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Rafah, de l'exodus à la solution finale

par El Yazid Dib

C'est dire que le temps fait parfois de l'Histoire une bête têtue, un événement répétitif forcené. Que cette Histoire dans ses lugubres chapitres tient à se répéter et se réinstaller par ceux-là mêmes qui disent en avoir horriblement souffert. Le nazisme hideux n'a pas totalement disparu, il s'exerce encore par l'entité israélienne en version plus abjecte. Cette drôle Histoire poinçonnée de la pire honte dans le front de l'humanité n'est pas en voie d'extinction. On la regarde se faire, on voit l'horreur et on se mure dans l'indifférence, au mieux dans la parole vide et inutile.

L'envahissement de Rafah par Tsahal ne peut être arrêté par les dénonciations, les condamnations ou les vives préoccupations. Même celles de Joe qui ne sait plus où se trouve ni Ghaza ni le Mexique. Lui aussi est l'otage conscient de cette puissance politique sioniste, un lobby qui manipule les leviers de la vie politique américaine. Les balbutiements des pays arabes, les courbettes de pays européens, l'inaction des organisations internationales sont incapables de bloquer le criminel Netanyahu. Il fait ce qu'il veut. Aucun ne peut le neutraliser ou faire cesser sa folie. Seule l'issue fatale à ses monstruosités saura faire de lui un déchet tristement historique. Ebloui par ses fantasmes macabres, obsédé par ses ambitions meurtrières, il est face à face à ses pires défaites et ses cuisants échecs de n'avoir pu ni gommer la résistance de Hamas ni libérer les «otages». Les deux seniors mourants qui, disent-ils, ont été libérés par l'armée de l'entité, étaient «gardés» chez des civils. Sa démence d'aller à Rafah reste sa dernière carte.

En y allant, sachant que l'espace est ultra-peuplé, en plus qu'il s'agit de vieillards, femmes, enfants tous proie à une terrible faim, aux virales maladies, aux mortelles blessures, ce lâche porte dans sa tête un projet d'extermination. Entassé dans un mouchoir de poche, un entonnoir, un peuple est en train de mourir à huis clos. Hitler est un enfant de chœur devant ce bourreau inédit. Il cultive la solution finale par défaut d'avoir réussi «l'exodus» pour extraire le Palestinien de sa terre, le déraciner et le rendre au point dramatique de 1948.

C'est à l'héroïsme légendaire de cette génération de combattants issus des potaches lanceurs de pierres qui mettra à genoux ce projet de l'exil forcé, tant l'attachement à la source matricielle reste son sacré et saint credo. Malgré la lâcheté de dirigeants, de roitelets, de potentats ineptes à faire quelque chose, ce peuple n'aspire aucunement à se laisser aller encore à l'errance, préférant le martyre au bannissement.

Toute guerre, tout massacre, toute tyrannie finira par le temps à légender leurs auteurs dans les pages d'histoire, noircies de sang et garnir de noblesse celles de ceux qui ont vaillamment résisté.