
A voir la
prolifération sauvage des ralentisseurs ou «dos d'ânes» comme les appellent
certains, il y aura bientôt deux fois plus de ralentisseurs que les Algériens
vivant sur le sol national et même à l'étranger?Il est aisé pour tout le monde
de le constater, un peu partout, dans le bled: à parcourir le pays de long en
large, du Nord au Sud, d'Est en Ouest, il n'existe pas une seule route qui ne
soit pas balafrée par ces dos d'ânes, dos de mulet et même des dos de
dromadaire ! Combien sont ces individus qui installent des ralentisseurs
sauvages devant leurs maisons, sans jamais sourciller ? «Les dos d'ânes sont
d'abord dans nos têtes», ironise un sexagénaire dont le véhicule a été
endommagé par un ralentisseur haut? comme une montagne ! «Bientôt, il y aurait
un dos d'âne devant chaque maison, au milieu de chaque rue et ruelle, dans les
villes, villages et autres hameaux», se catastrophe la tempe grise. Un peu
comme ce costume demi-manche de certains cols blancs, les dos d'ânes sont
assimilés, par l'humour corrosif algérien, à une parfaite représentation
grandeur nature de ce que c'est que l'entrave, le frein sec, la bride qui
empêche tout le pays d'aller de l'avant. Tout le monde connaît le célèbre adage
algéro-algérien «kol ôtla fiha kheir»
!
En
attendant de cesser de mettre des freins, d'abord dans nos têtes, l'heure est
de savoir s'il faille nettoyer nos rues trop sales, nos plages polluées, nos
cités décrépies, et laisser nos mentalités en jachère. Un peu comme celui qui
prend le soin de «laver» sa conscience avant de faire ses ablutions, à quoi ça
sert de prier si l'on prêche dans le désert ! Aussi vrai que le grand
«lessivage» commence d'abord par faire la révolution dans nos caboches, rien ne
sert de sortir le karcher lorsque la «crasse» n'est pas là où l'on pense
qu'elle se «niche».