L'inimaginable il y a quelque temps se produit actuellement aux Etats-Unis. A San Francisco des taxis circulent sans chauffeurs. Des véhicules sans conducteurs et probablement des transportables volants dans un avenir proche ne relèvent plus de la science-fiction. Le phénomène est si important qu'il dessine le monde de demain dont on commence à avoir des grands traits.

Internet, l'Intelligence artificielle, le ChatGPT, voyages touristiques dans l'espace déjà programmés, les attirails technologiques que l'on croyait d'un futurisme inatteignable déflagrent les mirages et deviennent réalité. La transformation du monde s'opère à une vitesse fulgurante pour ne plus s'arrêter à la simple mue des cultures humaines, mais s'applique à transformer le profil de l'homme lui-même. La notion du temps fait ancrer une perception évasive pour que le temporel déroute face au progrès et incite à la crainte mais aussi aux applaudissements simultanément. L'incommensurable paradoxe est que le progrès technologique et les formidables découvertes tout en apportant de nouvelles aisances aux hommes et en les sacralisant amputent cependant aussi une tranche épaisse de leur âme.

Des trains circulent déjà sans conducteurs. Les taxis se dispensent de manipulateurs de volants. Dans la plupart de ses dimensions, le monde des transports va suivre pour défigurer les sens accordés aujourd'hui au chômage et à l'emploi et pour que l'activité professionnelle et les rapports avec le travail soient soumis à une révolution des us déjà présagée. On a déjà entamé une passation de rôles et de prérogatives entre la machine et l'homme et la désuétude de ce qui restait de l'humanisme d'antan a commencé depuis des lustres.

La révolution industrielle n'est plus qu'une vieille histoire. Son passage n'a été qu'une étape semant des avancées et des déboires pour que l'homme renouvelle sans cesse son profil naturel. Une autre révolution est enclenchée et on sait déjà qu'elle se prolongera pour lui et en même temps contre lui. Le drame des révolutions est qu'elles sont soutien et ennemies aussi.

Bientôt l'esprit ne sera plus esclave de l'effort de réflexion puisque l'ordinateur et le robot ont été légataires de la pensée et bénéficiaires de l'intelligence que l'espèce humaine était seule à détenir.

Finalement dans l'histoire des taxis sans conducteurs, on ne sait pas qui du véhicule ou de l'homme guidera l'autre.