extrême. Il est vrai que son passage dans l'armée, en Indochine alors colonisée par la France, sa prime jeunesse de «gigolo», presque souteneur, puis sa proximité avec J-M Le Pen (Fn) et Sarkozy «l'homme au Kärcher», ainsi que ses mauvaises fréquentations dans le monde de la pègre et du jeu (l'auréolant d'une «légende noire», bien que sa cicatrice au menton était due à un accident de voiture et non à une bagarre) ont produit un narcissique qui a aimé (comme BB, son amie) - en plus de l'argent - les animaux (surtout les chiens et les chevaux de course ) plus que les humains, ses compagnes - pour la plupart séduites et abandonnées - et, parfois, ses enfants y compris.

Son culte du froid, du beau et du fort relève bien d'une forme de rejet ou d'une non-acceptation de l'autre; bref, un«raciste» doublé de «sexiste» (en mai 2019 une organisation américaine ‘Women and Hollywood' avait lancé, contre lui, une pétition en raison de ses propos sur les femmes et les immigrés en France) qui s'ignore pour les besoins d'une image extérieure lisse, marketing oblige. Car ne pas oublier que c'était aussi un grand et redoutable «homme d'affaires», à la tête d'une très belle fortune, et que bien des produits de large consommation , dont certains de ses films, sont produits et commercialisés à travers le monde sous son nom.

Eh bien, tout ceci est oublié, gommé en France, et c'est normal.

Mais, que les côtés sombres du personnage soient occultés en Algérie, et que la star soit encensée, chez nous, sans discontinuer, à longueur d'émissions et d'articles de presse , aussi bien en arabe qu'en français, cela relève bien d'un comportement inexplicable. Le culte du beau, du fort et le mépris du bon et de l'honnête ? Propos d'un «jaloux» qui se perd en interrogations sur l'état mental d'une partie de notre société et de nos «observateurs sociaux» que sont les journalistes? Peut-être. Il est vrai qu'il faut bien «remplir» les pages et les temps d'antenne, l'actualité nationale ne suffisant pas ou plus.