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Beaucoup
semblent, à juste titre, offusqués par le phénomène condamnable en soi,
d'agression et d'actes de violence, perpétrés à l'endroit des enseignants par
le recours au jet d'œufs et d'autres objets hétéroclites, observé, à chaque fin
d'année scolaire, aux abords des écoles. En guise d'au-revoir, c'est lamentable
!
Reconnaissons donc, que ce mouvement intempestif auquel participent des intrus n'ayant rien à voir avec l'école, est inacceptale, intolérable et indéfendable, à tous points de vue. Nous ne pouvons que le condamner avec la plus ferme vigueur. Ce qui ne nous empêche pas, tout compte fait, de tenter de le comprendre. Et qui tente de comprendre, ne peut être soupçonné de vouloir justifier. Ainsi, une question fondamentale s'impose à nous : Pourquoi et comment en est-on arrivé à cet extrême ? Pour une meilleure approche de ces faits, il ne sert, absolument, à rien de s'entêter à n'avoir d'yeux que pour les effets, en déposant, délibérément, sous le boisseau de l'impensé, les causes. Faisons, pour une fois, l'effort de questionner ce pourquoi un élève s'en prend, aussi véhémentement, à son enseignant ? Le recours pour ce faire à la symbolique de l'œuf, en dépit de sa cherté marchande, témoigne d'une volonté assumée de tourner en ridicule l'éducateur. Tout le monde ou presque sait que la corporation des éducateurs algériens, comme toutes autres corporations d'ailleurs, n'est pas née de la cuisse de Jupiter. Elle n'est, à ce titre, pas du tout, exonérée de reproches et de récriminations fort légitimes au demeurant. Pire: souvent, elle cristallise, à elle seule, tous les tourments de la société. Sans nous laisser aller jusqu'à dire que certains enseignants méritent un tel traitement, osons, cependant, reconnaitre qu'ils participent de par leur attitude inconvenante, activement au développement de tels actes, encore une fois répréhensibles. Tous les apprenants ne sont pas violents, ni bouchés à l'émeri, ni irrécupérables. Ce serait faux et injuste de le croire. Certains d'entre-eux sont dotés d'intelligence, parfois supérieure à celle de leurs mentors, sont reconnus jouir de bonne éducation et sont capables de belles manières. Sans obvier cette particularité qui leur sied tant et que nous devons leur reconnaître : ils sont quasi infaillibles quand il s'agit de faire le distinguo entre un bon et un mauvais enseignant, sur le plan humain, s'entend. Le pédagogique a ses évaluateurs. Ils sont d'une justesse imparable que ne peut altérer quelque subjectivité, somme toute naturelle chez l'ensemble d'entre-nous. La communauté des enseignants recèle de très valeureux enseignants, honnêtes, compétents et dévoués. Il serait tautologique de l'affirmer. Leurs élèves sont les premiers à l'admettre et ils leur en savent gré à chaque fois que cela leur est possible de le faire. Sauf qu'à l'intérieur de cette même communauté pullule, hélas, une engeance honnie, malhonnête, incompétente, inapte, cupide, prédatrice et, irrémédiablement, inscrite aux antipodes des valeurs humanistes. Ce sont ces « enseignants » qui sèment les germes de la haine, allument le feu de la sédition et de la récrimination dans le cœur de leurs apprenants par des pratiques honteuses. Ce sont eux qui entretiennent la flamme de l'animosité chez leurs apprenants par une conduite licencieuse. Ce sont eux qui excellent dans la discrimination entre élèves à base de critères sociaux, eux qui favorisent les riches au détriment des pauvres, les citadins par rapport aux paysans, chouchoutent ceux, dont les parents occupent des postes importants et méprisent les enfants des lampistes. Ce sont eux qui passent plus de temps à répondre au téléphone portable qu'aux questions de leurs élèves, qui fracturent la classe, en privilégiant ceux qui font des cours particuliers chez eux, et en déclassant ceux qui ne les font pas. Qui insultent dans des propos haineux et obscènes leurs éléves qui s'absentent sans rattraper les cours, qui accentuent l'ignorance au lieu de l'éradiquer, qui raillent ceux qui ne savent pas, les méprisent, blessent leur amour-propre ... Ce sont ceux-là, qui, aujourd'hui, se plaignent de la réaction des élèves écœurés par tant d'injustice et qui règlent leurs comptes à leur manière faute d'avoir disposé d'un espace de dialogue congruent, serein et libre pour discuter des anachronismes de l'acte éducatif en Algérie et des moyens idoines à mettre en œuvre pour des relations apaisées et dynamiques entre deux pôles essentiels du triangle didactique Il faut bien garder à l'esprit que ce ne sont pas tous les enseignants qui sont visés par un tel déferlement de haine mais certains, seulement. D'autres éducateurs, franchement, dignes de ce nom, sont hautement considérés par les apprenants, ainsi que par toute la société, gratifiés et ennoblis, toute leur vie durant, en reconnaissance de leur dévouement, de leur honnêteté et de leur professionnalisme. Ce sont ceux-là qui doivent servir de référence aux trublions qui déshonorent l'école en se déshonorant, ce faisant. *Enseignant de Littérature. Université Med Chérif Messaadia. Souk-Ahras. |
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