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A la limite de la patience ?

par Abdelkrim Zerzouri

C'est un véritable cri de détresse, de lassitude profonde et de désarroi, que viennent de lancer les citoyens libyens. Cette fois-ci, ils ont eu le soutien du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Libye et Chef de la Mission de soutien des Nations unies en Libye (MANUL), Abdoulaye Bathily, pour porter leurs voix désespérées aspirant à la paix et à la stabilité.

Les citoyens libyens ne veulent plus que leur pays soit dirigé par des institutions sécuritaires et militaires fragmentées, a lancé M. Bathily dans une interview à « ONU info ». Est-ce un prélude à une explosion de colère populaire contre les institutions et les dirigeants du pays qui campent sur leurs positions antagonistes ? La patience des citoyens libyens a-t-elle atteint ses limites ? Les Libyens veulent des élections parce que c'est le seul moyen de restaurer la légitimité institutionnelle, a souligné M. Bathily, ajoutant que les Libyens ont besoin de ces institutions élues pour remplacer celles qui existent, qu'il s'agisse d'organes judiciaires ou législatifs, qui sont dépassés et ne gouvernent chacune qu'une partie de la Libye.

Un gouvernement à l'est et un autre à l'ouest, des milices armées par ci et des militaires par là, et au milieu un peuple qui ne sait plus vers où tourner la tête. Si cela continue, la Libye pourrait sombrer dans une division à long terme qui pourrait créer une situation dans laquelle le pays perdrait sa souveraineté et son intégrité territoriale, prévient M. Bathily. Révélant un sentiment d'inquiétude du peuple libyen, qui souhaite que son pays reste une nation unie, a-t-il dit. C'est très important pour eux, a-t-il dit. « Et c'est pourquoi nous, en tant que Communauté internationale, devons répondre à cet appel à l'unité, à cet appel au rétablissement de la souveraineté de la Libye », a-t-il considéré. C'est un appel des Libyens retransmis par la voix du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Libye et Chef de la Mission de soutien des Nations unies en Libye (MANUL) en direction de la Communauté internationale. Une communauté internationale qui a abandonné ce peuple à son sort dans un environnement mondial marqué, ces derniers temps, par de nombreux événements qui ont voilé, quelque peu, la crise libyenne.

C'est, surtout, aux autorités libyennes, de tous bords, d'entendre cet appel de leurs concitoyens, et s'unir autour d'un seul objectif, en l'occurrence l'organisation des élections législatives et présidentielles avant la fin de l'année. Cela passe par un gouvernement unifié autour de cet objectif, selon M. Bathily. Ce dernier a cru, à certains moments, qu'on pouvait organiser des élections en présence de deux gouvernements, mais il s'est rendu à l'évidence que cela nécessite un gouvernement unifié.

Le gouvernement d'Union nationale mené par Abdelhamid Dbeibah a été installé sous l'égide de l'ONU, et il a obtenu la reconnaissance de la Communauté internationale, avec une finalité bien précise, à savoir : l'organisation des élections, annoncées en décembre 2021 et reportées sine die. Pour M. Bathily, l'urgence en Libye est de mettre en place un nouveau gouvernement d'Union nationale, accepté par toutes les parties, avant de passer aux choses sérieuses et sauver le pays d'un naufrage certain.