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La presse francophone dans la région arabe. Etat et particularités linguistiques Etude de Nadia Baghli, Enag Editions, Alger 2018, 116 pages, 400 DA. Pour l'auteure, aujourd'hui, la quasi-totalité des Algériens analphabètes sont capables de comprendre, voire de parler le français dans sa variété acrolectale (donc avec une certaine maîtrise), mésolectale (avec des bilingues plus ou moins parfaits) et basilectale (usagers insuffisamment formés ou réticents)... et une brève comparaison avec l'état de la langue française au Maroc montre clairement la prépondérance plus marquée du niveau basilectal alors que la population algérienne utilise et maîtrise mieux les niveaux acrolectal et mésolectal malgré de nombreuses similitudes socioculturelles (la religion, la communauté arabo-berbère, etc.). Il est vrai que la présence coloniale ici et là est tout à fait différente... L'Algérie ayant été une colonie de peuplement alors que le Maroc a été un protectorat. Donc, à travers une étude menée sur la presse quotidienne francophone (qui a fleuri - en quantité de titres, en tirages et en ventes - après avril 1990 : la loi relative à l'Information ayant libéré le paysage médiatique), l'auteure tente de démontrer qu'il y a, d'abord, une originalité de la francophonie en Algérie et que, d'autre part, grâce à la presse, il y a influence de l'arabe sur le vocabulaire journalistique francophone...ce qui a donné naissance à l'«arabofrancophonie» (terme «inventé» par Stélio Frarandjis et Abdelmadjid Meziane, déjà en 1983)... qui veut tout simplement dire coexistence de deux codes linguistiques (retrouvée dans plusieurs pays méditerranéens). Conclusion : «L'Algérie demeure le premier pays dans le monde, après la France, pour le nombre de ses locuteurs francophones et leur capacité d'accueil en termes typiquement algériens». Par ailleurs si Salah Guemriche avait évalué à près de trois cents mots français d'origine arabe dans le français actuel... avec une influence et des emprunts qui ont commencé il y a près de six ou sept siècles, l'auteure indique que plus de 150 mots figurent déjà dans les deux dictionnaires «Trésor de la langue française» et le «Grand Robert»... et qu'il existe, dans le français d'Algérie, ...1.500 «algérianismes»... que la presse d'ici et d'ailleurs utilise quotidiennement. Pour ma part, j'ai noté que cette utilisation l'est aussi par la presse arabophone... et aussi, par la publicité. Dommages collétaraux des Tic ? L'auteure : diplomée en littérature, philologie et linguistique, spécialiste de la francophonie. Extrait : «A l'indépendance du pays en 1962, l'arabe est décrété langue nationale puis, beaucoup plus tard, le berbère. Cependant, la cœxistence de l'arabe, du berbère et du français reste une réalité de la société algérienne» (p. 7). Avis : Une étude qui date et assez incomplète mais qui a le mérite d'exister. Assez technique... et beaucoup de «coquilles». Un éditeur trop pressé ? Citation : «Sans être langue officielle de l'Algérie, le français véhicule l'actualité et demeure un outil complémentaire, non négligeable de l'arabe. Cette cœxistence avec les trois langues courantes, l'arabe classique, l'arabe dialectal et le berbère reste un phénomène vivace» (p. 27), «L'arabe dialectal est une langue savoureuse, souple et ouverte sur le monde» (p. 27, Quittou, M. Paris 1999). Le roman algérien de langue française. Essai de Faouzia Bendjelid Chihab Editions, 196 pages, 700 dinars, Alger 2012 (Déjà publiée. Pour rappel. Extraits) La littérature romanesque algérienne de langue française a son histoire. Eh oui ! On a eu la littérature de « l'assimilation», la littérature de «pré-combat» puis la littérature de «combat»... Ceci pour l'ère coloniale et ceci selon la catégorisation de F. Fanon. L'ère post-coloniale va subir «l'effet Kateb (Yacine) ». Le roman «Nedjma» (1956) subit «les influences du courant universel de la modernité du texte qui se construit dans les disparités, les ruptures narratologiques et le collage tout en restant enraciné dans le terroir et le patrimoine culturel national» : mémoire collective, histoire, mythologie et légende puisées dans l'imaginaire collectif et la parole ancestrale et populaire... La «poétique du fragment» ! Le «je» qui s'impose. L'écriture (plurielle) iconoclaste va naître et s'imposer. Par la suite, on aura de tout : surtout de la «littérature de résistance». Cette fois-ci, non contre le colonialisme... mais contre tout ce qui ne permet pas ou ne veut pas permettre l'émancipation au sens large du terme. L'exemple le plus visible de la littérature de contestation et de résistance est bel et bien celle produite par les femmes. Une véritable bataille pour la promotion de la condition féminine. Avec des parcours exceptionnels. Avec, aussi, une participation active aux côtés des hommes, à «l'écriture d'urgence» imposée par la dénonciation de la violence terroriste des années 90, cet «espace tragique» de la vie du pays. L'écriture de l' «après-urgence» est une tout autre histoire : un nouveau souffle «du roman algérien», avec le renouveau de l'esthétique et du sens. La littérature de langue française est loin de s'estomper. Elle prospère et foisonne et, avec son discours encore inépuisable et inépuisé, elle s'émancipe même. Phénomène curieux ! Bien réel. L'auteure : Faouzia Bendjelid est, entre autres, professeur, enseignante de français à l'Université d'Oran et chercheuse au Crasc d'Oran. Sa thèse de doctorat avait porté sur Rachid Mimouni. Avis : Destiné aux étudiants... et aussi aux «critiques» littéraires, surtout ceux de la presse spécialisée. Déconseillé aux contempteurs de la langue française. Extraits : «Ecrire dans la modernité, c'est rejeter un modèle autoritaire et un discours d'allégeance au pouvoir politique en place» (p. 11). «Le roman algérien de langue française n'a pas encore dit son dernier mot, et tous ses maux !» (p. 160) |
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