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Ça meurt en vrac !

par El-Houari Dilmi

Près de trente de nos compatriotes sont morts sur nos routes et au moins 12 sur nos plages en 24h seulement, c'est que les Algériens continuent de mourir en vrac, une sorte d'euthanasie collective ! Le terrorisme routier continue de faire des ravages. Les citoyens meurent en vrac ou restent handicapés à vie, près de 25.000 accidents et presque 4.000 morts chaque année, plus qu'un bilan de guerre ou d'une catastrophe naturelle. Une situation si dramatique face à laquelle le pays semble ne rien pouvoir faire. Comme une pilule de suicide, mais pourquoi les Algériens veulent «s'euthanasier» sur nos routes défoncées, puisque, selon les pouvoirs publics, la dimension psychologique, voire psychiatrique, est largement mise en cause chez le commun des conducteurs algériens.

Et avec l'augmentation du parc véhicules et des nouveaux conducteurs souvent mal formés, le macadam va continuer à tuer… à tire-larigot… Avec une lourde ardoise de plus de 150 milliards de dinars, annuellement, pour ceux qui sont chargés de gérer notre destin national, les accidents de la route sont devenus «un enjeu majeur», surtout que toutes les mesures préventives et dissuasives prises jusqu'à présent pour mettre fin à ce phénomène ont montré leurs limites.

Ainsi, les autorités nationales pensaient avoir trouvé le moyen en criminalisant «tout comportement dans la conduite, notamment en ce qui concerne les moyens de transport collectif et scolaire». Parce qu'il s'agit, d'abord, du facteur humain responsable de la quasi-totalité des accidents mortels, même les imams seront -pour la énième fois- mis à contribution pour aider à la sensibilisation contre les drames routiers. L'on se souvient encore de ce communiqué du Conseil des ministres sous le gouvernement Djerad qui menaçait de «sanctionner les employeurs qui recrutent des conducteurs sans s'assurer, au préalable, de leur état de santé psychologique et psychiatrique et de leur parcours professionnel». Mais tout ça risque bien de rester de la simple rhétorique dans un pays où, il est vrai, la santé mentale de l'Algérien est à l'origine de beaucoup de dérèglements dans notre vie sociétale, du préscolaire jusqu'à l'université, de l'épicier jusqu'à l'imam, du petit bureaucrate jusqu'au haut responsable d'une administration !