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« La nation indispensable »: D. Trump rappelle aux vassaux de l'Amérique qui est le « patron du monde libre »

par Abdelhak Benelhadj

« Être un ennemi des États-Unis est dangereux, mais être son ami est fatal » Henry Kissinger

Dans le cadre de sa campagne électorale devant lui ouvrir à nouveau en novembre prochain les portes d'une Maison Blanche d'où il se considère avoir été illégitimement et injustement chassé, D. Trump a prononcé un discours en Caroline du Sud qui a à la fois dérangé, choqué, intrigué et même inquiété, en particulier sur la façade européenne de l'Alliance.

Au détour d'une allusion mineure, l'ancien président américain a révélé une vérité élémentaire que les dirigeants européens, de quelque bord qu'ils se réclament, s'appliquent à dissimuler.

Il a confirmé son hostilité à la poursuite de l'aide américaine à l'Ukraine, et a même réitéré sa menace de sortir de l'OTAN s'il revenait à la Maison Blanche. Mieux : il « encouragerait » la Russie à attaquer tout Etat membre de l'Alliance atlantique qui ne respecterait pas ses obligations financières, sous-entendu ce qu'il doit à l'Amérique pour la protection qu'elle lui prodigue. La complicité supposée entre Trump et Poutine est évidemment un mythe qui fait la fortune des marchands de « papier » et embrouille les simples d'esprit. M. Trump a illustré son propos en rapportant une conversation qu'il aurait eue avec un des chefs d'Etat européen, sans le nommer. « Un des présidents d'un gros pays s'est levé et a dit : «Si on ne paie pas et qu'on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez ?» ». Réponse de D. Trump : « Non, je ne vous protégerais pas. En fait je les encouragerais à vous faire ce qu'ils veulent. Vous devez payer vos dettes. » (AFP, S. 10 février 2024) D. Trump ne s'embarrasse d'aucune fioriture et parle en maître d'un monde dont il se déclare patron dans sa stricte unicité, à la première personne du singulier : « « JE » ne vous protègerais pas ! »

- L'OTAN, c'est lui.

Cette réponse ruine tout un édifice laborieusement échafaudé pour créditer l'idée d'une coalition policée, librement arbitrée entre nations civilisées ainsi réunies pour la défense de valeurs et d'intérêts également partagés. En un mot, Trump relativise l'automaticité de l'article V du Traité et la solidarité sur laquelle comptaient les Européens pour leur sécurité.

Charles Michel, président du Conseil européen, proteste et s'indigne sur X. « L'Alliance transatlantique soutient la sécurité et la prospérité des Américains, des Canadiens et des Européens depuis soixante-quinze ans ». « Des déclarations imprudentes sur la sécurité de l'OTAN et la solidarité de l'article 5 (...) » « n'apportent ni plus de sécurité ni plus de paix dans le monde ». De Bruxelles, lundi 12 février au matin, celui qui fait office de responsable de la politique étrangère et de la défense de l'UE, Josep Borrell, déclare : « Soyons sérieux. L'OTAN ne peut pas être une alliance militaire à la carte. Elle ne peut pas être une alliance militaire qui fonctionne en fonction de l'humeur du président des États-Unis ». (Euronews, L. 12 février 2024).

Chacun aura compris que ces réactions sont destinées aux opinions publiques indigènes... pour tenter de créditer en vain l'idée que l'Europe européenne existe et que l'OTAN est une oeuvre de défense collectivement administrée. Les autres chefs d'Etat de l'Union, au fait des faits, étaient affairés, aux abonnés absents.

J. Biden et D. Trump, au fond, ne sont pas si dissemblables. On se gausse de leurs lapsus. La sénilité et l'amnésie de l'un et la forfanterie de l'autre les portent à confondre les chefs d'Etat européens : un agglomérat informe de boutiquiers qui s'étripent autour d'enjeux nationaux mineurs, incapables de décider, incapables d'accéder à une authentique souveraineté, à une administration démocratiquement concertés et autonome de leurs intérêts.

- « La nation indispensable »(1)

D. Trump se comporte comme l'avaient fait dans les années 1930 les gangs de la mafia qui « offraient » leur protection aux épiciers et petits commerçants des villes américaines gagnées par la récession, le chômage de masse, la pauvreté et la violence.

- « Ou tu paies ou tu n'es plus protégé »

D. Trump est parfaitement conscient de la portée de ses déclarations qui humilient ses « alliés » européens en dévoilant la répartition réelle des rapports de puissance au sein de l'Alliance. L'OTAN (avril 1949) est bel et bien un instrument dont les Etats-Unis détiennent l'essentiel des moyens et du commandement.

La position de Trump et de Biden est d'une logique imparable. Ils ne distinguent que ce qui résiste. Ils ne respectent que ceux qui se respectent... sous réserve qu'ils disposent d'une « seconde frappe » crédible et convaincante, cela tombe sous le sens...

Ils n'ont que faire de l'indignation feinte des Européens. Ils sont engagés dans une campagne électorale auprès de leurs électeurs dont seul le vote compte.

Il y a des acteurs et il y a des spectateurs. Comme jadis, la démocratie grecque ne concerne que les « citoyens », c'est-à-dire peu de monde.

Les présidentielles américaines sont mises en scène sur toute la planète médiatique mondiale. Les Européens sont convaincus que ces élections les touchent par ce qu'elles impliquent. Mais ils en sont exclus parce qu'ils n'accèdent pas aux urnes et donc au pouvoir décisionnel. Alors, ils votent Trump ou Biden avec leurs pieds. Comme leurs élus qui, à défaut d'agir, passent le plus clair de leur temps à commenter.

Le sort de la paix ou de la guerre en Europe, c'est à Washington qu'il se décide et non pas à Londres, Paris ou Berlin où les Etats sont gouvernés par des météorologues décoratifs. L'histoire est pourtant claire : l'Union des Européens n'est pas le fruit d'une initiative européenne. Elle est le produit du Plan Marshall (avril 1948). Les moins indulgents parleraient de colonisation à l'envers. Comment s'en étonner quand on place sa sécurité entre les mains d'un étranger aussi bienveillant soit-il ?

Pour mémoire : l'alliance militaire regroupant les pays de l'Est (« Pacte de Varsovie ») a été créée en mai 1955, soit six ans APRÈS l'Alliance atlantique qui a été toujours présentée comme une réponse à la menace soviétique. Le Pacte de Varsovie a été dissout en juillet 1991. Mais l'OTAN est toujours là.

Les moins suspicieux se demanderaient : mais pour qui et pourquoi donc l'OTAN a-t-elle été créée, conservée et même étendue loin de ses raisons géopolitiques initiales ? Symétrie, concertation, co-décision, secours mutuel... tout ça ce sont des balivernes servies aux médias européens « embedded » qui s'acquittent de leur mission auprès d'opinions publiques européennes soumises à un matraquage régulier sur l'histoire et l'actualité de leur Union. De tout cela Russes, Chinois, Africains, Sud-américains... ont une connaissance exacte. Même V. Zelensky sait à qui il doit réellement la défense de sa cause parce qu'il sait grâce à qui il est encore là où il est. S'il fait mine de respecter ses homologues européens, dans les formes appropriées, c'est à la fois pour recevoir les subsides dont il a besoin et surtout pour se concilier les opinions publiques européennes (garantes de la légalité des exécutifs européens) et l'opinion publique ukrainienne qui, pour « tenir » et supporter, doit être assurée d'une solidarité universelle (fiction surestimée pour les besoins de l'opération). Pourquoi D. Trump prend-il le risque de cette révélation qui brise l'image d'une fable transatlantique laborieusement et continûment consolidée depuis 1945 ? A savoir que l'Amérique a libéré une Europe (ingrate) du joug nazie et se ruine à en défendre la liberté face aux communistes vaincus en 1990 et aux dangereux envahisseurs de l'Est après la chute du Mur. L'ancien président américain est à son aise pour trois raisons au moins :

1.- Pour ceux qui s'en accommodent, la domination américaine sur le « monde libre » est un secret de Polichinelle. Cela ne leur apprend rien sur ce à quoi ils ont consenti, ou plus justement consenti pour eux, en leur nom. C'est à Ramstein (base militaire extraterritoriale américaine en Allemagne) et non à Bruxelles que Washington réunit ses alliés pour les informer de ses décisions et de sa conduite des opérations en Ukraine et en Europe. Ainsi en est-il depuis 1945.

Un général français en fait un aveu désarmant (le mot s'impose). Le Général Michel Yakovleff, ancien vice-chef d'état-major du Shape2 un habitué des plateaux de LCI depuis février 2022 a lâché un mot surprenant lors d'un entretien accordé à un journaliste de la chaîne samedi 10 février 2024 (20h50) : « Quitte à être vassal d'un empire, je préfère l'être de l'empire américain que de l'empire chinois ou russe. »

Qu'un général français (pas n'importe quel citoyen), en arrive à choisir entre les empires dont son pays consentirait à être vassal renseigne sur le niveau de dégradation de la souveraineté française atteint par les élites qui le gouvernent.

L'idée de ne jamais consentir à la vassalité à l'égard de quiconque, principe cardinal qui parcourt l'histoire de son pays, et cela bien avant la République, ne semble pas avoir effleuré l'esprit de ce soldat émérite.

Ces Français domestiqués ont oublié que la « grandeur » n'a jamais été une affaire de taille. Qui a oublié les railleries des atlantistes hexagonaux à propos de la « bombinette » gaullienne ?3.

M. Yakovleff a de glorieux prédécesseurs sur cette pente glissante qu'on laissera le soin à ses compatriotes de qualifier. A commencer par Jean Monnet qui écrivait en mai 1943 à propos du discours d'un autre général inflexible, résolument rivé à la souveraineté de son pays : « C'est le type parfait du discours hitlérien. Il faut se résoudre à conclure que l'entente est impossible avec lui. (...) Il est un ennemi du peuple français et de ses libertés (...) il est un ennemi de la reconstruction européenne dans l'ordre et la paix (...) en conséquence, il doit être détruit, dans l'intérêt des Français, des alliés et de la paix »4

- Sans commentaire

On retrouve les mêmes inclinations plus tard chez E. Balladur, un autre premier ministre militant résolument atlantiste.5

Ultralibéralisme, atlantisme et sionisme sont désormais les trois piliers sur lesquels repose la politique des pays européens que la France depuis F. Mitterrand (et sans doute dès le septennat abrégé de Pompidou) a rejoint avec plus ou moins d'entrain selon les circonstances.

2.- On comprend alors pourquoi D. Trump n'a rien à craindre de ceux qui l'écoutent par-delà les frontières de l'Empire.

- D'une manière générale, les politiques occidentaux sont inaudibles. Les « citoyens » européens en voie de totale dépolitisation n'accordent que peu d'importance à ce que déclarent ceux qui les gouvernent.

Ils sont fermement convaincus que ces bavards impénitents sont stériles, inaptes, incompétents, moralement douteux, économiquement ruineux et n'ont que peu de prise sur leurs réalités. Ils sont à peine légaux. En réalité, c'est tout le système qui menace de s'effondrer. En témoignent les taux croissants d'abstention aux consultations électorales et l'arrivée aux affaires de partis d'extrême-droite un peu partout en Europe, de la Scandinavie à la Méditerranée.

- Distraits par une multitude de dispositifs, les citoyens-consommateurs ont la tête ailleurs. Les écrans orwelliens les éloignent de ce qui devrait leur importer en priorité et détournent leur attention de leurs intérêts collectifs en cours de démantèlement au profit d'oligarchies mondialisées.

Enfin, privés de repères culturels, historiques, politiques, ils ont peu de mémoire et vivent un éternel présent. Aussitôt écouté, le discours de D. Trump (et les réactions qu'il aura provoquées) sera vite oublié.

3.- Il n'y a pas un mais (au moins) deux dindons de la farce.

Outre les américanisés victimes de l'American way of life de part le monde, il y a le peuple américain et, plus particulièrement celui des petites villes et des villages, des hautes plaines et vastes espaces ruraux du Middle-west et du sud qui garde un souvenir tenace des Confédérés. Un paradoxe : autant l'Amérique participe (militairement, financièrement...) intensivement aux affaires du monde, autant les Américains sont repliés sur leur monde.

La majorité d'enter eux ne voyage pas hors des Etats-Unis et n'a même pas de passeport. Monolingues et peu portés sur la connaissance du reste du monde dont ils n'ont qu'une très vague idée, tels sont les vrais électeurs de D. Trump. C'est à eux qu'il s'adresse, parle leur langage, partage leur vision et recueille leurs suffrages. Ce public est complètement conquis par une légende tenace : l'humanité est prise en charge par l'Amérique, « la nation indispensable » sans laquelle la planète Terre et « La » « Civilisation », c'est-à-dire celle que Trump prétend incarner et conduire, serait vouée au désordre. En haut de la chaîne alimentaire il y a l'Amérique triomphante. Autour et en-dessous, il y a la « racaille », les envieux, la pauvreté, la violence, la guerre, le désordre... par-delà les frontières de l'Amérique, il y a la multitude de miséreux dont le seul désire est d'en franchir les limites. On retrouve l'image de la ville grecque policée, cernée par les barbares. Hérodote en a fait une description similaire à l'état du monde d'aujourd'hui vu d'Amérique.

Plus qu'un prétexte commode, cette question est au coeur des débats sur l'aide à l'Ukraine.

- Trump se trompe

Question : à quoi au juste fait-il allusion lorsqu'il enjoint les Européens de payer sous peine d'être privés de la protection de l'Oncle Sam ?

Pour fixer les idées : les dépenses militaires américaines représentent près du double des Européens (environ de 900Md$ contre 480). Les Etats-Unis représentent plus de 51% des armes vendues dans le monde et l'écrasante majorité de l'aide apportée à l'Ukraine.

Cependant, il a tort d'accuser les Européens d'ingrats et de mauvais payeurs. Plus haut nous avons évoqué la complaisance et la soumission des élites.

- Chaque mois de juin sur les plages de Normandie, ils organisent des cérémonies à la gloire de l'Amérique libératrice et se confondent en génuflexions et en signes de gratitude. Certes, pour de bonnes raisons, le Général a toujours refusé d'y prendre part6. Son souvenir londonien l'a instruit sur les bonnes intentions et la générosité anglo-américaine.

- D. Trump veut que les Européens atteignent au moins les 2% de leurs PIB en dépenses militaires sur lesquels ils s'étaient engagés. Il ne le veut pas seulement pour que la défense de l'Union soit convenablement assurée. Il le veut surtout parce que toute augmentation du budget de leur défense se manifeste par une hausse proportionnelle des commandes adressées aux industriels américains de l'armement. La défense européenne fait la prospérité et les profits des marchands de canons de leur puissant « allié ».

La plupart des pays européens achètent américain, ce qui facilite en outre l'interopérabilité de leurs armes. Les industriels du « vieux continent » se comptent sur les doigts d'une main. Et ceux qui restent, à plus ou moins long terme, seront réduits à la sous-traitance, comme l'industrie spatiale européenne qui se dissout peu à peu, sans lanceur, ni ambition, ni projets.7

Chacun se souvient de la colère mémorable de J. Chirac quand il a appris que la Pologne avait trahi son engagement et écarté les avions de combat français pour commander des avions américains aussitôt son entrée dans l'Union validée confirmée.8

Pour imaginer se défaire de la tutelle américaine, Stéphane Séjourné, le tout nouveau ministre français des affaires étrangères, lors d'une réunion en banlieue parisienne avec ses homologues allemande et polonais, a esquissé une hypothèse de candide : « Il nous faut une deuxième assurance-vie, pas en substitution, pas contre l'OTAN, mais en addition » de cette organisation. (AFP, L. 12 février 2024) Le chef de la diplomatie polonais, Radoslaw Sikorski, l'a aussitôt renvoyé aux réalités : « L'Alliance atlantique n'est pas un contrat avec une entreprise de sécurité » glisse-t-il à son homologue bien naïf. Il ne peut y avoir de compatibilité entre OTAN et défense européenne. Le premier est le garant de la docilité des Européens et de la bonne fortune de l'Amérique. La seconde est superflue. Il n'est dans le pouvoir d'aucun pays européen de se défaire de l'OTAN. Autant demander à un papillon de s'enfermer dans un bocal pour le faire bouger. « Lorsque j'ai dit aux vingt pays qui ne payaient pas la juste part qu'ils devaient payer, sans quoi ils ne bénéficieraient pas de la protection américaine, l'argent a coulé à flots », a-t-il affirmé. « Mais maintenant que je ne suis plus là pour dire «vous devez payer», voilà qu'ils recommencent » (AFP, L. 12 février 2024). Ainsi parle le patron du « monde libre ». L'isolationnisme US est une fable pour effaroucher les benêts. Le monde et l'Amérique depuis deux siècles forme un couple insécable. La sororité pétrolière fait et défait le monde depuis la « ruée vers l'or noir » à la moitié du XIXème siècle et continue de s'enrichir dans un contexte « verdoyant » en ruinant le commerce extérieur de l'Europe. Washington a « convaincu » ses alliés de renoncer aux hydrocarbures russes moins chers et fiables sur le long terme pour importer du GNL et du pétrole de schiste à prix exorbitants et à coûts écologiques très élevés. Les Européens ont oublié le « coup » de 19739.

Les Etats-Unis sont autosuffisants et grands exportateurs de produits pétroliers. Mais jamais ils ne cèderont leur maîtrise sur les hydrocarbures précisément parce que d'autres en sont dépendants quels que soient les efforts qu'ils déploient pour en réduire le poids dans leur mix énergétique. Ce pouvoir exercé sur le reste du monde est essentiel. Comme le sont les normes, monétaire (dollar) et financière (Wall Street) nécessaires à l'aspiration de l'épargne de la planète pour combler les déficits considérables de leurs échanges et de leurs budgets. L'Amérique et les marchés (c'est-à-dire Wall Street) disposent aujourd'hui des leviers et instruments nécessaires à la décision pour tous. La capitalisation des « sept merveilleux » (ex-GAFAM) dépasse à elle seule celles des entreprises représentées par les indices boursiers européens.10

Il en est de même des normes linguistique et culturelle qui formatent les élites mondiales et dirigent leurs flux vers les Etats-Unis. L'extraterritorialisation de la justice américaine complète un dispositif appuyé sur des armadas (flottes et bases militaires par centaines) qui imposent une pax americana garante de la stabilité et de la perpétuation de ce système. Nous savons ce qu'il en est des maîtres d'armes qui ont fait de l'Amérique une société militarisée économiquement, politiquement, diplomatiquement et psychologiquement.

Le complexe militaro-industriel, contre lequel D. Eisenhower avait prévenu ses concitoyens à son départ de la Maison Blanche en janvier 1961, a tissé sa toile et s'est renforcé. Il y a ce que raconte D. Trump à ses futurs électeurs et il y a la réalité de la politique qu'il mettra en oeuvre après janvier 2025 s'il est élu. Il est illusoire d'imaginer les Etats-Unis se retirer de ce monde au fondement de leur hyperpuissance. A l'exception des parades rhétoriques, elle ne sera guère différente de celle de J. Biden et de ses prédécesseurs. Tous deux -Démocrates et Républicains- servent les mêmes maîtres. Leur politique ne changera rien à l'essentiel. L'Europe a toujours été et demeurera la vache à lait de l'Amérique, dirigée par de fidèles collaborateurs. Trump en a une parfaite connaissance. Et il le fait savoir hautement.

Notes

1- C'est à l'ancienne secrétaire d'Etat Madeleine Albright que l'on doit cette formule magique :«Sinous devons recourir à la force, c'est parce que nous sommes l'Amérique ; nous sommes la nation indispensable. Nous nous tenons debout et nous voyons plus loin que d'autres pays dans l'avenir, et nous voyons le danger ici pour nous tous. »Madeleine Albright en février 1998 lors d'une interview sur le « Today Show ».

2- Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (en anglais : Supreme Headquarters Allied Powers Europe , soit le sigle SHAPE, le mot anglais «

shape » signifiant « forme » ou « modeler ») est le

quartier général du Commandement allié Opérations

(ACO) de l'OTAN. Il se situe à Maisières (Mons) en

Belgique. Etabli à Paris en 1950, il est déménagé en Belgique en 1967 après le retrait de la France du commandement militaire de l'OTAN.

3- Lire ou relire « Le défi américain » de Jean-Jacques Servan-Schreiber (JJSS), Denoël, 1967, 343 p.

4- Roussel Eric (1996) : Jean Monnet. Fayard, 1004 p., pp. 335-336.

5- Balladur Edouard (2007) : Pour une Union occidentale entre l'Europe et les Etats-Unis. Fayard, 120 p.

6- Dans « C'était de Gaulle », Alain Peyrefitte a consacré un chapitre à cette question. Gallimard, 2002, pp.674-679.

7- Ariane 6 a 4 ans de retard, au moins. Le petit lanceur italien Vega accumule les incertitudes, la Russie s'est retirée de Kourou unilatéralement (contrairement à ce qui est prétendu par les Français) et les privés amé

ricains bénéficiant des aides publiques sont en train de priver l'Europe spatiale d'avenir.

8- Varsovie avait signé, officiellement en avril 2003, l'achat à Lockheed Martin pour 3,5 milliards de dollars de 48 avions F16, préféré au Mirage 2000-5 de Dassault. Ne pas négliger le poids de l'importante communauté polonaise aux Etats-Unis.

9- Cf. Paul Chamsol « Cette guerre que nul ne veut », Le Monde diplomatique, avril 1984.

10- Pour avoir une idée de ce qu'elle représente, dé

but février, cette capitalisation (valeur évidemment virtuelle et fluctuante de six d'entre elles) est de 12 333 Md$ équivalant presque la totalité de la richesse annuelle produite dans l'Union Européenne (environ 15 000 Md€).