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Des femmes et des enfants dans la tribune, un nouveau rite

par Abdou BENABBOU

Le retour de l'équipe nationale de football à Oran n'a pas seulement été une manifestation sportive routinière comme on avait l'habitude de vivre. Le nouvel épisode de jeudi dernier ne s'est pas limité à offrir une confrontation entre deux équipes footballistiques africaines, mais le rassurant et meilleur des spectacles était dans les tribunes pour affirmer une mue sociale qui s'étend. Jamais auparavant femmes, enfants et familles entières n'ont été aussi présents pour l'affirmation du retour d'une culture de loisir disparue depuis longtemps et pour surtout démontrer que la société algérienne a repris goût à la saine respiration.

Hautement démonstratif dans la joie, l'événement non anodin a été le signe poignant d'un élan de libéralisation de la part d'une population qui s'est mise depuis quelque temps dans la recherche des évasions familiales nocturnes. Les chaleurs étésiennes aidant, les familles algériennes ont pris désormais attache avec la douceur des nuits à la belle étoile pour se confondre avec les rites et les cultures de nombreux pays qui tiennent à donner un sens de décrassement et de détente à la nuit. Comme au Caire ou à Barcelone, les commerces se sont adaptés et les terrasses des crémeries et des restaurants se sont attribué un nouveau look pour que la cité adopte une évidente rassurance. Le mouvement social que l'on n'attendait plus hier encore, est le premier signe de tranquillité et de paix.

D'aucuns verront là la contrainte de la canicule et l'exiguïté des habitats dans ce phénomène d'une ampleur spectaculaire, mais l'occupation des tribunes des stades par les femmes et les enfants relativise cette rapide déduction.

La nouvelle forme d'émancipation est avant tout la signification de l'étendue prise par la sécurisation de l'espace public. Il est indéniable que les autorités publiques et les forces de sécurité ont été les premiers catalyseurs d'un rituel de loisir qui a pris de l'ampleur en atténuant les grandes peurs d'un passé encore récent.