Les
Etats-Unis, Israël et l'Occident sont pris de court par la Chine, qui a réussi
le coup de maître de réconcilier deux pays qui ont une grande influence dans la
région du Moyen-Orient, en l'occurrence l'Arabie Saoudite et l'Iran. L'annonce,
vendredi 10 mars, de la reprise des relations diplomatiques entre les deux
pays, après une rupture de neuf ans, sonne-t-elle une nouvelle redistribution
des cartes au Moyen-Orient, où les Américains et les Occidentaux perdent une
figure maîtresse qui leur servait à «diviser pour régner», exploitant
particulièrement la rivalité entre l'Arabie Saoudite et l'Iran ? Sûr qu'il y
aura du changement à l'ombre de cette reprise des relations diplomatiques entre
l'Arabie Saoudite et l'Iran, largement répercutée par les médias des deux pays.
«Le retour à des relations normales entre Téhéran et Ryad offre de grandes
possibilités aux deux pays, à la région et au monde musulman», a relevé dans un
tweet le chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian,
ajoutant que son ministère allait «lancer activement d'autres initiatives
régionales», sans plus de détails. Les deux pays ont remercié la Chine «pour
avoir accueilli et soutenu les discussions menées dans ce pays». Alors que la
Chine reste très discrète sur cette grande réalisation de sa diplomatie, les
Etats-Unis tentent de semer le doute et la suspicion sur cet accord. Un
porte-parole de la Maison Blanche a «salué» ce rapprochement diplomatique entre
les deux pays, dont l'un se trouve être un allié stratégique au Moyen-Orient
(l'Arabie Saoudite) et le second son ennemi juré depuis près de quatre
décennies (l'Iran), non sans distiller le doute en soulignant qu'«il reste à
voir si l'Iran remplira ses obligations». Et si les pays de la région du
Moyen-Orient ont exprimé leur satisfaction dans le sillage de cette annonce, de
nombreux autres pays arabo-musulmans n'ont pas encore réagi. A quels
changements s'attendre dans les prochains mois ? L'Arabie Saoudite va-t-elle
échapper à l'influence des Etats-Unis ? L'Iran a toujours été utilisé comme un
épouvantail, menaçant la stabilité des pays voisins, ce qui permettait aux
Etats-Unis de faire fonctionner son industrie militaire grâce aux juteux
contrats de ventes d'armes aux voisins de l'Iran, auxquels on promettait
assistance sécuritaire. Mais, maintenant que l'ennemi commun, l'Iran, a apaisé
ses relations diplomatiques avec l'Arabie Saoudite, un exemple qui sera
certainement suivi par d'autres pays du Golfe (les Emirats et le Koweït ont
déjà repris leurs relations diplomatiques avec l'Iran ces trois derniers mois),
c'est une véritable recomposition géostratégique au Moyen-Orient qui est en
cours. Le Yémen serait le premier bénéficiaire de ce réchauffement des
relations diplomatiques entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, les deux principales
puissances impliquées dans le conflit yéménite, chacun soutenant un camp
opposé, tout en maintenant toute la région sous une pression énorme. D'autres
crises pourraient également trouver solution, en Syrie et au Liban notamment.