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L'Absence de la Chine à la Conférence sur l'Ukraine: Les limites des initiatives de paix sans la Russie

par Salah Lakoues

La Conférence internationale sur l'Ukraine, qui se tiendra les 15 et 16 juin, en Suisse, sans la participation de la Russie, soulève plusieurs questions importantes concernant la logique et l'efficacité des discussions sur la paix, en l'absence d'un des principaux belligérants. Voici une analyse des différents aspects de cette situation :

Contexte de la Conférence : La conférence internationale sur l'Ukraine vise à discuter des moyens de parvenir à la paix et à la reconstruction, dans un pays dévasté par le conflit avec la Russie. L'absence de la Russie à cette conférence est notable, étant donné son rôle central dans le conflit. Les organisateurs de la conférence semblent vouloir éviter de légitimer les actions de la Russie en la conviant, mais cette absence pose des défis significatifs à toute tentative de négociation de paix.

Logique de parler de paix sans la Russie

1. Difficultés des négociations : La paix durable en Ukraine nécessite des pourparlers directs entre les parties belligérantes. L'absence de la Russie signifie que toute résolution ou décision prise, lors de cette conférence pourrait manquer de légitimité et de faisabilité, sans l'adhésion ou l'approbation de Moscou.

2. Signal Politique : Exclure la Russie envoie un signal politique fort sur la position des pays occidentaux et alliés de l'Ukraine, montrant leur refus de traiter avec un pays perçu comme agresseur tant qu'il ne change pas sa position. Cependant, cela peut aussi être perçu comme une approche non constructive pour un règlement pacifique.

3. Impact sur la Russie: La Russie pourrait interpréter son exclusion comme une confirmation de l'hostilité occidentale, renforçant sa propre position et réduisant la probabilité d'engagement dans des négociations futures.

Comparaison avec la situation à Gaza

La situation à Gaza où les bombardements israéliens se poursuivent, met en lumière une perception d'incohérence dans les efforts de paix internationaux. Plusieurs points de comparaison peuvent être faits :

1. Double standard perçu : L'absence d'initiatives de paix occidentales majeures pour Gaza, par rapport à l'Ukraine, pourrait être perçue comme un double standard. La différence de traitement pourrait être due à des facteurs géopolitiques, des alliances stratégiques et des intérêts nationaux.

2. Complexité des conflits : Les conflits en Ukraine et à Gaza diffèrent par leur nature, leurs origines et les acteurs impliqués. Les approches et les solutions ne peuvent pas être uniformes, mais cette diversité des réponses peut renforcer l'impression d'injustice ou de partialité.

3. Rôle des ateurs internationaux : Dans les deux cas, le rôle des puissances internationales est crucial. En Ukraine, l'implication de la Russie est directe et militaire, tandis qu'à Gaza, le conflit implique également des dynamiques régionales complexes, avec plusieurs acteurs internationaux, indirectement impliqués.

La notion de mobiliser le Sud global contre la Russie peut en effet sembler biaisée, et l'idée que la majorité mondiale soutient la Russie est un point de vue qui mérite une analyse approfondie.

Contexte géopolitique du Sud global

Le « Sud global » regroupe les pays en développement d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Ces pays ont des perspectives diverses et des intérêts souvent divergents. Voici quelques points clés à considérer :

1. Historique de la guerre froide : Beaucoup de pays du Sud global ont des souvenirs marqués de la Guerre froide, où l'alignement avec les États-Unis ou l'Union soviétique était souvent une question de survie ou de gain économique.

2. Non-Alignement : Un grand nombre de pays du Sud global ont une tradition de non-alignement, préférant ne pas s'impliquer dans les conflits des grandes puissances et cherchant à maintenir une certaine neutralité.

3. Intérêts économiques et diplomatiques : Les relations économiques et diplomatiques avec la Russie sont significatives pour certains pays, que ce soit à travers la fourniture de ressources énergétiques, la coopération militaire ou les investissements.

Perception du conflit en Ukraine

1. Ressentiment envers l'Occident : Certains pays du Sud global ressentent un ressentiment envers l'Occident, perçu comme dominant et parfois néocolonialiste. Cette perception peut rendre certains pays plus réceptifs à la position russe.

2. Narratif de souveraineté : La Russie présente souvent son intervention en Ukraine comme une défense de la souveraineté contre l'expansionnisme occidental, un message qui peut résonner dans les pays ayant souffert de l'interventionnisme étranger.

3. Accès aux ressources : Les sanctions occidentales contre la Russie ont poussé cette dernière à renforcer ses relations avec le Sud global pour diversifier ses marchés et accès aux ressources.

Position des pays du Sud global

1. Inde et Chine: Des puissances comme l'Inde et la Chine ont maintenu des positions relativement neutres, appelant au dialogue tout en continuant à commercer avec la Russie.

2. Afrique: Plusieurs pays africains ont des relations étroites avec la Russie, notamment en matière de coopération militaire et de soutien politique.

3. Amérique Latine : Des pays comme le Venezuela et Cuba ont exprimé un soutien explicite à la Russie, tandis que d'autres maintiennent des positions plus nuancées.

Limites et critiques de l'approche occidentale

1. Manque d'inclusives : Une stratégie occidentale qui ne prend pas en compte les préoccupations et les intérêts du Sud global peut sembler arrogante et contre-productive.

2. Nécessité de dialogue : Une véritable mobilisation internationale pour la paix devrait inclure le dialogue avec toutes les parties, y compris la Russie, et tenir compte des perspectives du Sud global.

3. Double standard : La perception de double standard dans la politique étrangère occidentale, en particulier, par rapport à des conflits comme celui de Gaza, peut réduire la crédibilité des initiatives occidentales. La décision de la Chine de ne pas participer à la conférence internationale sur l'Ukraine, en la qualifiant de futile sans la présence de la Russie, met en lumière plusieurs aspects critiques des dynamiques géopolitiques actuelles. Voici une analyse de cette situation :

Raisons de la non-participation de la Chine

1. Approche pragmatique : La Chine adopte souvent une approche pragmatique dans ses relations internationales. Elle considère que sans la présence de la Russie, une partie prenante majeure dans le conflit ukrainien, les discussions sur la paix sont largement théoriques et manquent d'efficacité pratique.

2. Relation sino-russe : La Chine et la Russie ont développé des relations étroites, notamment en matière économique et diplomatique. La Chine pourrait donc être réticente à participer à une conférence qui pourrait être perçue comme un soutien implicite aux positions occidentales contre la Russie.

3. Principe de non-interférence : La politique étrangère chinoise repose sur le principe de non-interférence dans les affaires intérieures d'autres pays. La Chine pourrait estimer que la conférence, sans la Russie, pourrait être vue comme une tentative d'ingérence.

Implications de l'absence de la Chine

1. Crédibilité de la Conférence : L'absence de la Chine, une puissance mondiale majeure, pourrait réduire la crédibilité et l'impact de la conférence. Les initiatives de paix sans la participation de tous les principaux acteurs sont souvent moins susceptibles de réussir.

2. Polarisation accrue : Cette décision pourrait accentuer la polarisation entre les blocs occidentaux et les pays non-alignés ou pro-russes. Elle illustre la difficulté de parvenir à un consensus international sans inclure toutes les grandes puissances.

3. Influence diplomatique de la Chine : La non-participation de la Chine peut également être vue comme une manière de réaffirmer son influence diplomatique et de montrer que toute solution au conflit doit passer par une approche multilatérale incluant tous les acteurs clés.

Perspectives pour la paix

1. Dialogue d'inclusivité : Pour être efficaces, les initiatives de paix doivent inclure toutes les parties prenantes. Cela signifie que des conférences futures devront s'efforcer d'inclure non seulement la Russie, mais aussi des acteurs influents comme la Chine.

2. Rôle des puissances émergentes : Le rôle des puissances émergentes dans la résolution des conflits internationaux devient de plus en plus crucial. La Chine, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et puissance économique majeure, joue un rôle indispensable dans les discussions de paix globales.

3. Solutions multilatérales : La situation montre l'importance de solutions multilatérales et équilibrées qui prennent en compte les intérêts de toutes les parties. Une paix durable nécessite des compromis et des discussions où chaque acteur se sent entendu et respecté.

Conclusion

La décision de la Chine de ne pas participer à la conférence sur l'Ukraine en l'absence de la Russie souligne les défis d'organiser des discussions de paix sans la participation de toutes les parties concernées. Cela met en évidence l'importance de l'inclusivité et de l'engagement multilatéral, dans la résolution des conflits internationaux. Pour atteindre une paix durable, il est crucial de s'assurer que tous les acteurs clés, y compris la Russie et la Chine, sont impliqués dans le processus de négociation.