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Comment anticiper et mieux préparer les prochaines pandémies

par Hassini Tsaki*

La pandémie planétaire induite par le COVID-19, dont nous mesurons bien âcrement, les uns et les autres, l'ampleur des sévices humains, économiques et de notre désormais fragilisation globale devant de tels évènements, n'est ni la première, ni la dernière épreuve qui nous est confrontée. D'autres, peut-être, encore, plus éprouvantes et plus dévastatrices,ne manqueront pas de surgir,de manière inéluctable, dans 5 ans, 10 ans ou 50 ans.

L'Histoire qui n'est pas suffisamment assimilée, bien comprise et mise à profit collectivement, a de tout temps, tendance à se répéter inlassablement, et bien malheureusement , le plus souvent, au dépens du plus grand nombre d'innocents .

Qu'avons-nous réellement appris de la Grippe espagnole qui a décimé des millions de personnes en 1918.

Qu'avons-nous réellement appris à anticiper sérieusement depuis les épisodes des pestes buboniques, des épidémies de Typhus, de Variole, d'Ebola, etc... Et, encore, celles toutes récentes et pratiquement récurrentes de nos jours, comme le SRAS en 2003 (passé du chat à l'Homme), de la Grippe aviaire de 2006 (passé des oiseaux d'élevage à l'Homme), du MERS en 20012 (passé du chameau à l'Homme), du COVID - 19 actuellement (passé de la chauve-souris à l'Homme). Finalement, nous n'avons pu assister qu'à une seule forme de réaction et de réplique, restées à caractère médical, ou plutôt, exclusivement pharmaco-industriel par la recherche et mise au point d'un vaccin ou d'antiviraux qui seront, par les brevets déposés, et pour 20 ou 30 années à venir, la propriété ou ?'vache à lait'' exclusive d'un Holding industriel. C'est ainsi, qu'il nous a été donné, par médias interposés, d'assister à une polémique organisée contre la prescription à base de chloroquine par le Pr. Didier RAOULT, orchestrée sournoisement par des lobbys dépendants des tenants de la ?'chasse-gardée'' des conjonctures épidémiques favorables à engranger des supers et surtout exclusifs dividendes par les laboratoires et industries pharmaceutiques des vaccins ou de traitements contre le COVID - 19. Il est vrai que la Chloroquine, médicament, bien que employé depuis plus de 80 ans, est versé aujourd'hui dans le domaine public et pourrait être en qualité de générique être produit par tous les organismes et pays ; et de manière beaucoup moins couteuse !

Nous devons nous rappeler, afin de décrypter au mieux et comprendre suffisamment ces mécanismes insidieux de détournement de la santé publique et, surtout, des deniers publics qui lui sont alloués, à des fins mercantilistes, l'épisode de la Grippe aviaire de 2006 et du battage médiatique sans précédent fait autour. Certains pays, se sont empressés d'adresser de formidables et inespérées commandes aux fabricants, à coût de millions d'euros, dont notre pays, pour se doter de millions de doses (en janvier 2006, 6 millions de doses de l'anti viral Tamiflu furent commandées par l'Algérie au fournisseur suisse Hoffman - La Roche, pour un montant de 8 Milliards de Dinars) qui sont restées, pour la plupart et à ce jour, non utilisées !

Et pourtant, les hommes détenaient, par le passé, une souveraineté et un libre arbitre d'initiatives populaires et parfois traditionnelles, sur ce qui concernait leur santé et leur sécurité sanitaire.

Ainsi mon père, né au tout début du siècle dernier dans les piémonts montagneux et socialement précarisés par la colonisation en Oranie, me relatait qu'à l'époque ravageuse de l'épidémie du Typhus en Algérie, les gens allaient chez les familles atteintes pour leur emprunter des vêtements de leurs malades, qu'ils s'empressaient de porter afin de se prémunir des formes virulentes de l'agent infectieux. Etaient-ils, par observation empirique et sa mise à profit puis transmission populaire, des précurseurs du principe de la vaccination ? De toutes les façons, et dans leur condition de populations ségréguéeset rejetées, depuis plus d'un siècle, des plaines à ?'vocation coloniale'' vers les secteurs montagneux pauvres, ils étaient voués à ne pas compter, et à ne rien espérer d'une administration coloniale et de ses services sanitaires consacrés essentiellement pour répondre aux seuls besoins des populations européennes.

Ces réflexes d'éducation sanitaire populaire et sa transmission de génération à génération, persistent encore dans certaines sociétés et cultures dont la nôtre en Algérie. J'ai pu, comme certainement beaucoup d'entre vous, été surpris par les fortes et exceptionnelles clientèles s'agglutinant devant les échoppes d'herboristes dès le confinement et port de masques adoptés. Ce type de réactions, de recourir à des traitements traditionnels et d'herboristerie, n'existent malheureusement plus chez les populations et sociétés industrielles où les individus sont aujourd'hui coupé de leurs héritages d'éducation sanitaire et de sa transmission intergénérationnelle.

L'éducation à la santé et sa transmission de génération à génération a été rompue

La société industrielle capitaliste d'occident,et sa pseudo-modernité, ont organiséprogressivement la santé des individus et la santé publique sous les jougs exclusifs des corporations médicales et des pharmaco-industries, bien que officiellement sous le contrôle, plus ou moins complaisant, des Etats et de leurs différentes classes politiques. C'est ainsi, que furent progressivement diabolisés les savoirs traditionnels bien que constituant des héritages précieux et des patrimoines transmis, le plus souvent, oralement, de père en fils jusqu'il y a, encore, moins d'un siècle. On a ainsi, péjorativement et insidieusement, caractérisé tout qui ne soit pas de la prescription médicale et de l'utilisation de molécules de synthèse des pharmaco-industries, comme étant des ?'Recettes'' de grand-mère, frappées et connotées d'imprécises et de non scientifiques ; donc de dangereuses ! D'où, l'éducation à la santé et sa transmission populaire de génération à génération a été sciemment et progressivement rompue par la société industrielle moderne en vue de ses intérêts.

Ainsi, les populations et les individus de cette modernité préétablie, préconçue et assurément assujettie à des intérêts de groupes, se trouvent désormais mis en otages et soumis aux dictats de ces derniers, bien qu'il s'agisse, et cela est terriblement préoccupant, de leurs biens intimes et capitaux les plus sacrés, c'est-à-dire, leur santé et leur vie.

Donc , devant ces états de faits, il est tout-à-fait normal, que lors de cette pandémie, on parle de tout sauf d'un élément pourtant essentiel et nécessaire pour une sortie de crise la plus rapide et la moins affligeante en nombre de victimes et en perte de tissus économiques : La traçabilité et origine du COVID-19, n'est pas encore clairement établie. Et cela ne semble point déranger, outre mesure, les Etats (même ceux qui se sont déclarer en guerre !), ni les fabricants de vaccins, ni bien sûr leurs lobbys calfeutrés jusque dans les conseils scientifiques de veille de la crise sanitaire. Ce qui prime, chez ces derniers, ce ne sont que la conjoncture particulièrement opportune à une prochaine et inattendue embellie financière de ces empires de la pharmaco-industrie,de comment rendre encore la peur plus intenable chez les populations, afin de rafler, davantage, les mises budgétaires publiques et privées. Rien d'autres que du Vampirisme organisé, sans la moindre ombre de scrupules, mais bien assumé par des personnages en cols blancs et montres serties d'or !

Aucune, détermination et traçabilité, ni officielle, ni officieuse du COVID -19, alors qu'à la date de ce premier mai 2020, la somme mondiale des décès ait déjà atteint les 200.000 morts dans le monde. Alors que les autres atteintes passées des coronavirus animaliers chez l'Homme n'ont guère dépassé (en 2003, 2006 et 2012) les 700 à 800 morts. D'autant plus que les caractères particulièrement agressifs de ce virus (très faible létalité inférieure à 0,5 et très forte contagiosité) ont révélé selon certains chercheurs virologues indépendants (dont le découvreur du virus du SIDA et prix Nobel de médecine de 2007, le Professeur Luc MONTAGNIER) et des philogénéticiens (dont Alexandra HENRION-CAUDE) que ce COVID-19 semble être un assemblage, fortuit ou manipulé, par bricolage génique, du SRAS et de deux inserts de protéines (Gp 120 et GAG) du virus du SIDA activé.

Coronavirus animalier COVID-19 ou nouvelle Bombe biologique de destruction massive

On ne sait pas, à l'heure actuelle encore, si ces inserts du virus du SIDA, se sont opérés naturellement et malencontreusement, ou s'ils sont le résultat d'une ingénierie et manipulation génétique. La question reste encore de mise et toujours sans aucune réponse, bien qu'elle soit plus que pressante pour nous permettre d'entrevoir de vraies dispositions, de justes mesures et les solutions appropriées pour faire face efficacement et enrayer cette pandémie destructrice de centaines de milliers de vie et de nombreuses économies et tissus sociaux de la planète, aujourd'hui, pour la plupart , suffisamment précarisés.Nous sommes aujourd'hui, plus seulement, devant un coronavirus animalier qui a, comme ses prédécesseurs, traversé la barrière immunitaire des espèces pour atteindre l'Homme, sa santé et ses organisations socio-économiques, mais , peut-être, devant une nouvelle et véritable arme de destruction massive , voire la plus forte et la plus globale, car beaucoup plus insidieuse que l'arme atomique ! Sommes-nous donc en présence, d'un nouveau coronavirus animalier entré en connexion avec l'Homme, où sommes-nous confrontés à une nouvelle Bombe biologique de destruction massive ?

Il nous faudrait reconnaitre, cependant, qu'on est aujourd'hui bien loin de 1989 et des espoirs brisés à la Place Tienanmen à coups de chars lâchés contre une jeunesse à mains nues qui n'a eu de tort que de demander pacifiquement l'exercice de ses libertés démocratiques et collectives. Car à l'aulne des mesures, dites sanitaires et de confinement contre le COVID 19, la télésurveillance électronique et les énormes moyens qui lui sont consacrés, ainsi qu'un nouveau arsenal règlementaire exceptionnel et fortement liberticide, procèdent d'un ?'formatage'' accru, non pas de citoyens, mais de nouveaux sujets dociles, disciplinés à outrance pour ne pas lever la tête, ni se syndiquer , ni contester leur situation d'exploités de ce pays devenu en 20 ans seulement la principale Usine du capitalisme libéral mondial.

Et dire que même les scientifiques et chercheurs épidémiologistes chinois viennent en renfort dans le processus de traçabilité électronique des individus, en publiant le 27 Mars dernier une étude1 qui met au point un test de détermination, par l'analyse des eaux d'égouts, les traces de COVID - 19 contenues dans les fèces afin de détecter, puis d'inventorier, les porteurs sains asymptomatiques et non déclarés.

Aussi, on assiste, çà et là, et même dans les anciennes démocraties occidentales à des tentatives, sous couvert de raisons sanitaires, de mise en place de système de traçabilité électronique des individus, de leurs déplacements et éventuellement de leurs contacts. Et c'est encore cette Usine du monde et son régime totalitaire qui les inspirerait et souhaiterait tant leurs fournir ses équipements et expertise en la matière. N'est-ce pas là des signes avant-coureurs de l'effondrement du monde qu'on connaissait avant l'apparition du COVID - 19 ?

Nos parents, grand parents et aïeux nous ont légué en héritage des pays, des sociétés et des communautés nombreuses, différentes et combien heureuses et complémentaires bien que protégées par des us, des coutumes, des activités de productions autarciques et des frontières. Nous voilà, aujourd'hui, après seulement trois décennies de mondialisation du système économique capitaliste libéral, devenus pauvres, malgré nos richesses, perdus et esseulés car ne détenant plus de souveraineté sur notre destin, ni sur notre devenir. Et, en plus de cela, confinés planétairement comme des poulets d'élevagesindustriels.D?ailleurs, nous partageons désormais presque une même destinée physio-biologique avec ces oiseaux terrestres : nous sommes, les uns et les autres, gavés de Soja et Maïs OGM en sus d'une couverture constante d'antibiotiques de croissance. Ce qui nous fait subir, ensemble et analogiquement, le même effondrement immunitaire naturel !

Il est vrai, nous ne faisant que subir, ce que nous avons fait subir aux autres animaux d'élevage, auxquels nous n'avions concédé aucun ménagement, ni respect. Et ce, en reniement de ce que nous a longtemps enseigné la nature, l'expérience empirique et la moralité tirée de nos traditions et enseignements populaires transmis, souvent qu'oralement, de père en fils, et de génération à génération. Nous voilà , par la peur traumatique, de la Stratégie du Choc (théorie bien décryptée par la chercheure et auteure américaine Naomi KLEIN et consacrée à la critique de la Théorie et praxis ultralibérales prônées par le Professeur, Nobel en 1976 d'économie,Milton FRIEDMANN dans l'expansion organisée du Capitalisme libéral , parfois même de manière violente, comme au Chili contre le président élu Salvador ALLENDE. Et, en soutien à PINOCHET ou à VIDELA en Argentine, ou récemment, encore, dans l'acceptation populaire des interventions américaines en Afghanistan, puis en Irak), accepter, sous l'empire de la peur, docilement tout ce qui nous est dicté de manière verticale, sans sourciller.Et cela, dans une forme de résilience pratiquement assourdissante.

La barrière immunologique des espèces n'est plus étanche

La véritable et ordinaire résilience tient de ce que nous a enseigné depuis la nuit des temps, la nature et les comportements des multitudes d'organismes vivants avec lesquels nos aïeux vivaient en bonne intelligence et sans antagonisme. Ainsi, nous apprenions et nous nous inspirions de toutes les sociétés animales, des communautés et organisations sociales des insectes telles, entre autres, les abeilles mellifères. Aucune de ces communautés animales ne se concentrait indéfiniment, comme nous le faisons aujourd'hui. Dès qu'une communauté d'abeilles atteignait un effectif donné, pour prendre cet exemple bien étudié par les entomologistes et bien auparavant, d'une manière empirique, par nos anciens, une nouvelle reine sortait et partait constituer une nouvelle communauté ou colonie plus ou moins autonome de la première. Ainsi les œufs ne restaient pas dans le même panier, avec une forme de distanciation préventive et naturelle.

Nos sociétés humaines, depuis la globalisation et mondialisation des économies, ont connu un urbanisme effréné2 où le rapport population urbaine et population rurale s'est inversé depuis l'an 2.000 et frise aujourd'hui les 70 %. Préparer, en anticipant, les prochaines pandémies au coronavirus qui seront surement récurrentes puisque la barrière immunologique des espèces n'est plus étanche conséquemment peut être à nos pratiques et dérives éthiques3 et souvent non résilientes pour ne pas dire contre-naturelles (OGM, Pesticides destructeurs de biotopes, manipulations de semences transgéniques et hybrides pour la consommation humaine et animales, etc...) nous impose désormais de reconsidérer les éléments suivants :

- Considérer, à juste titre, que ces épidémies à coronavirus quasiment récurrentes, ne sont que des zoonoses qui se transmettent, de nos jours, indifféremment à l'animal et à l'Homme ;

- Considérer les services de veille sanitaire, humaine et animale, d'une manière globale ou les médecins, épidémiologistes, infectiologues seront associés à des biologistes, des vétérinaires, des bactériologistes, des virologues, des entomologistes, des zoologues, et pourquoi pas, aussi, des anthropologues, des sociologues, des psychiatres,etc. ;

- La santé, individuelle et collective, et la sécurité sanitaire, ne doivent plus être que du ressort exclusif des médecins, des pharmaco-industriels et de leurs lobbys d'experts, des services médicaux publics et privés et des représentants des Etats, mais placées sous la souveraineté des individus concernés et de leurs familles au premier titre ;

- Revoir, nécessairement, cet urbanisme excessif et dangereux et étendu à toute la planète (l'ensemble de ces pandémies et connexions à coronavirus animaliers à l'Homme sont parties ou se sont accentuées à partir des grandes métropoles àdizaines de millions d'habitants) et restaurer les équilibres entre sociétés et ?'civilisation'' urbaine et sociétés et?'civilisation'' rurale ;

- S'imposer, enfin, un nouveau paradigme en matière de veille sanitaire : Une Santéhumaine et animale confondues, avec la mise en place future d'une Santé Globale et, donc,plus effective !



*Professeur université d'Oran 1

Notes explicatives et sources :

(1) Kang Mao, Hua Zhang, Zhugen Yang. Can a Paper-BasedDevice Trace COVID-19 Sources withWastewater-Base d ?Epidemiology? Environmental Science &Technology, 2020; DOI: 10.1021/acs.est.0c01174

(2) Le Coronavirus et nous, acte 3: Sur-urbanisation effrénée, exodes ruraux hémorragiques, mode alimentaire globalisé et crises sanitaires mondialisées et récurrentes (1ère partie)

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5288448&archive_date=2007-03-26

(3) Le coronavirus et nous, acte 2, ou l'expression d'une nature, suffisamment agressée, qui reprend ses droits (Suite et fin)

http://www.lequotidien-oran.com/index.php? news=5288250&archive_date=2007-03-26