Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
La
sortie officielle du Royaume-Uni de l'Union européenne est officiellement très
proche : le 12 avril prochain. Soit dans quelques jours.
Mardi, la Première Ministre britannique a demandé à la Commission européenne un report de cette décision au 22 mai. Juste avant les élections européennes qui se déroulent du 23 au 25 mai, selon les pays de l'UE. Objectif : sans remettre en cause le principe d'une sortie, Theresa May souhaite trouver in extremis un « arrangement convenable » entre les deux parties, certainement sous la forme souhaité par elle d'une forme particulière « d'union douanière ». Problème : la cheftaine de l'exécutif britannique est minoritaire dans son parlement et même dans sa propre majorité. Ces propositions de « sortie soft » de l'UE ne convainquent guère. On ne compte plus les votes négatifs à ses demandes de reports, au sein de la Chambre des Communes. Par trois fois, déjà, l'accord de Theresa May y a été rejeté: une première fois le 15 janvier, une deuxième fois le 12 mars, une troisième fois le 29 mars, jour où, initialement, le Royaume-Uni devait initialement quitter l'Union européenne. Autre difficulté rencontrée par la Première ministre britannique, déjà minoritaire dans son propre pays, reste l'attente de la réponse éventuelle des 27 États-membres de l'UE. Michel Barnier qui dirige la délégation européenne ne semble pas , avec le soutien de certains pays adhérents, totalement hostile à un tel report qui permettrait très éventuellement d'éviter un Brexit, « British exit », à la dure, avec ses conséquences économiques, politiques et diplomatiques négatives pour toutes les parties. Mais pas question de céder à un quelconque chantage britannique. « Vous voulez partir ? Good-by ! », Reste la réponse des 27 autres pays adhérents. Il est vrai que de part et d'autre, on a mal mesuré les conséquences du référendum proposé aux Anglais en juin 2016, par le 1er Ministre de l'époque, David Cameron. Ce responsable du parti conservateur était-il favorable à une sortie brutale de l'Union européenne ? Il semble bien qu'il souhaitait surtout enregistrer les résultats de ce scrutin, en pensant que le vote Brexit serait minoritaire mais important, et constituerait une nouvelle arme de négociation pour obtenir des concessions supplémentaires de la part de la Commission européenne. Son pays, rentré tardivement, en 1973, dans la Communauté économique européenne (CEE), devenue Union européenne (UE) en 1993, a traditionnellement défendu son identité et gardé une grande autonomie, particulièrement dans le domaine économique. Le Royaume Uni a ainsi refusé l'Euro comme monnaie commune européenne. A la signature du traité de Maastricht en 1992, le Royaume-Uni fait en effet figure de rebelle : le pays refuse catégoriquement d'abandonner la livre sterling au profit de l'Euro qui a destination à devenir progressivement l'unique monnaie de l'Europe (19 pays l'ont aujourd'hui adopté). Le Brexit excite les Britanniques Les conservateurs britanniques semblaient donc avoir voulu utiliser le référendum surtout comme une arme de pression et non comme l'expression d'une décision souveraine d'un divorce anglo-européen. Jusqu'à la veille du scrutin en juin 2016, les sondages indiquaient en effet que 52% des électeurs britanniques souhaitaient le maintien dans l'Union européenne. Patatras ! Le 23 juin 2016, jour du scrutin, les résultats tombent : alors que la participation populaire est forte, 51,9% des électeurs optent pour le départ de l'UE, pour un « Brexit ». Les causes de ce résultat qui a surpris également les autorités européennes ? Nombreuses et complexes : un sentiment historique que la Grande-Bretagne a toujours été une île qui a toujours regardé avec méfiance le reste du continent européen ; une grande méfiance dans l'électorat populaire face aux bureaucrates de Bruxelles, relayée par une partie de la classe politique et la plupart des médias britanniques qui dénoncent parfois à raison, l'incompétence européenne devant la crise économique internationale, brutalement apparue en 2008-2009. Enfin dans les milieux conservateurs, on prône de plus en plus un rapprochement avec les États-Unis, l'ancienne colonie devenue depuis la superpuissance mondiale. L'élection présidentielle américaine de 2016, cinquante-huitième élection présidentielle américaine depuis 1788, a lieu le 8 novembre 2016 et conduit à la désignation du républicain Donald Trump comme quarante-cinquième président des États-Unis. Pas de chance, celui-ci ne semble guère jusqu'à présent, intéressé par un fort rapprochement anglo-américain... Pire, il envisagerait même de quitter l'OTAN, l'alliance militaire qui réunit les pays de l'Atlantique-Nord. Autre difficulté, le Royaume-Uni est composé de quatre entités. Si le Brexit l'emporte en Angleterre avec 53,4% des suffrages et au Pays de Galles avec 52,5%, le scrutin a des résultats inverse dans le reste du pays : en Écosse, 62% des électeurs se prononcent pour le maintien dans l'UE, le « remain », et 52,5% en Irlande du Nord font le même choix. Des sondages récents montrent que l'opinion britannique a changé. Les partisans du maintien dans l'UE seraient de nouveau majoritaires. Mais l'hypothèse d'un nouveau référendum est politiquement et juridiquement très difficile à concevoir. Les conséquences du Brexit et surtout d'une sortie non négociée sont multiples et inquiétantes pour les deux parties concernées, le Royaume-Uni et l'Europe. Le pari des pro-Brexit de renforcer Londres comme grande capitale boursière rencontre, dans le cadre d'une crise financière mondiale persistante, le scepticisme et le peu d'enthousiasme des grands investisseurs internationaux. Par ailleurs, « le retrait de l'UE ne va pas se faire en quelques jours. Il devrait s'effectuer sur plusieurs années. Le Royaume-Uni perdra par définition le bénéfice des accords commerciaux passés par l'UE et ses partenaires à travers le monde », note le site C-News. Entre les conditions de sortie de l'UE, la négociation de nouveaux accords avec elle et les conclusions de traités commerciaux avec les pays extérieurs à l'UE, le gouvernement britannique a prévenu qu'une bonne dizaine d'années pourrait être nécessaires. L'affaiblissement des relations commerciales entre le Royaume-Uni et le reste de l'Europe pourrait également entrainer une récession outre-Manche, qui ne serait pas sans conséquences pour le reste de l'Europe. Conséquences possibles, rappelle l'AFP, une hausse des droits de douane, une crise des changes et des pertes de productivité. Dans une étude publiée le 21 mars, l'institut Bertelsmann a estimé à 57,3 milliards d'euros par an le coût d'un Brexit sans accord pour la Grande-Bretagne, et à 40,4 milliards d'euros celui d'un tel divorce pour l'UE. A long terme, la facture serait particulièrement salée. D'après le Fonds monétaire international (FMI), le Produit intérieur brut (PIB) britannique pourrait être amputé de 6% par rapport à ce qu'il aurait été en l'absence de Brexit. Pour le Trésor britannique, la perte pourrait même atteindre 9% sur 15 ans. Un échec européen Si l'Union européenne reste sur le plan économique, un acteur dominant, même dans le contexte de guerre commerciale planétaire dont les États-Unis et la Chine sont les principaux protagonistes, le Brexit, quel que soit le scénario de sortie, « entame la capacité de réaction de l'Union européenne, dont la patiente construction lui avait permis de faire jeu égal avec le grand concurrent transatlantique », constate Alternatives économiques. Si les 27 pays états-membres de l'UE ont adopté une position volontairement et pour une fois commune sur l'attitude à adopter dans les négociations du Brexit, il n'empêche pas moins que le départ d'un des principaux pays adhérents de l'UE risque également de souligner encore plus des difficultés récurrentes de l'UE sur un plan politique et diplomatique : montée de l'extrême droite dans certains pays de l'Europe de l'Est et en Italie, bureaucratie bruxelloise peu contrôlée, fortes disparités entre les pays-membres riches et pauvres, débat récurrent entre les partisans d'une « Europe fédérale » avec à terme un seul exécutif, et ceux pour le maintien d'une « coalition États-nations », absence d'une politique de défense, faiblesse des prises de positions diplomatiques communes, alors que l'Europe subit des crises géopolitiques sérieuses dans son environnement immédiat qu'il s'agisse des tensions entre l'Ukraine et la Russie ou toutes les crises qu'a connu et que connait le sud de la Méditerranée : conflit israélo-palestinien, crise tunisienne, libyenne, syrienne, sud-sahel... Et l'important flux de réfugiés qu'a entraîné cette durable déstabilisation régionale. C'est donc avec un soulagement certain que l'État français a appris mardi l'apaisement possible de la situation algérienne et ses très importantes manifestations populaires depuis plusieurs semaines, avec le départ du vieux président: « Le Président Bouteflika a annoncé sa démission. C'est une page importante de l'histoire de l'Algérie qui se tourne. Le peuple algérien a montré ces dernières semaines, par une mobilisation continue, digne et pacifique, qu'il était déterminé à faire entendre sa voix. Nous sommes confiants dans la capacité de tous les Algériens à poursuivre cette transition démocratique dans ce même esprit de calme et de responsabilité », a commenté Jean-Yves Le Drian, le ministre français de « l'Europe et des Affaires étrangères », le 2 avril 2019. |
|