L'arrestation
en France, samedi dernier, du PDG de la plateforme Telegram,
Pavel Durov, entretient le doute et l'incompréhension
au sein de l'opinion mondiale, mêlés à la colère de centaines de millions de
ses défenseurs répartis à travers tous les continents. Lors de son arrestation,
Pavel Durov, un milliardaire russe de 39 ans, qui a
acquis la nationalité française et la nationalité émiratie (où se trouve
implanté le siège de Telegram), est arrivé
d'Azerbaïdjan où il a rencontré plusieurs responsables politiques locaux et,
peut-être, le président russe Vladimir Poutine, qui effectuait une visite au
même moment dans ce pays, selon des suppositions de certains médias (le Kremlin
a démenti tout contact entre le président russe et le PDG de Telegram). Un premier pas qui suscite des interrogations,
car comment se fait-il qu'il se rende en France alors qu'il sait pertinemment
qu'il sera arrêté d'une manière quasi certaine à sa descente de l'avion sur la
base d'un mandat de recherche lancé contre lui dans ce pays pour complicités,
détention et diffusion d'images d'un mineur «présentant un caractère
pédopornographique», administration d'une plateforme en ligne pour permettre
une transaction illicite en bande organisée, acquisition, transport, détention,
offre ou cession de produits stupéfiants ? Dans cet esprit, autant dire qu'il
s'est rendu aux autorités françaises et non «arrêté» ? Et pourquoi l'aurait-il
fait ? Dans le même cadre, des spécialistes en droit affirment que le concerné
ne risque pas grand-chose, tant qu'il n'est pas lui-même l'auteur des faits qui
lui sont reprochés mais les utilisateurs de Telegram.
On lui reproche dans ce sens «de ne pas suffisamment modérer
sa plateforme et de ne pas coopérer avec les autorités judiciaires pour limiter
ou éliminer les comportements parfois répréhensibles des utilisateurs de Telegram», alors même que Telegram,
qui ne totalise pas plus de 41 millions d'utilisateurs en Europe, est exempté
de toute obligation de modération (seules les plateformes dont le service
dépasse les 41 millions d'utilisateurs actifs ont des obligations de modération
et de lourdes amendes en cas de manquement à ces obligations). A quoi
s'attendre, donc, après cette arrestation ? Il n'est pas exclu également que
cette arrestation cache une volonté de la France et de l'Occident de réduire
l'impact informationnel de la Russie sur la guerre en Ukraine en obligeant le
PDG de Telegram d'introduire des modérations qui
limiteraient, voire interdiraient toute publication ou vidéo pro-russes.
Pour rappel, une véritable fermeture de
l'espace d'information et de communication a été opérée par l'Union européenne
contre les médias russes et tout média pro-russe à la suite du déclenchement de
la guerre en Ukraine, mais il restait cette voie offerte par Telegram, incontrôlable, et qui est très utilisée par les
Russes pour communiquer avec le monde extérieur. On attendait, hier, les
développements de cette affaire et les décisions des juges d'instruction, qui
devaient être prononcées en fin de journée, après la fin de la garde à vue
prolongée de l'accusé et sa présentation à la justice.