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Vers une mue au Moyen-Orient ?

par Abdelkrim Zerzouri

Inlassablement, on courtise toujours l'Arabie Saoudite pour la pousser à officialiser ses relations diplomatiques avec l'Etat sioniste. Ainsi, la normalisation des relations entre Israël et l'Arabie Saoudite revient, ces derniers jours, occuper les devants de la scène médiatique. Comme toujours, les Etats-Unis sont derrière cette énième tentative de rapprochement entre les deux pays. Ces deux dernières années, on ne s'est pas fatigué de relancer cette normalisation, qui n'a jamais abouti malgré les comptes rendus médiatiques qui l'annonçaient imminente entre les deux pays. Mais, l'Arabie Saoudite garde toute sa réserve face à cette normalisation appelée de tous les vœux par les Américains et les Israéliens, en raison de l'influence qu'elle aurait sur le monde arabo-musulman, et qui serait vraiment « historique », plus que ne l'ont été les accords d'Abraham qui ont mené, en 2020, à la normalisation des relations entre Israël et quatre pays arabes, en l'occurrence le Maroc, les Emirats Arabes Unis, Bahreïn et le Soudan. Pour quelle raison cette entreprise est-elle vouée à l'échec ? Clairement, les autorités en Arabie Saoudite ont mis en avant le règlement de la question palestinienne comme préalable à toute normalisation, attachant la plus grande importance à la solution à deux Etats. Tant que la question palestinienne n'a pas encore trouvé une réponse, il ne faut pas attendre de normalisation des relations entre Israël et l'Arabie Saoudite. Mais, il faut compter sans la persévérance des Israéliens et des Américains, qui pensent que la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes peut se réaliser sans la conditionner par la création d'un Etat palestinien. Quatre pays arabes ont bien normalisé, ouvertement, leurs relation avec l'Etat sioniste, pourquoi pas d'autres ? Dans les derniers jours de l'ancien président américain, D. Trump, on a été tout près de faire adhérer l'Arabie Saoudite aux accords d'Abraham. Et, ces jours-ci, on se croit vivre la même époque des derniers mois de Trump à la Maison Blanche. A la veille d'une visite du président Joe Biden en Israël, la diplomatie américaine a toute hâte de provoquer un rapprochement entre Tel-Aviv et Ryadh. Est-ce une tentative d'offrir à l'Etat sioniste, à travers ce rapprochement, une consolation pour lui faire oublier l'accord sur le nucléaire iranien, très probable, qui n'est pas du goût des Israéliens ? Ou serait-ce une nouvelle géostratégie en marche, visant la construction d'un axe sécuritaire régional formé d'Israël, des pays du Golfe, la Jordanie et l'Egypte, que les Américains tentent de mettre en place au Proche-Orient en parallèle à leur retour à l'accord sur le dossier du nucléaire iranien ? L'Egypte fait partie de ce plan à travers son intégration dans ce scénario par le biais de l'application de l'accord de transfert des îles de Tiran et Sanafir dans la mer rouge de l'Égypte à l'Arabie Saoudite. Dans cet esprit, affirment des sources médiatiques, des diplomates américains s'affairent activement ces derniers jours à négocier l'application du transfert de ces deux îles, qui présentent un intérêt stratégique pour Israël, et qui peuvent de ce fait contribuer au raffermissement de l'axe sécuritaire régional dirigé contre l'Iran.