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La
rengaine est cette chose qui revient pour la énième fois. Elle s'efforce à
chaque fois à s'habiller autrement. Même ceux qui la voyaient n'auraient que le
même œil pour la revoir une énième fois. La ritournelle est dedans un
gouvernement, elle aussi au sein de l'assemblée.
L'on peut toujours empaqueter un produit déjà manufacturé pour le revendre de surcroît à une nouvelle clientèle, à peine sortie sinon encore étourdie, d'un mensonge officiel . Pourtant tout ce qui est dit dans la feuille de Djerrad semble s'inscrire dans une optique que l'on s'efforce à vomir pour y voir du nouveau, de l'inédit ou de l'exploit. Hormis des mesures claires et tranchantes dans leur fond populiste - smig, imposition, création de structures...- le reste est une phraséologie usitée, rabâchée longuement susurrée. De Sellal, Ouyahia ou Bedoui, le papier dit programme est le même. Sauf que l'un ou l'autre, chacun selon son contexte, porte un intitulé générique parfois altruiste, emphatique, parfois du n'importe quoi. Ainsi Sellal parlait de centralité, Ouyahia de patriotisme économique, Bedoui de rien. La dépense publique c'est tout. C'est son dada de dispendieux prodigue de deniers publics. Voilà que Djerrad parle maintenant de « nouveau pacte et de New deal for a new Algeria » qu'il compte concrétiser à travers « le triptyque développement humain, transition énergétique et économie de la connaissance et numérique ». Il avait, soutenant le Hirak qualifié de soulèvement du peuple face à la gabegie, affirmé que le pouvoir précédent avait détruit le pays et dilapidé ses richesses. Des ministres de ce même pouvoir sont encore en poste. Il n'a pas omis de mentionner l'année fatidique de Bedoui dans sa présentation où il ne manquait qu'à le citer nommément. Durant moins d'une année à la chefferie du gouvernement, ce dernier avait su diaboliquement ruiner les frêles potentialités financières du pays en versant dans le bas populisme espérant faire contenir la marche du Hirak. Il avait fait voter la déprédation des hydrocarbures, une loi de finances des plus scélérates, un découpage administratif sans soubassement économique, des insertions sans ressources budgétaires et autres frénésies de dernières volontés d'un mourant. Paradoxe des choses, ce sont les mêmes députés devant qui le Premier Ministre tenait avec conviction à « dénoncer les dispositions fiscales arbitraires» qui ont voté toutes mains levées entre autres la loi de finances 2020 qui les contient. Outrecuidance ! Ce sont les mêmes députés qui ont décampé de l'hémicycle aux premières heures du soulèvement et boudé les visites ministérielles du dernier gouvernement de Bouteflika. A cette époque là, on les voyait plus roder à la wilaya. Gardant l'œil sur la trajectoire des événements, dévêtus de leurs comiques cravates, ils guettaient comme des loups les meilleures opportunités pour réapparaitre. Ce sont eux qui ont inauguré, voire affirmé l'agissement illégal de l'Etat extraconstitutionnel quand ils ont verrouillé et cadenassé une institution républicaine. Et voilà qu'ils se découvrent par miracle dans une position d'attaque frontale avec le gouvernement Djerrad tout en embaumant le processus ayant ramené l'Algérie là où elle semble stagner. Pour cette séance de presentation, Il n'y aurait pas trop d'absentéisme. Redoutant une probable fin de législature toujours sous la menace de la dissolution ; ils tentaient en ultime dessein de se faire valoir, pas aux yeux des électeurs mais du pouvoir. Les fortes gesticulations d'amabilité envers les tout nouveaux ministres faisaient l'ordre du jour des coulisses farcies de fausseté de l'assemblée nationale. Les cartes de visites s'offraient avec ce sourire sournois et un arraché de rendez-vous. C'est une zerda gouvernementale. Il y a de quoi se faire voir, se faire entendre. Tout est à vendre. A prendre. Le recrutement avant la déchéance se hisse au niveau de prouesse et de management. Une sulfureuse intervention pleine de diatribes, critiques à l'égard de frais ministres à même d'aller dans le sens de l'adhésion populaire et l'allégeance au Président de la République ; peut bien mener au poste de ministre. La députée de Batna en à tiré avantage. Elle qui apostrophait Ouyahia, en déclamant avec emphase ses tirades que « le peuple n'est pas heureux ». Est-il heureux aujourd'hui, ce peuple Madame la Ministre ? L'êtes-vous, vous-même, ministre que vous êtes ? C'est cette brèche commise dans les critères amèrement ridiculisés de nomination des ministres qui excite le modèle à suivre pour le même parcours et qui fait que les intervenants ont tous mis du leur pour paraître en diapason avec la rue tout en veillant à ne pas écorcher le pouvoir suprême et le pouvoir de fait. Un ministre jetable c'est facile de le torpiller. La langue de bois, l'esbroufe l'inutile étaient tous présents sur le pupitre habituellement réservé aux réponses des ministres. Les chefs de groupe parlementaires faisaient ainsi dans l'étalage de l'arrangement obséquieux. On ne les a pas entendus disserter sur des chiffres qui manquaient d'ailleurs dans le programme du gouvernement ou proposer plus que ne le fait le projet à discuter. Juste répéter ce qui est su et dit. Pour ce qui est de la consistance du programme, elle n'est pas plus étoffée que celle qui l'ont précédée à travers les itinérances chef-gouvernementales. Parler encore d'une économie hors hydrocarbure, disant recourir à la diversification de ses segments, stimuler les PMA ou les TPE (toutes petites entreprises) et autres théories de brochures ; ce n'est que recommencer l'échec. On aurait bien voulu lire les contributions habituelles de Amar Belhimer ou du professeur Chitour à propos de cette rengaine répétitive Le programme de Djerrad, un plan narratif est décliné en actions phraséologiques à même de vulgariser la contenance pragmatique du programme présidentiel dans ses 54 engagements. Il lui manque un échéancier où les délais de réalisation se hisseront à la règle d'un contrat de performance pour chaque secteur. Ce qui par ailleurs rendra facile toute action de contrôle dans le temps et dans l'espace. Contrairement à Ouyahia, véritable tribun et grand orateur, le chiffre ne semble pas être dans le cœur de Djerrad. La statistique, les ratios et autres indicateurs ont été faits pour cacher le vrai désarroi populaire. A quoi avaient servi ces tangentes, ces courbes, ces camemberts, ces graphiques ? L'inflation et la planche à billet. La réaction des élus parlementaires va vite se cogiter comme à l'accoutumée en des interpellations pour un besoin local. L'on dirait qu'un député est uniquement représentant de la population qu'il l'aurait élu. Oubliant sa vocation de mandataire national, il accentue, pour l'un son zoom à être capté et sa démonstration de maitrise du parler pour l'autre. Pour dire que cette assemblée n'est qu'une facture salée qui coûte cher au trésor public. Hélas une dépense obligatoire, néanmoins pas trop inutile du fait de l'utilité parlementaire dans un régime se vouant pleinement aux caprices de dame démocratie. Question d'illégitimité, les deux chambres persévèrent dans la corroboration de cette accusation voire de ce constat. Au niveau du perchoir le président est un intrus, voire un candidat clandestin placé en un temps où la brouille envahissant tous les espaces institutionnels. Au sénat un invétéré des postes et des évolutions sur les bandes d'arrêt d'urgence, l'intérimaire présage que rien na changé et que l'on est en passe de recréer le même climat qui régnait dans le règne que l'on croit disparu. Le monsieur veut naitre et renaitre. L'assemblée n'a pu avoir depuis sa formation, l'impact attendu. Considérée comme un contre pouvoir dans le principe sacro-saint des constitutionnalistes relatif à la théorie de la séparation des pouvoirs, elle n'avait pu remplir qu'une fonction d'un organe nécessaire dans le tissage d'un Etat. Avec ou sans prérogatives, cette assemblée reste caractérisée dans ses membres par l'esprit de courtisanerie face au pouvoir en place. De mémoire, elle n'aurait fait obstacle à l'élan exécutif d'aucune autorité. En pleine tourmente de la catastrophe nationale (vacance de pouvoir, manque d'autorité, terrorisme, séisme, fraude électorale, injustice, déposition et inégalité de cadres, mutineries, rébellions, suicides, accidents routiers, criminalité, drogue, dépravation des mœurs, corruption etc. ) notre auguste cénacle n'adoptait qu'une seule démarche entérinée par des questions orales. Ce fut et se continue de se faire, une séance de bonne récréation, sauf cette fois, un semblant « d'hommerie » était à démontrer. Son absence d'implication s'absorbait dans la lutte des sièges de présidence, de vice présidence et de chefs de commissions. Le passage que franchissait douloureusement le pays n'était, perçu dans cet hémicycle que comme un menu commun de conciliabules et de tractations intuitu-personae. Ici sont nés tous les qualificatifs conjoncturels. Du révolutionnaire au contre-révolutionnaire, du progressiste au réactionnaire, du pro-machin à l'anti-truc, du démocrate au nationaliste, de l'islamiste à l'assimilationniste, du redresseur au contre-redresseur. Pour les uns, les portefeuilles ministériels étaient lorgnés dès le début du mandat. Pour les autres, les lots marginaux constituaient les fins du mandat. Encore, voilà qu'ils cherchent le passeport diplomatique ! Enfin pour certains, probes et corrects mais malheureux, ce sont le leurre, la déception et la mélancolie du poste électif qui font de leur séjour parlementaire un aveu d'incapacité et d'impuissance face à la déviation de l'état des lieux. Maintenant que les débats vont s'achever, les réponses du chef du gouvernement assurées, peu importe cette phase d'examen. Le projet sera adopté sans surprises. Là, n'est pas le problème, quand celui-ci se situe dans le facteur temps, le facteur humain. Restons tout de même optimistes. |
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