Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
La
nouvelle administration, e-administration ou administration électronique est en
marche !
Elle semble s'éloigner de l'an cienne et toujours actuelle, celle du papier, la p-administration, caractérisée par des services publics informatisés, mais cloisonnés, souvent isolés les uns des autres, et reliés au public par l'intermédiaire des guichets et de la correspondance, du téléphone souvent anonyme et des rencontres de circonstance. Aujourd'hui, il est admis que partout dans le monde, les Etats, les gouvernements, les administrations, utilisent les nouvelles technologies de l'information et de la communication pour se rapprocher des usagers, traiter leurs demandes de papiers, leurs dossiers, répondre à leurs besoins d'efficacité, de vitesse, de moindre coût, de sécurité, de protection de leurs données personnelles. Réciproquement, les citoyens, d'un simple clic de souris, peuvent désormais franchir les portes de l'administration électronique, sans qu'ils aient à ouvrir leurs sacs, montrer leurs papiers, chercher une hôtesse ou un guichet, se présenter, répondre à des questions. L'administration électronique est une porte que chacun peut franchir à sa guise, refermer, oublier, rouvrir, à volonté, la nuit, le jour, à l'heure qui convient le mieux pour s'occuper de démarches administratives. Elle est dans l'ordinateur personnel de chaque usager. Le «Sésame, ouvre-toi...» obéit au doigt et au clic. L'administration au bout du doigt...donne un goût de liberté et la sensation qu'on peut gérer son temps au mieux de ses préoccupations. Sauf que cette « gouvernance électronique » a un autre coût qui gagnerait à être identifié ! Notre quotidien, disent les experts, est de plus en plus rythmé par des procédures numériques, que ce soit dans la sphère privée professionnelle ou publique : e-administration, recherche d'emploi, de logement, réservation de billets de train ou d'avion, virements bancaires, applications mobiles, etc... Cette tendance à la « e-organisation » ne cesse de se développer ce qui risque de marginaliser, un peu plus chaque jour, ceux qui ne savent pas utiliser un terminal de télécommunication ( Smartphone, tablette, ordinateur, etc...), et ceux qui n'y ont pas accès! En Algérie, dans la foulée des réformes nous avons peu conscience de ce danger, identifié par ailleurs sous l'appellation d' «illectronisme » ! Ce mot un peu barbare est un néologisme venant de la traduction de «information illiteracy» qui transpose le concept d'illettrisme dans le domaine de l'information électronique. C'est le fait de ne pas maîtriser les outils numériques. Sinon personne n'a réfléchit au moyen d'attirer l'attention sur ce risque qui ira s'aggravant jusqu'à devenir, à dieu ne plaise, un facteur d' «exclusion sociale» !!! Que restera-t-il alors de la politique d' «humanisation» de l'administration algérienne si, en définitive, elle devrait mener à une «fracture numérique » d'où en seraient exclues de larges couches de notre population ? L'illectronisme cousin de l'illettrisme, toujours selon les experts de la chose est un fléau qu'il faut combattre activement, à l'heure où l'utilisation des services Web devient un passage obligatoire. Appellation effarante faut-il le préciser, que nous avons découvert en même temps que nous la livrons au lecteur et surtout à ceux qui ont planifié pour le pays « la gouvernance électronique à pas de charge », faut-il le dire ! On ne peut parler de gouvernance électronique sans s'y intéresser. A fortiori au ministère de l'Intérieur et au ministère de la Numérisation, qui ont en fait leur cheval de bataille ! Le ministre de l'Intérieur et son staff doivent ; d'ores et déjà, réfléchir aux moyens d'identifier tous ces Algériens qui sont dans le dénuement face à l'informatique et aux outils électroniques en général. Il faut dire que beaucoup d'entre eux sont même conduits, aujourd'hui, à renoncer à une requête, une démarche administrative ou commerciale par le fait de ne pouvoir manipuler l'outil informatique ! Ces personnes disons-le sans ambages, se privent, alors, d'une aide ou d'un remboursement auxquels, elles ont droit. Certains même ont le sentiment que leurs chances d'accéder à un travail étaient limitées ou annulées à cause de l'emploi indispensable d'Internet ou ce qu'on appelle communément l'usage de l' «outil informatique»! Une difficulté qui risque de prendre de l'ampleur dans la perspective de la « dématérialisation totale de l'administration» voulue par le gouvernement ! - Que faut-il faire alors ? Commencer déjà par identifier comme cela s'est fait ailleurs, les profils des usagers de l'Internet : - Les « aguerris » qui n'ont aucune difficulté - Les « volontaires », qui ne maîtrisent pas l'outil mais qui souhaitent y arriver. - Les « décalés » qui ne se servent pas d'Internet tous les jours et se font aider d'un proche. - Les « réfractaires » qui font carrément sans. - Les « occasionnels », souvent jeunes et ne disposant pas d'une connexion permanente. Faute de moyens personnels (Smartphone, tablette, Pc) ou faute de connexion ou de débit !!! Et il y a aussi et surtout ceux que les spécialistes ont nommés les « abandonistes » (encore un néologisme) qui renoncent aux démarches en ligne, car ils peinent à naviguer sur le Net pour causes de complexité des mots de passe, de langage administratif rédhibitoire sur sites Web, etc... Comment éviter la facture numérique ? 1. Prendre le mal par la racine, à partir de l'école; en avançant la formation dès le plus jeune âge de la compréhension du monde informatique, on peut augmenter le niveau d'exigence et donc former de meilleurs informaticiens. Pour l'heure, à tous les niveaux scolaires il y a, clairement, un manque de compétences en matière de maîtrise de l'Univers informatique. En plus des moyens et de l'équipement quasi-inexistant dans les établissements d'enseignement malgré les engagements pris par le ministre du secteur ! 2. La particularité de l'Algérie est de disposer d'un réseau étendu permettant une connexion à qualité égale de l'ensemble des zones urbaines et rurales, y compris celles jouxtant les frontières nationales. Le ministre de TIC doit travailler pour une baisse des coûts de l'Internet en parallèle à une hausse de son débit à partir de l'entrée en service de deux câbles sous-marins à partir de l'Europe. D'autres efforts sont attendus du même ministre : - Obtenir la révision à la baisse des prix des PC et autres tablettes en supprimant quelques taxes. - Et surtout amener les opérateurs de téléphonies mobiles qui engrangent d'énormes bénéfices grâce au marché algérien très porteur, à financer un « plan de formation » pour ne plus laisser sur le carreau du numérique les usagers notamment ceux concernés par la e-administrations qu'on a qualifiés supra d'« abandonistes » ? Et du budget de l'Etat et des collectivités locales : A travers l'acquisition, par exemple, de bus équipés d'ordinateurs pour faciliter l'initiation à l'informatique aux usagers des zones d'ombre, rurales et éloignées. C'est à ce prix, peut-être, que nous éviterions, la fracture numérique ! |
|