En riposte
à la trahison du régime du Makhzen, des milliers de Marocains sont descendus
dans la rue en solidarité avec le peuple palestinien. Ici faux portrait croisé
d'un Palestinien et son congénère algérien dans une quête sans quai ni halte à
destination d'une vie plus «vivable», et un monde où l'élégance ne meurt pas
foulée aux pieds des lourdauds... Le Palestinien n'a pas de terre ni des
soldats en tenue de combat, capables de le défendre contre l'ennemi aux sept
têtes, mais il a un drapeau en tissu de fabrique locale, des partis politiques
extra-muros et des roquettes dans le rôle d'épouvantail pour faire peur aux
oiseaux de mauvais augure. L'Algérien, lui, a une terre, un drapeau, des partis
politiques trisomiques parce que victimes de mauvaises manipulations de
laboratoire, une prodigalité d'or noir, un foisonnement de blé... étranger et
même des avions ultramodernes, mais pas de boulot, ni de logement, ni de permis
d'aller de l'avant parce que coincé dans son starting-block «piégé» par des
pieds bots. A part le «coup de main» ami, vite oublié par le coup de pied
ennemi et quelques offrandes pour ne pas se sentir trop à l'étroit» dans sa
terre détournée, le Palestinien n'a rien pour vivre, mais (sur) vit pour
décrocher un morceau de terre un jour qui viendra. L'Algérien, lui, vit dans un
pays aux dimensions quasi cosmiques mais souffre d'une claustrophobie qu'aucun
toubib n'a pu diagnostiquer. Au point que vivre contorsionné dans un cube d'eau
froide est pour lui (l'Algérien) un jardin d'Eden que n'offre même pas un pays
inoccupé aux trois quarts de sa superficie en friche. Même qu'un harrag du pays de Mahmoud Darwich
ne regarde pas dans la même direction qu'un harrag
algérien, pro parmi les pros dans l'art de la fuite vers l'ailleurs. Le premier
quitte son pays pour fausser compagnie à l'odeur irrespirable de la faucheuse
et gagner un temps... soit peu en longévité, et le deuxième qui défie les lois
de la géographie pour abréger sa vie dans un dernier râle, offert en macabre
symphonie aux planctons. Aussi vrai que ce pays ressemble comme deux gouttes
d'eau en suée à ce corps dont les organes vitaux sont très malades, la sardine
est-elle la seule à pourrir par la tête après sa mort ? Et même si la chirurgie
fait du bien, là où elle a pour «vocation» de faire mal, seul le bistouri est à
même de réparer un organe malade et lui éviter une douloureuse amputation.
Mais, au fait, peut-on arracher une tête pourrie à un corps moribond ?