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Dans un précédent
article nous défendions la nécessité de modifier les institutions algériennes
pour insuffler une part de démocratie directe et décentralisée.
La démocratie est un ensemble harmonieux de principes assurant le vivre ensemble dans la liberté, l'égalité, la justice et la dignité. Elle doit inspirer la forme de gouvernance la plus adaptée à notre projet national. Les pays occidentaux s'en réclament pour préserver le choix néo-libéral comme dogme incontournable. Toute autre voix est suspectée d'aller contre le progrès. Les deux institutions FMI et Banque Mondiale sont chargées de ramener les plus récalcitrants à la raison. Mais l'hégémonie occidentale régresse, perd du terrain, lentement et surement. Tout l'édifice se fissure, la financiarisation du Monde, de toute activité humaine, vire à l'absurde. Pour parer aux doutes légitimes, les élites occidentales ont alors inventé le « Telling Story ». Le premier maître en la matière fut incontestablement Bill Clinton, à l'époque Président des Etats-Unis. Une histoire présentée comme vitale, est servie aux électeurs et avant qu'ils ne se rendent compte de sa superficialité, on le mobilise rapidement dans un autre discours sur un tout autre sujet supposé tout aussi vital. Les citoyens déboussolés, écœurés, se laissent attirés par l'extrême.Ainsi, Trump est porté au pouvoir ici et les gilets jaunes se manifestent ailleurs. A l'opposé la Chine façonne un autre destin. Pour celui qui a visité la Chine pendant les années 80, le changement est saisissant. En quarante ans, sa puissance défit celle des États-Unis. Sa stratégie est résumée par le Président TengHsiao Pingen une formule lapidaire : « peu importe que le chat soit rouge ou gris pourvu qu'il attrape les souris ». L'objectif des chinois est de restituer à la Chine sa place incontestable de première puissance mondiale. Ils jouent « collectif » et exécutent les orientations du gouvernement. Dans le cadre de la loi, chaque citoyen est légitime à s'enrichir autant qu'il peut. Au cours d'un entretien au sommet, le Président Jimmy Carter se gargarise des principes de liberté de circulation des biens et des personnes, le Président TengHsiao Ping lui demande malicieusement : « Combien voulez-vous de chinois ? 100 millions ? »Aujourd'hui, ce n'est plus une plaisanterie. Les Chinois partent physiquement à la conquête du Monde, des cinq continents. Ils le font discrètement, sans armes et sans arrogance. Les Maghrébins gagneraient à lire les pensées de Confucius. Les Maghrébins sont rebelles à priori. Le Maghreb est « Bilad El Siba », le pays de la révolte. Seuls quelques centres urbains, peuplés de bourgeois prospères échappent à la règle. Et parmi les Maghrébins, les Algériens ont probablement la plus forte propension à entrer en rébellion. Les dirigeants doivent accepter les palabres, tenir compte des réserves, convaincre. Si l'on tente de passer en force, on se heurte à une résistance passive mais redoutable. Mais, lorsque l'adhésion au projet est acquise, les Algériens sont capables d'enthousiasme, d'abnégation, de désintéressement. Sans verser dans l'angélisme, on peut alors faire confiance à la capacité d'innovation des citoyens. Quelques temps après l'indépendance, le gouvernement avait lancé la politique des plans quadriennaux, censés impulser l'industrialisation du pays. Cette orientation trop technocratique, ne tenait pas compte des réalités de l'Algérie d'alors. Mais cette expérience a développé le goût des Algériens pour l'innovation. Elle a formé une génération de dirigeants et ingénieurs. Elle a illustré l'enthousiasme de la population, et ceci, même si le virage de la mondialisation a été raté. La marche à gravir était-elle trop haute à l'époque ? Cette longue digression nous amène à l'examen de notre projet de société. A la lumière de la réalité historique. En 1830, il est admis que l'Algérie exportait de nombreux produits agricoles. Les excédents de sa production assuraient la prospérité de son trésor public. Mais, progressivement le climat s'est mis à changer, la pluviométrie diminuait, et les méfaits de la désertification apparaissaient au tout début du 20ème siècle. Le processus continue et s'amplifie durant la plus grande partie du siècle. Vers 1990, il atteint son paroxysme. A l'Ouest les paysans ont renoncé dans les années 80 à semer des céréales, tout brûlait dès la première germination. Puis, progressivement le climat est revenu à la normale au tout début du 21ème siècle. Dans la dernière décennie la pluviométrie a gagné entre 20 et 30% suivant les années. Les épisodes de pluie, de neige se multiplient dans le Sahara. L'Oranie est redevenue la première région céréalière d'Algérie. L'Algérie est face à un changement climatique naturel. Ce changement, selon les études scientifiques,continuera durant les 30 prochaines années. A terme le désert devrait reculer de quelques kilomètres vers le Sud, et la surface des terres cultivables augmenter. Cette conjoncture favorable doit durer tout le 21ème siècle. Au delà seul dieu sait. Par ailleurs, il convient de souligner que la nappe aquifère albienne sous le désert est gigantesque. Elle représente un stock d'eau douce de 30 000 milliards de m3. En extrayant chaque année l'équivalent de l'apport en eau du Nil, soit 60 milliards de m3,cette réserve reste fabuleuse. L'Egypte produit la nourriture de 100 millions d'habitants, avec souvent des moyens rudimentaires. Dans un pays de soleil, et le désert algérien n'en manque pas, l'eau douce fait des merveilles, elle transforme des paysages lunaires en pays de cocagne. Dans la région d'Adrar les paysans font quatre récoltes de tomates par an. Tout indique que l'Algérie a vocation à devenir une puissance agricole.Une agriculture prospère a un formidable effet d'entrainement sur l'ensemble de l'économie d'un pays. L'exportation des produits agricoles pourra remédier à la stagnation de l'énergie fossile. Ce choix requiert un maillage territorial ferroviaire de transport des marchandises et des personnes. Il faudra créer un hub aérien au milieu du désert pour le transport des personnes et du fret. En amont s'impose une industrie pour la production d'outils, des machines-outils, des systèmes d'irrigation... En aval il faut des PME pour la transformation, le conditionnement, le stockage, la distribution...Et l'effet d'entraînement fera le reste. Ce choix exigera une énergie abondante et à faible coût. Un plan énergie doit alors être impulsé pour trouver un équilibre et une complémentarité entre toutes les formes d'énergie dont l'Algérie a été dotée par la nature avec profusion. La transition économique vers l'après pétrole doit nécessairement s'accompagner d'une véritable mutation de la gouvernance du pays vers davantage de démocratie, de participation de citoyens et surtout d'une jeunesse qui se sent exclue et abandonnée. |
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